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Russell - La vérité sur son œuvre - Volume
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sur : la vie, la mort, l’au-delà
LA NOUVELLE CRÉATION
ÉTUDE IV
* * *
Exposé
général de l'élection. — La pensée exacte. — Aucun dommage pour les non-élus.
— Distinction entre les « élus » et les « élus mêmes. » — « Il
y a un péché qui mène à la mort. » —
« Une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant. »
— La Grande Multitude [ou Foule — Trad.]. — Leurs robes blanchies dans le
sang de l'Agneau. — La vigne élue
et ses sarments. — Diverses élections dans le passé. — Aucune d'elles n'était
éternelle. — Jacob et Ésaü : types.
— « J'ai aimé Jacob et j'ai haï Ésaü. » — Pharaon. — « C'est pour
cela même que je t'ai suscité » [Rom. 9 : 17]. — Dieu ne contraint jamais
la volonté. — Le pharaon ne fut pas une exception à cette règle — « Dieu
endurcit le cœur du Pharaon. » — La nation d'Israël élue. — « Quel est
donc l'avantage du Juif ? Grand de toute manière. » — La « Nouvelle-Création
» élue. — Ce que signifie la « grâce ».
— L'exemple de « la Garde du Roi ». — Prédestinés à « être
conformes à l'image de son Fils ». — « Appelés selon son dessein. » —
Qualifications et caractéristiques des appelés. — « Si Dieu est pour nous.
» — Paraphrase de l'argumentation de l'Apôtre. — Affermir notre vocation
et notre élection. — La course. — « Je cours droit au but. » — «
Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection » (D.).
* * *
La
doctrine de l'élection, telle qu'on la comprend généralement, est très
rebutante, pleine de partialité et d'injustice, mais c'est là le résultat
d'une mauvaise compréhension de la Parole divine sur ce sujet. L'élection
enseignée dans les Écritures et que nous allons nous efforcer d'exposer, doit
être reconnue par tous comme l'une des plus importantes doctrines de la Bible :
elle est non seulement fondée sur la grâce mais aussi sur la justice, l'équité,
et elle est totalement dépourvue de partialité. En bref, d'après la
conception erronée de l'élection, Dieu ayant condamné toute la race humaine
à la torture éternelle, aurait choisi pour la sauver un « petit troupeau »
seulement, en permettant à l'immense reste des humains de descendre dans les
horreurs inexprimables auxquelles la prescience divine les aurait prédestinés
avant leur création. La confession de Westminster qui expose avec le plus de
compétence cette fausse conception toujours existante, déclare de façon précise
que ce « petit troupeau d'élus » ne doit pas être considéré comme étant
sauvé en raison d'un mérite ou d'une dignité quelconques, mais tout
simplement et seulement par la volonté de Dieu.
La
pensée exacte touchant l'élection, celle que toute la Bible soutient, comme
nous allons le montrer, est tout le contraire de ce qui précède. C'est la mort
(et non la vie éternelle dans la torture) qui fut le châtiment infligé à
notre race et elle en frappe chacun de ses membres à cause de la désobéissance
d'un seul. C'est la grâce de Dieu manifestée dans la rédemption par Jésus
qui racheta le monde entier par son sacrifice lequel fut la « propitiation
[satisfaction] pour nos péchés [ceux de l'Église] et non pas seulement pour
les nôtres, mais aussi pour [les péchés du] le monde
entier » (1 Jean 2 : 2). Dieu décida que son Fils unique engendré
devait avoir le privilège de racheter la race au prix de sa propre vie, et
qu'en récompense il serait hautement élevé à la nature divine (*) [vol. V,
chapitre V.] et, finalement, « bénirait toutes les familles de la terre
» en les réveillant du sommeil de la mort, en les amenant à la connaissance
de la vérité, et en aidant les bien disposés et les obéissants à obtenir la
pleine perfection de la vie humaine et toutes les bénédictions et les
conditions supérieures à celles de l'Eden.
