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L'ENFER DE LA BIBLE

Ecrits de Charles Taze Russell

*  *  *

« A la loi et au témoignage ! S'ils ne parlent pas selon cette parole, c'est parce qu'il n'y a aucune lumière en eux »   Esaïe  8 : 20. (Versions anglaise et américaine).

L'INTELLIGENCE exacte de ce sujet est devenue, pour ainsi dire, une nécessité pour la fermeté chrétienne. Depuis des siècles, l' « orthodoxie » de toutes nuances a enseigné que Dieu, avant de créer l'homme, avait créé un abîme profond de feu et de terreurs, capable de contenir tous les milliards d'êtres de la famille humaine qu'Il se proposait d'amener à l'existence qu'Il avait appelé cet  abîme « enfer », et que toutes les promesses et les menaces de la Bible avaient pour but de détourner le plus grand nombre possible (un « petit troupeau ») des mauvaises actions qui les conduiraient à demeurer à perpétuité dans ce lieu terrible.

            A mesure que la connaissance augmente et que les superstitions s'évanouissent cette conception monstrueuse du caractère et des desseins de Dieu perd de sa force ; et les gens réfléchis ne peuvent que se refuser à croire à la légende qu'on avait coutume de représenter sur les murs des églises, avec un suprême raffinement d'art et de réalisme, ainsi qu'on peut encore s'en rendre compte de nos jours, en Europe. Les uns déclarent maintenant que l'enfer existe véritablement, mais que le feu est symbolique, etc..., etc..., tandis que d'autres repoussent la doctrine de « l'enfer », à tous les points de vue. Tout en étant contents de voir tomber les superstitions et prévaloir des idées plus vraies du Créateur grand, sage, juste et aimant, nous sommes alarmés de constater que tous ceux qui abandonnent cette doctrine longtemps révérée, ont tendance à se tourner vers le doute, le scepticisme et l'infidélité.

Pourquoi demanderez-vous, cet effet se produit-il, alors que l'esprit est simplement délivré d'une erreur ? C'est parce qu'on a pendant longtemps enseigné aux chrétiens que ce terrible blasphème contre le caractère de Dieu et contre Son gouvernement était solidement basé et fermement fixé dans la Parole de Dieu — la Bible.

En conséquence, dans la mesure où cette croyance à l' « enfer » a été ébranlée, leur foi en la Bible, comme révélation du vrai Dieu, l'a été aussi ; de sorte que ceux qui ont abandonné leur croyance à un « enfer » d'une espèce quelconque de tourment éternel, se révèlent souvent ouvertement comme des incrédules et des moqueurs vis-à -vis de la Parole de Dieu.

Amené par la providence à concevoir nettement que la Bible a été calomniée, ainsi que son divin auteur et que, bien comprise, elle n'enseigne, à cet égard, rien qui soit contraire au caractère de Dieu et à la raison intelligente, nous allons essayer de dégager l'enseignement scriptural sur le sujet de façon à rétablir la foi en Dieu et en Sa Parole, dans le cœur des Siens, sur une base meilleure, raisonnable. En vérité, nous sommes d'avis que quiconque trouvera par là que son opinion erronée reposait sur de fausses conceptions et interprétations humaines, apprendra, en même temps, à avoir désormais moins confiance en sa propre imagination et en celle des autres, et par la foi à saisir d'une manière plus ferme, la Parole de Dieu, qui est capable de rendre sage à salut.

            Que les avocats de la doctrine du tourment éternel y croient eux-mêmes plus ou moins, cela ressort très clairement du fait qu'elle n'a aucun effet sur leur manière d'agir. Bien que les dénominations de la chrétienté soutiennent la doctrine que le tourment éternel et le désespoir sans fin et sans retour seront le châtiment des méchants, elles en prennent pour la plupart, tout à leur aise en laissant les méchants suivre leur propre voie tout en marchant eux-mêmes dans le même sens. Des cloches harmonieuses et des orgues sonores, des chœurs artistiques et des édifices coûteux, des bancs luxueux et confortables, avec une éloquence de la chaire qui évite de plus en plus une allusion quelconque à ce thème alarmant, offrent le repos et le divertissement aux assemblées de bon ton qui se tiennent le jour du Seigneur. Voilà ce qui est connu dans le monde comme les églises de Christ et comme les représentants de Ses doctrines. Mais ils semblent peu se soucier du bien-être éternel des multitudes, ou même du leur et de celui de leurs propres familles, alors qu'on serait naturellement porté à attendre d'eux qu'avec ces angoissantes probabilités en vue, ils fassent des efforts désespérés pour sauver ceux qui périssent.

La déduction évidente est qu'ils n'y croient pas. La seule classe de personnes qui par leurs oeuvres, montrent à, un certain degré qu'elles ont foi en cette doctrine, est l'Armée du Salut ; et ces personnes sont vouées au ridicule de la part de presque tous les autres chrétiens, parce qu'elles sont quelque peu conséquentes avec leur croyance. Cependant leurs méthodes particulières, souvent absurdes, si fortement en contraste avec celles du Seigneur dont il fut écrit: « Il ne criera pas, et il n'élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue » (Esaïe 42 : 2), sont bénignes, en comparaison de celles qu'on pourrait attendre s'ils étaient tout à fait convaincus de la doctrine. Nous ne pouvons pas nous imaginer que des croyants sincères de cette terrible doctrine puissent vaquer en paix, jour après jour, aux affaires ordinaires de la vie, ou tranquillement se réunir, élégamment vêtus, chaque dimanche, pour écouter un discours de la chaire sur un sujet particulier, souvent publié par les journaux. Pourraient-ils agir ainsi s'ils croyaient réellement et toujours que, pendant ce temps, leurs semblables meurent à la moyenne de cent par minute et entrent dans

Ce pays solitaire au profond désespoir,

Où nul Dieu ne répond à leur triste prière.

Si réellement, ils croyaient cela, peu de ces saints pourraient s'asseoir là avec complaisance et penser à ceux qui, à chaque instant, sont précipités dans cette condition terrible décrite par cet homme bon, bien intentionné, mais grandement abusé que fut Isaac Watts (dont le cœur était considérablement plus généreux et plus grand que celui qu'il attribuait au grand Jéhovah), lorsqu'il écrivit l'hymne :

Du ciel l'irascible fureur,

Soufflera sur le ver rebelle,

Battant l'âme nue en terreur

Dans une tempête éternelle.

Souvent on voit des gens profondément peinés d'apprendre que des amis sont victimes de quelque terrible catastrophe, incendie ou naufrage, bien qu'ils sachent que ces amis sont vite délivrés de leurs souffrances par la mort ; pourtant ces gens prétendent croire que Dieu est moins aimant qu'eux-mêmes, et qu'Il peut voir avec indifférence, sinon même avec plaisir, des milliards des Ses créatures endurer une éternité de torture bien plus terrible qu'il leur a préparée, sans que jamais elles puissent y échapper. Plus que cela, mais ils espèrent même aller au sens littéral du mot dans le sein d’Abraham et de là, regarder au-dessus du gouffre, pour voir et entendre l'agonie des multitudes (dont certains membres sont présentement l'objet de leur amour et de leurs pleurs) ; et ils imaginent qu'ils seront si changés, et qu'ils ressembleront tellement à l'idée présente qu'ils se font de Dieu, qu'ils seront si endurcis contre toute espèce de pitié, et si dépourvus d'amour et de sympathie, qu'ils trouveront une jouissance infinie de délices en un tel Dieu et en un tel plan.

Il est stupéfiant de voir que des hommes et des femmes, par ailleurs si sensibles, qui aiment leurs semblables, et qui fondent des hôpitaux, des orphelinats, des asiles et des sociétés pour prévenir les souffrances même des créatures inférieures, soient si déséquilibrés mentalement qu'ils puissent croire et soutenir une pareille doctrine, et de plus, être si indifférents lorsqu'il s'agit d'examiner sur quelle autorité elle repose !

Nous ne pouvons admettre qu'une seule exception : ceux qui approuvent la doctrine ultra-calviniste ; qui croient que Dieu l'a décrété ainsi ; que tous les efforts qu'ils pourraient faire ne feraient pas varier les résultats pour une seule personne et que toutes les prières qu'ils pourraient présenter ne changeraient pas un iota de l'affreux plan que Dieu, d'après leur croyance, a dressé pour Son éternel plaisir et pour le leur. Ceux-là pourraient, en vérité, rester tranquilles à l'égard de l'effort à faire en faveur de leurs compagnons ; mais pourquoi chanter les louanges d'un tel plan de damnation de leur prochain que Dieu leur a commandé d'aimer comme eux-mêmes ?

Pourquoi ne pas commencer plutôt par douter de « cette doctrine des démons », de ce blasphème contre le grand Dieu, éclos dans les « âges des ténèbres », alors qu'un clergé désaxé enseignait qu'il est juste de faire le mal afin qu'il en sorte du bien ?

La doctrine du tourment éternel fut, sans nul doute, introduite par la Papauté afin d'amener les païens à se joindre à elle et à soutenir son système. Elle florissait à l'époque où les « combats de taureaux » et les tournois de gladiateurs étaient les amusements publics les plus goûtés ; lorsque les croisades étaient appelées des guerres saintes ; lorsque les hommes ou les femmes, qui se permettaient de penser ou de parler contrairement à la doctrine des papes, étaient appelés « hérétiques » et souvent massacrés ; dans les temps où le soleil des vérités évangéliques était obscurci, où la Parole de Dieu était tombée dans l'oubli et où nul n'était autorisé à la lire que le clergé, dont l'amour pour le prochain se manifestait souvent en torturant les hérétiques pour les forcer de se rétracter et d'abjurer leur foi et leur Bible afin, comme ils l'expliquaient de les sauver, si possible, des tortures bien plus atroces du tourment éternel qui leur était réservé. Cette doctrine n'a pas été empruntée aux païens, car aucun peuple païen, dans tout l'univers, n'a une doctrine aussi cruelle, aussi diabolique, aussi injuste. Que celui qui en doute l'y cherche et l’expose, dans toute sa noirceur, pour prouver, si c'est possible, que le superlatif de la barbarie, de la méchanceté, de la haine et de l'impiété n'est pas exclusivement le partage de ceux que Dieu a le plus favorisés, en les éclairant par la lumière venant de tout côté et auxquels Il a confié Son seul oracle, Sa Parole. Oh ! quelle honte et quelle confusion couvriront la face de beaucoup d'hommes, même bien pensants, qui croyaient servir Dieu en propageant cette doctrine blasphématoire, lorsqu'à  la résurrection, ils se réveilleront pour apprendre à connaître l'Amour et la Justice de Dieu, et qu'ils s'apercevront que la Bible n'enseigne pas cette hérésie diabolique du tourment éternel, hérésie qui déshonore Dieu, éteint l'amour, voile la vérité, empêche la sanctification et endurcit dans le péché ! — 2 Pierre 2 : 1.

Nous le répétons grâce à la lumière et au développement moral de nos jours, les gens de cœur ne croient plus à cette doctrine. Mais, comme ils supposent que la Bible l'enseigne, chaque progrès qu'ils font dans la compréhension de l'amour fraternel, les empêche de croire au tourment éternel, et c'est pour beaucoup une cause qui les éloigne de la Parole de Dieu laquelle est, pour eux, l'autorité sur laquelle repose cet enseignement. Le scepticisme est donc la seconde récolte de mauvais fruits produits par cette erreur que le diable a réussi à greffer dans les enseignements de l'Église. Nombre de penseurs honnêtes et intelligents sont ainsi détournés de la Bible et poussés vers la vaine philosophie, les sciences faussement ainsi nommées et l'incrédulité. Les gens du monde ne croient pas non plus à cette doctrine ; elle n'a aucune puissance pour détourner du crime, car les malfaiteurs et les classes inférieures en sont les plus fervents adeptes.

            Mais on nous dira : Cette erreur n'a-t-elle pas fait quelque bien ? La prédication de cette doctrine n'a-t-elle pas, autrefois attiré beaucoup de gens dans les églises ?

Nous répondons qu'aucune erreur n’a jamais produit un bien véritable, mais toujours du mal. Les personnes qui ne sont pas mues par la vérité, mais qui sont ajoutées à l'église par l'erreur, sont un dommage pour elle. Les milliers de personnes terrorisées, mais inconverties de cœur, que cette doctrine a fait entrer dans le giron de la Papauté ont sans doute, augmenté le nombre de ses adhérents et de ses richesses ; mais en diluant le peu de vérité que Rome possédait encore et en la mélangeant avec leurs sentiments corrompus et leurs erreurs, une situation nouvelle fut créée. Pour y faire face, le clergé crut nécessaire d'ajouter d'autres erreurs à celles existantes, et de recourir à de nouvelles formes et à de nouvelles méthodes, que n’enseignent pas les Saintes Écritures et qui auraient été inutiles, pour des hommes convertis, ayant la vérité pour guide. On eut recours, entre autre, à des tableaux, des statues, des chapelets, des vêtements sacerdotaux, des cierges, de grandes cathédrales, des autels, etc…, pour procurer aux païens inconvertis une forme de piété plus en rapport avec leur ancien culte païen, mais dénué de force.

Les païens n'en retirèrent aucun avantage, car aux yeux de Dieu, ils demeuraient païens, mais, par tromperie, on leur faisait singer ce qu'ils ne comprenaient pas et ne pouvaient faire de cœur. Ils étaient de « l'ivraie » que l'on ajoutait au « bon grain » pour l'étouffer sans aucun avantage pour eux-mêmes. Le Seigneur, dans Matt. 13 : 39, désigne le semeur de cette moisson. Quant à ceux qui, de nos jours, prennent le nom de « chrétiens », sans être sincèrement convertis à la vérité, et qui sont simplement effrayés par des erreurs ou alléchés par des avantages terrestres promis, ils ne sont rien pour la vraie Église ; par leurs idées et leur conduite, ils deviennent des pierres d'achoppement pour ceux qui sont vraiment consacrés et par leur incapacité de digérer la nourriture qui convient aux saints, ils sont la cause que même les pasteurs fidèles privent les « brebis » véritables, pour satisfaire les exigences des boucs qui veulent quelque chose d'agréable, selon leur goût. Non, cette erreur n’a accompli aucun bien, sauf dans ce sens que Dieu a le pouvoir de faire servir même la colère de l'homme à Sa gloire. Il fera aussi que cette vilaine erreur serve à l'accomplissement de Ses desseins quand, pendant le Millénium. tous les hommes arriveront à comprendre que, par cette grande tromperie, Satan a aveuglé le monde pour qu'il ne voie pas le vrai caractère de Dieu, alors un amour plus chaud et plus fort pour Lui se réveillera peut-être en eux.

Nous avons pu constater combien les opinions humaines sont déraisonnables ; mettons donc de côté les théories et les vues de l'homme et recherchons ce que la Parole de Dieu, la seule vraie autorité, enseigne sur ce sujet, en nous rappelant que quelqu'un a dit : « Dieu est Son propre interprète et Il s'explique clairement ».

Tout d'abord, ne perdons pas de vue que l'Ancien Testament fut écrit en hébreu, et le Nouveau Testament, en grec. Le mot « enfer » est un mot français choisi quelquefois par les traducteurs de la Bible française pour exprimer le sens du mot hébreu shéol et des mots grecs hadès, tartaroo et gehenna — quelquefois rendus par « sépulcre », par « tombe » et par « fosse ».

Il est surprenant que, chez les chrétiens de langue française, la doctrine du tourment éternel soit aussi répandue. On doit y voir un héritage du catholicisme, car dans nos Bibles françaises le mot « enfer » ne se rencontre que bien rarement (La Synodale l'emploie parfois, toutefois avec une note explicative qui en donne le sens réel) et dans d'autres versions, comme celles de Lausanne, Segond, Darby, Oltramare, Stapfer, N. T. Rilliet (1860) (sauf en Matt 16 : 18), N. T. Goguel et Monnier (1929) pas du tout, tandis qu'il se trouve très souvent dans les versions communes anglaises et allemandes. Seules les traductions catholiques de Sacy, Glaire et Vigouroux  font exception et ressemblent en cela aux anciennes versions anglaises et allemandes. La version de l'Abbé Crampon, comme la version Synodale, en redresse le sens par des notes (voir Matt 11 : 23 ; Luc 16 : 23, etc.). Le mot hébreu shéol signifie sépulcre (Ostervald traduit le plus souvent ainsi), tombeau, séjour des morts, et n'implique aucune idée de tourment. Dans le Nouveau Testament qui a été presque entièrement écrit en grec, le mot shéol est rendu par hadès qui a le même sens (1).

(1) [Voyez Notes Version Crampon (catholique) : a) Matt 11 : 23. Les enfers, le shéol des Hébreux, le hadès des Grecs, c'est-à-dire le séjour des morts en général, que l'on se représentait comme une sombre région située dans les profondeurs de la terre. b) Luc 16 : 23 le terme hadès employé par saint Luc, signifie, comme l’hébreu shéol et le latin infernus (sous entendu mundus) le monde souterrain, le séjour des morts. Version Synodale (protestante). Note sur le même verset de Luc 16 : Le mot grec hadès que nous traduisons ici par enfer et ailleurs par sépulcre, désignait le séjour des hommes après la mort tant des justes que des injustes].

            Au reste, le sens primitif d'enfer est bien le même ; sa racine est la même que celle de notre mot inférieur (v. dictionnaire), et s'il implique l'idée d'un lieu, d'où on ne peut s'échapper à volonté, il n'a nullement celui de tourment ou de souffrance.

Le mot « enfer » fut donc employé convenablement comme synonyme des mots « tombe » et « fosse » pour traduire les mots shéol et hadès désignant la condition secrète ou cachée de la mort. Cependant le même esprit qui voulait tordre le sens du mot afin de terroriser les ignorants, veut toujours perpétuer l'erreur, disant presque : « Faisons le mal afin que le bien en résulte ».

Si certains traducteurs comme Darby et ceux de la Revised Version Bible (angl.) avaient été entièrement affranchis de l'erreur papale, et foncièrement honnêtes, ils auraient afin d’aider l'étudiant fait plus que de substituer simplement le mot hébreu shéol et le mot grec hadès, au terme enfer. Ils les auraient traduits. Darby  les signale bien en note, mais il fait pire que mieux, ayant à l'esprit la fausse doctrine de l'immortalité de l'âme [Voir ses notes : Genèse 37 : 35 : shéol : expression très vague pour désigner le séjour des âmes séparées du corps, et Matt. 11 : 23 : hadès : expression très vague, comme shéol, dans l’ A. T. le lieu invisible, où les âmes des hommes vont après la mort — distinct de géhenne, le lieu des tourments infernaux Trad ]. Mais ils étaient évidemment effrayés de dire la vérité et honteux de mentir ; et voilà pourquoi ils nous donnèrent shéol et hadès sans les traduire, laissant croire ainsi qu'ils avaient la même acception que le mot enfer, au sens perverti que lui a donné la Papauté. Leur manière de faire, tout en les défendant pour un temps, déshonore Dieu et la Bible que le commun suppose toujours enseigner « l'enfer » de tourment par les mots shéol et hadès. Cependant n'importe qui peut constater que s'il était convenable de traduire le mot shéol trente et une fois par « tombe » et trois fois par « fosse », il n'eût pas été déplacé de le faire également dans tous les autres cas.

En comparant ces cas, ce que nous allons faire brièvement nous observons la particularité suivante : Dans ces textes où l'idée de tourment serait une absurdité, les traducteurs de la version anglaise du Roi Jacques ont employé les mots « tombe » ou « fosse », tandis que dans tous les autres cas, ils se sont servis du mot « enfer » ; et le lecteur, longtemps enseigné de l'idée papale de tourment, lit le mot « enfer » et entend lieu de tourment au lieu de la tombe, lieu ou condition cachée, couverte. Par exemple, comparez Job 14 : 13 et Ps. 86 : 13 (1). On lit pour le premier : « Oh ! si tu voulais me cacher dans la tombe [shéol], etc... » et pour le dernier : « Tu as sauvé mon âme de l'enfer [shéol] profond ». Le mot hébreu étant le même dans les deux cas, il n'y a aucune raison de ne pas le traduire par « tombe » aux deux endroits. Mais, c'eût été absurde pour Job de prier Dieu de le cacher dans un enfer de torture éternelle. Le lecteur anglais aurait posé des questions et le secret aurait été rapidement dévoilé. 

(1) [Les 11 versions françaises que nous avons en mains, traduisent comme suit ces deux passages : Job 14 : 13 : Segond, Lausanne et Crampon : séjour des morts. Darby et Zadoc Kahn. shéol et cheol ; synodale et Ostervald sépulcre ; Sacy et Glaire et Vigouroux : enfer ; Martin : fosse ; Liénart  schéol. Ps. 86 : 13 : S. et L : séjour des morts ; D., Cr. et Lién. : s[c] héol ; Syn.  Mart. et Ost: sépulcre ; Z.K : gouffre : Sa. et Gl. et V. : enfer. Le lecteur français moderne est on le voit plus favorisé que le lecteur anglais [Trad.]].

Si les traducteurs de l'époque de la Réformation sont quelque peu excusables de leur préjugé sur ce sujet, puisqu'ils venaient à peine de quitter le vieux système papal, nos traducteurs modernes, en particulier ceux de la récente Revised Version [en langue anglaise] ainsi que, chez nous, Darby, Crampon et Zadoc-Kahn, par exemple, ne méritent pas une telle considération. Des professeurs de théologie et des pasteurs locaux considèrent qu'en suivant l'exemple de ces traducteurs, ils sont justifiés de ne pas expliquer le sens du mot hébreu shéol ni celui du mot grec hadès et par l'emploi de ces mêmes mots, ils font croire également à leurs troupeaux confiants qu'il s'agit là d'un lieu de tourment un étang de feu. Tout en prêtant aux ignorants seulement la meilleure des intentions, c'est manifestement la duplicité d'esprit et la lâcheté seules qui poussent les hommes instruits, qui connaissent la vérité sur ce sujet à préférer perpétuer par déduction l'enseignement de l'erreur.

Mais tous les ministres de cultes ne connaissent pas les erreurs des traducteurs et ne couvrent pas et ne cachent pas, de propos délibéré, ces erreurs au peuple. Beaucoup, en réalité, ne les connaissent pas, ayant accepté simplement, sans investigation, les théories de leurs professeurs des séminaires et facultés. Ce sont les professeurs et les érudits qui sont les plus blâmables. Ceux-ci ont gardé pour eux, la vérité sur « l'enfer » pour plusieurs raisons : premièrement, il y a une sorte d'entente ou d'étiquette parmi eux à savoir que, s'ils veulent garder leur « profession », ils ne doivent pas « publier leurs affaires de familles » ; c'est-à-dire qu'ils ne doivent pas divulguer de secrets professionnels au « commun peuple », aux « laïques ». Secondement ils craignent tous qu'en laissant connaître que, pendant des années, ils ont enseigné une doctrine non scripturale, cela détruirait le respect et la crainte du peuple à l'égard du « clergé », des dénominations et des facultés de théologie et retirerait la confiance en leur sagesse. Et, oh ! combien est-on plus certain de la confiance et de la crainte envers des hommes, lorsque la Parole de Dieu est si généralement ignorée ! Troisièmement, ils savent que la plupart des membres de leurs sectes ne sont pas étreints par « l'amour de Christ » (2 Cor. 5 : 14), mais simplement par la crainte de l'enfer ; en conséquence, ils voient clairement que s'ils faisaient connaître la vérité à présent cela leur ferait perdre de nombreux membres de leurs troupeaux et leur argent, et ce serait une grande calamité pour ceux qui « veulent avoir une belle apparence dans la chair » (Gal. 6 : 12).

