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QUE TON RÈGNE VIENNE

 ÉTUDE II

«  LE TEMPS DE LA FIN » OU

«  LE JOUR DE SA PRÉPARATION »

Daniel XI

 

*  *  *

            Le temps de la fin. — Il commence en 1799. — Il finit en 1914. — Que sont les préparatifs, quel est leur objet, leur but ? — L'histoire du monde a été décrite prophétiquement dans la personne de ses principaux souverains. — La période allant de l'an 405 avant J. C.  jusqu'au jour de préparation. — Le commencement du temps de la fin est bien délimité, quoique sans noms ni dates.

*  *  *

Le Temps de la Fin est une période de cent quinze (115) ans comprise entre les années 1799 et 1914 de notre ère ; cette période est spécialement marquée dans les Écritures ; elle est aussi appelée le « Jour de sa préparation »  car pendant ce laps de temps, une augmentation générale des connaissances amenant des découvertes et des inventions, etc., aplanit les difficultés en vue du prochain Millénium de faveur, préparant les inventions mécaniques qui économiseront la main-d’œuvre et le temps des humains en général, leur procureront nombre de facilités, ce qui sera, pendant  le règne de justice de Christ, une bénédiction pour tous, et contribueront à remplir la terre de la connaissance de l'Éternel. C'est un jour ou une période de préparation, dans un autre sens également ; car par l'augmentation du savoir au sein des masses populaires,  donnant à tous le goût de la liberté et du luxe, avant que le gouvernement de Christ soit bien établi pour diriger le monde, ces bénédictions deviendront des moyens de puissance de classe et auront pour résultat le soulèvement des masses et la destruction des trusts, etc., avec lesquels s'effondreront également les pouvoirs actuels civils et religieux de la terre. Le jour actuel est donc un jour de préparation ( par le moyen d'un tel bouleversement ) pour l'établissement du règne universel du Royaume de Dieu pour la venue duquel on a prié depuis si longtemps.

Les quarante dernières années du Temps de la Fin sont appelées la « fin » ou « moisson » de l'Age de l'Évangile ; nous lisons en effet : « La MOISSON est la FIN de l'âge », ( Matth. 13 : 39 ). Nous attirerons bientôt spécialement l'attention sur le caractère général et les événements prédits de cette période réservant toutefois les traits spéciaux de la moisson pour un chapitre suivant.

Bien que ce soit la prophétie de Daniel qui nous fournisse le renseignement indiquant la date de cette période, nous savons que Daniel ne comprit rien du tout à cette prophétie, ainsi qu'il le dit : « J'entendis, mais je ne compris pas » ( Dan. 12 : 8 ). En réponse à ses demandes inquiètes, il lui fut répondu que ces paroles étaient tenues secrètes et scellées jusqu'au Temps de la Fin. Il s'ensuit donc que personne ne pouvait comprendre la prophétie avant 1799 ; et avant de quitter ce sujet nous montrerons qu'elle ne commencerait pas à être comprise avant 1829 et qu'elle ne serait pas clairement révélée avant 1875 [1874].

Le chapitre XI de la prophétie de Daniel a trait aux événements principaux qui se succédèrent jusqu'au Temps de la Fin, tandis que le chapitre XII nous conduit depuis ce moment-là jusqu'à la fin de l'âge ou Moisson. Ceux qui étudient la prophétie remarquent de quelle manière particulière est donnée la date du commencement  du Temps de la Fin, manière remarquable à la fois par son exactitude dans la fixation de la date, et aussi par sa tenue secrète jusqu'au temps marqué pour la comprendre. Et après que ce moment est ainsi particulièrement marqué dans le chapitre XI, quoique sans indication de noms ou de dates, le chapitre XII mentionne trois périodes, 1260, 1290 et 1335 jours prophétiques qui viennent confirmer et établir les enseignements du chapitre XI et montrer que le commencement du Temps de la Fin était l'année 1799.

Bien que le chapitre XI touche à quelques-uns des personnages et faits les plus remarquables de l'histoire comme nous le montrerons, son témoignage cependant reste scellé pour beaucoup de ceux qui étudient la prophétie, parce que le trait central de cette prophétie, duquel dépendent beaucoup de choses, a déjà eu un semblant d'accomplissement. Cette manière de couvrir ou de cacher une prophétie jusqu'au temps où elle doit être révélée n'est pas rare. Et dans le passé, certains de ceux qui étudient les prophéties ont été si persuadés que ce trait central a déjà été accompli, que la Bible anglaise ( version commune ) indique même en marge : « Accomplie de 171 à 168 av. J.-C. ».  Nous lisons dans Daniel 11 : 31 : « Les troupes envoyées par lui seront victorieuses, et profaneront le sanctuaire, la forteresse, et ôteront le sacrifice [ litt. le continuel ] et introduiront [ ou établiront ] l'abomination qui cause la désolation [ ou l'abomination de la désolation ] ».

On prétend que cette prophétie fut accomplie par le roi de Syrie, Antiochus  Épiphane, lorsqu'il entra de force à Jérusalem et interdit d'offrir à Dieu des sacrifices dans le temple où il érigea même l'idole de Jupiter.

Cet accomplissement prophétique apparent peut satisfaire le chercheur superficiel qui accepte tout ce qu'on lui dit, et l'amène à perdre l'intérêt dans la prophétie comme étant accomplie dans le passé, et n'ayant pour lui aucun intérêt spécial. Mais l'étudiant sérieux remarquera (verset 14), que les hommes violents du peuple de Daniel tenteraient vraiment, d'accomplir  la vision ou sembleraient l'accomplir, mais qu'ils échoueraient ; en outre il constate que le Temps de la Fin était une période nettement marquée (verset 35), et qu'une interprétation complète et correcte ne pouvait être obtenue avant ce moment-là. Il s'ensuit que ceux-là ne s'attendront à aucune interprétation exacte venant du passé. Le chercheur sincère constate aussi que notre Seigneur attira l'attention sur cette prophétie même et cela deux cents ans après son prétendu accomplissement et nous montra que celui-ci est encore futur, disant : « Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation établie dans le lieu saint » ( Matth. 24 : 3, 15 ). Notre Seigneur nous recommanda de la prudence à l'égard de cette prophétie pour bien discerner la véritable abomination, il ajoute « Que celui qui lit, comprenne ! ».

Les preuves présentées dans le volume précédent auront, nous l'espérons, clairement démontré que le grand système papal n'est autre que l'abomination de la désolation qui, pendant des siècles, a dépouillé à la fois le monde et l'Église, au nom du Royaume de Christ. Voici longtemps, en effet, qu'elle a été « établie dans le lieu saint », dans de temple de Dieu, l'Église chrétienne. Remercions  Dieu de nous avoir permis de voir ses traits caractéristiques abominables toujours plus clairement afin de pouvoir ainsi échapper à toutes ses erreurs. Grâce à Dieu ses jours sont comptés et le sanctuaire purifié ( Dan. 8 : 14 ) sera bientôt grandement élevé et rempli de la gloire de Dieu.

Examinons maintenant le chapitre XI de Daniel dans l'ordre où il est écrit.

Le verset 2 commence par l'empire Médo-Perse, dont le quatrième et dernier roi fut Darius III Codoman.

Le puissant roi dont parle le verset 3 est Alexandre le Grand de Grèce, dont on lira avec intérêt un fragment d'histoire d'après Willard.

 « Alexandre le Grand, ayant envahi la Judée, ordonna que Jérusalem approvisionnât son armée et lui fournît des troupes. Jaddus, le souverain sacrificateur, répondit qu'ayant déjà juré fidélité au roi de Perse, il ne pouvait pas abandonner sa cause tant qu'il vivrait. Dès qu'Alexandre  eut terminé le siège de Tyr, il marcha sur Jérusalem pour se venger de son refus. Ayant appris cela, le souverain sacrificateur dans sa détresse, implora le ciel pour obtenir protection ; pendant la nuit, il eut une vision lui indiquant qu'il devait ouvrir les portes de la ville et répandre des fleurs sur le chemin. Revêtu du splendide costume sacerdotal, le souverain sacrificateur alla au-devant du conquérant suivi de tous les sacrificateurs vêtus de robes blanches. Alexandre alla à sa rencontre, fléchit le genou et l'adora. A son ami étonné, lui demandant pourquoi, lui, qui était adoré par les autres, adorait le souverain sacrificateur, Alexandre répondit : « Ce n'est pas lui que j'adore, mais le Dieu dont il est le ministre ; je l'ai reconnu aussitôt que j'ai vu ses vêtements, c'était le même que j'avais vu en vision en Macédoine quand je songeais à conquérir la Perse et il m'assura alors que son Dieu irait devant moi et me donnerait le succès ». Alexandre embrassa ensuite les sacrificateurs et marchant au milieu d'eux entra à Jérusalem où il offrit des sacrifices solennels dans le temple. Le souverain, sacrificateurs lui montra alors la prophétie de Daniel et l'interpréta comme annonçant la destruction de l'empire perse par son armée. »

Quoique Alexandre conquit le monde en le court espace de treize ans, le royaume ne subsista pas comme une seule nation dans sa famille après sa mort, mais il fut partagé entre ses quatre généraux et, d'une manière générale, fut subdivisé comme l'indique le verset 4.

Remarquons ici que cette prophétie correspond avec celle dé Dari. 8 : 3-9, 20-25.  Nous voyons ici que d'une des parties de l'empire d'Alexandre ( voir versets 8, 9 et 21 ) surgit une « petite corne » ou puissance qui devait devenir excessivement grande. Il s'agit assurément de Rome qui s'éleva en puissance sur les ruines de la Grèce. Après avoir été un pays assujetti insignifiant dont les ambassadeurs se hâtèrent de reconnaître la suprématie des Grecs et de devenir une partie de l'empire aux pieds d'Alexandre le Grand, Rome s'éleva d'une manière graduelle jusqu'à la suprématie.

Les événements historiques brièvement relatés dans Dan. 8 : 9, 10, sont développés avec plus d'ampleur dans le chapitre 11 : 5-19. Dans ce récit détaillé il est parlé de l'Égypte comme du Roi du Midi, tandis que le Roi du Nord représente les Grecs, et après eux les Romains qui leur succédèrent en puissance, c'est-à-dire la nouvelle corne surgissant de la Grèce. Dans ce récit, l'histoire du peuple de Dieu, le peuple de Daniel est mélangée avec celle des autres peuples et Daniel avait une foi absolue dans les bénédictions finales qui, un jour, seraient déversées sur son peuple, selon la promesse faite par Dieu. Il serait fastidieux et inutile de retracer en détails toute cette période historique, les luttes entre les généraux d'Alexandre et leurs successeurs, jusqu'au verset 17 qui se rapporte à Cléopâtre, reine d'Égypte. Et puisque tous sont d'accord jusque là, il est inutile d'aller plus loin dans le passé,

Ceux qui prétendent que le verset 31 se rapporte à Antiochus Epiphane, veulent aussi que les versets à partir du 18 e jusqu'à la fin du chapitre aient trait aux conflits et luttes qui eurent lieu entre Séleucus Philopater, Antiochus Épiphane et Ptolémée Philométor ; c'est d'ailleurs ainsi que les Juifs avaient évidemment coutume de l'appliquer. Ces derniers en poursuivant cette interprétation en Dan. 12, auraient donc eu d'excellentes bases pour attendre une délivrance très prochaine par le Messie ; nous lisons, en effet, qu'au temps de la naissance de notre Seigneur tout le peuple était dans l'attente du Messie, espérant être délivré par lui du joug romain. Quant à nous, qui comprenons ce qu'est la véritable « abomination », nous divergeons de leur interprétation à partir du verset 18 jusqu'à la fin du chapitre ; pour nous cette fin de chapitre décrit les principaux personnages historiques qui se sont succédé jusqu'à la papauté, l'identifie et passe à la fin de son pouvoir persécuteur et marque avec force détails un des plus remarquables personnages de l'histoire, Napoléon Bonaparte.