Dieu
décida également d'avoir un certain nombre de « saints » sous son
Unique-engendré comme ses cohéritiers dans la gloire, l'honneur et
l'immortalité de la Nouvelle-Création et dans l’œuvre de bénédiction de
l'humanité par le rétablissement. Le présent Age de l'Évangile
n'a pas été destiné à bénir et à rétablir ainsi le monde, mais
simplement à appeler hors du monde un petit troupeau qui constituerait les «
élus mêmes » de Dieu après avoir soutenu victorieusement des difficultés et
des épreuves de foi, d'amour et d'obéissance et de cette manière avoir «
affermi leur vocation et leur élection
(2 Pi. 1 : 10 — Seg). Pourtant, l'appel et l'élection de ce « petit troupeau
» ayant lieu de cette manière ne causent aucune difficulté, aucun
dommage aux non-élus, lesquels ne sont en aucun sens condamnés davantage
parce qu'ils ne sont pas appelés — parce qu'ils sont mis de côté. Il en est
exactement de même pour la grande majorité des gens de ce pays : ils ne sont
ni lésés ni condamnés lorsqu'une élection a eu lieu pour nommer des
fonctionnaires du gouvernement et qu'ils n'ont pas été parmi les élus. De même
que le but des élections terrestres est de désigner des personnes compétentes
capables de travailler au bien des gens en général grâce à des lois et à
une administration sages, ainsi la bénédiction préparée par Dieu ne cause
aucun dommage aux non-élus, mais est destinée à les favoriser : les élus
constitueront les juges royaux, les rois et les prêtres de l'Age
millénaire et sous leur administration toutes les familles de la terre
seront bénies.
On
trouve dans les Écritures de très nombreuses références
aux « élus » et aux « élus mêmes » : cette dernière expression
implique que l'on peut comprendre que le terme « élus » s'applique à tous
ceux qui entrent dans une certaine condition de parenté avec Dieu, dans
laquelle ils ont l'espérance, ou la perspective de l'immortalité, étant des
membres de l'Église glorifiée ; toutefois, il est également possible qu'ils
tombent et qu'ainsi ils cessent de faire partie de la classe élue. En d'autres
termes, tous ceux de la classe consacrée qui acceptent le haut-appel de
Dieu à la Nouvelle-Création sont comptés au nombre des élus lorsque
leurs noms sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau et qu'une couronne leur
est réservée, mais comme l'infidélité peut conduire à l'effacement de ces
noms et à l'attribution de leurs couronnes à d'autres (Apoc.
3 : 5, 11), ainsi cesseraient-ils alors de faire partie de l'Église
élue. Au contraire, les « élus mêmes » seraient ceux qui,
finalement, obtiendront les bénédictions auxquelles Dieu a appelé les fidèles
dans le présent Age de l'Évangile,
ceux qui « affermissent leur appel et leur élection » par leur fidélité
aux arrangements et aux conditions requises, jusqu'à la mort même.
Les Écritures attirent notre attention sur deux classes qui manquent d'affermir leur
appel et leur élection. L'une de ces classes — peu nombreuse, cependant, nous
avons quelque raison de le croire — non seulement perdra les récompenses des
élus, mais en outre perdra la vie elle-même — dans la Seconde Mort. C'est à
cette classe que fait allusion l'Apôtre Jean
lorsque, discutant de la classe de l'Église,
il dit : « Il y a un péché qui ne mène pas à la mort... [et] il y a
un péché qui mène à la mort ; ce n'est pas pour ce péché-là que je dis
de prier » (1 Jean 5 :16 — Seg.). Il sera inutile de prier ou d'espérer pour
ceux qui commettent le péché qui conduit à la mort. Ce péché est mentionné
dans les Écritures comme étant un péché contre le saint Esprit de Dieu
; il est commis non involontairement ni par ignorance, mais comme étant le résultat
d'une obstination à faire ce qui, au moins au début, avait été clairement
reconnu comme mauvais ; si cette opiniâtreté persiste, elle finit par devenir
une monstrueuse aberration car l'Éternel abandonne ces obstinés à l'erreur qu'ils ont préférée à
la Vérité. — 2 Thess. 2 : 10-12.