Mais quel sera le jugement de Dieu, dont le caractère et le plan sont diffamés par la doctrine blasphématoire que ces mots non traduits aident à soutenir ? Louera-t-Il ces serviteurs infidèles ? Justifiera-t-Il leur conduite ? Le Berger en Chef appellera-t-Il ceux-ci Ses amis bien-aimés, et leur fera-t-Il connaître davantage Ses plans (Jean 15 : 15) qu'ils défigureraient ensuite pour qu'on garde à leur égard le respect de leur dignité et la vénération ? Continuera-t-Il à donner « des choses nouvelles et des choses vieilles ? »,  « la nourriture au temps convenable », à la maison de la foi, par l'intermédiaire de serviteurs infidèles ? Non, ceux-là ne continueront pas à être Ses porte-parole ou à paître Son troupeau (Ez. 34 : 9, 10). Comme à Sa première venue, Il choisira à leur place, des porte-parole parmi les laïques, « le commun peuple », et Il mettra dans leur bouche des paroles auxquelles tous les chefs principaux ne pourront répondre ou résister (Luc 21 : 15). Et, ainsi qu'il a été prédit: « La sagesse de ses sages périra, et l'intelligence de ses intelligents se cachera » Esaïe 29 : 9-19.

On trouve le mot « enfer » trente et une fois dans l'Ancien Testament et chacun des cas correspond à shéol dans l'hébreu. Il ne signifie pas un étang de feu et de soufre, ni quelque chose qui en approche : non, pas le moins du monde ! Bien plutôt le contraire : au lieu d'un feu ardent le contexte le décrit comme un pays de « ténèbres » (Job 10 : 21) ; à la place d'un lieu rempli de cris déchirants et de gémissements, le contexte fait la description d'un lieu de « silence » (Ps. 115 : 17), au lieu de faire une allusion quelconque à la douleur et à la souffrance, ou au remords, le contexte le décrit comme un lieu ou une condition d'oubli (Ps. 88 : 11, 12). « Il  n'y a ni oeuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse, dans le (sépulcre) séjour des morts [shéol] où tu vas » Eccl.  9 : 10.

La signification de shéol est « le lieu caché », appliqué à la condition de l'homme dans la mort, dans et au-delà de laquelle tout est caché, sauf pour l’œil de la foi ; donc, par étroite et convenable association, on a souvent employé ce mot dans le sens de sépulcre — la tombe, lieu caché ou lieu au-delà duquel, seuls ceux qui ont l’œil de l'intelligence éclairé peuvent voir la résurrection, le rétablissement de l'être. A noter particulièrement que ce même mot shéol est traduit trente et une fois par « tombe » et trois fois par « fosse » dans la version commune [anglaise] par les mêmes traducteurs — beaucoup plus qu'il n'est traduit par « enfer » ; et deux fois où le mot est traduit par enfer le sens paraissait si absurde, selon la signification actuelle du mot « enfer », que les savants ont senti la nécessité d'expliquer, en note dans les Bibles modernes, qu'il signifie tombe ou sépulcre. (Esaïe 14 : 9 et Jonas 2 : 2) . Dans ce dernier cas, le lieu caché ou sépulcre, était le ventre du poisson dans lequel Jonas fut enseveli vivant, et d'où il cria à Dieu.

(1) Amos 9 : 2 — « Quand ils descendraient jusqu'aux enfers, ma main les en retirerait ». [Expression imagée, mais les puits de la terre sont certainement les seuls enfers dans lesquels les hommes peuvent descendre] (*). Pour la clarté des commentaires, nous adoptons comme type ici et dans tout le corps de cette brochure sauf indication contraire, la version française catholique de Sacy qui conserve le mot ENFER (Trad.).

(2) Ps. 16 : 10 — « Car vous ne laisserez point mon âme dans l'enfer, et ne souffrirez point que votre saint éprouve la corruption ». [Ceci est une allusion au séjour de notre Seigneur pendant trois jours dans la tombe — Actes 2 : 31 ; 3 : 15].

(3) Ps. 17 : 5 ; (héb. 18 : 5) — Les douleurs de la mort [Shéol] m'ont  environné. [Figure dans laquelle la douleur est représentée comme précipitant quelqu'un vers la tombe].

(4) 2 Rois 22 : 6 — Sacy (2 Sam. 22 : 6 D.) — « Les liens de l'enfer [sépulcre] m'ont environné, les filets de la mort m'ont enveloppé ».

(5) Ps. 55 :16, (héb. 55 : 15 — « Qu'ils descendent tout vivants dans l'enfer » [« la tombe »].

(6) Ps. 9 : 17 — « Que les pécheurs soient précipités dans l'enfer, toutes les nations qui oublient Dieu » Ce texte sera traité plus loin, dans un paragraphe séparé.

(7) Ps. 85 : 13 (héb. 86 : 13) — « Et vous avez retiré mon âme de l'enfer le plus profond » [la tombe].

(8) Ps. 114 : 3 ; (héb. 116 : 3) — « Les douleurs de la mort m'ont environné et les périls de l'enfer m'ont surpris ». [La maladie et l'angoisse sont les mains figurées de la tombe, qui nous saisissent].

            (9) Ps. 138 : 8 ; (héb. 139 : 8) — « Si je descends dans l'enfer [la tombe], vous y êtes encore [la puissance de Dieu est sans limites : même sur ceux qui reposent dans les sépulcres, Il peut exercer et exercera cette puissance en les relevant de là. — Jean 5 : 28]. (**) Toutes ces citations des Psaumes se trouveront à l'index en fin de volume, sous leur N° originaux hébraïques adoptés par les versions protestantes françaises. Du reste les  versions catholiques de Crampon et Glaire Vigouroux signalent le décalage entre (  ), ce que ne fait pas Sacy Trad.

            (10) Deut. 32 : 22 — « Ma fureur s'est allumée contre eux comme un feu, elle les brûlera jusqu'au fond des enfers » [description figurée de la destruction, de la ruine complète d’Israël, en tant que nation]. — « colère au dernier terme », comme l'appelle l'Apôtre, la colère de Dieu consumant cette nation jusqu' « au shéol le plus profond » — 1 Thess. 2 : 16 Darby].

            (11) Job 11 : 8 — « Il [Dieu, dans sa sagesse] est plus élevé que le ciel ; comment y atteindrez-vous ? Il est plus profond que l'enfer [que n'importe quelle fosse, puits], comment pénétrerez-vous jusqu'à lui ? »

(12) Job 26 : 6 — L'enfer [la tombe] est nu devant ses yeux, et l'abîme n'a point de voile pour se couvrir devant lui.

(13) Prov. 5 : 5 — « Ses pas descendent dans la mort; ses pas s'enfoncent jusqu’aux enfers [c'est-à-dire le conduisent vers la tombe] ».

(14) Prov. 7: 27 — « Sa maison est le chemin de l'enfer [la tombe], qui pénètre jusque dans la profondeur de la mort ».

(15) Prov. 9 :18 — « Mais il ignore que les géants sont avec elle, et que ceux qui mangent à sa table sont dans le plus profond de l'enfer ». [Ici les invités de la prostituée sont représentés comme étant les morts, les malades ou les mourants, et la majorité des victimes de la sensualité qui vont prématurément vers la tombe, par suite de maladies, lesquelles y précipitent également leur postérité].

(16) Prov. 15 : 11 — « L'enfer et la perdition sont à nu devant le Seigneur ». [Ici le sépulcre est associé à la perdition (destruction) et non à une vie de tourment].

            (17) Prov. 15 : 24 — « L'homme bien instruit voit au-dessus de lui le sentier de la vie, qui lui fait éviter le profond abîme de l'enfer ». [Ceci illustre l'espérance en une résurrection de la tombe].

            (18) Prov. 23 : 14 — « Vous le frapperez avec la verge, et vous délivrerez mon âme de l'enfer ». [C'est-à-dire, un correction sage gardera l'enfant des sentiers du vice qui conduisent à la mort prématurée, et pourra peut-être également le préparer à éviter la « Seconde-Mort »].

            (19) Prov. 27 : 20 — « L'enfer [la tombe] et l'abîme de perdition [la destruction] ne sont jamais rassasiés : ainsi les yeux des hommes sont insatiables ».

            (20) Esaïe 5 : 14 — « C'est pour cela que l'enfer a étendu ses entrailles, et qu'il a ouvert sa gueule à l'infini ». [Ici la tombe est un symbole de la destruction].

            (21, 22) Esaïe 14 : 9,15 — « L'enfer [la tombe] même s'est vu tout en trouble à ton arrivée... » « Tu as été précipité de cette gloire dans l'enfer » [la tombe, — traduit ainsi également au verset 11].

            (23) Esaïe 57 : 9 — « Et vous vous êtes abaissée jusqu'à l'enfer ». [Ici, l'image d'une dégradation profonde].

            (24, 25) Ézéchiel 31 : 15-17 — « Au jour qu'il est descendu aux  enfers.... j'ai épouvanté les nations par le bruit de sa ruine, lorsque je le conduisais dans l'enfer avec ceux qui étaient descendus au fond de la fosse... Car ils descendront aussi eux-mêmes dans l'enfer, parmi ceux qui ont été tués par l'épée ». [Description figurée et prophétique de la chute de Babylone dans la destruction, le silence, la tombe].

            (26) Ézéchiel 32 : 21 — « Les plus puissants d'entre les forts viendront lui parler du milieu de l'enfer, eux qui sont descendus avec ceux qui étaient venus à son secours ». [Continuation de la même figure représentant la destruction de l'Égypte en tant que nation, allant rejoindre Babylone dans la destruction — enterrement].

            (27) Ezéchiel 32 : 27 — « Ils ne dormiront point avec les vaillants hommes qui sont tombés morts, et qui étaient incirconcis, qui sont descendus dans l'enfer avec leurs armes, et ont mis leurs épées sous leurs têtes, et leurs iniquités ont pénétré jusque dans leurs os, parce qu'ils étaient devenus la terreur des âmes fortes de la terre des vivants ». [Le sépulcre est le seul « enfer » où ceux qui sont tombés sont enterrés et reposent avec leurs armes de guerre sous leurs têtes.

(28) Habakuk 2 : 5 — « Parce que ses désirs sont vastes comme l'enfer [la tombe], qu'il est insatiable comme la mort ».

            (29) Jonas 2 : 2, 3 — « Et il [Jonas] lui dit : J'ai crié au Seigneur dans le fort de mon affliction, et il m' a exaucé ; j'ai crié du fond du tombeau, [bien traduit ici], et vous avez entendu ma voix ». [Le ventre du poisson fut sa tombe d'un moment].

            (30, 31) Esaïe 28 : 15-18 — « Car vous avez dit : Nous avons fait un pacte avec la mort, nous avons contracté une alliance avec l'enfer [la tombe] : Lorsque les maux se déborderont comme des torrents, ils ne viendront point jusqu'à nous, parce que nous avons établi notre confiance dans le mensonge et que le mensonge nous a protégés. Voici donc ce que dit le Seigneur Dieu, ... L’alliance que vous aviez contractée avec la mort sera rompue, et le pacte que vous aviez fait avec l'enfer [la tombe] ne subsistera plus ». [Dieu déclare ainsi que l'idée générale par laquelle la mort et la tombe sont représentées comme des amis, plutôt que comme des ennemis, disparaîtra ; et les hommes sauront que le salaire du péché, c'est la mort, et qu'elle est un pouvoir de Satan (Rom. 6 : 23 ; Héb. 2 : 14) et non un ange envoyé par Dieu].

Genèse 37 : 35 — « ... jusqu'à ce que je descende avec mon fils au fond de la terre ».

            Genèse 42 : 38 — « ... vous accablez ma vieillesse d'une douleur qui m'emportera dans le tombeau ». [Voyez également la même expression en 44 : 29, 31 : Le traducteur n'aimait pas envoyer le serviteur de Dieu, Jacob, en enfer, pour la raison peu valable que ses fils étaient mauvais].

1 Rois 2 : 6 (1 Sam. 2 : 6) (*) — « C'est le Seigneur qui ôte et qui donne la vie ; qui conduit aux enfers [au tombeau] et qui en retire ».

(*) [Dans les Versions Cathol. les livres de 1 et 2, Sam, s'appellent 1 et 2 Rois et 3 et 4 Rois correspondent à nos 1 et 2 Rois. Trad.].

3 Rois 2 : 6, 9 (1 Rois 2 : 6, 9) — « ...Vous ne permettrez pas qu'après avoir vieilli, il descende en paix dans le tombeau ... Et vous aurez soin qu’en sa vieillesse il ne descende au tombeau que par une mort sanglante ».

Job 7 : 9 — « Celui qui va sous la terre » [la tombe].

Job 14 : 13 — « Qui pourra me procurer cette grâce que vous me mettiez à couvert, et me cachiez dans l'enfer [tombeau], jusqu'à ce que votre fureur soit entièrement passée, et que vous me marquiez un temps où vous vous souviendrez de moi [me ressusciterez] ? »

            Job 17 : 13 — « Quand j'attendrai jusqu'au bout le tombeau sera ma maison, et je me suis préparé mon lit dans les ténèbres » [Job attend la résurrection « le matin »].

Job 17 : 16 — « Tout ce que je puis espérer descendra avec moi dans le plus profond du tombeau...

Job 21 : 13 — « Ils passent leurs jours dans les plaisirs, et en un moment ils descendent dans le tombeau ».

Job 24 : 19, 20 — « Qu'il passe des eaux froides de la neige à une chaleur excessive, et que son péché le conduise jusqu’aux enfers ». Voir version Darby,  même verset : « La sécheresse et la chaleur emportent l'eau de neige ; ainsi le shéol tombeau, fait-il de ceux qui ont péché ». [Tous ont péché, par suite « la mort a passé sur tous les hommes », et tous vont vers la tombe. Mais tous ont été rachetés par « le précieux sang de Christ » ; en conséquence tous seront ressuscités et reviendront au temps marqué par Dieu — « au matin ». Rom. 5 : 12, 18, 19].

Ps. 6 : 6 (héb. 6 : 5) « Car il n'y a personne qui se souvienne de vous dans la mort et qui est celui qui vous louera dans l'enfer [la tombe] ? ».

Ps. 30 : 4 (héb. 30 : 3) « Vous avez, Seigneur, retiré mon âme de l'enfer [la tombe] ; vous m'avez sauvé du milieu de ceux qui descendent dans la fosse » [Ce passage exprime de la gratitude pour avoir été sauvé de la mort].

Ps. 30 : 18 (héb. 31 : 17) « Que les impies rougissent, et qu'ils soient conduits dans l'enfer [la tombe] ».

            Ps. 48 : 15, 16 (héb. 49 : 14, 15) « Ils ont été à la fin placés dans l'enfer [la tombe] comme des brebis : la mort les dévorera, et les justes [les saints — Dan. 7 : 27] auront l'empire sur eux au matin [le matin millénaire] ; et tout l'appui sur lequel ils se confiaient sera détruit dans l'enfer [la tombe], après qu'ils auront été dépouillés de leur gloire. Mais Dieu rachètera et délivrera mon âme de la puissance de l'enfer [la tombe]... ».

            Ps. 87 : 4 (héb. 88 : 3) « — Car mon âme est remplie de maux, et ma vie est toute proche de la mort ».

Ps. 88 : 49 (héb. 89 : 48) « ... Et qui est-ce qui retirera son âme de la puissance de l'enfer » ?

Ps. 140 : 7 (héb. 141 : 7) « ... Nos os ont été brisés et renversés, jusqu'à nous voir aux approches du sépulcre ».

            Prov. 1 : 12 « Dévorons-le tout vivant comme l'enfer [la tombe], et tout entier comme celui qui descend dans la fosse » [c'est-à-dire, comme dans celle produite par un tremblement de terre comme en Nombres 16 : 30-33].

Prov. 30 : 15, 16 — « ...et une quatrième qui ne dit jamais : C'est assez : l'enfer [la tombe] » etc.

Eccles. 9 : 10 — « Faites promptement tout ce que votre main pourra faire, parce qu'il n'y aura plus ni oeuvre, ni raison, ni sagesse, ni science dans le tombeau, où vous courez ».

Cantique des cantiques 8 : 6 — « ...Le zèle de l'amour est inflexible comme l'enfer [la tombe] ».

Esaïe 14 : 11 — « Ton orgueil a été précipité dans les enfers [la tombe] ... ».

Esaïe 38 : 10 « ... je m'en vais aux portes du tombeau : je cherche en vain le reste de mes années ».

Esaïe 38 : 18 — « Car ceux qui sont dans le tombeau ne célébreront point cette gloire ; les morts ne publieront point vos louanges ; et ceux qui descendent sous la terre ne sont plus ici pour attendre la vérité de vos promesses ».

            Nombres 16 : 30 -33 — « mais si... qu'ils descendent tout vivants en enfer, vous saurez alors... La terre se rompit sous leurs pieds, et si entrouvrant elle les dévora avec leurs tentes et tout ce qui était à eux. Ils descendirent tout vivants dans l'enfer [la crevasse] étant couverts de terre, et ils périrent du milieu du peuple ».

Ézéchiel 3 1 : 15 — «... Au jour qu'il est descendu aux enfers [la tombe] ».

Osée 13 : 14 — « Je les délivrerai de la puissance de la mort [la tombe], je les rachèterai de la mort. O mort, un jour je serai ta mort ; ô enfer [le tombeau], je serai ta ruine. Mais maintenant je ne vois rien qui me console dans ma douleur ». Voir version Darby pour ce verset: « Je les délivrerai de la main du shéol, je les rachèterai de la mort. O mort, où sont tes pestes ? O shéol, où est (ou : je serai) ta destruction ? Le repentir est caché à mes yeux ». [Le Seigneur n'a racheté personne d'un lieu de feu et de tourment, car il n'existe aucun lieu semblable ; mais Il a racheté toute l'humanité de la tombe, de la mort, de la sentence que le péché d'Adam a apportée sur tous, ainsi que le déclare ce verset].

La liste ci-dessus comprend tous les exemples de l'emploi du mot français « enfer » et du mot hébreu shéol dans l’Ancien Testament. A la suite de cet examen, tous les lecteurs doivent être convaincus que les révélations de Dieu vieilles de quatre mille ans ne renferment pas la moindre allusion à un « enfer », dans l'acception donnée à ce mot de nos jours.

Dans le Nouveau Testament, le mot grec hadès correspond exactement au mot hébreu shéol. Comme preuve, voyez les citations de l'Ancien Testament faites par les Apôtres, dans lesquelles ils le rendent par hadès. Par exemple, Actes 2 : 27 ; « Tu ne laisseras pas mon âme en hadès », (enfer-Sa.) est la citation de Ps. 16 : 10 : « Tu n'abandonneras pas mon âme au shéol ». (1) NOTE cr.  Le séjour des morts : le shéol des hébreux, le hadès des Septante. N. B. La version catholique du Cardinal Liénart (1951) ne porte pas le mot « enfer » dans son lexique Trad. Et en 1 Cor. 15 : 54, 55 « La mort a été engloutie en victoire. Où est, ô mort, ton aiguillon ? où est, ô hadès, ta victoire — » est une allusion à Esaïe 25 : 8 : « Il engloutira la mort en victoire », et à Osée 13 : 14 « O mort, où sont tes pestes ? O shéol, où est ta destruction [ou : je serai ta destruction — note D] ».

Matt. 11 : 23 — « Et toi, Capernaüm, t'élèveras-tu toujours jusqu'au ciel ? Tu seras abaissée jusqu'au fond de l'enfer », Luc 10 : 15 « ... tu seras précipitée jusque dans le fond des enfers », [Par des privilèges de connaissance et d'opportunités, la ville était hautement favorisée ou, au sens figuré, « élevée jusqu'au ciel » ; mais à cause de l'abus des faveurs de Dieu, elle serait abaissée ou, au sens figuré, précipitée dans le hadès, renversée, détruite. Elle est à présent si bien « enterrée » dans l'oubli, que son emplacement même est matière à discussion. Capernaüm est certainement détruite, précipitée en hadès].

Luc 16 : 22, 23 — «... et eut l'enfer [ici gr. etaphe, fut enseveli : Trad.] pour sépulcre. Et lorsqu'il était dans les tourments, il leva les yeux en haut ». [Figure parabolique qui est expliquée plus loin dans un paragraphe spécial].

Apoc. 6 : 8 — « En même temps, je vis paraître un cheval pâle ; et celui qui était monté dessus s'appelait la Mort et l'Enfer le suivait [symbole de la destruction, ou la tombe].

            Matt 16 : 18 — « Sur cette pierre, je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle ». [Bien que des persécutions amères et cruelles allant même jusqu'à déterminer la mort, affligeraient l'Église pendant l'Age de l'Évangile, elles ne provoqueraient point Son extermination complète, et éventuellement par Sa résurrection, accomplie par Son Seigneur, l'Église dominerait le hadès —  la tombe].

            « Quand les jours de la Pentecôte furent accomplis... Pierre... éleva sa voix, et leur dit: ... O Israélites, écoutez les paroles que je vais vous dire : vous savez que Jésus de Nazareth a été un homme que Dieu a rendu célèbre parmi vous... vous ayant été livré par un ordre exprès de la volonté de Dieu et par un décret de Sa prescience [« Il fut livré pour nos offenses »], vous l'avez crucifié, et vous l'avez fait mourir par les mains des méchants. Mais Dieu l'a ressuscité, en arrêtant les douleurs [les liens] de l'enfer [la tombe], étant impossible qu'il y fût retenu [Car la parole de Jéhovah avait annoncé Sa résurrection] ; car David dit en son nom. [Le personnifiant ou parlant en Son nom]. « J’ [moi, Christ] avais toujours le Seigneur [Jéhovah] présent devant moi, parce qu'il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé ; c'est pour cela que mon cœur s'est réjoui, que ma langue a chanté des cantiques de joie, et que ma chair même reposera en espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l'enfer [hadès, la tombe, la condition de mort], et vous ne permettrez point que votre Saint éprouve la corruption. Vous [Jéhovah] m'avez fait connaître [à moi, Christ] le chemin de la vie » (Actes 2 : 1, 14, 22-31). Ici notre Seigneur, personnifié par le prophète David, exprime Sa foi dans la promesse d'une résurrection faite par Jéhovah et dans l’accomplissement entier et glorieux du Plan de Jéhovah par Lui, et Il se réjouit de cette perspective.