On se demandera peut-être pourquoi le mode de présentation de la prophétie change à partir du verset 18 et se borne à effleurer simplement les grands faits de l'histoire. Nous répondons que cela rentre dans la méthode de Dieu de sceller et de cacher la prophétie. De plus, tout dans la prophétie était arrangé de manière à ne pas être une pierre d'achoppement pour Israël au premier avènement. Si la minutie et le détail de vingt siècles avaient été développés comme l'est cette prophétie contenue dans les versets 3 à 17 de ce chapitre, cela eût été long, ennuyeux, incompréhensible et aurait permis aux Juifs et  l'Église primitive  de se rendre compte de la longueur de la période qui devait encore s'écouler jusqu'à l'établissement du Royaume, et cela, Dieu ne voulait pas le permettre.

Reprenons la prophétie. Nous comprenons que les versets 17 à 19 ont trait à l'époque et aux incidents dans lesquels figuraient Marc Antoine et Cléopâtre, lorsque Antoine tomba et que l'Égypte, le Roi du Midi, fut absorbée par l'Empire romain. Nous appliquons le verset 20 à César Auguste, réputé pour les lourds impôts qu'il préleva systématiquement sur les nations tributaires, et dont les exactions des impôts en Judée sont signalées dans l'Écriture en rapport avec la naissance de notre Seigneur  (Luc 2 : 1 ). Il est dit : « Un édit parut de César Auguste ordonnant le recensement de tous les habitants de la terre ». Cette déclaration s'harmonise parfaitement avec la description de Daniel : « il s'en élèvera un à sa place qui fera passer l'exacteur  par la gloire du royaume ». La dernière partie de la description est vraiment bien adaptée, car le règne de César Auguste est noté dans l'histoire comme la plus glorieuse période du grand empire romain ; il est appelé l'âge d'or de Rome.

Voici une autre traduction du verset 20 « Il s'en élèvera un à sa place qui fera passer l'exacteur de taxes dans le glorieux pays du royaume ». Cette désignation semble se rapporter à la Palestine spécialement, et est en parfait accord avec la description de Luc. Ces deux variantes sont correctes, car ce fut bien la glorieuse époque de l'empire romain, et les percepteurs d'impôts passaient par la Palestine, le pays glorieux du royaume. Remarquons en outre que César Auguste fut le premier souverain qui établit dans le monde un système d'impôts.

La prophétie dit encore de ce souverain « en quelques jours il sera brisé, non par colère, ni par guerre ». Or, on dit que César Auguste mourut d'une mort paisible, alors que son prédécesseur et ses sept successeurs sur le trône impérial périrent de mort violente. Il mourut peu d'années après être arrivé à l'apogée de sa puissance et après avoir ordonné à « l'exacteur d'impôts de passer dans le glorieux pays du royaume ».

Le verset 21 décrit de façon exacte Tibère César, le successeur d’Auguste. Un homme méprisé s'élèvera à sa place, auquel on ne donnera pas l'honneur du royaume ; mais il entrera paisiblement et prendra possession du royaume par des flatteries ». Remarquons ici comment l'histoire de Tibère confirme la prophétie ci-dessus :

L'historien White dit : « Tibère monta sur le trône à 56 ans, manifestant une grande répugnance à assumer de tels devoirs... Dès que tout obstacle fut écarté de son chemin ce tyran donna libre cours à ses passions cruelles et sensuelles ».

L'historien Willard dit : « Au début, Tibère dissimula et parut gouverner avec modération, mais il ne tarda pas à jeter le masque... Le sénat auquel il transféra tous les droits politiques du peuple était tombé dans l'avilissement et sanctionnait servilement  tous ses actes, lui offrant l'encens de ses flatteries continuelles pendant qu'il remplissait les rues de sang. Ce fut sous le règne de cet homme profondément perverti, que notre Seigneur Jésus-Christ fut crucifié en Judée ».

Ces descriptions correspondent exactement à celle de la prophétie, et sont en outre confirmées par le verset 22 qui dit : « Les troupes [ de ses adversaires ] venues comme un torrent, seront submergées devant lui et seront brisées, aussi bien que le Prince de l'Alliance ». Cette dernière déclaration semble se rapporter sans équivoque à notre Seigneur Jésus qui, selon l'histoire, fut crucifié sous Tibère par son représentant Pilate, gouverneur romain de la Judée, et par des soldats romains.

« Dès qu'il se sera associé à lui [ le Sénat le reconnaissant comme empereur ] il agira avec fraude ; il montera et sera fort avec peu de gens ». [ Tibère organisa  la garde prétorienne forte de 10.000 hommes au début, puis doublée plus tard. Ce petit noyau de troupes formant la garde impériale, était continuellement Rome et sous son autorité. Il terrorisa le peuple et le sénat, abolit les élections populaires, les assemblées, etc.]. « En pleine paix, il entrera dans les lieux les plus riches de la province, et il fera ce que ses pères et les pères de ses pères n'ont pas fait ; il leur distribuera du butin, des dépouilles et des richesses et il tramera ses desseins contre les places fortes, et  cela pour un temps ». Versets 23, 24-D.

Auguste et ses successeurs cherchèrent à maintenir pacifiquement leur domination sur les pays conquis, plutôt que de poursuivre de nouvelles conquêtes. Dans ce dessein, ils partageaient ces pays conquis et désignaient des gouverneurs locaux ayant dignité et autorité ; ces derniers  conservaient leur position honorée aussi longtemps qu'ils maintenaient l'ordre dans leur province, restaient fidèles aux Césars et levaient les impôts avec diligence. On ne cherchait plus, comme au début, à piller et à dépouiller le monde pour emmener  ses dépouilles à Rome. Par cette politique habile et prudente, en tramant ainsi ses desseins. Rome domina alors le monde plus complètement et avec un plus grand prestige qu'au temps où ses armées parcouraient  incessamment les provinces.

Si la prophétie est entrée dans certains détails précis, spécialement à l'égard d'Auguste et de Tibère ce fut dans un but déterminé, pour bien marquer la période pendant laquelle l'empire universel passa de la Grèce à Rome des quatre généraux d'Alexandre le Grand ( représentés par les quatre cornes du « bouc » grec mentionné dans Daniel 8 : 8 ) à l'empire romain lequel à cette époque et antérieurement, était une partie de la Grèce. La prophétie (*), [ La division entre ces quatre est nettement indiquée en Daniel 8 : 8 et 11 : 4,5. ] comme l'histoire, a nettement marqué les quatre généraux d'Alexandre qui lui succédèrent.

L'historien dit : (**) [ Willard's Universal History, page 100 ]  « L'empire [grec] était maintenant divisé en quatre royaumes, répartis entre les quatre généraux qui formaient la ligue. Ptolémée devint roi d'Égypte,  Séleucus obtint la Syrie et la Haute Asie, Lysimaque reçut la Thrace et l'Asie Mineure  jusqu'au Taurus ; Cassandre enfin prit la Macédoine ».

Dans ce partage l'Italie était placée sous l'administration de Cassandre, laquelle était la division septentrionale, désignée par l'expression « Roi du Nord tandis que l'Égypte était la division méridionale désignée par l'expression « Roi du Midi ». L'influence de Rome s'éleva graduellement et, province par province, les territoires autrefois occupés par Séleucus,  Lysimaque et Cassandre passèrent aux mains de Rome qui était une partie de la division septentrionale.  l'Égypte seule, la division méridionale, restait en dehors. Au temps de Cléopâtre, d’Antoine et de César Auguste l'Égypte ( le Roi du Midi ) tomba sous le pouvoir romain ( le Roi du Nord ). Cette conquête fut due en partie au fait que le père de Cléopâtre à sa mort, ses enfants étant en bas-âge, laissa le royaume sous la protection du Sénat romain et en parti, à la défaite de Marc-Antoine par Auguste. Il est vrai que, pendant un certain temps, Ie « Roi du Midi » ( l'Égypte ) fut presque aussi puissant que le « Roi du Nord » ( Rome ). Les historiens disent, que l'Égypte était la plus grande nation commerciale d'alors, qu'elle comptait « 33.000 villes », et ses revenus annuels se montaient à 14.800 talents d'argent soit environ 7 milliards de francs.

Lorsque nous saisissons le sens et le but de la prophétie, nous ne devrions pas espérer obtenir des rapports détaillés sur les monarques de ces royaumes, mais par « Roi du Nord » nous devrions comprendre le représentant de l'empire romain, et par « Roi du Midi », un représentant du royaume égyptien. Après cette explication, reprenons la prophétie au verset 25 : « A la tête d'une grande armée il [Rome] emploiera sa force et son ardeur contre le Roi du Midi [Égypte]. Et le Roi du Midi s'engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très puissante ; mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais desseins ».

 Depuis la conquête de l'Égypte  par César Auguste,  en l'an 30 av. J. C., il n'y eut aucune hostilité entre  les deux pays jusqu'à ce que vers 269 après J.-C.  la  reine Zénobie, une descendante de Cléopâtre, reprit le pouvoir et  l’exerçât. Son règne fut bref, Aurélien  l'empereur romain l'ayant vaincue en l'année 272. L'historien déclare : « La Syrie, l'Égypte et l'Asie Mineure reconnurent la souveraineté de Zénobie, reine de  Palmyre. Mais cette dernière eut à faire face aux  forces supérieures de l'empire et à l'habileté consommée du premier capitaine de l'époque. Aurélien écrivit d'elle : « Le peuple romain parle avec dédain de la  guerre que je fais à une femme. Il ignore à la fois le  caractère et la renommée de Zénobie. Il est impossible  de dépeindre toute la puissance de ses préparatifs de guerre et son courage désespéré ». Firmus, l'allié de Zénobie en Égypte, fut rapidement vaincu et mis à mort, et Aurélien revint à Rome couvert d'honneurs et de richesses, selon la description du verset 28 de la prophétie : « Il retournera dans son pays avec de grandes richesses; il sera, dans son cœur, hostile à l'alliance sainte, il agira par ses exploits [ variés ], puis retournera dans son pays.

Comme  preuves des richesses qu'il accumula, notons un extrait du récit de Gibbon sur sa marche triomphale à travers les rues de Rome :

La richesse de l'Asie, Ies armes et les enseignes des nations conquises, la vaisselle magnifique et la garde-robe somptueuse de la reine de Syrie étaient disposées dans une symétrie parfaite ou bien dans un désordre artistique... La belle Zénobie était chargée de chaînes d'or, un esclave portait la chaîne d'or qui entourait son cou et elle défaillait sous le poids accablant des joyaux. Elle marchait à pied devant le char superbe dans lequel elle avait espéré autrefois franchir victorieuse les portes de Rome ».