Les Apôtres Pierre et Jude parlent de cette classe en des termes à peu près semblables (voir Jude 11 à 16 ; 2 Pi. 2 : 10-22). Tous ceux-là, à un moment donné, furent parmi les élus dans l'Église (aucun d'entre eux n'est du monde, lequel n'est pas à présent à l'épreuve ou en jugement mais le sera bientôt sous le Royaume millénaire). Au lieu de marcher selon l'Esprit sur les traces du Seigneur, dans la voie du sacrifice, ils « marchent selon leurs propres convoitises [désirs] (tandis que leur bouche prononce d'orgueilleux discours), et admirant les hommes en vue de [leur propre] profit », ils cherchent à plaire aux hommes parce qu'ils y voient leur propre intérêt ; ils sont loin de leur alliance de consécration jusqu'à la mort (Jude 16). Pierre fait de cette classe de personnes une description plus explicite encore. Il déclare qu'elles « avaient échappé aux souillures du monde par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, étant de nouveau enlacées, elles sont vaincues par elles » comme « le chien est retourné à ce qu'il avait vomi lui-même, et la truie lavée, à se vautrer au bourbier ». Il les compare à Balaam abandonnant la voie de la droiture pour un gain terrestre. Ses paroles impliquent qu'on trouvera cette classe principalement parmi les docteurs de l'Église, et surtout à la fin de l'Age actuel ; leur mauvaise conduite consistera en partie à « injurier les dignités » — ceux que Dieu a honorés et « placés » dans le corps. — 2 Pi. 2 : 1, 10.
Dans
l'épître aux Hébreux, nous avons deux descriptions de cette classe qui tombe,
qui cesse de faire partie des élus. Dans la première (6 : 4-9), l'Apôtre
semble désigner ceux qui, après avoir goûté le don céleste et les
puissances du siècle à venir, après avoir eu part au saint Esprit et avoir été
acceptés comme membres de la classe élue, retombent dans le péché — non
pas à cause de la faiblesse inévitable de la chair et des séductions de
l'Adversaire, mais en abandonnant
volontairement et en connaissance de cause la droiture. Ceux-là, l'Apôtre
nous en donne l'assurance, ne pourront être renouvelés à la
repentance. Ayant eu leur part des bienfaits provenant du grand sacrifice de la
rançon et ayant choisi de mépriser la faveur de Dieu, ils ont ainsi usé et
abusé de leur part dans la réconciliation ; en conséquence, il ne reste plus
rien pour eux. D'autre part, comme c'est de propos délibéré qu'ils ont pris
cette position, les appels de la droiture (« righteousness
») n'auront plus désormais aucun effet sur eux.
Dans
un autre chapitre (10 : 26, 27, 31), l'Apôtre
décrit apparemment une autre classe de gens qui, au lieu de retomber
dans une vie de péché et de mauvaise réputation, abandonnent la foi qui les
justifiait et qui est indispensable à leur maintien comme justifiés dans leurs
rapports avec Dieu.
Dans
les deux cas, on remarquera que c'est le fait de pécher volontairement qui
constitue la gravité du mal : « si nous péchons volontairement après
avoir reçu la connaissance de la vérité [après avoir été favorisés par
Dieu en Christ, en sagesse, justification et sanctification] il ne reste plus de
sacrifice pour les péchés ». Le
sacrifice que Christ a fait en faveur de tous le fut pour le péché originel,
pour le péché adamique et les faiblesses héréditaires qu'il a entraînées
pour nous, enfants d'Adam. Notre Seigneur n'a donné aucun prix de rançon pour
un péché volontaire quelconque de notre part ; par conséquent, si nous péchons
volontairement, il ne reste rien du mérite originel à appliquer à cause de
nos transgressions volontaires. Nous serions obligés de payer le châtiment de
nos péchés volontaires. Si les péchés étaient prémédités, pleinement
volontaires, sans qu'aucune mesure de faiblesse ou de tentation ne pût accorder
des circonstances atténuantes, et s'ils étaient commis après avoir eu une
claire connaissance de notre position et de notre alliance avec Dieu, ce
seraient des péchés qui mènent à la mort (la Seconde Mort) ; il n'y aurait
plus rien à espérer, mais seulement la terrible attente d'un jugement, d'une
sentence, une ardente indignation qui dévorera tous les adversaires de Dieu,
tous ceux qui, sciemment, se sont opposés à lui, à sa droiture et à son plan
lequel assurait cette droiture par la rédemption qui est en Christ Jésus notre
Seigneur.