            Saint Pierre continue alors, disant : « Mes frères, qu'il me soit permis de vous dire hardiment du patriarche David, qu'il est mort, qu'il a été enseveli, et que son sépulcre est parmi nous jusqu'à ce jour, [de sorte que cette prophétie ne pouvait se rapporter à lui personnellement ; car l'âme de David fut laissée en « enfer » — [hadès], la tombe, la condition de mort — et sa chair vit la corruption] : Étant prophète, et sachant que Dieu lui avait promis avec serment qu'il ferait naître de son sang un fils, qui serait assis sur son trône, avec cette connaissance qu'il avait de l'avenir, il parlait [prophétiquement] de la résurrection de Christ [hors de l' « enfer » — hadès, la tombe — à laquelle Il devait aller pour nos offenses], en disant qu'il n'a point été laissé dans l'enfer [hadès — l'état ou la condition de mort], et que sa chair n'a point éprouvé la corruption ». Ainsi saint Pierre présente un argument solide, logique, basé sur les paroles du prophète David en montrant d'abord que Christ, — qui fut livré par Dieu pour nos offenses, alla en « enfer », la tombe, la condition de mort, la destruction (Ps. 16 : 10) et ensuite que, selon la promesse, Il a été délivré de l'enfer, la tombe, la mort, la destruction, par une résurrection — un rappel à la vie ; étant créé de nouveau, le même être identique, mais plus glorieux et plus exalté jusqu'à être « le caractère [l'empreinte D.] de sa substance » (Héb. 1 : 3). Et maintenant « ce même Jésus » (Actes 2 : 36), dans la révélation subséquente qu'Il fit à l'Église, déclare :

Apoc. 1 : 18 « Je suis celui qui vis ; J'ai été mort, mais maintenant je vis, et je vivrai dans les siècles des siècles ; et j'ai les clefs de la mort et de l'enfer [hadès, la tombe] ».

A cela nos cœurs répondent : Amen! Amen! car, par Sa résurrection, nous voyons le résultat glorieux du Plan entier de Jéhovah près de son accomplissement par le pouvoir de Celui qui est ressuscité et qui tient à présent les clefs de la tombe et de la mort et qui au temps marqué, relâchera tous les prisonniers, appelés, en conséquence, les « prisonniers de l’espérance » (Zach. 9 : 12 ; Luc 4 : 18). Aucun artifice ou aucune ruse ne peut par n'importe quel expédient arracher ces parties intégrantes des Écritures et les mutiler pour soutenir cette tradition papale monstrueuse et blasphématoire du tourment éternel. Si telle avait été notre condamnation, Christ, pour être dans Son sacrifice, notre substitut, doit encore et pendant toute l'éternité, endurer ce tourment, ce que nul ne voudrait prétendre. Mais notre condamnation fut la mort, et « Christ est mort pour nos péchés », et « aussi pour les péchés du monde entier » 1 Cor. 15 : 3 ; 1 Jean 2 : 2.

Apoc. 20 : 13, 14 — « Et la mer rendit les morts qui étaient ensevelis dans ses eaux ; la mort et l'enfer [la tombe] rendirent aussi les morts qu'ils avaient : et chacun fut jugé selon ses oeuvres. Alors l'enfer [la tombe] et la mort furent jetés dans l'étang de feu : c'est là, la seconde mort ». [L'étang de feu est le symbole de la destruction finale et éternelle. La mort et l'enfer [la tombe] y sont jetés tous deux. La mort ne sera plus ; « La mort sera le dernier ennemi qui sera détruit » 1 Cor. 15 : 26 ; Apoc. 21 : 4].

            Ayant examiné le mot shéol, le seul mot de l'Ancien Testament qui soit rendu par « enfer », et le mot hadès, rendu aussi très fréquemment dans le Nouveau Testament par enfer remarquons maintenant dans les Écritures, tous les exemples restant du mot français « enfer ». Deux autres mots, dans le Nouveau Testament sont traduits par « enfer » — géhenna et tartaroo, que nous allons examiner dans l'ordre respectif.

On trouve le mot géhenne — en tout douze fois — dans les passages suivants : Matt. 5 : 22, 29, 30 ; 10 : 28 ; 18 : 9 ; 23 : 15, 33 ; Marc 9 : 43-47 [42-46-Sa.] ; Luc 12 : 5 ; Jacq. 3 : 6. C'est le mot grec qui traduit l'expression hébraïque signifiant « Vallée de Hinnom ». Cette vallée, située à proximité de Jérusalem était utilisée comme dépotoir où l'on brûlait les immondices de cette ville. Les ordures étaient amenées là ; on y entretenait constamment le feu, en y ajoutant du soufre pour les consumer entièrement, pour en activer la combustion et en assurer la destruction complète. Mais aucun être vivant ne pouvait être jeté dans la Géhenne. Les Juifs n'avaient pas le droit de torturer qui que ce soit.

            Si nous considérons que Dieu, dans Son peuple d'Israël, nous donne des leçons de choses pour nous faire comprendre Sa manière d'agir, Ses desseins présents et futurs, nous sommes autorisés à penser que la Vallée de Hinnom, « la Géhenne », a aussi pour rôle d'illustrer « les choses à venir ». Nous savons que les sacrificateurs et le Tabernacle d’Israël sont les types de la sacrificature royale, I'Église  chrétienne, le vrai Temple de Dieu et aussi que leur ville capitale était une figure de la Nouvelle Jérusalem, le siège du pouvoir royal, le centre de l'autorité et la capitale du Grand Roi Emmanuel. Nous nous souvenons, également que le gouvernement de Christ est représenté dans l'Apocalypse  sous l'image d'une cité « La Nouvelle Jérusalem » (Apoc. 21 : 10-27). Après description de la classe qui jouira des privilèges et des bénédictions de ce Royaume, — la classe honorable et glorieuse et tous ceux qui ont droit aux arbres de vie — nous lisons aussi la déclaration que rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge n'y entrera, mais seulement ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau. Cette ville, qui doit ainsi représenter toute l'humanité sauvée à la fin du Millénium, a pour type une ville terrestre : « Jérusalem » ; les souillés, les abominables, etc…, la classe indigne de vie éternelle, sont représentés par les immondices et les ordures, par les cadavres jetés dans la Géhenne, en dehors de la ville, et dont la destruction totale symbolise la « seconde mort ». Conformément à cela, nous voyons qu'il est déclaré que ceux qui sont trouvés indignes de la vie seront jetés dans « l'étang de feu » (Apoc. 20 : 15) — le feu étant ici comme partout, le symbole de la destruction, et le symbole « l'étang de feu » provenant de la même Géhenne ou Vallée de Hinnom.

Donc, de même que la « Géhenne » avait un but utile pour la ville de Jérusalem, comme lieu où les ordures étaient consumées, elle est, ainsi que la ville elle-même, un type destiné à figurer par anticipation les futurs actes de Dieu éliminant et livrant à la destruction tous les éléments impurs, afin qu'ils ne souillent point la Cité Sainte, la Nouvelle Jérusalem, après que l'épreuve de l'Age millénaire de jugement les aura pleinement mis en évidence et aura séparé avec une justice infaillible, les « brebis » d'avec les « boucs ».

La Géhenne était ainsi un type ou une figure de la Seconde-Mort la destruction complète et finale, de laquelle il n'y aura plus de relèvement, car après cela « il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement, l'ardeur d'un feu qui dévorera les rebelles » — Héb. 10 : 26.

Souvenons-nous que le peuple d’Israël, afin de pouvoir figurer d'avance les desseins de Dieu envers la race humaine, avait été traité en type, comme si la Rançon avait été payée, avant sa sortie d'Égypte, quoique un agneau-type seulement eût été immolé. Lorsque Jérusalem fut bâtie, son temple figurait le vrai Temple, l'Église, le vrai Royaume, comme il sera établi par Christ au Jour millénaire et le peuple était le type du monde pendant ces mêmes mille ans. Ses prêtres représentaient la Sacrificature royale glorifiée, et sa loi, qui exigeait une obéissance parfaite, représentait la loi et les conditions de la Nouvelle-Alliance, qui seront mises en vigueur pour être en bénédiction à ceux qui seront obéissants, et pour la condamnation de tous ceux qui, lorsque l'occasion la plus propice leur sera offerte, ne se soumettront pas de tout cœur aux ordonnances et aux lois justes du grand Roi.

Puisque, comme nous le voyons, l'organisation et les conditions d'existence du peuple d'Israël figuraient celles du monde à venir, la comparaison de la vallée (ou abîme) de la Géhenne avec la Seconde Mort, la destruction complète, l'âge futur, de tout ce qui sera indigne d'être conservé, n'est-elle pas bien appropriée et le symbole de « l'étang de feu ardent et de soufre » (Apoc. 19 : 20) tiré de cette même Géhenne ou vallée de Hinnom, n'est-il pas parfaitement choisi ? L'expression « ardent et de soufre » renforce le symbole « feu », pour exprimer la destruction complète et irrévocable par la Seconde-Mort ; car le soufre brûlant est l'une des substances les plus mortelles connues. Qu'il est raisonnable de s'attendre à ce que le peuple d'Israël ait eu des tribunaux et des juges figurant d'avance les juges de l'âge à venir et à ce que les sentences de ces cours-types de ce peuple-type, sous des lois-types et cet abîme-type, en dehors de cette cité-type concordent pleinement avec les sentences (réelles) des cours (réelles) et des juges (réels) de l'âge futur. Si l'on se souvient de ces points, cela aidera grandement à la compréhension des paroles du Seigneur touchant la Géhenne ; car, quoiqu’Il fit allusion à cette vallée qui se trouvait tout près de là et qu'il la nommât même, Ses paroles étaient destinées à donner des enseignements sur l’Age à venir et sur la Géhenne-antitype, sur la Seconde-Mort.

« Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Vous ne tuerez point ; et quiconque tuera, méritera d'être condamné par le jugement. Mais moi, je vous dis que quiconque se mettra en colère contre son frère, méritera [futur — sous les lois du vrai Royaume] d'être condamné par le jugement, que celui qui dira à son frère : Raca, méritera d'être condamné par le conseil ; et que celui qui lui dira : Vous êtes un fou, méritera d'être condamné au feu de l'enfer [Géhenne] » Matt 5 : 21, 22 — Sa.

Pour comprendre ces allusions aux juges, au conseil et à la Géhenne, chacun devrait être un peu au courant de la législation des Juifs. « La cour de justice » composée de sept juges (ou de vingt-trois, on n'est pas d'accord sur le nombre) avait la compétence de juger certaines catégories de crimes. Le Sanhédrin ou Haute-Cour, composé de 71 hommes très instruits et très considérés, était le tribunal suprême de la nation et s'occupait des délits les plus graves. La sentence la plus sévère était la peine de mort, mais pour certains criminels très abjects, on ajoutait une peine infamante en leur refusant la sépulture et en jetant, dans la Géhenne, leurs cadavres, pour y être brûlés avec ceux des chiens et avec les immondices de la cité. Le but que l'on poursuivait en les brûlant dans la Géhenne, était de stigmatiser, de rendre abominables le crime et le criminel aux yeux du peuple et de montrer que le cas du coupable était désespéré. Il faut se souvenir que les Israélites espéraient en une résurrection hors de la tombe, c'est pourquoi ils entouraient les cadavres de leurs morts de soins particuliers. Ne comprenant pas pleinement la puissance de Dieu, ils cherchaient probablement à L'aider en quelque mesure (Ex. 13 : 19 ; Héb. 11 : 22 ; Actes 7 : 15, 16). La destruction du corps dans la Géhenne après la mort, avait pour eux la signification de destruction de l'espérance de la résurrection. Ainsi, pour eux, la Géhenne représentait la Seconde-Mort, de la même manière figurée qu'eux-mêmes, comme peuple, représentaient ou étaient la figure d'un nouvel ordre de choses futur sous la Nouvelle Alliance.

Remarquons que notre Seigneur voulait leur faire comprendre, par les paroles ci-dessus, que leur interprétation de la loi, toute sévère qu'elle était, était bien au-dessous du véritable sens qui lui serait donné, lorsqu'elle sera expliquée dans le vrai Royaume et par les vrais juges dont les leurs n'étaient que les types. Il montrait que le commandement de leur loi « Tu ne tueras point » a un sens bien plus profond et une portée beaucoup plus grande qu'ils ne le pensaient ; que toute injuste colère et toute injure « seraient » considérées, sous la Nouvelle Alliance, comme des violations de la loi de Dieu, et que ceux qui dans les conditions favorables de l'âge futur, ne se réformeraient pas en ne s'appliquant pas à observer complètement la loi de Dieu, seraient jugés dignes du châtiment figuré alors par leur Géhenne, savoir la Seconde-Mort. Cependant la rigueur de cette loi ne se fera sentir que peu à peu, dans la mesure où la discipline de cet âge, les avantages et les secours qu'il offrira pour permettre à chacun de l'observer ne seront pas respectés.

La même pensée est suivie dans Matt. 5 : 22-30 : « Vous avez entendu... mais moi je vous dis... car il vaut mieux pour vous qu'un des membres de votre corps périsse que si tout votre corps était jeté dans l'enfer (la Géhenne) ».

Ici encore l'application de la loi de Dieu sous la Nouvelle Alliance est mise en contraste avec son application sous l'Ancienne Alliance, l'Alliance judaïque et le sérieux de la leçon du contrôle de soi-même est renforcé par la déclaration qu'il est bien plus avantageux que les hommes refusent de céder à des désirs dépravés (lors même qu'ils leur seraient aussi chers qu'un oeil droit et qu'ils paraîtraient aussi indispensables qu'un bras droit) que de les satisfaire et de perdre, par la Seconde-Mort, la vie future qui, par la propitiation pour tous, a été acquise pour tous ceux qui veulent revenir à la perfection, à la sainteté et à Dieu.

Ces expressions de notre Seigneur avaient pour but, non seulement de nous montrer la perfection (Rom. 7 : 12) de la loi de Dieu et la manière profonde dont elle sera interprétée et obligatoirement appliquée dans l’Age millénaire, mais aussi de donner une leçon aux Juifs qui ne voyaient précédemment dans les commandements de Moïse, que l'extérieur grossier de la loi de Dieu. Si dans leur état de péché, ils trouvaient difficile de se soumettre même à la loi, dans sa signification superficielle, ils devraient voir maintenant l'impossibilité de l'accomplir dans son sens intime révélé par Christ. S'ils avaient compris et reçu pleinement Son enseignement ils se seraient écriés : Hélas! si Dieu nous juge ainsi par les pensées et les intentions du cœur, nous sommes tous souillés et impurs et nous ne pouvons attendre autre chose que la condamnation à la Géhenne (à la destruction complète comme des bêtes brutes). Ils auraient demandé : Montre-nous une sacrificature supérieure à celle d'Aaron, un Souverain Sacrificateur et Maître capable de comprendre la loi, capable de connaître notre nature déchue, notre faiblesse héréditaire et de sympathiser avec nous ; qu'il offre pour nous de « meilleurs sacrifices » et qu'il nous applique le plus grand pardon de nos péchés dont nous avons besoin ; qu'Il soit un grand Médecin pour nous guérir et nous rétablir, afin que nous puissions obéir de tout notre cœur à la loi parfaite de Dieu ! Alors ils auraient trouvé Christ.

Mais ils ne comprirent pas cette leçon, parce que les oreilles de leur entendement étaient endurcies, de sorte qu'ils n'apprirent pas que Dieu avait déjà préparé ce Sacrificateur, ce Sacrifice, ce Maître, ce Médecin dont ils avaient besoin, qui racheta au temps marqué ceux qui étaient sous la loi-type, ainsi que tous ceux qui n'étaient pas sous cette loi et qui « au propre temps », bientôt, commencera son oeuvre de restauration, en rendant la vue aux aveugles et l'ouïe aux sourds. Alors « le voile sera enlevé », le voile de l'ignorance, de l'orgueil, de la sagesse humaine que Satan emploie maintenant pour aveugler le monde à l'égard de la Loi de Dieu et de Son plan de salut.

            L'enseignement de notre Seigneur montra non seulement la loi de la Nouvelle Alliance et donna une leçon aux Juifs, mais il est aussi d'une grande utilité pour l'Église de l'Évangile. Dans la mesure où nous apprenons combien la loi de Dieu est précise et ce que serait la perfection sous cette loi, nous voyons que notre Rédempteur était parfait et que, tout à fait incapables de nous présenter devant Dieu comme observateurs de cette loi, nous ne pouvons être acceptés par notre Père céleste que par le mérite de notre Sauveur. Personne, en effet ne peut faire partie de ce « Corps » couvert par la robe de Sa justice, sauf ceux qui se sont consacrés, qui cherchent à ne faire que des choses agréables à Dieu, ce qui implique d'éviter le péché dans toute la mesure de ses forces. Ils ne sont cependant pas acceptés de Dieu à cause de leur perfection, mais en vertu de la perfection de Christ aussi longtemps qu'ils demeurent en Lui. Ceux-là ont néanmoins l'avantage d'avoir une vue claire de la loi parfaite de Dieu, tout en n'étant pas jugés d'après leur manière plus ou moins parfaite de s'y conformer. Ils accomplissent avec joie la volonté de Dieu dans toute la mesure de leurs aptitudes et plus ils apprennent à connaître Sa loi parfaite, plus ils en font leur règle de conduite et plus ils parviennent à s'y conformer. Pour nous aussi, ces paroles du Seigneur renferment une leçon précieuse.

            Il y a cependant ici un point qu'il faut mentionner spécialement c’est que la Géhenne que les Juifs connaissaient et dont Jésus leur parlait, n'était pas un étang de feu entretenu pour brûler pendant toute l’éternité et dans lequel serait jeté quiconque « se met en colère contre son frère » ou qui lui dirait « Insensé ! ». Non, les Juifs ne tiraient pas de conclusions aussi exagérées des paroles du Seigneur. La théorie du tourment éternel leur était inconnue, elle ne se trouvait pas dans leur théologie, comme nous le verrons plus loin. C'est une invention relativement moderne, provenant, comme nous l'avons déjà vu, du papisme, de la grande apostasie. La chose à retenir est donc que la Géhenne symbolise la Seconde-Mort totale, complète et éternelle. Cela est clairement établi, puisqu'elle est mise en opposition avec la vie : « Mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux et manchot, que d'être jeté dans le feu de la Géhenne ». Il vaut mieux renoncer à soi-même, à la satisfaction de ses aspirations pécheresses, plutôt que de perdre la vie future et de périr dans la Seconde-Mort.

            « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme, mais craignez plutôt celui qui peut perdre l'âme et le corps dans l'enfer [Géhenne] ». Voyez aussi l’autre récit du même discours dans Luc 12 : 4 et 5.

            Notre Seigneur expose ici à Ses disciples la grande raison qu'ils avaient de montrer du courage et de la détermination dans les circonstances les plus difficiles. Ils devaient s'attendre à être persécutés, à être calomniés de toute manière, pour Son nom et pour la « bonne nouvelle » dont Il les avait établis les ministres et les hérauts ; même le temps viendrait où l'on croirait rendre un service à Dieu en les tuant. Leur consolation et leur récompense étaient d'être reçus, non dans la vie présente, mais dans la vie future. Ils étaient persuadés et ils croyaient fermement que le Seigneur était venu pour donner Sa vie en Rançon pour plusieurs et que tous ceux qui sont dans les sépulcres devraient par conséquent « au propre temps », entendre la voix du Libérateur et en sortir, soit pour être récompensés (si l'épreuve passée dans cette vie a été favorable), soit pour une épreuve ou jugement futurs, ce qui sera le cas pour le plus grand nombre qui n'arrivent pas à avoir, dans la vie présente, la connaissance nécessaire et l'opportunité essentielle pour une épreuve complète.

            Dans les conditions présentes, les hommes peuvent tuer nos corps, mais ils ne peuvent rien faire qui puisse nuire à notre être futur (notre âme), que Dieu a promis de faire revivre ou de restaurer par Sa puissance, au jour de la résurrection — l'Age millénaire. Nos âmes rendues à la vie auront des corps nouveaux (spirituels ou terrestres, « a chaque semence son propre [genre de] corps ») que personne alors ne pourra tuer. Dieu seul a le pouvoir de détruire complètement l'âme et le corps. Dieu seul devrait donc être craint et l'opposition des hommes même jusqu'à la mort ne devrait pas être redoutée, si par là nous gagnons la faveur divine. Le commandement de notre Seigneur est donc : Ne craignez pas ceux qui peuvent mettre un terme à la présente vie (mourante) dans ces pauvres corps mourants. Ne vous mettez pas en souci pour votre nourriture, votre vêtement, vos jouissances, elles ne sont pas à comparer avec l'existence future que Dieu vous a réservée et qui, si vous l'obtenez, pourra être votre partage à toujours. Ne craignez pas les menaces, les méchants regards et les voies de fait des hommes dont le pouvoir ne s'étend pas au-delà de l'existence présente, qui ne peuvent que faire du mal à vos corps et les tuer, mais qui ne peuvent rien faire de plus. Respectez et honorez plutôt Dieu qui possède les issues de la vie éternelle ; craignez celui qui peut détruire dans la Géhenne (la Seconde-Mort), aussi bien la présente vie (mourante), que toute espérance future.

            Nous voyons ici, d'une manière décisive que la Géhenne est une figure pour représenter la Seconde-Mort, la destruction complète qui sera le sort de tous ceux qui, ayant eu l'occasion complète d'accepter le don de la vie éternelle par le sacrifice de notre Seigneur, se seront montrés indignes de ce don de Dieu, en refusant de l'accepter, en refusant de se soumettre à Ses justes exigences. Ce passage ne dit point que Dieu conservera l'âme ou le corps dans la Géhenne, mais qu'Il peut les détruire l'un et l'autre et qu'Il le fera. Nous sommes ainsi informés que ceux qui sont condamnés à la Seconde-Mort sont pour toujours et sans aucun espoir, rayés de l'existence — Matt. 18 : 8, 9 ; Marc 9 : 43-48.

            [Comme ces deux passages se rapportent au même discours, nous les citons d'après Marc, en faisant remarquer que les versets 44 et 46, ainsi qu'une partie du verset 45, ne se trouvent pas dans les plus anciens manuscrits grecs, tandis que le verset 48, qui est de la même teneur, se trouve dans tous les manuscrits (1)Voyez les nouvelles versions Segond et Synodale qui sautent ces versets 44 et 46 avec leur numéro. L'ancienne Bible Segond (1879) les mettait entre [ ],les signalant comme apocryphes. Voir les REMARQUES p.VII à la fin de l'AVANT-PROPOS du N. T. : édition de 1901. Trad. Nous citons ce passage d'après ces manuscrits les plus anciens et les plus sûrs] : « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la, mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que d'avoir les deux mains et d'aller dans la Géhenne dans le feu qui ne s'éteint point. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le, mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie que d'avoir les deux pieds et d'être jeté dans la Géhenne. Et si ton oeil est pour toi une occasion de chute, arrache-le, mieux vaut pour toi entrer dans le Royaume de Dieu n'ayant qu'un oeil que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans la Géhenne, ou le ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point ».

            Après avoir lu ces passages, chacun doit reconnaître avec le prophète que notre Seigneur ouvrait Sa bouche en similitudes et en discours obscurs (Ps. 78 : 2 ; Matt. 13 : 35). Personne n'aura l'idée que le Seigneur conseillait aux gens de mutiler leurs corps en se coupant des membres ou en se crevant les yeux. Il n'entend point non plus nous faire croire que les mutilations et les infirmités de notre corps actuel existeront encore au-delà de la tombe, lorsque nous entrerons dans la vie. Les Juifs auxquels Jésus s'adressait n’ayant aucune idée d’un lieu de tourment éternel, savaient que le mot Géhenne se rapportait à la vallée située en dehors de la ville, laquelle vallée n'était point un lieu de tourment ni une place où l'on jetât des êtres vivants, mais un lieu où l'on détruisait complètement tout ce qui y était amené, et reconnaissant aussi que les expressions employées par le Seigneur, main, pied et oeil, devaient être prises au figuré, n'ignoraient pas que la Géhenne symbolisait aussi, dans le même langage imagé, la destruction complète.