Au sujet de la déclaration du prophète, à savoir qu'à son retour Aurélien serait dans son cœur hostile à l'alliance sainte [ le christianisme ], l'historien Mosheim déclara :

« Pendant quatre ans, Aurélien, qui était très idolâtre et détestait cordialement les chrétiens, ne les persécuta cependant pas. Mais dans la cinquième année de son règne, sous l'influence soit de sa propre superstition, soit de celle des autres, il se prépara à les persécuter. L'influence exercée sur Aurélien par les prêtres païens et les admirateurs des dieux  était telle que ses persécutions auraient été pires que les précédentes, s'il avait vécu, surtout avec les dispositions cruelles et féroces qu'étaient  les siennes. Mais avant que ses nouveaux édits eussent atteint toutes les provinces, il fut assassiné ; et il n'y eut donc que peu de chrétiens qui souffrirent pour leur piété sous son règne. » (*)[ History of Christianity,  Vol. 11, Page 101 ].

Comme la prophétie l'indique, c'est après son retour de son expédition victorieuse qu'Aurélien fut animé de l'esprit de persécution contre les chrétiens. Il était un adorateur du soleil, et il attribua à cet astre sa victoire sur Zénobie. Immédiatement après la bataille, il se rendit au temple magnifique dédié au soleil pour le remercier de ses faveurs. Comme les chrétiens jugeaient le soleil indigne d'être adoré, il est à présumer que leur refus de participer à cette adoration provoqua chez lui cette soudaine, et violente opposition.

Verset 26 : « Ceux qui mangeaient des mets délicats le briseront et son armée débordera, et beaucoup de gens seront tués. » Aurélien fut assassiné par ses propres généraux ; son armée fut victorieuse, bien qu'il y eût beaucoup de soldats tués.

 Le verset 27 ne s'applique pas à Rome et à  l'Égypte, mais aux deux rois ou pouvoirs existant  dans l'empire romain, — le pouvoir impérial qui mourait graduellement, et le pouvoir clérical qui se formait peu à peu et manifestait son ambition. Chacun  de ces pouvoirs se servait de l'autre pour satisfaire son ambition égoïste tout, en niant de semblables desseins. Nous lisons : « Ces deux rois auront à cœur de  faire du mal, et diront des mensonges à une même table. Mais il ne viendra pas, [ alors ], car la fin sera  encore pour le temps déterminé ». Ou, pour exprimer la  pensée plus clairement, une certaine période de 1.260 années avait été fixée par Dieu comme étant la durée de la puissance persécutrice de la papauté ; c'est pourquoi ou alliance du clergé avec le pouvoir civil « ne » pouvait « pas prospérer » alors,  parce que si les 1.260 années avaient commencé à  cette date, la fin serait survenue trop tôt ; la chose  fut donc différée, retardée et réalisée graduellement  par l'effondrement progressif de l'empire en Italie.  L'histoire ecclésiastique nous montre les intrigues des  évêques chrétiens pour s'emparer du pouvoir dans  l'empire romain ; il est évident que les empereurs discutèrent beaucoup la question de savoir s'il serait avantageux pour eux de reconnaître la nouvelle religion. Ce que Constantin fit, à un moment donné plus  favorable, avait déjà été longuement étudié par d'autres. Cependant même  Constantin fut empêché par le peuple de réaliser de suite et aussi rapidement que désiré, l'union des pouvoirs de l'Église et de l'État.

 Nous considérons les versets 29 et 30 comme une parenthèse, disposée pour cacher le sens de la prophète pendant un certain temps, en rompant l'ordre de la narration ; nous croyons qu'ils ont trait à un conflit bien postérieur entre les pouvoirs représentant l'empire romain et l'Égypte. Aucun conflit postérieur entre eux ne surgirait, excepté un, et ce serait jute au « temps marqué », le temps de la fin, 1799. Pour cette raison, nous ne reprendrons l'examen de ces versets qu'après avoir considéré cette dernière lutte entre eux, telle qu'elle est détaillée aux versets 40 à 45.

Le verset 31 se rattache à la pensée du verset 27, et nous reconnaissons qu'il a trait à celui des deux pouvoirs de l'empire romain qui l'emporta, la Papauté. Après avoir marqué l'histoire au moyen de dirigeants individuels remarquables jusqu'à Aurélien, et nous avoir présentés aux deux pouvoirs rivaux — le pouvoir civil et le pouvoir ecclésiastique — qui surgirent peu après le précédent, il nous est montré ensuite la  prédominance de la papauté, son caractère et son oeuvre dans ses rapports avec la vérité divine et l'Église, — ce système étant représenté sous la figure d'un roi ou pouvoir, sans tenir compte de ses papes ou chefs divers et changeants. Nous savons que, dans le conflit entre les pouvoirs civil et religieux, la papauté l'emporta ; la prophétie dit « des forces se tiendront là de sa part [ « des puissants sortiront de son sein » — traduction de Young ] et profaneront le sanctuaire, la forteresse et ôteront le [ sacrifice ] continuel, et elles PLACERONT l'abomination qui cause la désolation. »

Nous interprétons ceci dans le sens que des « puissants » surgirent à un moment donné, qu'ils souillèrent les principes fondamentaux du pouvoir civil et aussi ceux de la vraie religion, bien que ni l'Église ni le pouvoir civil ne réussirent à être complètement absorbés l'un par l'autre, comme cela parut probable une fois. « Le sanctuaire, la forteresse », les droits sacrés de l'autorité civile que pour le moment Dieu avait confiés aux nations, aux royaumes de ce monde furent sapés par ceux qui, dans l'Église, avaient soif de domination présente et cherchaient, par tous les moyens, à accaparer le pouvoir civil afin de favoriser leurs intrigues cléricales. Le sanctuaire de Dieu ( son habitation sacrée, l’Église ) fut souillé et avili par les efforts persistants de ces « puissants qui cherchaient à partager le pouvoir avec les autorités civiles, à croître en nombre et à dominer sur le peuple. Tels furent Ires débuts de la Papauté qui cherchait à arriver au pouvoir comme empire sacerdotal.

Nous ne pouvons nous étonner que ces « puissants » entêtés, n'ayant tenu aucun compte du plan de Dieu qui prévoit notre soumission présente aux « autorités  existantes » ( lesquelles sont ordonnées de Dieu pour notre épreuve actuelle et notre préparation à l'exaltation future au pouvoir, à la gloire et à la domination du monde ), et ayant décidé de régner, si possible avant le temps de Dieu, se trouvèrent tellement en désaccord avec le plan de Dieu qu'ils perdirent l'essence même, la valeur intrinsèque de la vérité, et n'en retinrent que la forme, l'apparence extérieure. Un pas des plus décisifs de l'apostasie consista à « ôter le sacrifice continuel ». Ce fut là le point culminant de la dégénérescence doctrinale sous la forme des doctrines romaines de la transsubstantiation et du sacrifice de la messe que nous ne faisons que nommer ici, nous réservant de les examiner dans un autre chapitre, à propos d'une autre prophétie. A cause de l'introduction  de cette erreur fatale et blasphématoire, Dieu appelle le système une abomination ; et son élévation au pouvoir qui allait suivre est désignée dans la prophétie par l'expression « placer l'abomination qui cause la désolation ». La papauté a véritablement mérité ce nom, son influence a été dégradante et destructive au plus haut degré, comme l'atteste l'histoire de l'« âge des ténèbres » dont nous avons donné quelques aperçus dans le Volume précédent.

            Verset 32 : « Et par de douces paroles il entraînera  à l'impiété ceux qui agissent méchamment à égard de l'alliance ». Les membres de l'Église qui ne vécurent pas selon leur alliance avec le Seigneur, succombèrent  facilement aux flatteries, aux honneurs, aux titres que leur offrit la hiérarchie papale lorsqu'elle commença à s'élever en influence. Mais quoique beaucoup eussent succombé aux erreurs, tous ne tombèrent point, car nous lisons encore dans ce verset 32 : « Mais le peuple qui connaît son Dieu sera fort et agira, et les sages du peuple enseigneront la multitude ». Nous voyons ici l'Église séparée en deux classes désignées dans Daniel 8 : 11-14 par les noms le sanctuaire et l'armée ; ceux qui formaient cette dernière classe avaient été séduits par les distinctions honorifiques  du monde, ils avaient violé leur alliance avec Dieu ; ceux qui formaient l'autre classe, furent fortifiés par les persécutions auxquelles leur fidélité à Dieu les exposa. Dans cette dernière classe, quelques-uns comprirent la situation et enseignèrent aux fidèles que, selon les Écritures, l'Antichrist  ou !'homme du péché se développerait par une grande apostasie dans l'Église.

Ceux qui abandonnèrent l'alliance acquirent le nombre et la puissance, et s'associèrent à l'empire quant aux quelques fidèles, ils furent persécutés  pourchassés, emprisonnés, torturés et mis à mort sous des centaines de formes odieuses. L'histoire atteste toutes ces choses que le prophète avait déjà prédites au verset 33 « et ils tomberont par l'épée, par la flamme, par la captivité et par le pillage, plusieurs jours », [ Le verset 34 et une partie au verset 35 sont une autre parenthèse ] « jusqu'au Temps de la Fin ; car elle n'arrivera  qu'au temps [ futur ] marqué ». La durée de cette période de persécutions n'est pas indiqués ici ; il était dit qu'elle serait terminée au Temps de la Fin. D'autres  passages des Écritures nous apprennent que cette période devait durer 1.260 ans qui prirent fin en 1799, date signalée d'une manière frappante par Daniel, par l'auteur de l’Apocalypse aussi bien que dans l'histoire.

Versets 34 et 35 : « Et quand ils tomberont, ils seront secourus avec un peu de secours ». La période complète de la puissance persécutrice ( la Papauté ), 1.260 années, ne devait prendre fin qu'en 1799. Avant sa fin, Dieu accorda un peu de secours ; par le mouvement de la Réformation qui, bien qu'amenant au début une recrudescence de persécution, finit par procurer quelque soutien et quelque protection à ceux qui tombèrent victimes de leur fidélité à la Parole de Dieu. La Réformation empêcha la vérité d'être complètement extirpée du monde. Mais hélas ! avec le « petit secours » les « flatteurs » réapparurent. Aussitôt que la persécution diminua, l'adversaire Satan, eut recours aux mêmes stratagèmes par lesquels il avait réussi auparavant à corrompre et à dégrader l'Église, pour maîtriser maintenant les mouvements de réforme. Des rois et des princes distribuèrent des honneurs et des titres aux protestants, et s’unirent au protestantisme. Cet état de choses conduisit à de tristes résultats, et à l'abandon de l'alliance comme nous le lisons : « Plusieurs se joindront à eux par des flatteries. Et d'entre les sages [ les conducteurs, réformateurs, instructeurs, etc., qui avaient été capables d'en instruire beaucoup sur les erreurs de la Papauté ] il en tombera pour les éprouver [ les rares fidèles ], et pour les purifier et pour les blanchir ».