Au
verset 29, l'Apôtre semble
impliquer qu'il se rapporte ici à ceux qui, après avoir compris l’œuvre de
réconciliation de Christ en tant que Rédempteur, défient cette oeuvre
estimant profane (ou ordinaire) son sang précieux qui garantit la Nouvelle
Alliance et méprisant ainsi l'Esprit de
grâce, la grâce de Dieu qui pourvut à cette réconciliation et à cette
communion avec notre Rédempteur dans son sacrifice et sa récompense. Ceux qui
méprisèrent Moïse et la Loi dont il était le médiateur, moururent sans miséricorde,
bien que la sentence de mort qui les frappait ne fût pas destinée à être éternelle.
Cependant, ceux qui méprisent le Moise-antitype, et qui, ainsi, méprisent le privilège de la communion au
sang de Christ, méprisent du même coup Dieu qui fit cet arrangement en leur
faveur, seront estimés dignes d'un châtiment plus sévère que celui qui
frappa les violateurs de l'Alliance de la Loi. Il sera plus sévère dans le
sens que ce sera une peine de mort de laquelle il n'y aura aucune rédemption,
aucune résurrection, aucune restauration ; ce sera la Seconde Mort. Il n'est
pas étonnant que l'Apôtre nous
avertisse, à ce sujet, que nous prenions garde à la manière dont nous nous
comportons à l'égard des dispositions de la grâce divine ; il nous assure que
si nous ne sommes plus protégés par le soin protecteur de notre Avocat que
Dieu a désigné — Jésus — cela reviendrait à rien de moins que de tomber
entre les mains du Père, le grand Juge qui ne peut admettre aucun péché,
accepter aucune excuse, dont la provision abondante mais unique à la miséricorde
envers des pécheurs est la rédemption par Christ Jésus notre Seigneur.
LA
GRANDE MULTITUDE (*) [Ou Foule — Trad.]
Comme
nous l'avons déclaré, en dehors de ceux qui, tombant de la position des élus,
vont dans la Seconde Mort, il existe encore une autre classe portée à notre
attention : ses membres n'affermissent pas leur appel et leur élection, mais
ils n'iront pas dans la Seconde Mort parce qu'ils n'ont pas péché
volontairement dans des cas graves, ni rejeté le mérite du sang précieux.
Cette classe, nous l'avons déjà mentionnée comme étant la « Grande
Multitude » qui sortira de la grande tribulation ; ses membres laveront leurs
robes et les blanchiront dans le sang de l'Agneau ; cependant, s'ils obtiennent
une nature spirituelle et une grande bénédiction, en participant comme invités
au banquet des noces de l'Agneau, ils
manqueront néanmoins le grand prix qui doit revenir aux vrais élus seulement,
aux fidèles vainqueurs, à ceux qui suivront les pas de Jésus avec joie et de
tout leur cœur (Apoc. 7). Cette
Grande Multitude ne réussit pas à maintenir sa place dans les élus, elle ne réussit
pas à faire partie des « élus mêmes »
à cause de son zèle insuffisant pour le Seigneur, la Vérité et les frères,
parce que les membres de cette classe sont en partie « surchargés par les
soucis de cette vie ». Néanmoins, puisque leur cœur est loyal au Rédempteur
et qu'ils maintiennent leur foi dans le sang précieux, qu'ils y tiennent ferme
et ne le renient pas, en conséquence le Seigneur Jésus, notre Avocat, le Chef
de notre Salut qui conduit les vrais élus à la gloire par la voie du sacrifice
volontaire, conduira aussi ses membres de la Grande Multitude à une bénédiction
spirituelle — à la perfection sur un plan inférieur d'être-esprit —
parce qu'ils ont eu confiance en lui et n'ont renié ni son nom, ni son œuvre.
Dans sa parabole de la Vigne, notre Seigneur fait allusion à l'Église élue, la Nouvelle-Création ; il nous dit qu'il est la Vigne et que ses fidèles disciples consacrés qui marchent sur ses traces en sont les sarments. Il nous assure que le fait d'être des sarments ne signifiera pas qu'ils seront exempts d'épreuves et de difficultés, mais qu'au contraire, le Père, le grand Vigneron, fera en sorte que nous ayons des épreuves de foi, de patience et de dévouement, que ces choses puissent nous tailler, de manière que nos affections soient moins portées sur des choses, des espérances et des ambitions terrestres ; il fera ainsi pour que nous puissions produire plus de fruits de l'Esprit : douceur, patience, amabilité, longanimité, affection fraternelle, amour, et que ces choses puissent être en nous et qu'elles abondent de plus en plus en sorte qu'une riche entrée puisse nous être accordée dans le Royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, comme membres de la Nouvelle-Création. — 2 Pi. 1 :11.