            Voici ce que le Seigneur voulait simplement dire : La vie future que Dieu a préparée pour les rachetés est d'un prix inestimable et elle payera richement les sacrifices faits pour la recevoir et en jouir. Si elle devait coûter un oeil, une main, un pied, de manière que l'on dût se passer de cet organe ou de ces membres pendant toute l'éternité, cette vie ne serait pas chère, même à ce prix. Il vaudrait infiniment mieux les perdre que de les garder et de tout perdre dans la Géhenne. Sans aucun doute, Ses auditeurs y puisaient aussi une leçon applicable à toutes les positions de la vie et comprenaient que le Maître leur enseignait qu'ils seraient richement dédommagés de renoncer à eux mêmes et à bien des jouissances, à des plaisirs, des goûts qui leur étaient aussi chers qu'une main, aussi précieux qu'un oeil aussi utiles qu'un pied, plutôt que de les satisfaire et de perdre la vie future et être détruits dans la Géhenne — la Seconde-Mort. — Mais que signifient : « Le ver qui ne meurt point et le feu qui ne s'éteint point ? »

            Nous répondrons que dans la Géhenne qui servait de base aux images du Seigneur, les corps des animaux, etc., tombaient souvent sur des arêtes de rochers où ils restaient suspendus et non dans le foyer incandescent qui se trouvait au-dessous. Ainsi exposés, ils devenaient la proie des vers qui les détruisaient aussi complètement et aussi sûrement que le feu. Personne ne pouvait aller troubler l'oeuvre qui s'accomplissait dans cette vallée, de sorte que les vers et le feu travaillaient ensemble à l’œuvre de destruction, le feu ne s'éteignait pas et les vers ne mouraient pas. Ceci n'implique pas un feu sans fin, ni des vers éternels. La pensée est que les vers ne disparaissaient pas et qu'ils n'abandonnaient pas les carcasses, mais qu'ils poursuivaient  et achevaient le travail de destruction ; de même, le feu ne s'éteignait pas, mais il continuait son œuvre jusqu'à ce que tout ce qui l'alimentait fût consumé. Il en est de même d’une maison en flammes : si l'on ne cherche ou ne réussit pas à éteindre le feu et qu'elle brûle complètement on peut dire avec raison qu'elle a été consumée par un « feu inextinguible ».

            Notre Seigneur cherchait à faire pénétrer chez Ses auditeurs l'idée que la Seconde-Mort, symbolisée par la Géhenne, est complète et absolue. Tous ceux qui passeront par la Seconde-Mort seront détruits complètement et pour l'éternité nulle rançon ne pourra plus jamais être payée pour eux (Rom. 6 : 9) ; car aucun de ceux qui sont dignes de la vie ne seront sujets à la Seconde Mort ne seront jetés dans l'étang de feu, mais ceux-là seuls qui, après être parvenus à la connaissance de la vérité, aimeront l'iniquité.

            Ce n'est pas seulement dans les exemples ci-dessus que la Seconde-Mort est illustrée d'une manière bien claire, par la Géhenne, mais il est évident que le même Maître a employé la même image pour représenter la même chose, dans le livre de l'Apocalypse, quoiqu'elle n’y soit pas appelée Géhenne, mais « étang de feu ».

            La même vallée aussi, bien auparavant fait le sujet d'un discours du prophète Esaïe (Es. 66 : 24). Quoiqu'il ne la nomme pas, il la décrit, et chacun devrait faire la remarque qu'il ne parle pas, comme quelques-uns pourraient le penser, de milliards d’êtres vivants dans les flammes et les tortures, mais des cadavres de ceux qui ayant transgressé les commandements de l'Éternel, sont ainsi représentés comme complètement détruits dans la Seconde-Mort.

            Les deux versets précédents indiquent l'époque où cette prophétie sera accomplie, cette époque est en parfaite harmonie avec les symboles de l'Apocalypse  ; ce sera celle de la nouvelle dispensation, l'Age millénaire, l'ère des conditions nouvelles, des « nouveaux cieux » et de « la nouvelle terre ». Alors tous les justes comprendront la justice aussi bien que la sagesse de la destruction complète des incorrigibles, des ennemis conscients de la justice, desquels il est écrit: « Ils seront une abomination pour toute chair ».

            La classe à laquelle les paroles de Matt. 23 : 15, 33 sont adressées n'est pas celle des païens, ni celle des gens de la classe inférieure et ignorante de la nation juive, mais celle des scribes et des pharisiens, qui étaient extérieurement les plus religieux, les conducteurs et les chefs mêmes du peuple. Le Seigneur dit à ceux-là : « Comment échapperez-vous au châtiment de la Géhenne ? ». Ces hommes étaient des hypocrites ; leurs convictions n'étaient pas sincères. De nombreux témoignages de la vérité leur avaient été rendus, mais ils refusaient de l'accepter et ils cherchaient à combattre son influence en dissuadant le peuple de l'accepter. En résistant ainsi au saint Esprit, ils endurcissaient leur cœur contre la personne même que Dieu avait destinée pour les bénir. De ce fait, ils s'opposaient méchamment à Sa grâce et s'ils persévéraient dans cette attitude, leur vie se terminerait par leur condamnation à la Seconde-Mort, la Géhenne. Chaque pas dans la voie de l'aveuglement et de l'opposition systématique à la vérité, rend le retour plus difficile et influe sur le méchant et le met dans la catégorie de ceux qui sont abominables devant Dieu et qui doivent être détruits dans la Seconde-Mort. Les scribes et les pharisiens s'avançaient rapidement dans cette voie, c'est pourquoi le Seigneur leur adresse l’avertissement interrogatif : « Comment échapperez-vous, etc. ? » c'est-à-dire : Quoique vous vous vantiez de votre piété, si vous ne changez pas, vous serez certainement détruits dans la Géhenne.

            « La langue aussi est un feu : c'est un monde d'iniquité, et n'étant qu'un de nos membres [très important] elle infecte tout notre corps ; elle enflamme tout le cercle et tout le cours de notre vie ; et est elle même [ou peut le devenir] enflammée du feu de l'enfer [la Géhenne] » Jacques 3 : 6. L'Apôtre montre par ce langage énergique, symbolique, quelle est l'influence nuisible d'une langue méchante, d'une langue enflammée (au sens figuré) par la Géhenne (figurée). Une langue enflammée par le feu de la Géhenne signifie une langue qui fait du mal, par suite de dispositions perverses, égoïstes, haineuses, méchantes, malicieuses, défauts qui, s'ils ne sont pas combattus et réformés malgré la connaissance et les occasions qui sont données, rendront ceux qui s'en parent dignes d'être détruits ; c'est pour cette classe de gens que la Seconde-Mort, le vrai « étang de feu », la réelle Géhenne est destinée. Quiconque a ces penchants peut, par sa langue, allumer un grand feu produire de graves désordres qui feront du mal partout où ses paroles pourront pénétrer. Quelques paroles méchantes déchaînent souvent les mauvaises passions de celui qui les prononce, en engendrent chez d'autres et se retournent contre leur auteur. En continuant dans cette voie funeste, l'homme entier se corrompt totalement et se place lui-même sous la condamnation à mort.

            Le mot grec tartaroo (1) Les ayant abîmés (précipités, dans le Tartare) . Version de Lausanne. « Précipités dans l'abîme », Stapfer Darby et Sacy. Grec litt. « Dieu n'épargna point les anges qui péchèrent, mais (tartaroo) les dégrada et les livra en des, liens d'obscurité ... ». ne se trouve qu'une seule fois dans les Écritures et il est traduit par enfer (Version Crampon). Il se trouve en 2 Pierre 2 : 4 et se lit : « Si Dieu, en effet, n'a pas épargné les anges qui avaient péché, mais les a précipités dans l'enfer (2) Note Cr. — l'Enfer, litt. le Tartare équivalant grec de la Gehenna. Aux abîmes, ... aux liens, (Vulg.) les ténèbres étant considérées comme une prison. Version Liénart « Tartare » — voir note au Lexique à « Abîme ». et les a livrés aux abîmes des ténèbres, où il les garde pour le jugement... [...mais si chargés des chaînes de l'enfer et précipités dans l'abîme, il les a livrés... » (Vers. Gl. et V.)]. Note Gl. et V Dans l'abîme, litt. dans le tartare, mot que saint Pierre a pu employer pour exprimer l'enfer, puisqu'il rend parfaitement l'idée que la religion donne de l'enfer. Il l'a pris, sans doute de Juifs hellénistes devenus chrétiens (Glaire).

            Ayant examiné tous les autres mots traduits dans la Bible par « enfer », et tous les textes dans lesquels ils se rencontrent, nous terminerons notre étude par le passage ci-dessus, le seul qui contienne le mot tartaroo Les mots en gras précipités dans l'abîme sont la traduction d'un seul mot grec : tartaroo. Évidemment les traducteurs se demandaient comment rendre ce dernier mais, croyant savoir où se trouvaient les anges déchus, ils prirent la liberté de les mettre en « enfer », bien qu'il leur fallût tout un membre de phrase pour dénaturer le sens de l'idée sous la forme qu'ils avaient décidé de lui donner.

            Le mot tartaroo, employé par Pierre, se rapproche beaucoup de celui de tartarus, qui se trouve dans la mythologie grecque pour désigner un sombre abîme ou une prison. Mais le mot tartaroo paraît se rapporter plutôt à un acte qu'à un lieu. La chute des anges déchus les a précipités de leur place d'honneur et d'élévation dans le déshonneur et dans la condamnation, et la pensée de l'Apôtre parait être : « Dieu n'a pas épargné les anges qui ont péché, mais il les a dégradés et enchaînés par les ténèbres ».

            Ce sens est certainement d'accord avec les faits qui nous sont connus par les Écritures, car les esprits déchus fréquentaient la terre, au temps du Seigneur et des Apôtres. Ils n'étaient donc pas tombés dans quelque abîme profond, mais ils étaient dégradés, déchus, tombés de la place d'honneur et de liberté qu’ils occupaient pour être retenus par les ténèbres comme par une chaîne. Lorsque ces esprits déchus manifestent leur pouvoir par des médiums, en prétendant  être un être humain décédé, un revenant quelconque, ils sont toujours obligés d'accomplir leur oeuvre dans les ténèbres, parce que l'obscurité est la chaîne qui les lie jusqu'au grand Jour millénaire du jugement. Cela signifie-t-il  que dans un avenir prochain ils auront le pouvoir de se matérialiser et d'agir au grand jour ? Il est difficile de le dire. S'il en était ainsi, cela augmenterait considérablement le pouvoir de Satan pour aveugler et tromper le monde pendant un court espace de temps, jusqu’à ce que le Soleil de Justice soit dans son plus grand éclat et Satan complètement lié.

            Nous terminons ainsi nos recherches dans la Bible sur le mot « enfer ». Dieu soit béni, nous n'y trouvons aucun lieu de torture éternelle, tel que bien des confessions de foi des cantiques et des chaires chrétiennes l'enseignent à tort Cependant, nous y trouvons un enfer shéol, hadès, auquel tous les ressortissants de notre race furent condamnés, à cause du péché d'Adam, et duquel tous ont été rachetés par la mort de notre Seigneur ; cet « enfer » est le sépulcre, la condition de la mort. Nous y trouvons encore un autre « enfer » (la géhenne, la Seconde-Mort, la destruction complète), qui est le châtiment final de tous ceux qui, après avoir été rachetés, amenés à une pleine connaissance de la vérité et rendus entièrement capables de lui obéir, auront préféré la mort, en choisissant une voie d'opposition à Dieu et à la justice. Nos cœurs disent : Amen! « Tes Voies sont justes et véritables, Roi des nations ! Qui ne craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint. Toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi, parce que tes jugements ont été manifestés » Apoc. 15 : 3, 4.

            Le récit de Luc 16 : 19-31, tout en étant admis comme une parabole, se lit en général comme si c'était une déclaration à prendre au sens littéral du mot. Une telle interprétation est, non seulement en désaccord avec l'ensemble des enseignements de toute la Bible, mais elle implique en même temps plusieurs absurdités. L'homme riche serait allé en enfer, parce qu'il goûta beaucoup de biens dans cette vie et ne donna que des miettes à Lazare ; pas un mot n'est dit de sa méchanceté. D'autre part, Lazare aurait été béni, non parce qu'il fut bon ou croyant, mais seulement parce qu'il fut pauvre et malade. La conclusion logique serait donc : A moins que nous ne soyons pauvres et couverts d'ulcères, nous n'entrerons jamais dans la félicité éternelle ; mais si, par contre, nous sommes bien vêtus maintenant et que nous ayons à manger en abondance tous les jours, nous sommes sûrs d'aller dans le tourment éternel. Le sein d'Abraham, pris au sens littéral, ne pourrait contenir qu'un bien petit nombre des millions de malades et de pauvres de la terre.

            Éloignons-nous donc de ces absurdités. Dans une parabole, la chose dite n'est jamais la chose signifiée. Nous savons ceci d'après les propres explications que notre Seigneur donna concernant Ses paraboles. Lorsqu'Il dit le « blé », Il désigne « les Fils du Royaume » et l' « ivraie », « les fils du malin », lorsqu'Il dit : « moissonneurs », Il veut dire Ses serviteurs, etc... (Matt 13). Les mêmes classes étaient représentées par des symboles différents dans différentes paraboles. Ainsi le « blé » d'une parabole correspond aux « fidèles serviteurs », et aux « vierges sages » des autres.

            Ainsi, dans la parabole qui nous occupe, le « riche » représente une classe de gens et « Lazare » une autre classe.

            En essayant d'exposer une parabole comme celle-ci pour laquelle le Seigneur ne nous donne aucune explication, nous devons assurément être modeste quant à l'opinion personnelle que nous en donnons. En conséquence, nous présentons l'explication suivante sans chercher aucunement à forcer le lecteur à partager nos vues, sauf si son propre jugement éclairé par la vérité, les trouve d'accord avec la Parole de Dieu et Son Plan Selon notre compréhension, Abraham représentait Dieu, et l' « homme riche » la nation juive qui, jusqu'alors et au moment de la parabole, « faisait joyeuse chère, chaque jour, splendidement », étant les favoris particuliers de Dieu. Saint Paul dit: « Quel est donc l'avantage du Juif ?... Grand, de toute manière, et d'abord en ce que les oracles de Dieu [la loi et les prophètes] leur ont été confiés ». (Rom. 3 : 2 — D.). Les promesses faites à Abraham et à David et leur organisation comme royaume de Dieu en type, investissaient ce peuple de la royauté, représentée par « la pourpre » de « l'homme riche ». Les sacrifices-types de la Loi faisaient de ce peuple au sens typique « une nation sainte », (juste), représentée par le « fin lin » de l'homme riche — symbole de la justification — Apoc. 19 : 8.

            Lazare représentait ceux qui étaient privés da la faveur divine, sous la Loi, et qui, souffrant du péché, avaient faim et soif de justice. Les « publicains et les pécheurs » d'Israël qui recherchaient une vie meilleure, et les Gentils affamés de vérité constituaient la classe de Lazare. A l'époque de la parabole ces derniers étaient privés des bénédictions conférées spécialement aux Juifs. Ils se tenaient couchés à la porte de l'homme riche. Nulle riche promesse de royauté ne leur avait été faite. Ils n'étaient pas même purifiés au sens typique ; mais malades moralement. souillés et pécheurs, ils étaient les compagnons des « chiens ». En ce temps-la, on considérait les chiens comme des animaux détestables, et les Juifs purifiés typiquement. appelaient ceux du dehors des païens et des « chiens », avec qui jamais ils n'auraient, voulu ni manger, ni se marier, ni avoir de relations Jean 4 : 9.

            Comment mangeaient-ils des « miettes » des bontés divines qui tombaient de la table bien pourvue d’Israël ? Les paroles du Seigneur à la femme cananéenne nous en donnent la clé : Il dit à cette femme de la gentilité : « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants [les Israélites] et de le jeter aux chiens [les Gentils]. Et elle dit : Oui Seigneur, mais les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres (Matt. 15 : 27 et note Crampon) Jésus guérit sa fille, lui donnant ainsi la « miette » de faveur désirée.

            Mais il survint un grand changement de dispensation dans l'histoire d'Israël lorsque, comme nation, ils rejetèrent et crucifièrent le Fils de Dieu. Alors leur justification type cessa — les promesses de royauté leur furent retirées et le royaume, qui leur fut enlevé, fut donné à une nation qui porterait des fruits — l'Église de l'Age de I 'Evangile, « une nation sainte, un peuple acquis » (Tite 2 : 14 ; 1 Pi. 2 : 7, 9 ; Matt 21 : 43). Ainsi « l'homme riche » mourut à tous ces privilèges spéciaux, et bientôt il (la nation juive) se trouva rejeté dans le tourment et l'affliction condition dans laquelle il a souffert, jusqu'à nos jours.

            Lazare aussi mourut, la condition des Gentils humbles et des « rejetés » d'Israël qui recherchaient Dieu fut l'objet d'un grand changement ; par les anges (messagers, Apôtres, etc.) ils furent transportés dans le sein d'Abraham. On représente Abraham comme le père des fidèles, qui reçoit tous les enfants de la foi, reconnus ainsi les héritiers de toutes les promesses à lui faites ; car les enfants de la chair ne sont pas les enfants de Dieu, mais les enfants de la promesse sont comptés comme étant la semence (enfants d'Abraham) ; « laquelle semence est Christ » ; — et « si vous êtes de Christ, vous [croyants], êtes donc la semence [les enfants] d'Abraham, et héritiers selon la promesse [abrahamique] » Gal. 3 : 29.

            Oui, la cessation de la situation existant alors, fut bien illustrée par la figure, la mort — la dissolution de la politique juive et la suppression des faveurs dont Israël avait joui depuis si longtemps. C'est à ce moment-là qu'ils furent rejetés et, depuis, « aucune faveur » ne leur a été accordée, tandis que les pauvres Gentils qui, auparavant, avaient été « sans droit de cité [le régime politique] en Israël et étrangers aux alliances de la promesse [qui jusqu'alors, n'avait été faite qu'à Israël seul], n'ayant pas d'espérance, et étant sans Dieu dans le monde », furent alors « approchés par le sang du Christ et réconciliés avec Dieu — Eph. 2 : 12, 13.

            Aux symboles de la mort et de l'ensevelissement employés pour figurer la dissolution d'Israël et son ensevelissement ou sa disparition parmi les autres nations, notre Seigneur ajouta une figure complémentaire. — « Dans l'enfer » [hadès, la tombe] il leva les yeux, et tandis qu'il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein », etc. (version Crampon). Les morts ne peuvent ni lever les yeux, ni voir de près ni de loin, ni converser, car il est nettement déclaré : « Car il n'y a ni oeuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse, dans le tombeau [shéol] où tu vas ». — Et il est parlé des morts comme de ceux qui « descendent dans le silence » (Eccl. 9 : 10 ; Ps. 115 : 17).

            Le Seigneur voulait montrer que de grandes souffrances ou « tourments » seraient ajoutés aux Juifs, comme peuple, après leur dissolution nationale et leur ensevelissement parmi les autres peuples morts dans leurs fautes et dans leurs péchés et qu'ils imploreraient en vain la délivrance et la consolation dont jouissait la classe de Lazare autrefois méprisée.

            L'histoire a confirmé cette prophétie parabolique. Depuis dix-huit cents ans, non seulement les Juifs ont été dans le désarroi mental à cause de leur rejet de la faveur divine, de la perte de leur temple et des choses indispensables pour offrir leurs sacrifices, mais encore, ils ont été sans cesse persécutés par toutes les classes, y compris les prétendus chrétiens. De ces derniers, les Juifs avaient attendu la miséricorde, comme l'exprime la parabole : « Envoie Lazare, afin qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt, et qu'il rafraîchisse ma langue » ; mais le grand gouffre « établi » entre eux empêchait cela. Néanmoins, Dieu reconnaît toujours la parenté établie dans Son alliance avec eux, et S'adresse à eux comme aux enfants de l'alliance (verset 25). Ces « tourments » ont été les châtiments qu’entraînait la violation de leur alliance, et ils devaient s'attendre à les endurer aussi sûrement qu'ils eussent reçu les bénédictions s'ils avaient obéi. Voir Lévitique, ch. 26.

            Le « grand gouffre établi » représente la différence énorme entre l'Église de l'Age de l'Évangile et les Juifs — la première jouissant de la grâce libre, de la joie, de la consolation et de la paix, en qualité de vrais fils de Dieu, et les derniers, conservant la Loi qui condamne et tourmente. Les préjugés, l'orgueil et l'erreur du côté juif, constituent les parois de ce gouffre qui empêche les Juifs de se mettre dans la condition de vrais fils de Dieu, en acceptant Christ et l'Évangile de Sa grâce. La paroi de ce gouffre qui empêche les vrais fils de Dieu d'aller vers les Juifs — dans l'esclavage de la Loi — est la connaissance qu'ils ont de l'impuissance des actions de la Loi à justifier quiconque devant Dieu, et du fait que, si un homme observait la Loi (s'y soumettait pour essayer de se recommander à Dieu, en raison de son obéissance à ses prescriptions), Christ ne lui profiterait de rien (Gal. 5 : 2-4). Dès lors, nous qui sommes de la classe de Lazare ne devrions pas mêler la Loi et l'Évangile, puisque nous savons qu'ils ne peuvent être mêlés, et que nous ne pouvons faire aucun bien à ceux qui s'en tiennent toujours à la Loi et rejettent le sacrifice pour les péchés accompli par notre Seigneur. Et eux, ne remarquant pas le changement de dispensation  qui eut lieu, arguent que rejeter la Loi comme puissance de salut c'est nier tout le passé historique de leur race, en même temps que toutes les transactions spéciales de Dieu avec les « pères » (promesses et transactions dont, par leur orgueil et leur égoïsme, ils ne surent ni s'approprier ni user) ; voilà pourquoi ils ne peuvent venir dans le sein d'Abraham, dans le repos et la paix véritables partage de tous les vrais enfants de la foi — Jean 8 : 39 ; Rom. 4 : 16 ; Gal. 3 : 29.

            Il est vrai que, tout au long de l'Age de l'Évangile, quelques Juifs entrèrent probablement dans la foi chrétienne, mais si peu qu'ils peuvent être ignorés dans une parabole représentant le peuple juif dans son ensemble. De même qu'au début, l'homme riche représente les Juifs orthodoxes, et non les rejetés d'Israël, ainsi jusqu'au bout de la parabole, il continue de représenter une classe semblable, et non pas par conséquent, les Juifs qui ont abandonné l'alliance de la Loi et accepté Christ ou ceux qui sont devenus incrédules. Voici comment nous interprétons la raison pour laquelle « l'homme riche » renvoie Lazare vers ses cinq frères : Au temps où notre Seigneur exprima cette parabole, on parlait couramment du peuple de Judée comme étant « Israël », « les brebis perdues de la maison d'Israël », « les villes d'Israël », etc., parce que toutes les tribus y étaient représentées ; mais, en réalité, la majeure partie du peuple appartenait à deux tribus, Juda et Benjamin, car peu nombreux étaient ceux des dix tribus qui étaient revenus de Babylone lors de l'autorisation générale de Cyrus. Si l'on représente la nation juive (principalement deux tribus) par un « homme riche », les « cinq frères » peuvent fort bien, par déduction arithmétique, représenter les dix tribus dispersées. La demande qui les concerne fut sans doute rapportée pour montrer que toute faveur spéciale de Dieu avait cessé pour tout Israël (les dix tribus aussi bien que les deux autres plus particulièrement mentionnées). Il nous paraît évident qu'il ne s'agit que d'Israël seulement car nulle autre nation qu'Israël n'avait « Moïse et les prophètes » comme instructeurs (verset 29). La majeure partie des dix tribus avait dédaigné à tel point Moïse et les prophètes qu'ils ne rentrèrent pas au pays de la promesse, mais préférèrent habiter parmi des idolâtres ; il était, par suite, inutile de tenter tout rapport avec eux, même par quelqu'un des morts — l'un de ceux de la classe de Lazare morts au sens figuré, mais désormais, figurément ressuscités — Eph. 2 : 5.