En suivant plus loin la prophétie, nous trouvons que de même que les versets précédents décrivent expressément les personnalités en vue qui prirent part au transfert du pouvoir à la Grèce, puis à Rome, ensuite la formation, la croissance graduelle, habile et dissimulée de la Papauté qui devint une puissance, naissant au sein de la Rome civile, ainsi est-il logique qu'en arrivant au point où la domination papale fut brisée (*) [ Il est exact de dire que la domination papale disparut au commencement du XIXè siècle ; car, après la Révolution française, l'autorité de Rome sur les souverains, les royaumes ( et me son propre territoire en Italie ), ne fut plus que nominale. On doit rappeler aussi que jusque là, la France avait été parmi toutes les nations, la plus fidèle et la plus obéissante à l'autorité papale : ses rois, ses princes, ses nobles et son peuple avaient organisé des croisades, soutenu des guerres, etc., afin d'obéir à l’ordre du pape, et ils avaient été si loyaux qu'ils ne permirent à aucun protestant de vivre sur le sol français après le massacre de la nuit de la Saint-Barthélemy, Aucune autre nation, par conséquent, n'aurait pu frapper la Papauté d'un coup aussi terrible et aussi destructeur que celui de la France. ], la prophétie mette en relief Napoléon, le personnage principal associé à ce changement, et cela non par une description de sa personnalité, mais de ses caractéristiques particulières, exactement de la même manière qu'Auguste  et Tibère César avaient été indiqués. C'est cette description que nous trouvons et la carrière de Napoléon Bonaparte y correspond exactement. Les versets 31 à 35 décrivent la Papauté, ses erreurs et ses abominations, et la Réformation et son « petit secours » qu'elle apporta, son échec partiel par le fait des flatteries, et ces versets amènent au « Temps de la Fin », et nous montrent que, malgré le petit secours qu'elle apporta, plusieurs succomberaient encore sous les persécutions jusqu'au Temps de la Fin. Tel fut bien le cas ; la terrible Inquisition ravagea tous les pays soumis à la Papauté, l'Espagne, la France, etc., jusqu'à ce qu'elle fût effectivement brisée par Napoléon.

Les versets suivants dépeignent Napoléon, l'instrument employé par la Providence pour briser la puissance de la Papauté, pour commencer la série de tourments qui ne finira plus qu'à sa destruction, laquelle aura lieu lorsque « le Seigneur l'anéantira par le brillant éclat de sa présence » 2 Thess. 2 : 8.

La description prophétique de la carrière publique de Napoléon, reconnu de son propre jour comme « l'homme du destin », est si nette que nous pouvons, d'après elle, déterminer avec assurance le « temps marqué ». Cette méthode de fixation d'une date est correcte ; et si nous montrons que les événements mentionnés ici dans la prophétie, cadrent avec la carrière de Napoléon dans l'histoire, nous pouvons déterminer la date aussi certainement que nous pourrions le faire avec le commencement du règne de César Auguste, ou de Tibère, ou de Cléopâtre, décrit dans les versets 17, 20 et 21. Dans la carrière de Napoléon, la prophétie marque l'année 1799 comme la fin des 1.260 ans de la domination papale et le commencement de la période appelée le « Temps de la Fin ».

Verset 36 : « Le roi agira selon son bon plaisir et s'exaltera et s'élèvera contre tout Dieu et proférera choses impies contre le dieu des dieux ; et il prospérera jusqu'à ce que l'indignation soit accomplie ; car ce qui est déterminé sera fait ». Napoléon n'était pas un roi, mais ce titre indique simplement un chef d'État puissant. Plus qu'aucun autre homme, peut-être, Napoléon agit selon son bon plaisir ; sa volonté et sa détermination remarquables lui firent vaincre des difficultés presque insurmontables. Dans le passage cité, rappelons-nous  que le terme « dieu » signifie « un puissant » ; et dans les Écritures  ce terme désigne fréquemment des rois et des chefs d'État tel est le cas de l'expression « dieu des dieux » contenue dans ce verset. (*) [ Voir Études dans les Écritures Vol. 2, chap. 9. ]  Ici le mot « dieux » désigne des dirigeants des rois et des princes, et l'expression « dieu des dieux », ou chef des chefs, désigne le pape. La plupart des hommes ont reconnu quelque chef religieux, Napoléon  n’en reconnut aucun. Sa volonté, son plan seuls existaient et ce plan était de s'élever au-dessus de tout autre monarque même à l'égard du « dieu des dieux », ( c'est-à-dire le chef des chefs, le pape ) Napoléon se comporta d'une manière étonnante, exigeant de lui l'obéissance  comme d'un serviteur et il choqua le monde superstitieux d'alors, aussi bien que la dignité de la hiérarchie papale elle-même. Selon la prophétie, il prospéra jusqu'au moment où il eut accompli sa mission consistant à flageller la papauté et à briser son influence sur les esprits des gens. L'histoire (*) [ Campaigns of Napoléon, pp. 89, 95, 96. ] dit comme preuve à l'appui :

« Les princes laïques, qui avaient conclu des traités avec les Français, les respectèrent de bonne foi et payèrent les contributions qui avaient été stipulées ; le souverain pontife, lui, se rendit coupable des plus déraisonnables violations de ses engagements. Entouré de prêtres qui étaient ses seuls conseillers, le pape recourut à ses anciens artifices et à ses fraudes pieuses ; il fit de grands efforts pour enflammer les esprits des gens contre les Français... Les prêtres prétendirent que le ciel était intervenu, et on affirma positivement que divers miracles avaient été accomplis dans les différentes églises pour défendre la sainte foi catholique de la suprématie papale et montrer la désapprobation céleste à l'égard des Français. Comprenant que la Cour de Rome était aveuglée par son orgueil, et voyant que ses efforts pour la paix seraient inutiles, Bonaparte prit des mesures immédiates pour ramener «  Sa Sainteté » à ses sens.

 « Il ordonna au général Victor d'envahir les États pontificaux ; les armées du pape furent dispersées comme de la paille par le vent, et ce fut une panique générale dans tous les États ecclésiastiques... Constatant que saint Pierre ne lui avait pas fourni l'aide espérée, Sa « Sainteté » envoya à la hâte des plénipotentiaires  à Bonaparte pour implorer la paix. La paix fut obtenue mais à des conditions très humiliantes. Outre les obligations du traité provisoire conclu antérieurement et violé par le Pape, ce dernier fut contraint de céder une partie de son territoire et de payer une  somme de 30 millions de livres françaises comme indemnité de rupture ».

— Cette dernière indemnité, ajoutée à celle due antérieurement porta à cent cinquante millions la somme que le Pape paya en or et en argent à la France ; il dut en outre livrer des trésors artistiques de grande valeur, des statues, des tableaux, etc. Un écrivain catholique romain déclare que « l'exécution de ces conditions amena le Pape au bord de la ruine ». Ce traité fut conclu le 19 février 1797.

On pourrait penser que ce renversement sommaire et complet du pouvoir papal suffirait à prouver au monde que les prétendus droits divins du Pape à régner  sur les rois, etc., n'étaient que de simples suppositions ; sinon, les événements de l'année suivante confirmèrent la chose. Le général français Berthier entra à Rome, y organisa une République le 15 février 1798, et cinq jours plus tard emmena le Pape prisonnier en France, où il mourut l'année suivante. Depuis ce moment jusqu'à ce jour, la domination exercée par la papauté sur les royaumes de la terre n'a plus été que l'ombre de ce qu'elle était autrefois. Depuis lors, la papauté n'a que rarement fait allusion à son prétendu droit d'introniser ou de détrôner les rois. En fait, le Pape qui monta en 1800 sur le trône pontifical, Pie VII, publia une encyclique dans laquelle il déclara que, selon la doctrine de l'Évangile, tous devaient obéir aux gouvernements établis, ce qui, naturellement, s'appliquait aussi à lui-même.

Verset 37 : « Et il n'aura point égard au dieu [ souverain ] de ses pères, et il n'aura point égard à l'objet du désir des femmes, ni à aucun dieu [ souverain ] ; car il s'agrandira au-dessus de tout » (*).[ Comme la véritable Église  est appelée symboliquement l'Épouse de Christ, et comme l'Église de Rome, par le fait de son alliance infidèle  avec l'empire terrestre est appelée une prostituée, de même les diverses sectes protestantes sont  des « femmes ».]

Non seulement Napoléon ne respecta pas le dieu de ses pères, la Papauté, mais il ne favorisa pas davantage les sectes protestantes, représentées ici sous la figure de femmes. En fait Napoléon ne se laissa jamais diriger que par son ambition personnelle

Verset 38 : « Et à sa place [ au lieu d'aucun de ces dieux ], il honorera le dieu des forteresses [ la puissance ou force militaire ] avec de l'or, et avec de l'argent, et avec des pierres précieuses, et avec des choses désirables, il honorera un dieu que  n'ont pas connu ses pères ».

D'autres grands capitaines attribuèrent à certains pouvoirs surnaturels les victoires qu'ils avaient remportées. Alexandre le Grand se rendit dans des temples païens pour y célébrer ses victoires ; les Césars firent de même ; dans la suite, sous la Papauté, les belligérants en présence en appelèrent à Dieu, aux saints, à la Vierge et, aux papes pour obtenir des bénédictions et la victoire ; tout au moins prétendirent-ils accepter la victoire comme un don de Dieu. Napoléon, lui, ne fit rien de pareil ; il attribua tous ses succès à lui-même et à son propre génie. Il se confia dans ses généraux armées, dans ses vaillants soldats, dans ses généraux capables et habiles manœuvriers c'est à eux qu'il adressa ses proclamations. La forme du serment qu'il prêta au « Conseil des Anciens » de France, à son retour d'Égypte, lorsqu'il prit le commandement des armées françaises, montre qu'il se confiait en lui-même et en ses armées. Il ne jura, ni par Dieu, ni par la Bible, ni par le Pape, ni par la France, il dit simplement . « Je le jure - Je le jure en mon propre nom et au nom de mes braves camarades ! » Tout en servant son ambition, il prétendait servir le peuple ; Ies trésors de Rome et des autres pays qu'il dépouilla furent livrés au peuple français dont lui-même, et ses soldats faisaient partie.

Verset 39 : « Et il agira dans les lieux forts des forteresses, avec un dieu étranger : à qui la reconnaîtra,  il multipliera la gloire, et il les fera dominer sur la multitude et leur partagera le pays en récompense ».

Napoléon plaça ses amis et ses fidèles généraux à des positions très élevées dans toutes nations d'Europe qu'il avait conquises. Ces positions étaient ses dons ; toutefois elles n'étaient occupées que sous la condition de lui rester fidèle. Elles étaient accordées gratuitement, et cependant elles étaient le prix de la fidélité que Napoléon exigeait en retour. L'Histoire (*) [ Willard's Universal  History, p. 452.] dit à ce sujet :

« Les projets ambitieux de Napoléon devinrent plus apparents encore. La Hollande érigée en royaume l'année précédente avait été donnée à son frère Louis Bonaparte ; Naples était maintenant donnée à son frère aîné Joseph Bonaparte, qui reçut le titre de Roi des Deux-Siciles. Plusieurs provinces furent érigées en duchés ou grands fiefs de l'empire et accordées, aux parents de l'empereur et à ses favoris ; sa sœur Pauline devint princesse de Guastalla ;  son beau-frère Murat devint grand-duc de Berg et de Clèves, tandis qu'Eugène de Beauharnais, le fils de l’impératrice Joséphine par un premier mariage, fut envoyé comme vice-roi en Italie. Quatorze provinces du sud et de l'ouest de l'Allemagne furent réunies sous le nom de Confédération du Rhin. Elles furent séparées de l'empire germanique, et reconnurent Napoléon comme leur chef, avec le titre de Protecteur... La Suisse tomba aussi sous la domination française, Napoléon s'étant constitué son Médiateur ».

La politique de Napoléon l'amena également à créer différents ordres de distinctions honorifiques pour ses officiers et ses soldats : par exemple « la Légion d' Honneur », « l'Ordre  de la Couronne de Fer », etc., etc.

La prophétie nous ayant fourni les données nécessaires pour reconnaître la personnalité de Napoléon dont les actes marquèrent le commencement du «Temps de la Fin », nous montre maintenant l'événement particulier de cette époque qui marqua la date exacte du commencement du « Temps de la Fin ». Cet événement se révèle être l'invasion de l'Égypte par Napoléon, laquelle dura un an et presque cinq mois. Napoléon s'embarqua en mai 1798 et rentra en France le 9 octobre 1799 ; cette campagne est décrite brièvement dans les versets 40 à 44.