Cependant,
notre Seigneur nous prévient que le fait d'obtenir une place parmi les vrais
sarments de la vraie vigne n'est pas suffisant : il faut que l'Esprit
de la Vigne soit en nous, il faut que la disposition à porter le fruit
de la Vigne soit dans notre cœur. Le Vigneron nous permettra de demeurer comme
sarments pendant un temps raisonnable, afin qu'il puisse savoir si oui ou non
nous donnons la preuve que nous portons les fruits convenables ; sinon il nous
condamnera comme incapables. Nous sommes aussi avertis qu'il ne s'attendra pas
à trouver des grappes mûres sur le jeune sarment, ni même des raisins verts.
Il cherchera plutôt en premier lieu les faibles indications des bourgeons à
fruits, plus tard l'épanouissement de ceux-ci en fleurs du raisin, plus tard le
fruit vert, et plus tard encore sa maturité savoureuse.
Le Vigneron montre une longue patience dans l'attente ou développement
de ce fruit de la Vigne « que la droite de mon Père a plantée »
(Ps. 80 : 15) ; mais
si, après un temps raisonnable, il ne trouve aucun fruit, il retranche ce
sarment comme un rejeton qui absorberait la force et la nourriture de la Vigne
pour son propre développement et non pour la production du fruit désiré.
C'est ainsi que notre Seigneur nous indique clairement que nous devons affermir
notre appel et notre élection en produisant des fruits de sainteté dont la
fin, ou récompense, est la vie éternelle.
ÉLECTIONS
DIVERSES DANS LE PASSE
Notons
quelques autres élections portées à notre attention dans les Écritures, afin
qu'ainsi notre entendement puisse être élargi et développé sur ce sujet
avant de considérer la forme d'élection particulière qui nous intéresse au
premier chef : celle de la Nouvelle-Création. Il nous faut distinguer
clairement entre les élections qui ont précédé le premier avènement de
notre Seigneur et l'élection de la Nouvelle-Création avec Christ comme Tête,
Chef, Guide, etc. De cette dernière classe, il est dit: « Vous êtes appelés
pour une seule espérance de votre appel » [Eph. 4 : 4], mais les élections
des temps antérieurs servirent d'autres buts et accomplirent divers desseins de
Dieu. Abraham fut élu [ou choisi — Trad.]
pour être un type de l'Éternel (Jéhovah),
et sa femme Sara un type de l'Alliance abrahamique
par laquelle le Messie viendrait. La servante Hagar fut élue pour être un type
de l'Alliance de la Loi, et son
fils Ismaël un type des Israélites naturels [ou selon la chair — Trad.].
Bien que né le premier, Ismaël ne devait pas être un cohéritier
d'Isaac, le fils de la promesse. Isaac fut élu pour être un type de Christ, et
sa femme Rébecca un type de l'Église, l'Épouse,
la femme de l'Agneau, tandis qu'Eliézer, le serviteur d'Abraham, fut élu
pour être un type du saint Esprit dont la mission serait d'inviter l'Église,
de l'aider et finalement de l'amener avec les vierges, ses compagnes, à Isaac.
Ces
élections n'engageaient ni ne concernaient en aucun sens l'avenir éternel
d'aucune de ces personnes, mais dans la mesure où ces types élus servirent à
l'Éternel, ils reçurent
probablement certaines bénédictions en compensation dans la vie présente.
Dans la mesure où ils entrèrent dans l'esprit du plan divin, encouragement et
joie les récompensèrent pleinement pour tous sacrifices et épreuves occasionnés
par leur choix [ou élection — Trad.] et
leur service comme types. Raisonnant sur ce sujet même de l'élection, et
essayant de montrer que nulle injustice n'avait été faite à Israël selon la
chair du fait que Dieu s'est tourné vers les Nations [ou Gentils — Trad.]