            Quoique la parabole ne parle d'aucun pont sur ce « grand gouffre », d'autres passages des Écritures indiquent qu'il doit en être « jeté » un d'un bout à l'autre de l'Age de l'Évangile, et qu'à sa clôture, « l’homme riche », ayant reçu toute la mesure du châtiment pour ses péchés, sortira du creuset de ses tribulations, en franchissant le pont des promesses divines non accomplies jusqu'ici, à l'égard de cette nation.

            Bien que des siècles durant, les Juifs aient été cruellement persécutés par les païens, les mahométans et les chrétiens nominaux, ils s'élèvent de nos jours graduellement vers la liberté et l'influence politiques, et quoique la plus grande partie de « la détresse pour Jacob » (Jér. 30 : 7) soit imminente, néanmoins comme peuple, ils occuperont une position de tout premier plan parmi les nations, au début du Millénium. Le « voile » (2 Cor. 3 : 13-16) de préjugé existe encore, mais il disparaît peu à peu, au fur et à mesure que pointe l'aurore du Matin millénaire ; nous ne serions même pas surpris d'entendre parler de grands réveils chez les Juifs, et de voir que beaucoup d'entre eux viennent à la connaissance de Christ. Ils quitteront ainsi l'état de hadès (de mort nationale) et de tourment qui fut le leur et viendront, avant toute autre nation, pour être bénis par la semence d'Abraham qui est Christ Tête et Corps. Leur rempart de préjugé et d'orgueil de race s'effondre de place en place, et les humbles, les pauvres en esprit commencent déjà à regarder à Celui qu'ils ont percé, et à demander: Celui-ci n'est-Il pas le Christ ? Et c'est alors que le Seigneur répand sur eux l'esprit de grâce et de supplication (Zach. 12 : 10). En conséquence : « Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli » Esaïe 40 : 1, 2.

            En un mot cette parabole paraît enseigner précisément ce que saint Paul explique en Romains 11 : 19-32. A cause d'incrédulité, les branches naturelles furent arrachées et les branches sauvages furent greffées dans la racine de la promesse abrahamique. La parabole s'arrête à la description des Juifs dans leurs afflictions et ne relate pas leur restauration finale à la faveur — sans doute parce que ce trait ne faisait pas partie du point de vue traité dans le sujet mais saint Paul nous assure que lorsque la « plénitude » des Gentils — le nombre total de ceux qui seraient tirés du milieu des Gentils, nécessaire pour compléter l'Épouse de Christ — « sera entrée », ils [Israël selon la chair] obtiendront miséricorde par votre [celle de l'Église] miséricorde. Il nous assure que l'alliance de Dieu avec Israël selon la chair (qui perdit de plus hautes promesses, les promesses spirituelles, mais à qui appartiennent toujours certaines promesses terrestres), c'est de faire de ce peuple la première nation de la terre, etc. A l'appui de sa déclaration, il cite les prophètes en disant : « Le Libérateur viendra de Sion [l'Église glorifiée] ; il détournera de Jacob [la semence selon la chair] l'impiété ». « En ce qui concerne l'évangile [le Haut Appel], ils sont ennemis [rejetés] à cause de vous ; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont bien-aimés à cause des pères ». « Car Dieu a renfermé tous, [Juifs et nations] dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous. O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » Rom. 11 : 26- 33.

            Mais si les Écritures, ainsi que nous l'avons montré, n'enseignent pas la doctrine blasphématoire du tourment éternel, elles enseignent, par contre, de la manière la plus positive, le châtiment éternel des méchants, de la classe représentée dans la parabole comme des « boucs » (Matt. 25 : 31-46), et ensuite la condamnation prononcée.

            On a dit avec raison que « l'ordre est la première loi du ciel ». Bien peu, pourtant se font, pensons-nous, une idée juste de cette grande vérité. Si nous jetons un regard rétrospectif sur le Plan des Ages, rien ne peut mieux donner la preuve décisive d'un Directeur divin, que l'ordre observé dans toutes ses parties.

            Dieu a exécuté chaque partie de Son œuvre en des temps et saisons définis et réglés, à la fin de chacune de ces saisons, Il a parachevé Son travail et S'est débarrassé de tout ce qui l'encombrait préalablement à la mise en train du nouveau travail de la dispensation suivante. Ainsi, à la fin de l'Age judaïque, l'ordre fut observé — un moissonnage et la séparation complète de la classe du « froment » de la balle et un retranchement total de cette dernière de la faveur divine. Avec les quelques-uns qui à la fin de cet Age-là, furent jugés dignes, un nouvel Age — l'Age de l'Évangile — commença. Nous vivons aujourd'hui au milieu des dernières scènes de la « moisson » de l'Age de l'Évangile et le « froment » et l' « ivraie » qui ont poussé ensemble pendant l'Age, sont séparés. Avec la première de ces classes dont notre Seigneur Jésus est la Tête, un nouvel Age doit être bientôt inauguré, et ce « froment » doit régner comme « rois et sacrificateurs » dans la prochaine nouvelle dispensation, tandis que l'élément « ivraie » est estimé totalement indigne de cette faveur.

            Tout en observant cet ordre en ce qui concerne l'Age judaïque et celui qui s'achève à présent notre Seigneur nous informe, par la parabole que nous examinons, que le même ordre sera observé en ce qui concerne l'Age qui suivra cet Age de l'Évangile.

            La moisson judaïque fut comparée à la séparation du froment d'avec la balle ; la moisson de l'Age actuel, à la séparation du froment d'avec l'ivraie ; la moisson de l’Age millénaire à la séparation des brebis d'avec les boucs.

            Les versets 31 et 32 indiquent clairement que la parabole des brebis et des boucs se rapporte à l'Age millénaire « Quand le fils de l'homme viendra dans sa gloire  et tous les saints anges avec lui, alors il s'assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui ; et il séparera les uns d'avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs ». De même que dans l'Age actuel, chaque action de ceux qui sont à l'épreuve (l'Église) contribue à former ce caractère, qui, au temps marqué, déterminera la décision finale du Juge à notre égard, ainsi en sera-t-il pour le monde (les « nations ») dans l'Age à venir. De même que dans l'Age actuel, l'épreuve de la majeure partie des membres individuels de l'Église se termine, et que la décision les concernant est rendue bien avant la fin de l'Age (2 Tim. 4 : 7. 8), ainsi sous le Règne millénaire, la décision concernant quelques cas individuels sera rendue longtemps avant la fin de l'Age (Esaïe 65 : 20) : mais, dans chacun des Ages, il y a une « moisson », ou, une période de séparation générale, à la fin de l'Age.

            A l’aurore du Millénium après le « temps de détresse », il y aura un rassemblement des nations actuelles devant Christ, et au temps et dans l'ordre établis, les morts de toutes les nations seront appelés devant le trône du jugement de Christ — non pour entendre prononcer un verdict immédiat, mais pour subir dans les circonstances les plus favorables, une épreuve, une mise en jugement individuelle, loyale et impartiale (Ez. 18 : 2-4, 19, 20) laquelle se terminera par un verdict décisif les déclarant dignes ou indignes de la vie éternelle.

            La scène de cette parabole se déroule, en conséquence, après le temps de détresse. lorsque les nations auront été subjuguées, Satan lié (Apoc. 20 : 1,2) et l'autorité du Royaume de Christ établie. Avant ceci, l'Épouse de Christ (I'Église triomphante) se sera assise avec Lui sur Son trône de pouvoir spirituel et aura pris part à l' exécution des jugements du grand jour de colère. Alors, le Fils de l'homme et Son Épouse, l'Église glorifiée, seront révélés et vus par les hommes, au moyen des yeux de leur intelligence, et ils « resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » — Matt. 13 : 43.

            C'est là la nouvelle Jérusalem que vit saint Jean (Apoc. 21), « la sainte cité [symbole de gouvernement] … descendant du ciel d’auprès de Dieu ». Pendant le temps de détresse, elle descendra et avant qu'il soit terminé, elle aura touché la terre. Elle est la pierre détachée de la montagne sans mains (mais par la puissance de Dieu), et elle sera à ce moment devenue une grande montagne (Royaume), emplissant la terre entière (Dan. 2 : 35), sa venue ayant provoqué la mise en pièces des mauvais royaumes du prince des ténèbres — Dan. 2 : 34, 35.

            C'est ici la glorieuse cité (gouvernement) préparée comme une épouse parée pour son mari (Apoc. 21 : 2), et à l'aube du Jour millénaire, les nations marcheront par sa lumière. (verset 24). Celles-ci pourront y apporter leur gloire et leur honneur, mais « il n'y entrera aucune chose souillée » [pour en faire partie] etc. (verset 27). Ici, sortant du trône, coule un fleuve pur d'eau de la vie (la vérité non polluée d'erreur) et « l'esprit et l'épouse disent : Viens que celui qui veut prenne gratuitement de l'eau de la vie » (Apoc. 22 :17). C'est ici que commence la probation ou le temps d'épreuve du monde, le grand Jour de mille ans du jugement du monde.

            Dans cette période même, favorable de bénédiction et de guérison des nations, alors que Satan sera lié, le mal réprimé, l'humanité en marche vers la libération de la mort, et lorsque la connaissance de l'Éternel emplira la terre, deux classes se développeront lesquelles sont comparées par notre Seigneur à des brebis et à des boucs. Il nous informe qu'Il les séparera. La classe des brebis — ceux qui sont doux humbles et désireux d'être conduits, seront, au cours de l'Age millénaire, rassemblés à la droite du Juge — symbole de Son approbation et de Sa faveur :  mais la classe des boucs, obstinés et têtus, grimpant toujours sur les rochers — recherchant la prééminence et, l'approbation des hommes — se nourrissant de misérables rebuts, tandis que les brebis paissent dans les riches pâturages de la vérité que le bon Berger met à leur disposition — ceux-là seront rassemblés à la gauche du Juge, à l’opposé de la position de faveur, objets de Sa défaveur et de Sa condamnation.

            Il faudra tout l'Age millénaire pour mener à bien ce travail de séparation des brebis d'avec les boucs. Pendant l'Age, au fur et à mesure que chaque individu viendra graduellement à la connaissance de Dieu et de Sa volonté, il se rangera à la droite (faveur) ou à la gauche (défaveur), selon qu'il profitera ou fera fi des opportunités de cet Age d'or. A la fin de cet Age, toutes les créatures humaines du monde se seront rangées en deux classes, comme le montre la parabole.

            La fin de l'Age millénaire sera la fin de l'épreuve ou du jugement du monde, et alors ces deux classes seront disposées d'une façon définitive. La récompense de la classe des « brebis » leur sera accordée, parce que pendant l'Age d'épreuve et de discipline, ils auront cultivé et manifesté le magnifique caractère d'amour que saint Paul décrit comme étant l'accomplissement de la loi de Dieu. (Rom 13 : 10). Ils auront manifesté ce caractère l'un envers l'autre dans leurs moments de plus urgents besoins, et ce qu'ils auront fait l'un pour l'autre sera compté comme fait à Lui-même, puisqu' Il les considère comme Ses frères — comme des enfants de Dieu, bien qu'ils seront de nature humaine, et que Lui sera de nature divine.

            Il est montré que la condamnation de la classe des « boucs » a pour cause l'absence de cet esprit d'amour. Dans les mêmes circonstances favorables que les « brebis », ils résistent obstinément à l'influence du modelage qu'opère la discipline du Seigneur, et ils endurcissent leur cœur. La bonté de Dieu ne les conduit pas à la vraie repentance, mais comme Pharaon, ils abusent de Sa bonté et, font le mal. Les « boucs » qui n'auront pas développé l'élément d'amour, la loi de l'existence et du Royaume divins, seront estimés indignes de la vie éternelle, et détruits ; tandis que les « brebis » qui auront développé l'image et la ressemblance de Dieu (l'amour), et qui les auront manifestées dans leur caractère, seront établis comme gouverneurs subalternes de la terre pendant les Ages futurs.

            A la fin de l'Age millénaire, lors du règlement décisif des affaires humaines, Christ s’adresse en ces termes à Ses brebis : « Venez, vous qui êtes bénis... héritez le royaume qui a été préparé pour vous, dès la fondation du monde ».

            Il est évident que les « brebis » auxquelles il est parlé ici à la clôture du Millénium, ne seront pas les brebis de l'Age de l'Évangile, l'Église de l'Évangile, mais bien ces « autres brebis » auxquelles le Seigneur fait allusion en Jean 10 : 16. Le Royaume qui leur est destiné dans le Plan divin, dès la fondation du monde, n'est pas le Royaume préparé pour l'Église de l'Age de l'Évangile. L'Église recevra son Royaume au commencement  du Millénium ; mais ici il s'agit du Royaume préparé pour les « brebis » de l'Age millénaire. Leur Royaume sera la domination sur la terre qui, à l'origine, fut donnée à Adam, mais perdue à cause du péché, et qui sera restaurée de nouveau, quand l'homme sera ramené à la perfection et propre à la recevoir et à en jouir. Cette domination ne sera pas une domination de l'une ou l'autre race sur les autres, mais une co-domination dans laquelle chaque homme sera un roi, et où tous auront des droits et des privilèges égaux dans la possession et l'utilisation de tous les biens terrestres. Ce sera un peuple souverain — une république grande et magnifique fondée sur une base de justice parfaite, dans laquelle les droits de chacun seront respectés ; car la Règle d'Or sera inscrite dans tous les cœurs, et chacun aimera son prochain comme soi-même. La domination de tous s'étendra à la terre entière, et sur toutes ses riches et bienfaisantes réserves de bénédictions (Gen. 1 : 28 ; Ps. 8 : 5-8). Le Royaume du monde, qui doit être donné à la fin du Millénium aux êtres parfaits et dignes de la race rachetée, est clairement différencié d'entre tous les autres, en ce sens qu'il est appelé le Royaume qui leur fut préparé « dès la fondation du monde », la terre ayant été créée pour être l'habitation éternelle et le Royaume des hommes parfaits. Mais le Royaume accordé à Christ, dont l'Église, Son Épouse, « devient co-héritière » est un Royaume spirituel « bien au-dessus des anges, des principautés et des puissances », et qui « n'aura pas de fin » — le Royaume millénaire de Christ qui aura une fin, n'étant simplement que le début de la puissance et du Règne du Christ (1 Cor. 15 : 25-28). Ce Royaume spirituel, céleste et sans fin fut préparé longtemps avant que fût fondée la terre — son point de départ initial étant reconnu en Christ, « le commencement de la création de Dieu ». Il était projeté à l'intention de Christ Jésus, le Premier engendré ; mais l’Église même, Son Épouse et cohéritière avait été choisie ou désignée également, en Lui, avant la fondation du monde — Eph. 1 : 4.

            Le Royaume ou gouvernement de la terre, est le Royaume qui a été préparé pour l'humanité dès la fondation du monde. Il était avantageux pour l'homme qu'il souffrît six mille ans sous l'empire du mal, pour apprendre ses conséquences inévitables de misère et de mort, afin d'apprécier, par contraste, la justice, la sagesse et la bonté de la Loi divine d'amour. Il faudra ensuite, le septième millénaire, sous le Règne de Christ, pour le rétablir de la déchéance et de la mort à la condition de perfection, afin de le rendre apte à « hériter le royaume qui a été préparé pour lui dès la fondation du monde ».

            Ce Royaume, dans lequel tous seront rois, sera une magnifique république universelle, dont la stabilité et l'influence bénie seront assurées par la perfection de tous les citoyens, résultat grandement espéré de nos jours, mais impossible à obtenir à cause du péché. Le Royaume de Christ, pendant le Millénium sera, au contraire, une théocratie, qui gouvernera le monde (pendant la période de son imperfection et de sa restauration) sans égard à son consentement ou à son approbation.

            Les frères de l'Église de l'Évangile ne sont pas les seuls « frères » de Christ. Tous ceux qui à cette période, auront été rétablis à la perfection seront reconnus comme des fils de Dieu — fils dans le même sens qu'Adam était un fils de Dieu (Luc. 3 : 38) — des fils humains. Tous les fils de Dieu, qu'ils le soient au degré humain, angélique ou divin, sont des frères. L'amour de notre Seigneur pour ceux-ci Ses frères humains, est exprimé ici. De même qu'à présent, le monde a l'occasion de servir ceux qui, bientôt seront les fils divins de Dieu et les frères de Christ, de même, pendant l’Age futur, ils auront abondamment d'occasions [de se servir les uns les autres] de servir chacun des frères humains.

            Lorsque les nations disparues reviendront à l'existence, elles auront besoin de nourriture, de vêtements et d'abri. Si grandes qu'aient pu être leurs possessions dans cette vie, la mort aura amené tout le monde sur un niveau commun : l'enfant et l'adulte, le millionnaire et l'indigent, le savant et l'illettré, l'homme cultivé et l'homme ignorant et déchu : tous auront d'innombrables occasions d'exercer la bienveillance et par là, le privilège d'être co-ouvriers avec Dieu. Rappelons-nous ici l'exemple tiré du cas de Lazare : Jésus le réveilla seulement de la mort, ensuite, il fut permis aux amis réjouis de le libérer de son linceul, de le vêtir et de le nourrir.

            Il est parlé des mortels comme des gens « malades et en prison » (ou, à plus proprement parler, sous la garde ou sous la surveillance). La tombe est la grande prison où les millions de créatures humaines ont été tenues dans une captivité inconsciente, mais lorsqu'elles seront relâchées de la tombe, la restauration à la perfection ne sera pas une oeuvre instantanée. N’étant pas encore parfaites, elles peuvent être proprement « malades et surveillées  » ; sans être mortes, elles n'ont pourtant pas non plus la vie parfaite. Toute condition intermédiaire de ces deux états peut donc être convenablement symbolisée par la maladie ; et elles continueront à être sous la garde ou sous la surveillance jusqu'au rétablissement — jusqu'à la perfection physique, mentale et morale. Pendant ce temps, il y aura de nombreuses opportunités d'aide, de sympathie, d'instruction et d'encouragement mutuels, et tout défaut d'assistance indiquera un manque de l'esprit d'amour du Seigneur.

            Puisque toute l'humanité ne ressuscitera pas d'un seul coup, mais graduellement, pendant les mille ans, chaque nouveau groupe trouvera une armée d'aides dans ceux qui l'auront précédé. Le Roi comptera comme manifestes à Lui-même, l'amour et la bienveillance que les hommes (les frères de Christ) se témoigneront réciproquement. Nulle action d'éclat ne sera exigée pour mériter les honneurs et les faveurs conférés aux justes : ils devront simplement se mettre en règle avec la loi d'amour de Dieu et le prouver par leurs oeuvres. « L'amour donc est la plénitude de la Loi » (Rom. 13 : 10 Cr.), et « Dieu est amour ». Ainsi lorsqu'il sera rétabli à « l'image de Dieu », « très bon » — l'homme aussi sera l'expression vivante de l'amour.

            « Héritez le royaume préparé pour vous dès la fondation du monde », ne signifie pas exercer une domination indépendante de la loi et de la suprématie divines : car quoique Dieu ait donné à l 'origine la domination de la terre à l'homme, et qu'Il ait l'intention de la lui rendre après l'avoir préparé à cette charge, nous ne devons néanmoins pas supposer que Dieu chargera l'homme de la gouverner autrement qu'en accord avec Sa Loi suprême. « Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » sera à jamais le principe absolu de gouvernement. Dès lors, l'homme gouvernera son domaine d'accord avec la loi du ciel — se réjouissant sans cesse de faire la volonté de Celui dans la faveur duquel est la vie, et à la « main droite [condition de faveur] » duquel « il y a des plaisirs pour toujours ». (Ps. 16 : 11). Oh ! Qui ne s'écrierait pas : « Hâtez-vous de venir, glorieux âges ! » et ne rendrait pas la gloire et l'honneur à Celui dont les plans d'amour s’épanouissent en une telle plénitude de bénédiction ?

            Examinons maintenant le message adressé à ceux qui se trouvent à gauche — « Allez-vous en loin de moi, maudits [condamnés] » condamnés comme vases indignes de recevoir la gloire et l'honneur de la vie, qui ne consentent pas à être modelés et formés sous l'influence de l'amour divin. Lorsque ceux-ci, « ces frères », eurent faim et soif, ou étaient nus, ou malades et en prison, vous ne les avez pas servis dans ce qui leur était nécessaire, prouvant ainsi sans cesse, que vous étiez en désaccord avec la Cité céleste (le Royaume) ; car « il n'y entrera aucune chose souillée ». La décision ou le verdict concernant cette classe est la suivante : — « Allez-vous en loin de moi dans le feu éternel [symbole de destruction], qui est préparé pour le diable et ses anges ». Ailleurs (Héb. 2 : 14 Sa ; Ost.), nous lisons, sans symbole, que Christ « détruira celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire le diable ».

            « Et ceux-ci les boucs s'en iront au châtiment éternel [grec, aionios — qui dure] mais les justes à la vie éternelle [grec, aionios qui dure] » (Segond). Le châtiment sera d'aussi longue durée que la récompense. Les deux seront éternels.

            La durée éternelle du châtiment étant ainsi établie, un seul point reste à discuter ; à savoir la nature du châtiment. Prenez votre Concordance et cherchez ce que dit le grand Juge concernant le châtiment des pécheurs obstinés qui méprisent et rejettent toutes les dispositions bénies prises à leur intention, par le moyen de Christ. Qu'y trouvez-vous ? Dieu y dit-Il : Tous les pécheurs vivront à jamais dans la torture ? Non ; nous ne trouvons pas un seul texte ou la vie sous quelque forme que ce soit est promise à cette classe.

            Les déclarations de Dieu nous assurent qu'à la fin l'univers sera pur, exempt de la nielle du péché et des pécheurs : car « Il exterminera tous les méchants » — (Ps. 145 : 20).

            Mais si nous ne trouvons pas un seul verset de la Bible disant que cette classe peut obtenir la vie dans le tourment ou dans n'importe quelle condition, nous trouvons par contre de nombreux versets enseignant le contraire. Nous en citerons quelques-uns simplement comme exemple. — « Le salaire du péché, c'est la mort » (Rom. 6 : 23). « L'âme qui péchera, celle-là mourra » (Ezéch. 18 : 4, 20). « Les méchants périront » (Ps. 37 : 20). « Encore un peu de temps, et le méchant ne sera plus » (Ps. 37 : 10). Ainsi, Dieu nous a dit clairement la nature du châtiment éternel des méchants — ce sera la mort, la destruction.