Verset 40 : « Et au Temps [ fixé ] de la Fin, la roi du midi [ l'Égypte ] heurtera contre lui, et le roi du nord [ l'Angleterre ] fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, [ les Mamelucks égyptiens, etc. ] et avec beaucoup de navires [ les forces anglaises étaient constituées par une flotte sous le commandement de l'Amiral  Nelson ] et il [ Napoléon ] entrera dans les pays et inondera et passera [ victorieusement ] ».

L'histoire nous apprend que l'armée égyptienne de Mourad Bey « fut repoussée après une lutte acharnée... les succès des Français portèrent la terreur au loin en Asie et en Afrique et les tribus indigènes du pays firent leur soumission au conquérant... Cependant le destin lui préparait un terrible revers ; sa flotte composée de treize vaisseaux de ligne et quelques frégates, fut attaquée par Nelson, l'amiral anglais, dans la rade d'Aboukir ; cette attaque eut lieu le 1er août 1798 et fut conduite avec une furie, une ardeur [« comme une tempête »],  qui ne fut jamais dépassée dans une guerre navale ».

Versets 41 à 43 « il viendra dans le pays de beauté [ la Palestine ], et plusieurs [ pays ] tomberont ; mais ceux-ci échapperont de sa main, Edom et Moab, et les principaux des fils d'Ammon. [ Il longea la côte mais n'entra pas dans ces pays et passa au-delà ]. Et il étendra sa main sur les pays et le pays d'Égypte n’ échappera pas. Et il aura sous sa puissance les trésors d'or et d'argent et toutes les choses désirables de l'Égypte, et les Lybiens et les Éthiopiens  suivront Ires pas ».

Versets 44 à 45 « Il plantera les tentes de son palais entre la mer et la montagne de sainte beauté ». Cette description se rapporte soit au mont Tabor soit au mont Sinaï qui tous deux peuvent être appelés beaux et saints. Le mont Tabor vit la transfiguration de notre Seigneur, il est certainement glorieux et saint, Pierre l'appelle la « sainte montagne ». Napoléon y fit dresser ses tentes et y livra une de ses plus importantes batailles. Le mont Sinaï est aussi glorieux et saint, car c'est là que fut ratifiée l'Alliance de la Loi entre Dieu et Israël. Napoléon visita aussi cette montagne avec sa garde et en compagnie de son corps scientifique.

« Mais des nouvelles de l'orient et du nord l'effrayeront et il sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens [ des nations ] ». « Et il arrivera à sa fin et il n'y aura personne pour le secourir ».

Pendant qu'il était en Égypte Bonaparte apprit qu'une nouvelle alliance avait été formée contre la France, c'est pourquoi il rentra aussitôt en France. A ce sujet, l'histoire nous dit : « Des nouvelles d'Europe le poussèrent à abandonner l'Égypte » (*).[ Willard  - Universal  History, p. 446.]   Il laissa le commandement de son armés à Kléber ; il retourna en France hâtivement et en grand secret... Des revers s'étaient abattus sur la France et une seconde coalition s'était formée contre elle : il y avait l'Angleterre, la Russie, Naples, l'Empire ottoman et l'Autriche. La prophétie ne dit-elle pas en effet, que « des nouvelles de l'orient et du nord l'effrayeront et il sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens [ des nations ] ».  « Et il arrivera à sa fin et il n'y aura personne pour le secourir ». Chacun connaît également la fureur et l'acharnement  que déploya Napoléon pour détruire les nations de l'Europe ; il sembla même avoir réussi dans ses desseins ambitieux ! Néanmoins, comme le prophète l'avait annoncé, au bout de peu d'années, cet homme, le plus remarquable de son époque, mourut en exil, abandonné par tous.

Comme le verset 40 déclare que cette invasion de l'Égypte se produirait au Temps de la Fin ou, ainsi que le rend la version de Douay, au temps fixé d'avance, ainsi le font les versets 29 et 30 qui se rapportent au même événement et ont été préalablement présentés sous forme de parenthèse. On se souvient que les versets 25 à 28 parlaient d'une première invasion de l'Égypte ; les versets 29 et 30 laissent entendre que la grande invasion suivante de l'Égypte aurait lieu au temps marqué, c'est-à-dire « au Temps de la Fin » dont parlent les versets 40 à 45.

Le verset 29 dit : « Au temps déterminé, il retournera et viendra dans le midi ; mais il n'en sera pas la dernière fois comme la première. » L'invasion de l'Égypte par Napoléon n'aboutit pas aux mêmes résultats que celle des jours de Cléopâtre ou comme celle des jours de sa descendante, la reine Zénobie. Napoléon fut, il est vrai, victorieux en Égypte comme général, mais le résultat de ses victoires, à l'inverse de ses prédécesseurs, fut nul, « car » nous dit le verset 30, « les navires de Kittim [ « des Romains » version Douay  (voir Notes Syn. - Cr. - Gl.  et V.) ] viendront contre lui ». La flotte anglaise bloqua Napoléon et empêcha sa conquête. Le qualificatif de romains peut parfaitement être appliqué aux navires anglais, car l'Angleterre comme la France avait fait partie de l'ancien empire romain et, en somme, au moment da la campagne d'Égypte, la France faisait la guerre à tous les autres états qui formaient cet empire. « Et il sera découragé et retournera et sera courroucé contre la sainte alliance, et il agira » [v. anglaise : réussira - trad.].

A son retour de l'Égypte, Napoléon cessa de s'opposer violemment à la Papauté et signa même un Concordat avec le pape ; par cet acte, la religion catholique était rétablie en France. Un tel acte était une manifestation dirigée contre la vérité mais il lui semblait voir que, par cette politique, il pourrait plus aisément renverser la République et se faire proclamer empereur ; et c'est en cela qu'il réussit en effet. Cependant cette ligne de conduite ne dura pas ; bientôt après, l'établissement de l'empire, Napoléon s'opposa de nouveau à ce système appelé l'Homme de Péché ; c'est ce que la prophétie indique par les paroles  suivantes : « Et il retournera, et portera son attention contre ceux qui abandonnent la sainte « alliance », c'est-à-dire : il commença à élaborer de nouveaux desseins contre l'église apostate  de Rome ;  il les exécuta et en cela il réussit également.

Le chapitre XI de Daniel retrace donc l'histoire du monde en mettant en relief les principaux caractères ( ou personnages - trad. ), depuis le royaume de Perse jusqu'à la chute de la puissance dominatrice de la Papauté. Cette relation qui s'étend sur une longue période de 24 siècles accomplit un dessein déterminé, celui de marquer l'année du commencement du Temps de la fin, l'an 1799. C'est en cette année-là que prit fin la puissance oppressive de la Papauté qui a duré 1.260 années et le Temps de la Fin commença. Cette même année fut aussi la fin du millénium papal qui commença en l'an 799 lors du couronnement de  Charlemagne.  L'année 1799 ne fut que le commencement du Temps de la Fin dans les limites duquel tout vestige de ce système disparaîtra.

            Nous avons vu en quelques mots aux versets 34 et 35, le déclin de la Réformation et ses causes. L'amour du monde, le désir de posséder le pouvoir, l'influence et l'aisance furent les pièges qui séduisirent  d'abord l'église et amenèrent la formation de la Papauté ; et les mêmes causes, les mêmes aspirations empêchèrent la Réformation de continuer sa marche. Luther et ses compagnons dénoncèrent d'abord hardiment, entre autres erreurs de la Papauté, l'union de l'Église et de l'État ; mais après quelques années de vaillante lutte contre l'opposition toute puissante, la Réformation acquit une certaine influence par le nombre de ses adeptes, quand les rois et les princes commencèrent à flatter les réformateurs et les chemins conduisant aux honneurs politiques et sociaux s'ouvrirent à eux et ces derniers ne reconnurent plus du tout les méfaits de l'union de l'église et de l'état qu'ils avaient vus et combattus dans la Papauté. Les églises réformées d'Allemagne, de Suisse et d'ailleurs marchèrent sur les traces de Rome et se montrèrent disposées à favoriser un parti politique, un prince ou un gouvernement et à s'unir même avec lui si ce dernier voulait les reconnaître et les accepter. Dés ce moment-là, quelques conducteurs de marque de la Réformation sortirent du chemin, et au lieu d'être des conducteurs de réforme ils conduisirent leurs troupeaux dans les tentations. C'est ainsi que le mouvement de la Réformation bien commencé, fut grandement mis en échec.

Ceci ne pouvait cependant entraver le plan de Dieu, qui, dans sa sagesse, fit concourir toutes ces choses au bien. Ces événements, tout comme l'erreur de la Papauté, servirent à éprouver à fond les véritables  saints afin de faire voir s'ils étaient disciples des hommes ou de Dieu. Tel a été le dessein de ces événements et die ces épreuves pour les fidèles, tout au long des siècles jusqu'à aujourd'hui, « pour les éprouver, les purifier et les blanchir ».

Si nous sommes dans le vrai en plaçant le commencement du Temps de la Fin en 1799, nous devrions nous attendre à ce que la chute dans l'erreur de l'union de l'Église et de l'État cesserait dans une certaine mesure, bien qu'il pourrait se passer de longues années avant la délivrance complète de ce piège du diable. En jetant un coup d’œil en arrière, nous voyons que les faits confirment pleinement notre attente. Depuis cette date, en effet, il y eut des séparations entre des gouvernements et des églises, mais pas de nouvelles unions. Cette date marque en réalité une nouvelle réformation sur une base plus solide. L'influence de la Papauté sur les royaumes de l'Europe avait été si grande auparavant, que les nations craignaient prodigieusement les anathèmes prononcés par le pape et recherchaient au contraire ses bénédictions pour leur prospérité nationale. Lorsque les Protestants se séparèrent de la Papauté, le monde les considéra simplement comme un système moins corrompu substitué à la Papauté, et on rechercha fréquemment, d'une manière analogue, leurs faveurs, leur appui et leurs conseils. Napoléon dédaigna souverainement  les bénédictions, comme les anathèmes du pape, et prospéra néanmoins considérablement ; ce fait affaiblit grandement l'autorité de la Papauté sur les gouvernements civils par contre-coup, l'influence des diverses sectes protestantes dans les domaines civil et politique fut amoindrie, et certes elle était devenue forte au cours des deux siècles et demi qui précédèrent.

La nouvelle réformation qui commença au jour de Napoléon, ne fut pas moins décisive que celle inaugurée  par Luther et ses collègues, quoique ce ne fût pas un mouvement religieux, ni dû au zèle religieux ; ses auteurs ignoraient d'ailleurs qu'ils accomplissaient une  oeuvre, dont le programme avait été marqué dans la prophétie bien des siècles auparavant. Napoléon et ses associés étaient des hommes impies  guidés uniquement par leurs propres ambitions égoïstes pour le pouvoir. Mais Dieu, à leur insu, dirigeait leurs actions, les faisant concourir à l'accomplissement  de ses propres desseins. Si la réformation que Dieu avait fait naître au début au sein de l'église avait continué son oeuvre si les réformateurs et leurs descendants étaient restés fidèles à la vérité, les grands desseins de Dieu auraient pu être accomplis par leur ministère. Mais lorsqu'ils eurent succombé aux flatteries du monde, Dieu montra qu'il avait d'autres moyens et d'autres voies pour accomplir  ses desseins.