pour trouver chez elles le nombre complémentaire des élus de la
Nouvelle-Création, l'Apôtre fait
ressortir que le Tout-Puissant a des faveurs à dispenser et qu'il lui
appartient exclusivement de décider à qui elles iront. Il montre que Dieu
donna à Israël selon la chair (ou Israël naturel) en tant que nation,
certains privilèges et faveurs, et à certains de leurs ancêtres, en tant
qu'individus, des privilèges et des faveurs en les employant comme des types et
en les bénissant en conséquence. Mais l'Apôtre
montre également que l'Éternel n'était
en aucun sens du mot obligé de continuer à accorder ses bénédictions, à
eux, de préférence à d'autres non moins dignes. Au contraire, il était
parfaitement juste que l'Éternel cessât
d'accorder ses faveurs à ceux qui ne voulaient pas s'en servir, et de les
attribuer à d'autres. — Romains,
chapitres 9 ;10 ; 11.
En
outre, l'Apôtre voudrait nous
faire comprendre que l'Éternel prévit
quel serait le résultat de ses faveurs accordées à Israël naturel : après
avoir profité de ses bénédictions, ce peuple (sauf un petit « reste » —
Rom. 9 : 27-32) ne serait pas dans une condition convenable pour recevoir
la plus grande de toutes les bénédictions qu'il avait à donner, celle du prix
du « haut-appel » pour former la Nouvelle-Création. Comme
exemple, il attire l'attention sur les deux fils d'Isaac et nous montre que Dieu
prévit quelle serait la situation des centaines d'années plus tard en opérant
un choix arbitraire entre les deux fils de Rébecca, Jacob et Ésaü. L'Éternel
fit deux types de ces
jumeaux, l'un pour représenter les fidèles, la Nouvelle-Création,
l'autre pour représenter Israël naturel, qui préférerait les choses de la
vie présente et vendrait ses privilèges célestes pour un plat de lentilles
— pour de bonnes choses terrestres. Dans le cas de Jacob et d'Ésaü, l'élection
de Jacob pour être un type de vainqueurs fut certainement une bénédiction
pour lui, bien qu'il lui en coûtât beaucoup, mais celle d'Ésaü pour être un
type de la classe de ceux qui ont l'esprit tourné vers les choses naturelles
qu'ils préfèrent aux choses célestes, ne fut nullement à son désavantage.
Cela ne signifiait en aucune façon qu'il devrait aller dans le tourment éternel,
ni qu'il devrait souffrir quoi que ce soit dans la vie présente. Au contraire,
il fut béni — de même que les hommes du monde, aujourd'hui, les hommes
naturels ont des bénédictions d'un genre que l'Éternel
a, avec bienveillance, refusé aux Nouvelles-Créatures élues parce
qu'étant moins favorables
à leurs intérêts spirituels ; de même, il refusa certaines des bénédictions
terrestres à Jacob, afin que, dans ses déceptions, etc., il pût être un type
de cette classe ; néanmoins Jacob eut des joies et des bénédictions qu'Ésaü
n'eut pas et qu'il n'aurait pas appréciées. De même, maintenant, la
Nouvelle-Création au sein des épreuves et des déceptions du temps
actuel, expérimente une paix, une joie et une bénédiction dont l'homme
naturel n'a pas conscience.
La déclaration : « J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Ésaü » (Rom. 9 : 13) est pour beaucoup « une parole dure » parce que le mot « haï » semble marquer un antagonisme qui serait injustifié (dans la mesure où peut le discerner l'entendement humain) : Ésaü ne fit pas plus mal que d'autres hommes et son penchant [pour les choses terrestres — Trad.] était en lui dès sa naissance « avant qu'il n'ait fait ni bien ni mal ». Le terme « haï » signifiait évidemment « aimer moins », comme c'est également le cas en Deut. 21 : 15-17. La pensée est que Jacob fut favorisé de l'Éternel et qu'Ésaü le fut moins, et que tous deux, comme le montre l'Apôtre, furent des types d'Israël naturel et spirituel. La faveur de Dieu pour Israël naturel représenté par Ésaü fut moindre que sa faveur pour Israël spirituel, dernier-né, représenté par Jacob. Avec cette pensée, tout est harmonieux et logique.