            Les idées fausses sur les intentions du Plan de Dieu à l'égard des incorrigibles, idées toujours enseignées depuis la grande « apostasie », qui eut son point culminant dans la Papauté, et inculquées dans nos esprits dès l'enfance, sont les seules responsables de cette opinion généralement soutenue, que le châtiment éternel destiné aux pécheurs incorrigibles est une vie de tourment. Cette opinion est entretenue, malgré les nombreuses déclarations bien claires de la Parole de Dieu que leur châtiment doit être la mort. L'Apôtre Paul déclare d'une manière très explicite ce que le châtiment doit être. Parlant du même Jour millénaire et de la même classe, qui en dépit de toutes les occasions favorables et de l'entière connaissance, à ce moment-là ne se mettront pas d'accord avec Christ et, par suite, « ne connaîtront pas » Dieu dans le vrai sens du mot et « n'obéiront pas », il dit : «... lesquels seront punis » Ost. Oh oui ! mais comment seront-ils punis ? Il précise : « Ils subiront le châtiment d'une destruction éternelle » [destruction de laquelle il n'y aura ni rétablissement, ni rédemption ou résurrection — Héb. 10 : 26-29] de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force » 2 Thess. 1 : 9 - D.). Cette destruction est représentée dans la parabole par le « feu » éternel préparé pour le diable et ses anges : c'est « I'étang de feu et de soufre » qui est la Seconde-Mort (Apoc. 20 : 14), dans laquelle sont envoyés les « boucs» de cette parabole — Matt. 25 : 41.

            Ainsi l'on peut voir de suite la signification de nature raisonnable de cette déclaration relative au châtiment éternel quand on l'examine du point de vue correct. Le feu de la parabole, par lequel doit s'accomplir le châtiment (destruction), ne sera pas un feu au sens propre, car le « feu » est autant un symbole que le sont les « brebis » et les « boucs ». Le feu ici, comme ailleurs, symbolise la destruction, et pas du tout la préservation.

            Nous pourrions très bien passer à un autre sujet, et considérer que nous avons clairement montré que le châtiment éternel de la classe des « boucs » sera la destruction ; mais nous appellerons l'attention sur un autre point qui confirme la vérité sur ce sujet. Nous voulons parler du mot grec kolasin, traduit par « châtiment », au verset 46. Ce mot ne renferme pas du tout la moindre idée de tourment. Sa signification primitive est retrancher, émonder, ou élaguer, comme dans la taille des arbres ; et sa signification secondaire est retenir, tenir en respect. Les méchants seront éternellement retenus, retranchés de la vie par la Seconde-Mort On peut facilement extraire d'ouvrages grecs classiques, des exemples de l'emploi de kolasin. Le mot grec pour « tourment » est basanos, et il n'a aucune parenté avec kolasin.

            Le mot kolasin, employé en Matt. 25 : 46, se retrouve sous la même forme dans un seul autre passage de la Bible, celui de 1 Jean 4 : 18 où Darby le traduit improprement par : « tourment » (*) [Cr., S: Syn. : châtiment : Gl. et V. ; Ost : Sa. : peine, L. punition : Liénart Châtiment.], alors qu'il faudrait lire : « La crainte retient » [paralyse  l'action]. Ceux qui possèdent un exemplaire de la Concordance Analytique de Young [Analytical Concordance, en anglais seulement] y verront (p. 995) que la définition du mot kolasin est « émondage, empêchement prohibitions ». Et l'auteur de l'Emphatic Diaglott, après avoir traduit kolasin en Matt. 25 : 46 par le mot « retranché », dit en note : La Version Commune (anglaise) et beaucoup de versions modernes traduisent kolasin  aionion  par « châtiment éternel » (**) [D. Tourments éternels ; S. ; Stapfer : châtiment éternels ; L. punition éternelle. Cr. Sa-Gl. Et V. supplice éternel ; Ost. ; M. peines éternelles ; Liénart : supplice éternel], donnant l'idée, comme elle l'est généralement interprétée, de basanos, tourment. Kolasin et kolazoo qui en dérive, ne se trouvent qu'en trois autres passages du Nouveau Testament : Actes 4 : 21 ; 2 Pi. 2 : 9 ; 1 Jean 4 : 18. Il signifie : 1. Retrancher; comme élaguer les branches des arbres ; tailler ; 2. empêcher (retenir), tenir en respect. Les Grecs écrivent : « Le conducteur retient [kolazei] ses coursiers fougueux » ; 3. Châtier, punir. Retrancher quelqu’un de la vie, ou de la société, ou même limiter la vie est considéré comme un châtiment ; d'où ce troisième emploi métaphorique du mot. La signification première a été adoptée [dans la Diaglott],  parce qu'elle s'accorde mieux avec le second membre de la phrase, conservant de cette manière la force et la beauté de l'antithèse — les justes vont dans la vie, les méchants dans le retranchement de la vie, la mort — 2 Thess. 1 : 9.

            Avec l'idée correcte que comporte le mot « kolasin » considérons maintenant le texte avec soin et remarquons l'antithèse, le contraste frappant entre la récompense accordée aux « brebis » et celle accordée aux « boucs », — la première classe va à la vie éternelle, tandis que l'autre est retranchée éternellement de la vie — retenue à jamais dans la mort. Et ceci s'accorde parfaitement avec ce que les Écritures déclarent partout ailleurs au sujet du salaire ou châtiment du péché conscient.

            Arrêtons-nous un instant sur les mots du verset 41 : « Allez-vous en loin de moi maudits [rachetés une fois par Christ de la malédiction adamique ou condamnation à mort, mais condamnés à présent ou maudits comme dignes de la Seconde-Mort, par Celui qui les racheta de la première malédiction], dans le feu éternel [symbole de destruction éternelle] qui est préparé pour le diable et ses anges [serviteurs] ».

            Souvenons-nous que telle sera la sentence définitive à la clôture de l'épreuve finale — au terme du Millénium ; et qu'à ce moment-là, nul ne sera le serviteur de Satan par ignorance ou sans son consentement comme beaucoup le sont à présent ; car le grand Libérateur, Christ enlèvera les tentations, et accordera l'assistance en vue de l'amélioration individuelle, ce qui permettra à tous ceux qui le voudront, de vaincre leurs faiblesses inhérentes et d'atteindre la perfection. Ces boucs qui aiment le mal et servent Satan, sont les messagers (« anges ») de Satan. C'est pour eux et pour Satan, et pour personne d'autre, que Dieu a préparé la Seconde-Mort — la destruction éternelle. Le feu descendra du ciel, de la part de Dieu et les dévorera. Chacun peut se rendre compte qu'il s’agit là d'un feu dévorant destructeur, à moins que ses yeux n'en soient empêchés par de fausses doctrines et par des préjugés. Nul n'a jamais entendu parler d'un feu qui conserve et comme le feu ne préserve jamais, mais dévore toujours, Dieu s'en sert comme symbole de destruction complète. Apoc. 20 : 9.

            « L'étang de feu et de soufre » est mentionné plusieurs fois dans le livre de l'Apocalypse, que tous les chrétiens reconnaissent comme un livre de symboles. Cependant ils pensent et parlent généralement de ce symbole particulier comme d'une déclaration au sens propre qui constitue un grand appui à la doctrine du tourment, malgré le fait que le symbole est clairement défini comme signifiant la Seconde-Mort: « Et la mort et l'enfer [hadès] furent jetés dans l'étang de feu ; c'est ici la seconde mort », etc. (Apoc. 20 : 14). Il en est parlé quelquefois comme d'un étang de feu embrasé par le soufre » (Apoc. 19 : 20), l'élément soufre étant mentionné pour intensifier le symbole de destruction, la Seconde-Mort le soufre en fusion étant l'un des éléments les plus mortels qui soient connus. Il détruit la vie dans toutes ses formes.

            Le symbolisme de cet étang de feu est encore plus saisissant par le fait que la « bête » et le « faux prophète » symboliques, la mort et l'enfer [hadès], aussi bien que le diable et ses disciples y sont détruits — Apoc. 19 : 20 ; 20 : 10, 14, 15 ; 21 : 8.

            Cette destruction ou mort est appelée la Seconde-Mort par contraste avec la première mort ou mort adamique, et non pas pour signifier que tout ce qui y va meurt une seconde fois. Par exemple, la mort (la première mort ou mort adamique) et le hadès, la tombe, y seront jetés ; l'exécution de ce travail exigera le Millénium tout entier, et en aucune manière ils n'auront jamais été détruits auparavant. De même « le diable », « la bête » et le « faux prophète » jamais ceux-ci n'auront été détruits précédemment.

            Une résurrection de la première mort adamique a été prévue. Tous ceux qui sont dans leur tombe en reviendront donc. Saint Jean déclare prophétiquement : « Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et l’enfer [hadès, la tombe] rendirent les morts qui étaient en eux... Et je vis les morts, les grands et les petits, se tenant devant le trône ; et des livres furent ouverts » (Apoc. 20 : 13, 12). C'est à cause du Plan de Dieu en vue du rachat de la race de la mort adamique que celle-ci, à la fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament est appelée « sommeil ». Dans l'histoire des bons et des méchants d'Israël, on lit à plusieurs reprises qu'ils « s'endormirent avec leurs pères ». Les Apôtres employèrent le même symbole, et notre Seigneur le fit également. Mais aucun symbole semblable n'est employé pour designer la Seconde-Mort. Au contraire elle est symbolisée par les figures les plus expressives de destruction totale et absolue comme « feu et soufre » parce que ce sera une destruction de laquelle il n'y aura aucun relèvement.

            Heureuse pensée ! La mort adamique qui réclamait toute la race, en raison du péché de son aïeul, sera engloutie à jamais, et cessera dans cette Seconde-Mort, où elle doit être jetée par le grand Rédempteur qui acheta le monde entier par Son sacrifice. Ainsi Dieu nous dit par le prophète : « Je les délivrerai de la main de la tombe [shéol], je les rachèterai de la mort… O shéol, [enfer — Sa.] je serai ta destruction » (Osée 13 : 14). La première mort ou mort adamique cessera d'avoir influence ou pouvoir sur les hommes, comme elle en a eu depuis six mille ans : personne ne mourra plus à cause du péché d'Adam (Rom. 5 : 12 ; Jér. 31 : 29, 30 ;  Ez. 18 : 2). Désormais La Nouvelle Alliance, scellée par le précieux sang, sera en vigueur, et seules, les transgressions commises de propos délibéré seront comptées comme péchés et punies du salaire du péché — la mort — la Seconde-Mort. C'est cette manière que la mort adamique sera jetée dans la Seconde-Mort et engloutie par elle.

            Et le hadès ou le shéol — la condition obscure, secrète, la tombe qui, au temps présent, nous parle d'espérance en une vie future par le pouvoir de résurrection de Dieu en Christ — ne sera plus ; car la Seconde-Mort ne dévorera aucun être fait pour la vie — pour qui demeure une ombre d'espoir, mais ceux-là seuls qui, par le Juge infaillible auront, d'une manière complète et impartiale été trouvés personnellement dignes de la destruction. Et Satan, le tentateur et menteur qui trompa et ruina la race et qui, avec énergie et ruse persévérantes, a cherché continuellement à contrarier le dessein de Dieu pour notre salut par Christ, sera détruit, et avec lui tous ceux qui ont son esprit « ses anges ». Ils ne s'éveilleront jamais de la mort pour affliger de nouveau le monde. Il est dit ici qu'il doit être jeté dans « l'étang de feu » la Seconde-Mort — la destruction, selon l'expression de saint Paul, en Héb. 2 : 14 : « afin qu'il puisse détruire la mort, et celui qui a le pouvoir de la mort. c'est-à-dire le diable ». Et « la bête et le faux prophète », les grands systèmes d'erreur qui ont longtemps opprimé et égaré la chrétienté nominale, ne s'échapperont jamais de la. Il est écrit que ces systèmes seront jetés « vivants » c'est-à-dire, pendant qu'ils sont encore organisés et actifs, dans l'étang de feu et embrasé de soufre — Apoc. 19 : 20.

            Le grand temps de détresse, le jugement de Dieu, qui détruira complètement ces systèmes, causera, sans aucun doute, des ennuis et des maux sociaux, financiers et religieux à tous ceux qui y sont liés, avant que ces derniers ne soient entièrement détruits. La ruine, la destruction des systèmes en question se produira au commencement du Millénium, tandis que la destruction de Satan est réservée pour sa fin après que tous les « boucs » auront été séparés des « brebis » pour périr avec Satan dans la Seconde-Mort comme « ses anges », messagers ou serviteurs. Aucun de ces personnages abominables parmi les hommes, qui connaissant la vérité, aiment encore l'iniquité — aucun des « lâches et des incrédules » — ceux qui n'auront pas confiance en Dieu après toutes les manifestations de Sa grâce accordées pendant le Règne millénaire de Christ — ni les abominables qui, dans leur cœur, sont des meurtriers et des fornicateurs, des magiciens, des idolâtres et des menteurs ; aucun de ceux-là n'échappera à la Seconde-Mort, symbolisée par l'étang de feu et de soufre.

            Plusieurs figures de style prophétique de l'Age millénaire et de son œuvre, dans les chapitres 20 et 21 de l'Apocalypse, montrent clairement l'objet et le résultat de cet Age d'épreuve, d'accord avec le reste des Écritures déjà citées.

            Le chapitre 20, versets 2, 4, 11, ainsi que les versets 1, 2, 10, 11 du chapitre 21, montrent le commencement de cet Age de jugement, et la restriction imposée aux erreurs aveuglantes et aux systèmes trompeurs. La « bête » et le « faux prophète » sont les symboles principaux et représentent les organisations ou systèmes d'erreur dont l'ensemble constitue « Babylone ». Ce jugement contre les « trônes » actuels, et contre les systèmes de « la bête et du faux prophète », suit de près l'introduction de ce Règne du jugement millénaire. Les trônes de la domination actuelle de la terre seront « renversés » et la domination transférée au grand Prophète, Sacrificateur, Roi et Juge, « à qui appartient le jugement » (Comparez Dan. 7 : 14, 22 ; Ez. 21 : 32). Alors les systèmes d'erreur seront rapidement jugés dignes de la destruction « l'étang de feu », « la seconde mort » — Apoc. 19 : 20.

            Ainsi la seconde destruction ou mort commence très tôt dans le nouveau jugement ; elle commence par les faux systèmes symbolisés par la bête, le faux prophète etc., mais elle ne touchera pas l'humanité, dans les individus, avant qu'ils aient eu d'abord une épreuve complète, avec toutes les occasions de choisir la vie et de vivre à jamais. Les chapitres 20 : 12, 13 et 21 : 3-7, indiquent I'épreuve bénie, favorable, dans laquelle, morts et vivants à la fois (excepté l'Église qui, avec Jésus Christ, sont rois, sacrificateurs, cohéritiers et juges), seront amenés à l'entière connaissance de la vérité, secourus dans le chagrin et dans la douleur, affranchis de tous les préjugés et erreurs aveuglantes, et éprouvés « selon leurs œuvres ».

            Un univers pur sera le résultat grandiose de cette épreuve. Ainsi que l'exprime l'écrivain de l'Apocalypse, « Et J'entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre... disant : A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, la bénédiction, et l'honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! » (Apoc. 5 : 13). Ce résultat sera réalisé dans le même esprit que toutes les transactions divines passées et présentes, dans lesquelles a toujours été reconnue la liberté pour l'homme de choisir le bien ou le mal la vie ou la mort.

            Nous ne pouvons donc douter qu'à la fin de l'Age millénaire, Dieu permettra de nouveau au mal, de triompher pour un « peu de temps », afin qu'il serve à l'épreuve de Ses créatures (qui, à ce moment-là, connaîtront parfaitement le bien et le mal et leurs conséquences, et auront personnellement goûté la pleine démonstration de Sa justice et de Son amour) de manière que celles qui, définitivement, préféreront et choisiront le mal puissent être retranchées — détruites. Ainsi Dieu enlèvera pour toute l'éternité, tous ceux qui n'aiment pas la justice et ne haïssent pas l'iniquité.

            Concernant cette épreuve, nous lisons que Satan fera des efforts pour égarer toute l'humanité, à ce moment-là aussi nombreuse que le sable de la mer. Un grand nombre suivra-t-il  le mauvais exemple de Satan et choisira-t-il le mal et la désobéissance, malgré les expériences antérieures et l'absence dans le présent de faiblesses et d’influences aveuglantes ? Il est inutile que nous fassions là-dessus des suppositions. Du reste, quand Dieu ne nous dit pas le nombre, ni la proportion de ceux qui seront jugés dignes de la mort (la Seconde-Mort), nous n' avons pas à dogmatiser. Nous pouvons être sûrs d'une chose, c'est que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais Son désir est que tous reviennent vers Lui et qu'ils vivent (Voy. Ez. 18 : 32). Nul ne sera détruit dans « l'étang de feu et de soufre » (image de la destruction complète — Géhenna) s'il est digne de vivre et dont l'existence, désormais, serait une bénédiction pour lui-même et pour les autres qui vivront selon la justice.

            La destruction absolue et sans retour n'est destinée qu’à ceux qui feront volontairement le mal, qui, à l'instar de Satan par orgueil et en rébellion contre Dieu, aimeront et pratiqueront le mal, malgré les manifestations de la désapprobation divine et malgré leur expérience avec ses châtiments. Vraisemblablement, la bonté et l'amour que Dieu témoigna en pourvoyant à une rançon, à un rétablissement et à une occasion de vie pour ces hommes qui en étaient dépourvus dans la vie présente, au lieu de les amener tous à abhorrer le péché, en portera quelques-uns à supposer que Dieu est trop tendre pour les retrancher dans la Seconde-Mort, ou que s'Il le faisait, Il leur donnerait encore de fréquentes opportunités futures. Bâtissant ainsi sur une faiblesse supposée du caractère divin, ils pourront être conduits à tenter de profiter de la grâce (faveur) de Dieu, comme d'une licence pour le péché intentionnel. Mais ils n'iront pas plus loin car leur folie sera manifestée. Leur destruction complète prouvera aux justes l'harmonie et l'équilibre parfaits de la Justice, de la Sagesse, de l'Amour et de la Puissance du divin Maître.

            Le vrai caractère de la classe des boucs est ainsi décrit : « Les timides et les incrédules [ceux qui n'auront pas confiance en Dieu], les abominables, les meurtriers [ceux qui haïssent les frères], les fornicateurs, les magiciens, les idolâtres [ceux qui font un mauvais usage ou un abus des faveurs divines, et vont jusqu'à rendre à eux-mêmes ou à toute autre créature ou chose, ce culte et cet honneur qui appartiennent à Dieu], et tous les menteurs » — « quiconque aime et pratique le mensonge » [en un mot quiconque n'aime pas la vérité, ne la recherche pas, ne la défend pas et ne la soutient pas à tout prix] « aura sa part dans l'étang brûlant de feu et de soufre [Géhenna, symbole de destruction complète], qui est la seconde mort ». (Apoc. 21 : 8). Une telle compagnie serait repoussante pour tout être honnête et droit. Il est difficile de les tolérer maintenant, quand nous pouvons sympathiser avec eux ; sachant que de telles dispositions sont pour une grande part le résultat de faiblesses chamelles héréditaires. Nous sommes enclins à la sympathie quand nous nous souvenons que nous-mêmes, quand nous voulons faire le bien, le mal est attaché à nous. Mais à la fin du Jugement millénaire, quand le Seigneur, le Juste Juge aura procuré tous les avantages et occasions de connaissance et de capacité, cette classe sera abhorrée et détestée par tous ceux qui seront en accord avec le Roi de gloire. Les justes, alors, seront heureux lorsque, l'épreuve terminée, le don de la vie duquel ceux-ci se seront démontrés indignes, leur sera retiré, et lorsque les corrupteurs de la terre, et toutes leurs oeuvres et influence, seront détruits.

            Apoc. 20 : 9 parle de la destruction de ces individus qui s'uniront à Satan dans la dernière rébellion ; et le verset 15 parle de la même destruction en d'autres termes, en employant le symbole « étang de feu ». Ils seront dévorés ou consumés par le feu. Dans ces conditions, le tourment du verset 10 ne peut se rapporter à ces êtres humains qui auront été consumés, détruits. Par conséquent la question se réduit à ceci : Satan, un faux prophète et une bête seront-ils tourmentés* à jamais ? Est-ce cela qu'enseigne  le verset ?

* [Les mots traduits « tourmentés » et « tourment » en Apo. 20 : 10 ; 14 : 10, 14, sont, dans le texte grec, basanizo et basanismos ; le premier est un verbe le dernier un substantif. Tous les lexicographes grecs sur la première signification du verbe qui est « éprouver », « examiner » ; sur sa seconde signification dérivée de l'ancienne coutume d’éprouver les personnes par la torture, par exemple, dans les ordalies, laquelle est « éprouver par la torture », « examiner par la torture » ; sur la troisième signification qui est « torturer », « tourmenter ». En Actes 22 : 24, nous avons, indépendamment de ce mot, un exemple de la manière par laquelle autrefois, on procédait à la question au moyen de la flagellation, c'est-à-dire par la torture. Le substantif basanismos a les trois mêmes significations que le verbe (Voyez un lexique grec quelconque et notamment, les références, de tout premier ordre, Liddell et Scott (angl.) : A. (Chassang franç.) en particulier, pour le classique et Trayer pour usage biblique ces mots). En Apoc. 20 : 10 : 14 : 10, 11 c'est la première et non la troisième signification qui devait être donnée à ces mots. En Apoc. 14 : 10, la pensée semble être que la destruction feu et soufre des institutions symbolisées par !a bête et le faux prophète sera une épreuve, un «  test » très dur, pour leur dévots qui croient que ces institutions sont divinement approuvées, alors qu'elles sont divinement désapprouvées. En Apoc. 14 : 11 la signification parait être que la mémoire, le souvenir, l'histoire ( la fumée ce qu’une chose laisse, après sa disparition ) de la terrible épreuve ou test de ces dévots, reviendront éternellement dans l'esprit des hommes. Le sens en Apoc. 20 : 10 est identique au précédent : Les esprits parfaits des créatures de Dieu trouvées dignes de la vie, examineront éternellement la nature, le caractère, les fruits et l'histoire du diable, de la bête et du faux prophète ; et à chaque fois qu'ils le feront, ils tireront la vraie conclusion de leur examen, que c'est à bon droit, que ces trois choses sont dans l'étang de feu et de soufre, c'est-à-dire dire, annihilées. En Esaïe 14 : 12-14 sous le symbole d'un homme, à cause de leur coopération, le diable, la bête et le faux prophète sont décrits, quant à leurs mauvaises actions : puis les versets 15-20 décrivent l'interrogatoire — le « seront tourmentés » d'Apoc. 20 : 10 ; tandis que le les versets 21-27 les montrent jetés dans l'étang figuré de feu et de soufre. Faisons remarquer que les mots basanizo et basanismos dérivent du mot basanos, pierre de touche, moyen pour éprouver et examiner les métaux afin de déterminer leur pureté ou leur alliage. Ceci aidera à la compréhension convenable de leur signification. [Voir LAROUSSE en 7 vol., aux mots : basanite et basanomélane, dont la racine primitive grecque basanos a bien le sens pierre de touche Trad.] Si les traducteurs nous avaient donné la première et non la troisième signification de ces mots, ils auraient non seulement empêché la propagation de cette erreur, mais ils auraient répandu l'idée exacte de l'interprétation d'Apoc. 14 : 10, 11 ; 20 : 10].

(Note de l'auteur).

            Nous répondons par les paroles mêmes de Dieu : « Il détruira tous les méchants ». En ce qui concerne Satan, le plus grand ennemi de Dieu et de l'homme, Dieu nous avertit clairement qu' il sera détruit et non préservé en aucun sens ou condition — Héb. 2 : 14.