L’œuvre de Napoléon et celle de la Révolution française brisèrent l'influence de la superstition religieux humilièrent l'orgueil des aristocraties religieuses hautaines, réveillèrent les peuples à une notion plus nette des pouvoirs et prérogatives de l'homme. La puissance  papale, qui avait antérieurement déjà reçu un coup fatal lors de  la Réformation et s'en était guérie ( Apoc. 13 : 3 ), fut brisée et perdit sa puissance dominatrice. La période achevée en 1799 et marquée par la campagne d'Égypte de Napoléon, désagrégea la domination papale sur les nations et y mit un terme. A ce moment-là, au temps marqué, au terme des 1260 années de domination, le jugement qui avait été prononcé contre ce système commença et il se poursuivra « pour la détruire et la faire périr jusqu'à la fin ». — Dan. 7 : 26.

Cette date ( 1799 ), marque le début d'une nouvelle ère dans laquelle la liberté de la pensée, la reconnaissance des droits et des privilèges de l'homme, etc., ont amené de rapides et visibles progrès dans l’œuvre  qui devait s'accomplir au Temps de la Fin. Nous constatons, par exemple, l'apparition et le travail des diverses  Sociétés Bibliques, appelées par Rome des Sociétés Bibliques pestiférées. Rome ne peut entraver leur oeuvre  et le livre sacré qu'elle avait autrefois enchaîné, maintenu caché sous le manteau des langues mortes, le livre, dont elle avait interdit la lecture à ses adeptes trompés, est maintenant répandu par millions dans toutes les nations et en toute langue. La Société biblique britannique et étrangère fut fondée en 1804, la Société biblique prussienne de Berlin en 1806, la Société biblique de Philadelphie en 1808, la Société biblique de New-York  en 1809, et la Société biblique d'Amérique en 1817. L’œuvre accomplie par ces diverses Sociétés pendant le siècle écoulé est merveilleuse. Chaque année on publie des millions dé Bibles qui sont vendues à bas prix et données aux pauvres par milliers. Il est difficile d'apprécier l'influence mondiale de cette œuvre. Si beaucoup de ce travail est perdu, le résultat général a pourtant, été obtenu, les liens de l'esclavage et de la superstitions dans les domaines politique et ecclésiastique ont été brisés. Son enseignement calme et serein que papes, ecclésiastiques et laïques, rois, généraux et mendiants doivent tous rendre compte de leurs actes à un seul Seigneur, est le plus grand des niveleurs et des égalisateurs.

 Quoique le mouvement de réformation religieuse en Europe eût gravement ébranlé l'influence de la Papauté, les églises réformées avaient cependant si bien imité sa politique d'administration de l'état, d'affiliation aux empires terrestres, et ses prétentions à l'autorité cléricale sur le peuple ( à savoir que le « clergé » constitue un gouvernement spécial et divinement désigné dans le monde ), que le premier effet de cette réformation se modifia considérablement et laissa le peuple et les gouvernants civils sous la crainte superstitieuse et la subordination à tout ce qui s'appelle autorité religieuse. Beaucoup des superstitions et de la vénération malsaine du papisme passèrent, lors de la réforme, au sein de plusieurs sectes protestantes. Mais la réforme politique accomplie pendant le dix-neuvième siècle, à partir de 1799, le « Temps de la Fin », est bien une véritable réformation,  quoique différant beaucoup de la première. La révolution et l'indépendance des colonies d'Amérique, la fondation heureuse d'une République prospère avec un gouvernement par le peuple et pour le peuple, sans intervention d'une royauté ou d'une politique temporelle cléricale, tout cela était une nouvelle leçon pour les peuples qui se réveillaient après avoir dormi des siècles durant dans l'ignorance de leurs droits accordés par Dieu, ayant supposé qu'Il avait établi l’église pour exercer l'autorité suprême sur la terre et qu'ils étaient tenus d'obéir aux rois et aux empereurs investis dans leurs fonctions par l'église, malgré toutes leurs injustices, et cela parce que l'église, avait déclaré qu'ils étaient choisis par Dieu, par son intermédiaire.

L'Amérique devint un sujet pour les peuples depuis longtemps opprimés et asservis par le clergé. Elle était véritablement la « Liberté éclairant le monde ». Finalement, exaspéré par l'oppression cléricale et par les turpitudes insensées de la royauté, etc. auxquelles vinrent s'ajouter à plusieurs reprises de mauvaises récoltes qui l'appauvrissaient et l'acculaient presque à la famine, le peuple de France se souleva de désespoir et accomplit la plus terrible des révolutions, qui dura quinze ans, de 1789 à 1804.

Les scènes d'anarchie et de violence furent terribles ; elles n'étaient cependant que la conséquence logique, la réaction inévitable, dues au réveil d'un peuple depuis longtemps opprimé qui comprenait enfin son état d'abjection et de dégradation. Les pouvoirs civils et religieux récoltaient la tempête parce que, au nom de Dieu et de la vérité, ils avaient aveuglé  et enchaîné  des gens pour lesquels Christ était mort, et cela pour satisfaire leur propre ambition.

 Dans ces conditions, une telle réaction, provenant d'une telle cause, conduisit directement à l'incrédulité ; subitement, la France devint tout à fait incrédule sous l'influence de Voltaire et de ses associés qui inondèrent le pays de leurs ouvrages dans lesquels ils couvraient de mépris et de ridicule le seul Christianisme que le peuple français connaissait, l'Église apostate de Rome ; ils en firent ressortir les erreurs, les hypocrisies, les immoralités, les cruautés et tous les méfaits,  si bien que le peuple français devint aussi enflammé dans son zèle à détruire le catholicisme et toute religion, qu'il avait mis de zèle autrefois à défendre cette religion. Après avoir subi pendant mille ans l'influence déprimante de la papauté, la pauvre France induite en erreur et croyant que son exécrable oppresseur avait été le vrai Christ et non l'Antichrist, répéta les mots de Voltaire :

« A bas l’infâme ! » Tous les efforts déployés pour détruire l'exécrable Antichrist amenèrent les terribles excès de la Révolution française. Ce fut un merveilleux exemple de justice rétributive,  lorsqu'on considère en comparaison les effrayants massacres de la Saint-Barthélemy  et autres atrocités dont la papauté s'était réjouie.

La France incrédule se souleva avec puissance, elle démolit la Bastille proclama la déclaration des droits de l'homme, exécuta le roi et la reine, puis déclara la guerre à tous les rois et sa sympathie pour tous les révolutionnaires en tout pays. Pendant ces événements,  les souverains de l'Europe, remplis de terreur, craignant de voir le mouvement révolutionnaire se propager dans leurs propres états, redoutant une anarchie universelle, formèrent des alliances entre eux et contre, leurs propres sujets qu'ils eurent de la peine à contenir. La France ayant répudié le christianisme, confisqua toutes les immenses propriétés et les énormes revenus de l'Église catholique romaine ainsi que ceux du roi et de la noblesse. Les rues de Paris furent de nouveau inondées de sang, mais c'était celui des prêtres, des nobles et de leurs partisans, au lieu d'être celui des protestants. On évalue à environ 1.022.000 le nombre de ceux qui furent exécutés par toutes sortes de procédés inventés pour la circonstance. Pendant les poursuites et les exécutions, les prêtres furent insultés, en leur rappelant l'attitude des papistes à l'égard des Protestants et leur propre doctrine que « la fin justifie les moyens ». Les révolutionnaires proclamaient que la fin, le but poursuivi, était la liberté humaine, politique et religieuse, et que l'unique et sûr moyen d'y parvenir, était de mettre à mort ceux qui s'y opposaient.

Comme tous les événements analogues la Révolution française fut une grande calamité qui causa beaucoup de détresse à des millions d'individus ; cependant, comme d'autres malheurs, elle vint partiellement redresser de grandes injustices et comme certains autres événements, elle fut contrôlée par Dieu qui la fit concourir au bien, à l'augmentation de la connaissance et à l'avancement de ses plans, selon les indications de la prophétie. Nous remarquerons en passant que la Révolution française est nettement mentionnée dans l'Apocalypse qui montre clairement que ce règne de la terreur est une image de ce que sera la détresse finale qui vient sur toutes les nations de la « Chrétienté ». L'incrédulité et l'anarchie, ces pestilences qui, de France, se répandirent dans le monde entier, furent grandement favorisées et aidées par les fausses doctrines antiscripturales  et les pratiques de la « Chrétienté », représentée, non seulement par la Papauté, mais par l' « Orthodoxie » en général. La Chrétienté nominale a été incapable de guérir cette maladie et ne peut pas davantage détourner sa prochaine crise annoncée par les Écritures comme étant la plus grande détresse qui ait jamais eu lieu sur la terre.

L'influence des incrédules français fut propagée en Europe par les armées de Napoléon, et elle affaiblit considérablement le pouvoir des rois et des prêtres. Mais, lorsque Napoléon, le chef et le représentant de la France incrédule, malmena rudement la Papauté, ce fut le comble, et ce fait contribua plus que tout autre à briser les chaînes  de la vénération superstitieuse  par laquelle le « clergé » avait pendant si longtemps asservi le « commun peuple ». Mais lorsque l'audacieux Napoléon, non content de mépriser les anathèmes du pape Pie VI, lui infligea des amendes pour avoir violé ses ordres (ceux de Napoléon), et finalement le contraignit même à rendre à la France les territoires pontificaux accordés mille ans auparavant par Charlemagne (dont Napoléon se prétendait le successeur), tout cela ouvrit Ies yeux des peuples aussi bien que des monarques de l'Europe, en leur faisant comprendre la fausseté des prétentions papales à l'autorité. Un autre fait amena aussi un changement considérable dans l'opinion publique à l’égard de l'autorité papale, lorsque Napoléon s'arrogeant le titre et se proclamant Empereur romain et successeur de Charlemagne (*), [ Les grandes guerres de Napoléon eurent pour but de reconstituer cet empire tel qu'il existait, sous Charlemagne.] n'alla pas à Rome pour se faire couronner par le pape, comme le firent Charlemagne et d'autres, mais il ordonna au pape de venir en France pour assister au couronnement. Même alors, le chef victorieux, qui avait plus d'une fois pillé, ruiné, et humilié la papauté, ne voulut pas être couronné par le pape et ainsi recevoir de lui sa dignité impériale et reconnaître par là l'autorité papale, mais il voulut simplement que le pape (Pie VII) fût présent pour sanctionner et reconnaître la cérémonie, et pour bénir la couronne que Napoléon prit alors sur l'autel et plaça lui-même sur sa tête. L'historien déclare « il plaça ensuite le diadème sur la tête de son impératrice, comme pour bien montrer que son autorité provenait de ses propres actions »  et mérites, de ses propres succès civils et militaires. Depuis cette date le pape n'a jamais été sollicité par personne pour couronner un empereur romain. Parlant du couronnement de Napoléon, un écrivain catholique romain dit : (**) Chair of St Peter, p. 433.

 « A l'inverse de Charlemagne  et d'autres monarques qui étaient allés à Rome dans de semblables circonstances Napoléon, dans son arrogance exigea que le saint père vînt à Paris pour le couronnement. Le pape éprouva une répugnance extrême à déroger aux anciens usages. Il considéra même cela comme incompatible avec sa dignité et ses fonctions élevées ».