«
JE T’AI FAIT SUBSISTER POUR CECI »
Comme
preuve que l'Éternel a toujours
exercé l'autorité, la suzeraineté dans les affaires de l'humanité avec
pleine reconnaissance de son droit à le faire, l'Apôtre cite le cas de Pharaon qui était roi d'Égypte au temps de
la délivrance d'Israël. Il cite les paroles de l'Éternel rapportées par Moise (Exode 9 : 16) : « Mais je t'ai fait
subsister pour ceci, afin de te faire voir ma puissance, et pour que mon nom
soit publié dans toute la terre ». « Ainsi donc il fait miséricorde à qui
il veut, et il endurcit qui il veut ». — Rom. 9 : 17, 18.
Il
y a quelque temps, le gouvernement français mit à part plusieurs prisonniers
que la justice avait condamnés à mort, et les remit entre les mains d'hommes
de science pour qu'ils puissent expérimenter ce que peut faire la peur sur le
genre humain. L'un fut placé dans une cellule et on lui dit qu'un prisonnier y
était mort la nuit précédente de la petite vérole, que, probablement, il
contracterait la même maladie et mourrait avant le matin. La prédiction se réalisa,
bien que la cellule n'eût jamais été occupée par un malade atteint de petite
vérole. Un autre eut les yeux bandés et on lui passa un bras au travers d'une
mince cloison. On lui dit que, dans l'intérêt de la science, on allait le
saigner à mort afin de se rendre compte du temps qu'il faudrait pour amener la
mort d'un homme en le saignant par une petite blessure faite sur une artère du
bras. Il fut simplement égratigné et ne perdit que quelques gouttes de sang,
mais on s'arrangea de manière qu'un mince filet d'eau, portée à la température
du corps, lui coulât le long du bras et qu'il entendît le liquide lui gouttant
des doigts dans un récipient. Il mourut au bout de quelques heures. Personne
n'approuverait qu'un tel traitement fût appliqué à des citoyens respectueux
de la loi, mais personne non plus ne pourrait raisonnablement trouver à redire
à cette manière de faire à l'égard d'hommes dont la vie était déjà
condamnée par la loi. C'est précisément ce qu'il en est du comportement de l'Éternel
à l'égard de la famille humaine : si l'homme avait continué à obéir
à Dieu, il n'aurait pas encouru la condamnation à mort, et dans cette position
il aurait eu certains droits sous la loi divine qu'il ne possède pas
maintenant. En tant que race, nous sommes tous convaincus de péché et tous
condamnés à mort (Rom. 5 :12), et il a plu à l'Éternel
de manifester sa puissance et sa sagesse à l'égard de certains de ces
condamnés d'une manière, et à l'égard d'autres condamnés d'une autre manière,
à son gré. Nous avons déjà remarqué le même principe à propos des Amalécites,
des Hittites et des Cananéens qu'Israël avait reçu l'ordre de détruire, Israël
typifiant les fidèles de l'Éternel dans
l'avenir, et leurs ennemis typifiant les pécheurs et ennemis volontaires de la
droiture dans l'Age futur. Nous
avons remarqué l'illustration du même principe dans la destruction de Sodome
et de Jéricho, dans les hécatombes, par des fléaux, de milliers d'Israélites
et dans le frappement à mort d'Uzza
pour avoir simplement porté la main sur l'arche pour la retenir, violant
ainsi sa sainteté et le commandement de l'Éternel.
L'emploi par l'Éternel de Pharaon et les diverses plaies sur les Égyptiens, y compris le massacre des premiers-nés des hommes et des bêtes et finalement la destruction complète des armées égyptiennes dans la Mer Rouge, entrent dans le cadre de ces illustrations ; les Égyptiens, en effet, faisant partie du genre humain, étaient des condamnés sous la sentence de mort ; ils pouvaient donc, sans la moindre injustice, être traités comme tels pour propager la dignité de Dieu et pour proclamer sa puissance par la délivrance de son peuple-type, Israël. D'autre part, d'une manière semblable, Dieu favorisa abondamment certains de ces condamnés — Abraham, Moïse et d'autres — faisant d'eux des types de bonnes choses qu'il se proposait d'accomplir complètement et effectivement dans le proche avenir, et ce, sans libérer en aucun sens du terme Abraham, Moise, Pharaon ou d'autres de leur part à la sentence de mort, mais en laissant ce travail qui doit être accompli par la rédemption qui est en Christ Jésus notre Seigneur.