            Les  systèmes de la bête et du faux prophète, qui, pendant l'Age de l'Évangile, ont trompé et égaré, seront précipités dans une grande et ardente détresse à la fin dudit Age. Le tourment de ces systèmes sera aionion, c'est-à-dire, permanent ou durable. Il durera aussi longtemps qu'ils dureront, jusqu’à ce qu'ils soient entièrement consumés. Le système d'erreur qui se manifestera soudainement à la fin de l'Age millénaire et conduira les « boucs » à la destruction, sera consumé de la même manière (Apoc. 20 : 7-10). Ce système trompeur (dont le genre n'est pas spécifié, mais qui est appelé simplement Satan du nom de son instigateur) sera jeté dans le même genre de détresse et de destruction, à la fin de l'Age millénaire, de même que les systèmes de la bête et du faux prophète y sont maintenant jetés, à la fin de l’Age de l'Évangile.

            Parlant d'un de ces systèmes, Apoc. 19 : 3 dit: « Et sa fumée monte aux siècles des siècles ». C'est-à-dire, le souvenir (« fumée ») de la destruction de ces systèmes de tromperie et d'erreur durera, la leçon ne sera jamais oubliée — de même que la fumée qui continue à monter après un feu destructeur, témoigne que le feu a accompli son œuvre — Voyez également Esaïe 34 : 8-10.

            Sur Apoc. 14 : 9-11, nous ferons observer, incidemment que tous concéderont de suite que si, au verset 9, il était question d'une adoration au sens propre du mot, de la bête et de son image, peu de gens alors, sinon personne, dans les pays civilisés sont passibles du châtiment du verset 11 ; et que si la bête et son image, de même que l'adoration, le vin et la coupe sont des symboles, les tourments et la fumée, le feu et le soufre en sont aussi.

            La projection de la mort et de la tombe dans la destruction totale, la Seconde-Mort pendant l'Age millénaire, est une partie de la destruction complète qui englobera toutes choses impures, nuisibles et inutiles. (Esaïe 11 : 9 ; Ps. 101 : 5-8). La Seconde Mort, verdict de ce jugement individuel, sera sans appel : il ne sera jamais détruit. Et que tous ceux qui aiment la justice s'écrient : Amen ! Car détruire la Seconde-Mort, lever la sentence de cette épreuve juste et impartiale, serait remettre de nouveau en liberté, non seulement Satan, mais tous ceux qui aiment et pratiquent l'injustice et la tromperie et qui déshonorent Dieu par leurs institutions mauvaises ; ce serait s'opposer à ceux qui aiment et désirent Le servir et à jouir de Sa faveur ; les offenser et chercher à les renverser. Nous nous réjouissons qu'il n'y ait aucun danger semblable à craindre, mais que la Justice divine s'unissant à la Sagesse, à l'Amour et à la Puissance de Dieu établiront la Droiture éternelle sur une base permanente.

            « Que les pécheurs soient précipités dans l'enfer, toutes les nations qui oublient Dieu ! » (Ps. 9 : 18 ; Sa ; GL et V). Cette déclaration de l'Éternel rapportée par le Psalmiste, est formulée sans aucune réserve et nous devrons l'accepter comme un fait positif. Si les prétentions de l' « Orthodoxie » concernant l'enfer, étaient fondées, ce serait, en vérité, un message terrifiant. Mais substituons là le vrai sens du mot shéol,  et nous lirons avec les versions de l'Abbe Crampon et de L. Segond, entre autres : « Les pécheurs doivent retourner au séjour [état ou condition] des morts, toutes les nations qui oublient Dieu ». Ceci, nous le croyons ; mais ensuite, quels sont les pécheurs ? En un sens, tous les hommes sont pécheurs, du fait que tous violent la loi de Dieu ; mais au sens le plus complet les pécheurs sont ceux qui, avec l'entière connaissance de l'extrême iniquité du péché, et du remède apporté pour leur guérison de ses effets pernicieux, persistent obstinément dans le péché. Jusqu'ici, peu — il n'y a que les croyants consacrés — sont venus à la vraie connaissance de Dieu. Le monde ne Le connaît pas, et les nations ne peuvent pas oublier Dieu avant d'avoir été amenées d'abord à Le connaître. Les consacrés ont été éclairés, conduits par l'esprit au moyen de la foi, pour comprendre les choses de Dieu, profondes et cachées, qui révèlent la splendeur du caractère de Dieu lesquelles choses exprimées pourtant dans Sa Parole, n'apparaissent au monde que comme une folie.

            Comme nous l'avons vu jusqu'ici, il n'en sera pas ainsi dans l'Age à venir, car alors « la terre sera pleine de la connaissance de l'Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer ». (Esaïe 11 : 9). Ce que nous recevons maintenant par la foi sera en grande partie démontré alors au monde. Lorsque Celui qui a rachète l'homme de la puissance du sépulcre (Osée 13 : 14 ; Cr.) commencera à rassembler Ses possessions rachetées de la prison de la mort (Ésaïe 61 : 1), lorsque les dormeurs seront éveillés sous les rayons bienfaisants du soleil de justice, ils ne seront pas longtemps à apprécier la vérité de ce qui a pu être considéré jusqu'ici comme une histoire sans importance, à savoir que « Jésus, par la grâce de Dieu, a goûté la mort pour tous ».

            Nous avons vu également que l'ascension graduelle du grand chemin royal de sainteté, au cours de cet Age sera possible pour tous et comparativement aisée, parce que toutes les pierres — pierres d'achoppement, erreurs, etc., — en auront été enlevées et que des sentiers droits auront été faits pour leurs pieds. Ce texte s'applique à cet Age-là. Ceux qui ignoreront les circonstances favorables de cet Age et qui n'obéiront pas au juste Juge ou Dominateur, Christ, seront bien les pécheurs. Et tout sujet loyal du Royaume de Dieu approuvera le juste jugement qui les repoussera de nouveau dans le shéol — la condition de mort. Ils seraient indignes de vivre ; et si la chose leur était permise, leur vie serait une malédiction pour eux-mêmes et pour le reste de l'humanité, et une tache dans l’œuvre de Dieu.

            Telle sera la Seconde-Mort, d'où il n'y aura aucune résurrection. Ayant été rachetés de la tombe [shéol ] par le sacrifice de Christ, si, de nouveau, ils meurent à cause de leur propre péché, « il ne reste plus de sacrifice pour le péché » (Héb. 10 : 26 v. notes Cr., v. 25 et 26 Trad.). « Christ ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur lui » (Rom. 6 : 9). Tous devraient craindre et éviter la Seconde-Mort, puisqu'elle doit être la fin de l'existence pour tous ceux qui seront jugés indignes de la vie. Mais en cela, il ne peut y avoir aucune souffrance. Comme la mort adamique, elle est l'extinction de la vie.

            C'est parce que l'humanité, par le péché, était devenue sujette à la mort (shéol, hadès) que Christ Jésus vint pour nous délivrer et nous sauver de la mort (1 Jean 3 : 8 ; Héb. 2 : 14). La mort est une cessation d'existence, l'absence de vie. Il n'y a aucune différence entre les conditions de la mort adamique et celles de la Seconde-Mort ; mais il y a une espérance de rétablissement de la première, tandis que de la seconde, il n'y a aucun rétablissement, aucun retour à la vie. La première sentence de mort pesa sur tous à cause du péché d'Adam, tandis que la Seconde-Mort ne peut être encourue que par le péché individuel et délibéré.

            Il est manifeste que l'application de notre texte appartient à l'Age prochain, car à présent, les saints aussi bien que les pécheurs vont dans le shéol ou hadès. Ce passage biblique montre qu’au moment de son application, les pécheurs (méchants) seuls iront là. Et « les nations qui oublient Dieu » devront être des nations qui L'auront connu, autrement elles ne pourraient pas L'oublier. Or, jamais, jusqu'à présent, les nations n'ont été amenées à cette connaissance, pas plus qu'elles ne le seront avant le temps futur, ou la connaissance de l'Éternel remplira toute la terre, et ou nul n'aura besoin de dire à son prochain : Connais l’Éternel ; car tous le connaîtront depuis le petit d'entre eux jusqu'au grand — Esaïe 11 : 9 ; Jér. 31 : 34.

            Le mot hébreu goi, traduit par « nations » dans ce verset, est rendu ailleurs, par le même écrivain, par « païens », « Gentils » et « peuple ». L'acception  parait être celle-ci : quiconque ne devient pas membre du peuple d'alliance de Dieu, même s'il n'est pas ouvertement méchant. Les nations (les Gentils, tous ceux qui, avec cette pleine connaissance ne deviendront pas des Israélites en vérité) qui oublieront ou négligeront les faveurs que Dieu accordera, et les devoirs et les obligations qu'ils Lui doivent, partageront le sort des « méchants » obstinés et seront jetés dans la Seconde-Mort.

            Comme une autre preuve de ceci, nous trouvons que le mot hébreu shub de notre texte, que certains traduisent par « repoussés », signifie « retournés » comme à une place ou condition occupée par eux antérieurement. (1) [L. rebrousseront Jusqu'au... :  Cr. doivent retourner ; Ost, retourneront..] Ceux dont il est question dans ce verset, ou bien sont allés dans le shéol ou sont passibles d'y entrer, mais étant rachetés par le précieux sang de Christ, ils en seront ramenés. Si ensuite, ils deviennent pécheurs, méchants, eux, et tous ceux qui oublieront Dieu, seront renvoyés dans le shéol, y retourneront.

            En remarquant que nous enseignons que la doctrine du tourment éternel fut greffée sur les doctrines de l'Église chrétienne pendant la période de l'apostasie, du grand égarement qui atteignit son point culminant dans la Papauté, quelques-uns se sont demandés s'il n'apparaît pas, d'après les ouvrages de Josèphe, que cette doctrine était soutenue fermement par les Juifs ; et, si le fait est, ne serait-ce pas la preuve que les premiers chrétiens, convertis pour la plupart du judaïsme, apportèrent cette doctrine avec eux, à la naissance même de la chrétienté ? Nous répondons : Non — la doctrine du tourment éternel sortit naturellement de la doctrine de l'immortalité humaine, promulguée elle-même, à l'origine, comme une question de philosophie sous une forme à peu près semblable à la forme actuelle, par l'école platonicienne de philosophie grecque. Ceux-ci affirmèrent d'abord que tout homme portait un soi une parcelle de divinité et que celle-ci l'empêchait de jamais mourir. Ces prémisses  établies, il fut aussi facile de décrire un lieu pour les mauvais, que pour les bons. Mais à l'honneur de ces philosophes païens, on doit dire qu'ils ne réussirent  pas à développer, ou au moins à manifester ce degré de déchéance de la bienveillance, de la raison et de la pitié, nécessaire pour dépeindre, par la parole, la plume et le pinceau, les détails des horreurs et des agonies qui furent bientôt incorporés à leur doctrine, la croyance à cette dernière étant déclarée « nécessaire au salut », dans la prétendue église de Christ.

            Pour mieux juger de la question, il faut se souvenir que lorsque fut établie l'église Chrétienne, la Grèce tenait la tête au point de vue intelligence et civilisation. Alexandre le Grand avait conquis le monde, et avait répandu partout le respect envers la Grèce : bien qu'au point de vue militaire, Rome avait pris sa place, il en était autrement en littérature. Pendant des siècles, les philosophes grecs et leurs philosophies dirigèrent le monde intellectuel et en imprégnèrent et touchèrent chaque chose. Il était coutumier, pour les philosophes et les maîtres des autres théories, de déclarer que leurs systèmes et leurs théories se rapprochaient beaucoup de ceux des Grecs, et d'essayer d'effacer les divergences existant entre leurs vieilles théories et les opinions populaires grecques. Quelques-uns cherchèrent à s'avantager en prétendant que leur système embrassait non seulement les points intéressants du platonisme, mais encore d'autres que Platon n'avait pas vus.

            De cette classe faisaient partie les instructeurs de l'église chrétienne aux second, troisième et quatrième siècles. Concédant, suivant l'opinion communément acceptée, que les philosophes avaient raison, ils soutinrent que les mêmes points exacts de philosophie se trouvaient dans les enseignements de Christ, et qu'il était l'un des plus grands philosophes, etc... C'est ainsi que s'opéra la fusion du platonisme et du christianisme. Cet état de chose prit le plus d’ampleur quand les rois et les empereurs commencèrent à scruter les enseignements religieux, et à les favoriser très probablement pour terrifier les peuples et les plier à leurs lois. Des l'instant que les maîtres (instructeurs) païens se soumettaient à l'investigation impériale, et enseignaient qu'un châtiment éternel frapperait les violateurs des lois de leurs empereurs qui gouvernaient par droit divin, nous ne pouvons nous empêcher de supposer que les personnages ambitieux dans l'église de ce temps, qui cherchaient à supplanter le paganisme à leur profit mettraient au premier plan telles doctrines qui apparaîtraient aux yeux des empereurs exercer une égale influence sur les craintes et les préjugés de leurs sujets. Et quelle doctrine pouvait mieux servir ce dessein, que celle du tourment éternel des réfractaires ?

            Des mobiles semblables animaient évidemment Josèphe lorsqu'il écrivit sur la croyance des Juifs. Il faut voir dans ses ouvrages l'apologie du judaïsme et une tentative en vue d'exalter cette nation aux yeux de Rome et du monde. Qu'on se rappelle que les Juifs avaient la réputation d'être un peuple très rebelle, très peu disposé à être gouverne même par les Césars. Ils espéraient, d'accord avec les promesses de Dieu, devenir la nation prépondérante. Beaucoup d'émeutes avaient éclaté parmi eux, et leur religion particulière, différente de toutes les autres, partageait le reproche de trop favoriser l'esprit de liberté.

            Josèphe avait un but en écrivant ses deux ouvrages principaux « Les Antiquités » et « Les Guerres Juives ». Il les écrivit en grec, alors qu'il vivait à Rome, où il fut l'ami et l'hôte successivement des empereurs romains, Vespasien, Titus et Domitien, et où il était en contact continuel avec les philosophes grecs. Il écrivit ces livres avec l'intention d'exalter le peuple juif, son courage, ses lois, sa morale, etc., le plus avantageusement possible aux yeux des philosophes grecs et des dignitaires romains. Ce but est avoué, à mots couverts, dans la préface à ses « Antiquités » où il dit :

            « J'ai entrepris le présent ouvrage avec la pensée qu'il apparaîtrait à tous les Grecs comme digne de leur étude... Ceux qui liront mon livre pourront s'étonner que mon exposé de lois et de faits historiques contienne tant de philosophie… Cependant ceux dont l'esprit recherche les raisons de toutes choses, pourront trouver ici une théorie philosophique très curieuse ».

            En un mot, en homme sagace, qui lui-même était devenu imbu de l'esprit dominant alors des philosophes grecs, Josèphe tira de la loi et des prophètes, des traditions des anciens et des théories des diverses sectes juives, tout ce qu'il put trouver qui tendît à montrer, même au moindre degré : — Premièrement, que la religion juive suivait de près la philosophie populaire grecque ; mais que, de la loi de Moïse, des théories quelque peu analogues avaient été tirées et soutenues par quelques Juifs, longtemps avant que les philosophes grecs les eussent inventées. Deuxièmement que ce n'étaient pas leurs idées religieuses qui faisaient des Juifs un peuple difficile à gouverner ou « rebelle », car tous ceux qui aimaient la liberté étaient estimés des Césars. En conséquence, il essaya de prouver, à une époque où l'on estimait que la vertu consistait essentiellement à être soumis, « que la loi de Moïse enseignait tout d'abord que Dieu est le Père et Seigneur de toutes les choses, et qu'Il accorde une vie heureuse à ceux qui Le suivent, mais qu'Il plonge dans des souffrances inévitables ceux qui ne marchent pas dans les sentiers de la vertu ». Et c'est évidemment pour soutenir cette idée, et pour atteindre ce but que Josèphe, après avoir dit : « Il y a trois sectes philosophiques parmi les Juifs : premièrement, les Pharisiens ; deuxièmement, les Sadducéens; troisièmement les Esséniens », continue par l'exposé des trois théories, en en détaillant particulièrement les moindres traits communs à la philosophie grecque. Et comme la dernière et la moindre de ces sectes, les Esséniens, ressemblait le plus aux doctrines stoïciennes et aux théories grecques dominantes, Josèphe consacre près de dix fois plus d'espace à leurs vues qu'à celles des Sadducéens et des Pharisiens réunies. Et cependant les Esséniens étaient une secte si insignifiante que le Nouveau Testament ne les mentionne même pas, Josèphe lui-même convenant qu'ils étaient peu nombreux. Quelles que fussent par conséquent les vues qu'ils soutenaient sur n'importe quel sujet on ne pouvait prétendre qu'elles étaient approuvées par tous les Juifs, alors que la grande majorité d'entre eux soutenaient des opinions contraires. Le fait même que notre Seigneur et les Apôtres n'y firent pas allusion est une bonne preuve que la philosophie des Esséniens ne représentait nullement les idées juives. Cette petite secte prospéra probablement plus tard et la philosophie des Esséniens ne représentait nullement les idées relatives à l'immortalité et au tourment éternel des coupables. On se rappellera que Josèphe naquit trois ans seulement après la crucifixion de notre Seigneur, et qu'il publia ses « Guerres » — en 75 ap. J.  C. — et ses « Antiquités » — en 93 ap . J.  C. — à une époque où lui et d'autres Juifs, comme tout le reste du monde, étaient passionnément attirés par la philosophie et la pseudo science grecques, contre lesquelles saint Paul mettait l'Église en garde. Col. 2 : 8 ; 1 Tim. 6 : 20.

            Josèphe s'occupa surtout des Esséniens parce que cela servait son but. Il admet que les Sadducéens, le deuxième groupe en nombre parmi le peuple juif, ne croyaient pas à l'immortalité humaine. Sur les vues des Pharisiens, il fait la déclaration obscure suivante, à seule fin d'égarer : « Ils croient également que les âmes possèdent en elles-mêmes une vigueur immortelle. [On pourrait comprendre par là que les Pharisiens, contrairement aux Sadducéens, ne croyaient pas que la mort terminait toute existence, mais qu'ils croyaient à une vigueur ou vie au-delà de la tombe — par une résurrection des mort], et que sous la terre il y aura des récompenses et des châtiments suivant la conduite bonne ou mauvaise qu'ils ont eue dans cette vie, que ces derniers sont détenus dans une prison éternelle [la mort — non la torture], mais que les premiers [les bons] auront le pouvoir de se ranimer [« to revive » Trad.] et de revivre ».

            N'est-il pas visible que Josèphe a tordu et déformé les vues des Pharisiens, autant que le lui permettait sa conscience élastique, afin de montrer leur accord avec les philosophies de la Grèce ? Saint Paul qui avait été Pharisien, contredit Josèphe. Tandis que Josèphe déclare qu'ils croyaient « que seuls les vertueux se ranimeraient et revivraient » [ceci n'implique-t-il  pas une résurrection, et également que les autres ne vivraient pas de nouveau, mais qu'ils resteraient morts, dans la grande prison — la tombe ?], saint Paul au contraire dit : J'ai « espérance en Dieu — espérance que ceux-ci nourrissent aussi eux-mêmes, — qu'il y aura une résurrection des morts, tant des justes que des injustes » — Actes 24 : 15.

            Nous acceptons sans hésitation aucune le témoignage de l'Apôtre Paul inspiré, non seulement en ce qui concerne la croyance des Juifs, mais aussi quant à ce que lui et l'Église primitive croyaient, et nous répétons, que la théorie du tourment éternel des méchants, basée sur la théorie que l'âme humaine ne peut mourir, est contraire à la fois aux enseignements de l'Ancien et du Nouveau Testament, et qu'elle fut introduite parmi les Juifs et les chrétiens par des philosophes grecs. Remercions Dieu pour la philosophie plus pure des Écritures, qui enseigne que le salaire du péché (Ezéch. 18 : 20) c'est la mort de l'âme (être) ; que toutes les âmes condamnées par le péché d'Adam furent rachetées par l'âme de Christ (Esaïe 53 : 10) : et que seuls ceux qui commettraient le péché individuel et de propos délibère mourraient de la Seconde-Mort — châtiment éternel, et non tourment éternel !

            « J'ai mis aujourd'hui devant toi la vie et le bonheur, et la mort et le malheur.. : j'ai mis devant toi la vie et la mort :  la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie afin que tu vives, toi et ta semence » Deut. 30 : 15. 19. Examinons maintenant d'autres déclarations bibliques d'accord avec les conclusions exposées dans les alinéas précédents. Les paroles citées ici sont adressées par Moïse à Israël. Pour les apprécier, nous devons nous rappeler que le peuple d'Israël, et toutes ses alliances, tous ses sacrifices, etc., avaient une signification typique. Dieu savait qu’ils ne pourraient pas obtenir la vie, en gardant la loi, quelle que soit la manière qu'ils choisiraient pour le faire, parce qu’ils étaient comme tous les autres de la race déchue, faibles, dépravés par I'effet du « raisin vert » du péché qu'avait mangé Adam, et que ses enfants avaient continué de manger (Jér. 3 1 : 29). Ainsi, comme le déclare Paul, la loi donnée à Israël, ne pouvait pas leur donner la vie, à cause de la faiblesse ou de la déchéance de leur nature — Rom. 8 : 3 ; Héb. 7 : 19 ; 10 : 1-10.

            Néanmoins, Dieu prévit qu'un avantage résulterait pour eux, même d'un essai infructueux de vivre parfaitement ; à savoir que cela les développerait tout en leur montrant la nécessité du meilleur sacrifice (la Rançon que notre Seigneur donna) et un plus grand Libérateur que Moïse. Leur épreuve constitue, en outre, un modèle ou l’ombre de l'épreuve individuelle réservée au monde entier (typifié par Israël) et garantie par les « meilleurs sacrifices » pour le péché (qui y étaient préfigurés) qui devaient être accomplis par le grand Prophète dont Moïse n'était qu'un type.

            Ainsi, considérant que I'épreuve pour la vie ou la mort présentée à Israël n'était que le type de l'épreuve individuelle du monde entier, et de ses issues, la vie et la mort (la vie éternelle ou la Seconde-Mort), cela peut en aider quelques-uns à voir que le grand Jour de mille ans d'épreuve, duquel notre Seigneur Jésus a été nommé le Juge, comportera les deux issues, la vie et la mort. Tous seront alors appelés à se décider, pendant cette occasion plus favorable, pour la justice et la vie ou pour le péché et la mort, et ils devront choisir. Et bien qu'il y aura des récompenses et des « coups » selon les actions de la vie présente, aussi bien que selon leur conduite lors de l'épreuve (Jean 3 : 19, Matt 10 : 42 ; 11 : 20-24), le verdict final correspondra au choix exprimé par la conduite de chacun durant cet Age de jugement.

            Le second jugement, sa sentence et son résultat, sont également montrés dans les paroles de Moïse citées par saint Pierre (Actes 3 : 22, 23) : « Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi, vous l'écouterez dans tout ce qu'il pourra vous dire ; et il arrivera que toute âme [être] qui n'écoutera pas [n'obéira pas à] ce prophète [et ainsi, qui ne choisira pas la vie] sera exterminée d'entre le peuple ». Ce texte appelle, en quelques mots, l'attention sur la grande épreuve du monde, future encore. Il montre le grand Prophète ou Instructeur suscité par Dieu pour soumettre à un nouveau jugement à une nouvelle épreuve, la race condamnée, qu'Il racheta de la condamnation venue sur elle par son aïeul, Adam. Il nous indique également que l'obéissance équitable est la condition de la vie éternelle, et qu'à l'issue de cette épreuve, quelques-uns seront jugés dignes de cette vie, tandis que d'autres seront jugés passibles de la destruction — la Seconde-Mort.