L'histoire relatant les nombreuses humiliations infligées à la Papauté par Napoléon dit : (*) [Campaigns of Napoléon pp 89, 90]

Un armistice fut conclu [le 23 juin, 1796] avec le Pape [Pie VI] ; les conditions imposées au chef de l'Église, jadis le plus puissant souverain de l'Europe, furent suffisamment humiliantes. La pape qui, jadis, foulait aux pieds les rois, intronisait les souverains et les détrônait disposait à son gré des États et des royaumes et qui, en qualité de souverain pontife, de vicaire du Tout-Puissant  sur la terre, s'arrogeait une autorité extraordinaire et régnait sur les autres souverains, dut boire la coupe de l'humiliation  jusqu'à la lie. Si le contenu en était amer, c'était pourtant celui-là même que ses prédécesseurs  aient si libéralement distribué aux autres. Le pape dut ouvrir ses ports aux vaisseaux français et les fermer à toutes les marines des États en guerre avec la République française ;  il dut permettre l'occupation de Bologne et de Ferrare par les troupes françaises, il dut leur livrer la citadelle d'Ancône et donner à la France 100 tableaux, statues, bustes et vases qui devaient être choisis par des commissaires français ainsi que 500 manuscrits (anciens et de grande  valeur). Pour combler la mesure, sa sainteté dut payer à la République 21.000.000  de livres françaises, la majeure partie  en espèces, ou lingots  d'or et d'argent ».

Les conditions de ce traité n'ayant pas été remplies, l'amende infligée fut portée à 50.000.000 de livres et le pape dut céder  certains de ses États à la France ; il fut finalement fait prisonnier et emmené en France où il mourut.

Même Pie VII qui avait été rétabli aux honneurs pontificaux, et qui en 1804 avait assisté au couronnement de Napoléon fut plus tard, par décret de Napoléon (1808-1809), dépouillé de tout pouvoir temporel ; les monuments et les trésors artistiques de Rome furent mis sous la protection française. Napoléon déclara : « La donation de territoires consentie au Saint Siège par notre illustre prédécesseur, Charlemagne, sera transféré... Urbino, Ancône, Macerata, seront réunis pour toujours au royaume d'Italie » .

 Un écrivain catholique (*) [Chair of St Peter pp. 439, 440.] fait ressortir l'importance de ces faits :

 « Aux conditions précédentes, on ajouta que le pape continuerait d'être l'évêque de Rome, d'exercer ses fonctions spirituelles, comme ses prédécesseurs l'avaient fait autrefois, jusqu'au règne de Charlemagne.  L'année suivante, enhardi par ses succès militaires, l'empereur résolut d'enlever au pape sa souveraineté maintenant nominale, qui n'était plus que l'ombre même du pouvoir temporel qu'il avait encore conservé dans sa capitale et dans les districts avoisinants. [La Papauté avait exercé cette souveraineté depuis l'an 539 de notre ère, longtemps avant le don de Charlemagne]. En conséquence, Napoléon  promulgua un nouveau décret, signé dans le palais des Césars d'Autriche, qui faisait de Rome une ville libre et impériale, dont l'administration civile serait confiée à un conseil nommé alors par l'Empereur ; les monuments et trésors artistiques de la ville seraient, placés sous la protection de la France. En outre,  le pape ayant cessé de régner, une pension serait accordée, à sa sainteté ».

A la suite de ces événements, Pie VII lança une bulle d'excommunication contre Napoléon ; ce dernier le fit prisonnier, le fit emmener en France où le pape dut finalement signer le Concordat de Fontainebleau, le 25 janvier 1813 ; cet acte accordait à Napoléon le droit de nommer les évêques et les archevêques sans que le pape pût s'y opposer. De ce fait, Napoléon avait acquis l'autorité d'un pape, ce qu'il désirait depuis longtemps.

 Les catholiques romains ont parfaitement remarqué l'importance des événements qui inaugurèrent le dix-neuvième siècle. Ils admettent non seulement toutes les pertes et humiliations subies, mais ils déclarent que le règne millénaire de la papauté (depuis que Charlemagne donna au pape les États pontificaux en l'an 800) fut aboli par Napoléon ; car, depuis ce dernier, la Papauté ne conserve plus que l'ombre du pouvoir. La Papauté prétend que, comme le Royaume de Christ, elle a accompli le règne prédit sur les nations, mentionné en Apoc. 20 : 1-4 ; elle déclare que le temps actuel de tribulations qui est descendu sur elle n'est autre que le « peu de temps » pendant lequel Satan est délié (versets  7 et 9). Seuls ceux qui voient dans la papauté la contrefaçon du véritable Christ édifiée par Satan, et reconnaissent la véritable Église et le véritable règne de Christ, peuvent pleinement comprendre cela.

 Le lecteur aura pu se convaincre, par ce qui précède, que la période de la Révolution française et de la puissance de Napoléon fut une période remarquable dans l'histoire de la Papauté ; et l'influence papale qui fut alors brisée n'a jamais été reconquise. Malgré quelques faveurs accordées de temps en temps, ce ne fut que pour peu de temps et elles furent suivies de nouveaux outrages jusqu'à ce qu'en 1870, tout pouvoir temporel des papes cessa de nouveau. Nous croyons qu'elle ne reverra plus jamais sa splendeur passée. Rappelons-nous aussi que ce furent les soldats de Napoléon qui mirent fin aux Inquisitions, aux tortures et exécutions publiques pour cause de convictions religieuses.

 La destruction partielle de la domination cléricale et de la superstition a conduit à l'incrédulité ouverte ; par contre, la disparition de la vénération superstitieuse envers des hommes a amené chez les véritables enfants consacrés de Dieu des pensées plus nobles, plus intelligentes ; beaucoup d’hommes n'osaient pas autrefois penser  par eux-mêmes, ou étudier par  eux-mêmes les Écritures. Cette révolution favorisa donc le développement de la vérité et de la véritable chrétienté en provoquant du zèle pour l'étude de la Bible. Elle fit réellement progresser la bonne oeuvre commencée par la Réformation au temps de Luther car cette dernière avait été grandement entravée par l'ignorance et la servilité des masses ainsi  que par l'amour du pouvoir, des situations honorifiques  et du bien-être de la part du « clergé ».

Nous avons ainsi montré que 1799 commença la période appelée le Temps de la Fin, pendant laquelle la Papauté doit être détruite pièce par pièce, et que Napoléon lui enleva non seulement les dons de  territoires de Charlemagne mille ans après qu'ils  eurent été faits mais aussi plus tard la juridiction civile de  la Papauté sur Rome ; juridiction qui avait été instituée nominalement par la promulgation du décret de Justinien en l’an 533 de notre ère et, d'une manière effective lors du renversement de la monarchie des Ostrogoths en l'an 539,  exactement  1.260 années avant 1799. Cette dernière date fut la limite exacte du temps, des temps et de la moitié d'un temps de sa puissance, comme la prophétie l'indiqua à plusieurs reprises. Quoique, dans une certaine mesure, elle l'ait encore prétendu depuis, la Papauté a perdu tout vestige d'autorité temporelle ou civile ; elle a été entièrement « consumée ». L'Homme  du Péché, privé de son pouvoir temporel, maintient ses affirmations et affiche toujours de grandes prétentions, mais, privé de toute puissance civile, il va au-devant d'une destruction absolue dans un temps très rapproché par les coups des masses populaires déchaînées ( agents inconscients et involontaires de Dieu ) selon les claires indications de l'Apocalypse.

 Le Temps de la Fin, ou jour de la préparation de Jéhovah, commence, en 1799 et se en 1914 ; il  est caractérisé par une grande augmentation de la  connaissance si on le compare aux âges passés et doit  se terminer par un temps de détresse tel que le monde  n'en a jamais connu ; il est néanmoins la préparation  conduisant à l'âge béni depuis si longtemps promis, lorsque le véritable Royaume de Dieu, sous la direction du véritable Christ, établira pleinement un ordre gouvernement à l'opposé même de celui de l’Antichrist. Puisque cette période prépare et conduit l'humanité au Royaume, elle mène aussi au grand conflit entre le vieil ordre de choses et le nouvel ordre de choses par lequel ce dernier sera introduit, et quoique le vieil ordre de choses doive disparaître et être remplacé par le nouveau, le changement rencontrera l'opposition violente de toutes les classes sociales privilégiées actuellement. Une révolution universelle en résultera amenant la destruction complète de l'ancien ordre et l'établissement du nouveau.

            Toutes les découvertes, inventions et avantages qui établissent la supériorité de notre époque sur les précédentes,  ne sont que des éléments concourant en ce jour à la préparation de l’âge millénaire qui commence et dans lequel la véritable, et saine réforme et de rapides et positifs progrès seront la règle générale  dans tous Ies domaines, en tout et pour tous. 

NOTE 1 - POUR CETTE ÉTUDE «  LE TEMPS DE LA FIN  »

            Notre première note est relative à la longueur du Temps de la fin [en français Chap. II pp. 7-48. — Réd.].  Lorsqu'il écrivit le livre, croyant que 1914 verrait non seulement la destruction totale des royaumes de ce monde, mais aussi l'établissement complet du royaume clé Dieu, notre pasteur espérait naturellement que le Temps de la Fin ne dépasserait pas octobre 1914, et présenta ainsi le sujet à la page 7. A cette page et à la page suivante en haut il enseignait que l'état, l'église et le capital tels qu'ils existent actuellement auraient été renversés vers la clôture du Temps de la Fin. A la page 35, § 1, il expose que vers sa clôture chaque vestige de la papauté sera anéanti. Il avait raison de placer ces événements dans le Temps de la Fin ; mais les faits prouvent qu'ils ne s'accomplirent pas en 1914. Pourquoi ? Parce que, fait ignoré de notre pasteur, les quarante ans du temps de moissonnage, la Parousie, devaient être suivis des quarante ans du temps de détresse, l'Epiphanie, au cours de laquelle ces institutions  doivent être détruites. Par conséquent le Temps de la Fin doit être de quarante ans plus long que ne le supposait notre pasteur. Quand, comme le montrent les précédentes  citations, il discerna en 1904 que la détresse ne se terminerait pas, mais commencerait en 1914,  il enseigna quelque chose qui impliquait que le Temps de la Fin irait au-delà de 1914 bien qu'il ne s'exprima jamais ainsi sur ce sujet, autant que nous le sachions. De son point de vue, que le Temps de la Fin verrait le renversement complet des royaumes de ce monde et de Babylone, il est évident que nous sommes encore dans le Temps de la Fin, puisque ces royaumes n'ont pas encore été définitivement renversés, et c'est le but de cette note de prouver que nous y serons jusqu'en 1954.

            Puisque le Temps de Détresse et l'Épiphanie sont une seule et même chose, que pendant l'Épiphanie la papauté doit être détruite ( 2 Thess. 2 : 8 ) ainsi que les royaumes de ce monde et Babylone ( Apoc. 16 : 18-20 ; 18 : 21 ), si nous pouvons prouver que l'Épiphanie est une période de quarante ans, il s'ensuivra que le Temps de Détresse, par lequel se termine le Temps de la Fin, est une période de quarante ans et par conséquent que le Temps de la Fin dure de 1799 à 1954. Les considérations suivantes prouvent que l'Épiphanie, est une période de quarante ans :

            (1) Dans les mêmes connexions la Parousie et l'Épiphanie  sont appelées des jours, et chacune est séparément appelée un jour — un jour symbolique ( Luc 17 : 22 ) — la Parousie était «I'un » des deux « jours » du Fils de l'Homme ; 26, « jours » ; 28, «  jour » — l'Épiphanie est le jour de la révélation de notre Seigneur ; 2 Tim. 3 : 1 ; 2 Pi. 3 : 3. Puisque chacune est appelée un jour et qu'il est parlé des deux ensemble comme des jours, et puisque le jour de la Parousie est de quarante ans, il s'ensuit que le jour de l'Épiphanie est pareillement de quarante ans.