            Notre Seigneur Jésus, ayant racheté le monde par Son parfait et précieux sacrifice, est la Tête de ce grand Prophète ; pendant l'Age de l'Évangile, Dieu a sélectionné les membres de Son Corps, qui, avec Christ Jésus, seront des agents de Dieu pour juger le monde. Ils seront ensemble ce grand Prophète ou Instructeur promis. « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » — 1 Cor. 6 : 2.

            La première épreuve porta sur l'humanité seulement et en conséquence, sa condamnation ou malédiction, la première mort, ne frappa que l'homme. Mais la seconde épreuve est appelée à avoir un plus grand champ d’action. Ce sera non seulement l'épreuve de l'humanité déchue et imparfaite, mais aussi de toutes choses et de tous principes en désaccord avec Jéhovah. « Dieu amènera toute oeuvre en jugement avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Eccl. 12 : 14).

             Le « jugement à venir » comprendra le jugement en vue de la condamnation de tous les faux systèmes — civils, sociaux et religieux. Ceux-ci seront jugés, condamnés et bannis, de bonne heure, dans le Jour millénaire, car la lumière de la vérité les fera tomber dans le discrédit et partant, ils disparaîtront. Ce jugement vient en premier lieu, afin que l'épreuve de l'homme puisse se poursuivre sans être contrariée par l'erreur, les préjugés, etc... Il comprendra également l'épreuve des « anges qui ont péché » — de ces anges « qui ne gardèrent pas leur premier état » de pureté et d'obéissance envers Dieu. C'est pourquoi l'Apôtre écrit en parlant des membres du Corps du grand Prophète et Souverain Sacrificateur qui doit être le Juge de tous : « Ne savez-vous pas que nous [les saints] jugerons les anges ? » — 1 Cor. 6 : 3.

            Cela étant, la condamnation de l'épreuve du Millénium (la destruction, la Seconde-Mort) frappera une plus grande variété de coupables que la condamnation ou malédiction pour le péché d'Adam, laquelle « a passé sur tous les hommes ». En un mot à la fin de l'épreuve, la destruction sera une destruction complète de tous les êtres et de toutes les choses qui ne glorifieront pas Dieu et qui ne seront d'aucune utilité et bénédiction à Sa création générale.

            Dans les pages précédentes, nous avons montré brièvement la suprême condamnation du péché sciemment perpétré. Celle d'Adam qui enveloppait la race entière était une condamnation de ce genre ; et nul pardon de ce péché par obstination ou des péchés subséquents, n'est possible qu'en raison de la mort de Christ comme notre Rançon de la pénalité qui est leur salaire.

            Les péchés pardonnables sont ceux qui résultent des faiblesses contractées par suite du seul péché adamique, que Christ a réglé une fois pour toutes. Ils ne sont pas commis de propos délibéré, mais par ignorance ou par faiblesse de la chair. Dieu S'est engagé à pardonner tous les péchés de cette nature, à condition que nous nous repentions au nom et par le mérite du sacrifice de Christ.

            Les péchés impardonnables sont ceux qui sont commis délibérément. De même que la peine infligée pour le premier péché intentionnel fut la mort, l'extinction de l'être — ainsi la mort est la peine qui frappera tous les péchés exécutés intentionnellement contre la pleine connaissance et la faculté de choisir et de faire le bien. Elle est appelée la Seconde-Mort, pour la distinguer de la première condamnation ou condamnation adamique, de laquelle le sacrifice de la rançon de Christ délivrera toute l'humanité.

            Le « péché à la [seconde] mort » pour le pardon duquel, l'Apôtre déclare qu'il est inutile de prier (1 Jean 5 : 16), n'est pas seulement un péché intentionnel, mais un péché contre une claire connaissance ; un péché pour lequel on ne peut trouver aucune excuse adéquate. C'est parce qu'il s'agit d'un péché contre une claire connaissance ou l'instruction en sainteté, qu'il est appelé le « péché contre l'Esprit » (Matt. 12 : 31, 32), pour lequel il n'y a aucun pardon.

            Mais il y a d'autres péchés, en partie intentionnels, qui sont, de ce fait, en partie impardonnables. Les tentations du dedans et du dehors (lesquelles sont toutes les conséquences directes ou indirectes de la chute) en sont en partie la cause — la volonté abdiquant sous la pression de la tentation ou à cause de la faiblesse. Le Seigneur seul sait comment estimer à leur juste degré nos responsabilités et notre culpabilité en pareils cas. Pour le véritable enfant de Dieu, une seule conduite convenable est à tenir : se repentir et demander le pardon au nom et par le mérite de Christ, le grand sacrifice pour le péché. Dieu pardonnera le pénitent c'est-à-dire le rétablira dans Sa faveur, mais il devra souffrir des « coups » (Luc 12 : 47, 48) pour le péché, dans la proportion où Dieu verra qu'il a été commis volontairement.

            Fréquemment. une personne droite se rend compte qu'elle a commis un péché et qu'elle l'a fait plus ou moins délibérément. Elle sent bien qu'elle est condamnée, coupable devant Dieu, appréciant sa propre culpabilité et oubliant la source qui purifie le péché et la souillure, source que Dieu ouvre pour notre faible race déchue, elle tombe dans un état de tristesse en croyant qu'elle a commis le péché qui conduit à la mort. Et la voilà qui erre dans le désert et s'attriste, jusqu'à ce qu'elle trouve la source de purification. Que ceux qui passent par cette expérience se souviennent pourtant que le fait même de leur regret d'avoir péché et de leur désir de rentrer dans la faveur divine sont des preuves qu'elles n'ont pas commis le péché qui conduit à la mort ; car l’Apôtre déclare que ceux qui commettent ce péché-là ne peuvent être renouvelés à la repentance (Héb. 6 : 6). Les pénitents, donc, peuvent avoir toujours confiance que leurs péchés étaient, en partie tout au moins, dus à la chute, et qu'ils ne les conduisent pas à la mort par conséquent mais nécessitent le pardon et la correction.

            Telle est la réserve merveilleuse de Dieu, par Christ, pour I'acceptation de toute âme qui, délaissant le péché et l'amour du péché cherche la justice et la vie par Celui qui est le chemin, autant que la vérité et la vie. Ainsi tous, qu'ils soient plus forts ou plus faibles par nature, ont la même occasion d'obtenir la vie éternelle.

            Bien que les Écritures enseignent que l'Age de l'Évangile actuel est le Jour du jugement ou le temps d'épreuve de I’Église et que le temps d'épreuve du monde sera l'Age millénaire, il est néanmoins raisonnable de se demander jusqu'à quel point ceux qui ne sont pas de l'Église consacrée seront tenus responsables dans l’Age millénaire, pour les méfaits de cruauté, de malhonnêteté et d'immoralité du temps présent ? Et jusqu'à quel point seront récompensés alors ceux de la même classe pour les efforts qu'ils font actuellement afin de vivre une vie morale et bienfaisante ?

            Ce sont là d'importantes questions, en particulier pour le monde ; et ce serait un bien pour eux si les hommes pouvaient en apprécier l'importance et en profiter. Elles sont importantes également pour l'Église, à cause de l'intérêt que nous prenons pour le monde et de notre désir de comprendre et d'enseigner correctement les plans de notre Père.

            Nous avons appris que le sacrifice de Christ garantit pour toute l'humanité, cependant vile, un réveil  de la mort, avec le privilège subséquent, de venir à la perfection et, si elle le veut, de vivre à jamais. « Il y aura une résurrection des morts, tant des justes que des injustes » (Actes 24 : 15). Les hommes seront ramenés à l'existence afin de pouvoir leur donner une occasion favorable d'obtenir la vie éternelle, dans les conditions requises par Dieu — l'obéissance à Sa juste volonté. Il n'y a pas la moindre information dans les Écritures qui nous laisse entendre que l'état moral des hommes réveillés aura changé, mais nous trouvons beaucoup d’indications, à la fois dans la raison et dans la révélation, qui montrent qu'ils sortiront de la mort comme ils y entrèrent faibles et déchus. Comme il n'y a « ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans le shéol » (Eccl. 9 : 10) ils n'auront rien appris : et puisqu'ils étaient pécheurs et indignes de la vie et de la faveur de Dieu, lorsqu'ils moururent ils le seront encore. Comme ils n'ont pas reçu non plus la rétribution complète — récompense ou châtiment — des actions de la vie présente, il est évident qu'une période de réveil comme celle que Dieu a promise pendant le Millénium. est nécessaire pour récompenser, pour punir et pour donner à toute l'humanité l'occasion d'une vie éternelle, garantie par le grand sacrifice de la rançon.

            Quoique, à strictement parler, le monde ne soit pas en ce moment à l’œuvre, ou autrement dit que le temps présent ne soit pas le moment de son épreuve pleine et entière, néanmoins les hommes ne sont pas actuellement sans lumière et sans capacités et ils n'en ont jamais été entièrement privés ; ils sont donc responsables de l'usage qu'ils en font. Dans les jours les plus sombres de l'histoire du monde, et dans la dégradation la plus profonde de la vie sauvage, il y a toujours eu au moins une partie de la lumière de la conscience rappelant d'une manière plus ou moins directe, la justice et la vertu. Lorsque, devant Félix, saint Paul raisonnait sur la justice et sur la maîtrise de soi-même en vue du jugement à venir, il enseignait très clairement que les actions de la vie présente sont d'une grande importance pour l'avenir et cela fit trembler Félix — Act. 24 : 25 (Version Diaglott).

            A la première venue de notre Seigneur, une mesure plus grande de lumière vint aux hommes, et dans cette proportion augmenta leur responsabilité, car Il dit: « C'est ici le jugement, que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3 : 19). Pour les œuvres mauvaises commises contre la lumière acquise par la conscience ou par la révélation, les hommes auront un compte à rendre, et ils recevront, au jour de leur jugement, une juste rétribution. Et de même, en proportion des efforts faits pour vivre selon la justice, ils recevront la récompense dans le jour d'épreuve — Matt. 10 : 42.

            Si les hommes considéraient ce que même la raison discerne, à savoir qu'une période où des comptes seront demandés, qu'un temps de jugement vient, que Dieu ne permettra pas toujours le triomphe du mal et que d'une manière ou d'une autre, Il punira ceux qui font le mal, ils s'épargneraient, sans nul doute, bien des chagrins et des châtiments dans l'Age prochain. Le prophète disait : « Malheur à ceux qui cachent profond, loin de l'Éternel, leur conseil, et dont les actions sont dans les ténèbres, et qui disent : Qui nous voit et qui nous connaît ? » (Esaïe 29 : 15). Écoutez : « Les yeux de l'Éternel sont en tout lieu, regardant les méchants et les bons » (Prov. 15 : 3) ; et « Dieu amènera toute œuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Eccl. 12 : 14). Il « mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et manifestera les conseils des cœurs » — 1 Cor. 4 : 5.

            L 'Age du Règne de Christ sera un temps de juste jugement ; et bien que ce sera pour tous une époque d'occasions précieuses, ce sera un temps de discipline, d'épreuve et de châtiment sévères pour beaucoup. Le caractère du Juge, le Christ (Jean 5 : 22 ; 1 Cor. 6 : 2), Sa connaissance parfaite, Sa justice et Sa bonté immuables, Son pouvoir divin et Son grand amour démontrés par Son sacrifice pour racheter les hommes de la mort afin qu'ils puissent jouir du privilège de cette épreuve individuelle et favorable, nous sont un sûr garant que le jugement sera honnête et impartial, une considération convenable étant prise des circonstances et des occasions pour chaque individu.

            Les circonstances et occasions diverses des hommes, dans cet Age et dans les Ages passés, montrent qu'un juste jugement reconnaîtra des différences dans le degré de la responsabilité des individus, lesquelles rendront également nécessaires pour chacun, des différences de traitement futur de la part du Seigneur. Nous pouvons trouver cette déduction raisonnable clairement confirmée par les Écritures. Le Juge a toujours pris et prend encore connaissance des moindres actions et paroles des hommes (Prov. 5 : 21), quoiqu'ils n'y aient  jamais  pris garde : et Il déclare que de « toute parole oiseuse [pernicieuse, blessante ou malicieuse] qu'ils auront dite, les hommes rendront compte au jour du jugement » (Matt 12 : 36) ; que même une coupe d'eau froide donnée à l'un de Ses petits, parce qu'il est un disciple de Christ, ne perdra pas sa récompense (Matt. 10 : 42). Le contexte montre que les paroles « pernicieuses » auxquelles Jésus fait allusion étaient des paroles d'opposition intentionnelle et malicieuse proférées contre la lumière manifeste (Matt 12 : 24. 31, 32). Il affirma également que le sort de Tyr, de Sidon et de Sodome serait plus supportable au Jour du jugement que celui de Chorazin, de Bethsaïda et de Capernaüm, qui avaient négligé les avantages de la lumière et de l'opportunité — Matt. 11 : 20-24.

            Dans la nature même des choses, nous pouvons voir que les châtiments de cet Age seront en proportion de la culpabilité passée. Chaque péché satisfait et chaque mauvais penchant cultivé, endurcissent le cœur et rendent plus difficile le retour vers la pureté et la vertu. En conséquence, les péchés satisfaits volontairement à présent  nécessiteront le châtiment et la discipline dans l'Age à venir ; et plus l'âme sera souillée par le péché intentionnel et plus les mesures exigées  pour la corriger seront sévères. De même que les parents sages punissent un enfant entêté ainsi Christ punira les méchants pour leur bien.

            Les châtiments seront toujours administrés en toute justice, tempérés par la miséricorde et allégés par l’approbation et la récompense qu'Il  accordera à ceux qui, de cette façon, se conduiront selon la justice. Et ce n'est qu'après que les châtiments, les instructions et les encouragements auront échoué — en un mot lorsque l'amour et la miséricorde auront fait tout ce que la sagesse peut approuver (ce qui est tout ce qu’on peut demander), que l'individu recevra le châtiment décisif approprié à son cas — la Seconde-Mort.

            Nul ne subira cette condamnation avant d’avoir eu d'abord toutes les occasions bénies de l'Age à venir. Bien que ceci ait trait au monde, les mêmes principes s'appliquent maintenant aux enfants consacrés de Dieu dans ce Jour de notre jugement (épreuve). Nous recevons à présent (par la foi) les faveurs de Dieu, tandis que le monde les recevra dans I'Age prochain, à savoir l'instruction, l'aide, l'encouragement, la discipline et le châtiment « Car qui est le fils que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes sans la discipline, à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils ». Lorsque nous recevons un châtiment douloureux, nous devrions l'accepter comme venant, pour notre correction, d’un père affectueux en n'oubliant pas l'exhortation qui s'adresse à nous comme à des fils : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par Lui ;  car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu'il agrée » — Héb. 12 : 4-13.

            Comme les voies de Dieu sont justes et équitables ! Lisez avec soin les règles de l'Age prochain — Jér. 31 : 29-34 et Ez. 18 : 20-32. Elles nous prouvent, sans l'ombre d'un doute, la sincérité et la réalité de toutes Ses professions d'amour pour les hommes : « Je suis vivant ! dit le Seigneur I'Éternel, ce que Je désire, ce n'est pas que le méchant meure, c'est qu'il change de conduite et qu'il vive. Revenez, revenez, de votre mauvaise voie, et pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël » — Ez. 33 : 11 S.

            Tous ceux qui, dans cette vie, se repentent de pécher, et, comme le mot repentance l'implique, commencent et continuent l’œuvre de réformation au mieux de leur capacité, se formeront un caractère qui sera pour eux un profit dans l'Age à venir :  lorsqu'ils se réveilleront dans l'Age de la résurrection, ils se seront, dans cette proportion, avancés vers la perfection, et leurs progrès seront plus rapides et plus aisés ; tandis que pour d'autres ils seront plus lents, plus fatigants et difficiles. C'est ce qui est impliqué dans les paroles de notre Seigneur (Jean 5 : 29, 30 D.) : « L'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie [ceux dont l'épreuve est passée et qui furent jugés dignes de vivre, ressusciteront parfaits — les fidèles des Ages passés à la vie humaine parfaite, les plus-que-vainqueurs de l'Age de l’Évangile, à la vie parfaite comme être divins], et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement ». Ces derniers ressuscitent pour le jugement, pour suivre un cours de discipline et de correction, moyen nécessaire pour les amener à la perfection ou, dans la négative, pour se voir appliquer leur condamnation à la Seconde-Mort.

            L'homme qui, dans cette vie, par fraude et injustement accumula, et amassa une grande fortune, laquelle, à sa mort, fut éparpillée aux vents, se réveillera sans nul doute pour pleurer sa perte, et se lamentera sur sa pauvreté et sur son incapacité totale de renouveler, avec le nouvel ordre de choses, des mesures illégales pour accumuler une fortune. Pour beaucoup, ce sera un châtiment sévère et une expérience amère que de vaincre les penchants à l'avarice, à l'égoïsme, à l'orgueil, à l'ambition et à la paresse, nourris et caressés pendant la vie présente. Occasionnellement nous voyons de nos jours, une illustration de cette forme de châtiment quand un homme très riche est acculé soudainement à la ruine et qu'il est obligé d'en rabattre avec l'esprit hautain.

            Il nous est dit (Dan. 12 : 2) que quelques-uns se réveilleront pour l'opprobre et pour être un objet de honte éternelle. Et qui peut douter qu'au temps où tout ce qui est caché sera amené en jugement (Eccl. 12 : 14), et que le côté obscur de plus d'un personnage qui, de nos jours, est grandement considère parmi les hommes, sera alors connu, — plus d'un visage rougira et se cachera confus ? Lorsque l'homme qui dérobe devra rembourser au vrai propriétaire le bien volé, en y ajoutant vingt pour cent d'intérêt ; quand l'homme qui trompe, calomnie ou fait tort d'une autre manière à son prochain, devra faire connaître ses crimes et réparer autant que possible les dommages sous peine de perdre à jamais la vie, cela ne sera-t-il pas de la justice rétributive ? Notez comme ceci est clairement exprimé dans les transactions-types de Dieu avec Israël, lequel représentait le monde — 1 Cor. 10 : 11 ; Lév. 5 : 20-26. Voyez également  LES FIGURES DU TABERNACLE, p. 114, 115, édit, fse 1951 : pp. 104, 105.

            A mesure qu'il nous est ainsi permis de scruter le Plan parfait de Dieu, notre souvenir se reporte avec force sur Sa parole transmise par le prophète Esaïe « Je ferai de la droiture une règle et  la justice un niveau » (Esaïe 28 : 17 S.). Nous voyons, en outre, l'influence salutaire d'une telle discipline. Les parents, dans l'éducation de leurs enfants, apprécient la nécessité impérieuse de proportionner les châtiments à la nature des fautes ; il en sera ainsi dans le gouvernement de Dieu : de grands châtiments après de graves manquements ne seront pas plus grands qu'il ne sera nécessaire pour établir la justice et pour réaliser d'importantes réformes morales.

            Voir que le Seigneur ajustera de cette manière équitable les affaires humaines en Son propre temps marqué, constitue pour nous le moyen de soutenir les difficultés du présent et de résister au mal par le bien, même au prix de désavantages actuels. Donc, « Ne rendez à personne le mal pour le mal » (S.). « Qu'il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » — Rom. 12 : 17-19 ; Phil. 2 : 5.

            L'ordre de choses actuel ne durera pas toujours : le temps de rendre des comptes vient. Le juste Juge de toute la terre dit : « A moi la vengeance ; je le rendrai ! » ; et l'Apôtre Pierre ajoute : « Le Seigneur sait délivrer de la tentation les hommes pieux, et réserver les injustes pour le jour du jugement pour être punis » (2 Pi. 2 : 9). Ces punitions, nous l'avons vu, seront adaptées à la nature des manquements et en vue de ce dessein bienveillant : l'établissement permanent de l'homme dans la justice. D'autres passages bibliques viennent corroborer cette vue des récompenses et des châtiments futurs : 2 Sam. 3 : 39 ; Matt. 16 : 27 ; 1 Pi. 3 : 12 ; Ps. 19 : 11 ; 91 : 8 ; Prov. 11 : 18 ; Esaïe 40 : 10 ; 49 :  4 ; Matt. 5 : 12 ; 10 : 41, 42 ; Luc 6 : 35 ; Apoc. 22 : 12 ; Rom. 14 :11, 12.

            Après avoir démontré que ni la Bible, ni la raison ne présentent la moindre base à la doctrine que le tourment éternel est le châtiment du péché, nous soulignerons le fait que les credo, les confessions de foi, les recueils de cantiques et les ouvrages de théologie des diverses églises sont ses seuls appuis. Par la lumière croissante de nos jours et par l'émancipation de la raison qui en résulte, la croyance en cette horrible doctrine diabolique des âges des ténèbres disparaît rapidement. Mais hélas ! ce n'est pas parce que les chrétiens sont en général zélés pour la vérité de la Parole de Dieu et pour Son caractère, et désireux de détruire leurs vilaines idoles de credo. Oh, non ! Ils s'inclinent toujours devant leurs faussetés avérées ; ils s'engagent à les défendre, et ils dépensent temps et argent pour les soutenir, quoiqu'au  fond du cœur, ils en soient honteux et qu'en secret ils les rejettent.

            Tout ceci a comme influence générale, d'amener les cœurs honnêtes du monde à mépriser le christianisme et la Bible, et de faire des chrétiens nominaux des hypocrites et des quasi-incrédules. C'est parce que l'église nominale s'accroche à ce vieux blasphème et qu'elle présente faussement sa propre erreur comme un enseignement de la Bible que la Parole de Dieu, bien que toujours respectée de nom est reniée dans la pratique. Ainsi, la Bible, la grande ancre de la vérité et de la liberté est lâchée par ceux-là mêmes qui, s'ils n'étaient pas trompés sur ses enseignements, seraient maintenus et bénis par elle.

            L'effet général, avant peu, sera l'incrédulité manifeste d'abord, puis l'anarchie. Pour une grande part, pour une très grosse part, les chrétiens tièdes, à la fois dans les chaires et sur les bancs, qui savent ou qui devraient mieux savoir, sont responsables. Beaucoup d'entre eux consentent à compromettre la Vérité, à diffamer le caractère de Dieu, et à se démentir et à se tromper eux-mêmes, par amour de la paix, ou de la tranquillité, ou des avantages terrestres immédiats. Et tout prédicateur, qui en prononçant des paroles en faveur d'une vérité impopulaire, risquera la perte de son salaire et de sa réputation d'homme « établi » dans le bourbier de l'erreur, est considéré comme un homme courageux même si, par honte, il s'abstient de mettre son nom au bas des publications qui contiennent ses protestations.

            Si les chrétiens de nom étaient honnêtes avec eux-mêmes et sincères envers Dieu, ils apprendraient vite que leur crainte de Dieu « n'est qu'un précepte de tradition humaine » (Ésaïe 29 : 13). Si tous décidaient de reconnaître Dieu pour vrai, par voie de conséquence, tout homme serait tenu pour menteur (Rom, 3 : 4) et tous les credo humains considérés comme imparfaits et trompeurs. Un grand travail d'anéantissement des professions de foi s'effectuerait en un clin d’œil. Alors, la Bible serait étudiée et appréciée comme jamais auparavant:et son témoignage que « le salaire du péché, c'est la mort » (l'extinction), serait reconnu comme une « juste  rétribution ».

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