            (2) Le double séjour de quarante jours de Moïse sur la montagne typifie  ces deux périodes : les quarante jours de chaque séjour typifiant  quarante ans, quarante pour la Parousie et quarante pour l'Épiphanie, la montagne représentant le royaume, que Le Christ gravit de deux points de vue, ceux de la Parousie et de l'Épiphanie.

            (3) Les périodes de quarante ans chacune pour à la fois la Parousie et l'Épiphanie sont exigées pour étendre, la nuit symbolique de 1799 à 1954, afin que le minuit exact soit en avril 1877, ( le même laps de temps existe d'octobre 1799 à 1877 et d'avril 1877 à octobre 1954 ) exigé par la parabole des vierges sages et des vierges folles et par les faits accomplis concernant avril 1877 comme étant le moment où retentit le cri : Voici l'Époux.

            (4) Quarante ans semblent être la période biblique pour l'épreuve conformément aux lignes de certains principes, comme les quarante ans de l'épreuve-type dans le désert,  les quarante ans des règnes de Saül, de David et de Salomon, comme temps d'épreuves-types, et les quarante ans d'épreuve pendant les Moissons judaïque et évangélique,  typifiés  par les quarante jours d'espionnage du pays, etc,, etc., etc, ; en conséquence, nous devrions nous attendre à ce que la Grande Foule et les Jeunes Dignes comme classes aient similairement  quarante ans — l'Épiphanie ( 2  Tim. 4 : 1 ; Apoc. 7 : 14 ) — réservés pour leur période d'épreuve selon les lignes des principes pertinents.

            (5) Le Seigneur assignant douze heures pour un jour ouvrable ( Jean 9 : 4 ; 11 : 9 ) et prévoyant un soir dans la parabole du denier, et par conséquent une nuit pour suivre le jour (de quarante ans) du moissonnage  ( Matt. 20 : 8 ), montre que la période symbolique ( les douze heures de nuit qui suit le jour du moissonnage de la Parousie ( les douze heures du jour de quarante ans ) doit être d'égale longueur, prouvant ainsi que l'Épiphanie l'est pareillement de quarante ans, la première étant non seulement le jour et la dernière la nuit de la parabole, mais aussi le jour et la nuit des Ps. 91 : 5, 6 et 121 : 6.

            (6) Les faits accomplis de six des Huit grands jours prodigieux prouvent qu'ils sont de huit décades (quatre vingt ans), et prouvent pareillement que leurs premiers quarante ans, 1874 à 1914, couvrent la Parousie, et que les seconds quarante ans couvrent l'Épiphanie, 1914 à 1954.

            (7) En Lév. 12 la purification de la mère d'un fils pendant quarante jours représente la purification de la Vérité, développant le Petit Troupeau et ses serviteurs pendant les quarante ans de la Parousie, tandis que la purification de la mère d'une fille pendant quatre-vingts jours représente la purification de la Vérité développant la Grande Foule et ses serviteurs pendant les quatre-vingts ans de la Parousie  et de l'Épiphanie ensemble, ce qui prouve par conséquent que l'Épiphanie  est une période de quarante ans.

            (8) Parce que le temps de la présence secrète de notre Seigneur (la Parousie et l'Épiphanie)  est une période de ténèbres pour le monde ( Es. 60 : 1, 2 ; Thess. 5 : 1-5 ; Luc. 17 : 26-30 ; Matt. 24 : 37-39 ), elle est symboliquement appelée une nuit ( Ex. 11 : 4 ; 12 : 29 ) dans laquelle la grande tribulation commencerait au milieu exact et ainsi commencerait à tuer le premier-né antitype, ce qui prouve que 1914 est ce milieu exact, d'où 1954 doit être sa fin, puisque 1874 fut son commencement.

            (9) Les quarante ans de pérégrinations d'Israël dans le désert ont une double application selon notre pasteur : Ceux-ci se prouvent être (1) l'Age de l'Évangile comme un temps de pérégrinations symboliques du peuple de Dieu (excepté les Fidèles) à cause de son incrédulité dans le temps du moissonnage judaïque, et (2) la période de l'Épiphanie  comme un temps de pérégrinations symboliques du peuple de Dieu (excepté les Fidèles) à cause de son incrédulité dans le temps du moissonnage évangélique. Par conséquent l'Épiphanie  est une période déterminée de quarante ans dans la petite figure de ce type, comme un Age de l'Évangile en miniature. Ces points, de l'identité entre l'Épiphanie et le Temps de Détresse, prouvent donc que le Temps de Détresse dure quarante ans et, puisque sa fin marque la clôture du Temps de la Fin, que celui-ci se termine en 1954.

            (10) Sous le paragraphe (3)  nous donnions une preuve que l'Épiphanie  est de quarante ans, paragraphe qui demande en cette connexion un plus ample commentaire pour montrer toute la force de l'argument ainsi qu'un autre sous le même rapport, lequel sera notre dixième point, montrant que le Temps de la Fin dure jusqu'en 1954. L'argument pivote sur plusieurs passages. Le premier de ceux-ci est Matt. 25 : 1-13 particulièrement le v. 6 qui nous dit qu'à minuit le cri retentit, Voici l'Époux ! Ce fut en avril 1877 qu'une campagne fut concertée pour proclamer que la seconde présence de notre Seigneur était un fait accompli. Cette campagne fut l'accomplissement du cri de minuit de la parabole. Les faits suivants prouvent que cette campagne commença en avril 1877. Vers octobre 1876, fr. Russell était pleinement convaincu que le second avènement de notre Seigneur était survenu en automne 1874. Il eut cette conviction au cours de ses études avec Mr. N. H. Barbour pendant les soirées à la fin du printemps et pendant les soirées de l'été de 1876, à Philadelphie, où, profitant de l'Exposition du Centenaire, il dirigeait un magasin (Z' 16, 171 §10). Ce fut au commencement de l'automne que notre pasteur finança et dirigea la préparation de la brochure, Les Trois Mondes, écrite par Mr. Barbour (§  12) et publiée en avril 1877 (Vol. II, 223, § 1, éd.  fse 1953, p. 238 § 2). Cette brochure constituait les principaux moyens littéraires d'annoncer le message, Voici l'Époux. Immédiatement dès sa sortie de presse elle fut mise en circulation. Le lendemain de la clôture de l'Exposition du Centenaire, le 11 nov.  1876, notre pasteur commença à liquider ses affaires à Philadelphie, préparant son retour à Allegheny. Il y passa l'hiver en préparant son travail, ses conférences, etc... pour la part qu'il allait prendre dans la campagne de proclamation de la présence de l'Époux. Soutenus par la vente de la brochure et par la bourse de notre pasteur (§  13), celui-ci et fr. Barbour débutèrent en avril 1877 comme pèlerins à prêcher et à, faire des conférences sur ce message, et ainsi commença l'accomplissement du cri de minuit de Matt.  25 : 6. En conséquence, les faits accomplis prouvent que le minuit de cette parabole est avril 1877. Cela étant prouvé, examinons les choses qui s'y rapportent.

            Mais quand commença cette nuit et quand se terminera-t-elle ? Nous répondons : Elle commença en oct. 1799 et finira en oct. 1954. Nous arrivons à cette conclusion de la manière suivante : Il n'y a pas moins de cinq nuits symboliques  mentionnées dans la Bible : la nuit du péché, d'une durée de 6.000 ans ( Ps. 30 :  5 )  la nuit du Temps de Détresse ( Es. 21 : 11, 12 ; Ps. 91 : 5, 6 ) ; la nuit du Temps de la Fin ( Matt. 25  : 1-13 ; Marc 1 3 :  35  Luc 17 : 34-36 ) ; la nuit de l'Age de l'Évangile ( Ex. 12 : 12 — voir Commentaire ) et la nuit de la Parousie et de l'Épiphanie ( Ex. 12 : 29. ). La nuit mentionnée en Luc 17  : 34-36  ne peut pas être la nuit du Temps de Détresse, c'est-à-dire l'Épiphanie parce que le moissonnage qui y est décrit est un sujet de la Parousie. Ce n'est pas la nuit de l'Age de l'Évangile, pour la même raison ; ni la nuit de la Parousie et de l'Épiphanie, car cette dernière est appelée un jour en cette connexion (v. 28). Ce doit être par conséquent une nuit laquelle, entre autres périodes, renferme la Parousie, qui en elle-même seule est appelée un jour, dont la nuit est l'Épiphanie ( Ps. 91 : 5, 6 ). Évidemment ce n'est pas la nuit du péché, car Jésus, vivant et parlant pendant ce temps n'en aurait pas parlé comme de « cette nuit-là », c'est-à-dire comme une nuit éloignée. Par conséquent, la nuit de Luc 17 : 34-36  est la nuit du Temps de la Fin, laquelle, d'un autre point de vue, c'est-à-dire celui de l'augmentation  de la connaissance est appelée le jour de la préparation. La nuit de Matt. 25 : 1-13  ne peut pas être la nuit du péché, puisque c'était juste avant, et après, la fin de cette nuit, dont traite la parabole. Elle ne peut pas être la nuit de l'Épiphanie parce que quand ces vierges se levèrent ( pendant cette nuit ), ce fut 85 ans avant que commence l'Épiphanie, et parce que son minuit était à 37 ans 1/2  avant l'Épiphanie. Par conséquent la nuit de la parabole des dix vierges fut celle du Temps de la Fin. De même, la parabole des serviteurs veillant au retour du maître ( Marc. 13 : 34-36)  ne pourrait pas symboliser la nuit de l'Épiphanie, parce que notre Seigneur devait venir au commencement de la Parousie. Cela ne pourrait signifier non plus la nuit du péché, puisque, au temps de Jésus ils avaient déjà dépassé le commencement de la veille du chant du coq — 2 heures du matin, ni la nuit de veille du l'Age de l'Évangile, puisque Jésus savait qu'il viendrait à sa fin, tandis que Jésus fait allusion à une nuit dont la première veille — le « soir », 6 heures du soir — n'était pas encore venue. Cela ne peut signifier non plus la nuit de l'Épiphanie, car il devait venir au commencement de la Parousie, ni la nuit de la Parousie-Epiphanie, puisque sa présence devait être reconnue longtemps avant son minuit. Par conséquent, la nuit de ce passage doit donc être celle du Temps de la Fin. Mais puisque cette nuit commença en oct. 1799 et son minuit en avril 1877 c'est-à-dire 77 ans ½ après son commencement, sa fin doit survenir 77 ans ½ après son minuit, c'est-à-dire en octobre 1954. Jésus, naturellement, savait qu’il viendrait quelque part pendant le  Temps de la Fin. Il savait aussi qu'il viendrait avant son minuit, le milieu de sa seconde veille, il sut que sa présence serait proclamée ( Matt.  25 : 6 ) mais à quelle  heure de cette nuit il ne le connaissait pas ( Marc 13 : 32 )  ;  et aucun de ses disciples, ne connaissait l'heure, ni même  pendant laquelle de ses quatre veilles ( Matt. 13 : 32, 35 ) il  viendrait. Par conséquent la nuit de Marc. 13 : 35 est la  nuit du Temps de la Fin. Ces considérations exposées dans  ce paragraphe prouvent que le Temps de la Fin se termine en oct. 1954.

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