Après
avoir discerné clairement le fait que Dieu a exercé une autorité souveraine
parmi ses créatures condamnées, qu'il a décidé que certaines feraient telle
expérience et que d'autres feraient telle autre expérience, et que toutes ces
choses n'étaient que des leçons explicatives sur le sujet pour préparer comme
le montre l'Apôtre, la grande élection
de la Nouvelle-Création durant cet Age de l'Évangile,
nous avons besoin de comprendre que, en aucun cas, Dieu n'a forcé ou
violé la volonté humaine dans l'une quelconque de ces élections. Ceci nous
convaincra que ce serait contraire au programme divin que de forcer la volonté
humaine. En choisissant Abraham, Isaac, Jacob et Moïse, et d'autres, pour
servir de types et d'illustrations, Dieu choisit des hommes dont la mentalité
était en accord général avec ses plans et ses révélations ; toutefois,
aucune force ne s'exerça pour les obliger de quelque manière, s'ils avaient
voulu agir autrement. De même, en choisissant des hommes pour illustrer le côté
opposé et les principes opposés, tels que Ismaël, Ésaü, les Cananéens, les
Sodomites, les Égyptiens, l'Éternel employa aussi des hommes selon leurs
tendances naturelles. Ce que nous aimerions faire ressortir, c'est que Dieu ne
força pas la volonté d'Abraham, d'Isaac, de Jacob, de Moïse, etc., pas plus
qu'il ne força celle de ceux qui firent le mal, et illustrèrent certains
mauvais principes. L'Éternel agit simplement avec des classes particulières
selon leurs propres inclinations.
En disant de Pharaon que c'est dans ce but même qu'il l'avait suscité, nous ne devons donc pas comprendre que Dieu entendait par là avoir formé en Pharaon un caractère mauvais, qu'il l'avait « suscité » dans le sens de l'obliger à être un mauvais personnage. Nous devons comprendre que parmi les divers héritiers au trône d'Égypte, suivant les coutumes de ce peuple, Dieu fit en sorte que, par la mort de certains prétendants de la famille royale, ce fût ce Pharaon particulier qui montât sur le trône parce qu'il possédait un tel caractère obstiné que sa lutte contre Dieu et contre Israël nécessiterait à juste titre les plaies que Dieu avait préordonnées non seulement comme une marque de sa faveur envers Israël et de fidélité aux promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob, mais en plus parce que ces plaies sur l'Égypte étaient destinées dans une certaine mesure à préfigurer, à illustrer les plaies par lesquelles le présent Age de l'Évangile se terminerait — les trois premières et « les sept dernières plaies ». — Apoc. 15 : 1.
Cependant, ce qui embarrasse l'esprit de beaucoup de personnes, c'est le trait particulier de cette illustration de Pharaon qu'on trouve dans la déclaration suivante : « Dieu endurcit le cœur de Pharaon pour qu'il ne laissât pas aller le peuple ». A première vue, cela paraîtrait être en contradiction avec ce que nous venons juste de dire, à savoir que Dieu ne porte pas atteinte à la volonté humaine. Nous croyons, cependant, que cette contradiction apparente disparaît si nous nous souvenons comment l'Éternel endurcit le cœur de Pharaon, c'est-à-dire quelle façon d'agir de la part de l'Éternel eut pour effet de rendre Pharaon plus obstiné. Ce fut la bonté de Dieu qui endurcit Pharaon, sa bonne volonté d'écouter sa prière pour obtenir le secours et d'accepter sa promesse de laisser aller Israël, autrement dit ce fut la miséricorde de Dieu. Si Dieu avait maintenu la première plaie (ou premier châtiment) jusqu'à ce qu'Israël fût libéré, cette seule plaie aurait été suffisante pour accomplir la délivrance ; mais lorsque l'Éternel délivrait le peuple et le pays d'une plaie, Pharaon en concluait que tout était passé, et que peut-être il n'y aurait plus d'autre plaie ; et ainsi, petit à petit la miséricorde divine produisait en lui une hostilité de plus en plus grande. Le sujet vu sous cet angle, la liberté de volonté de Pharaon apparaît de toute évidence, et l'Éternel est innocenté de toute coopération avec le mal. « Toute son oeuvre est parfaite », même si la bonté de Dieu qui devrait conduire les hommes à la repentance, puisse parfois, à cause des conditions imparfaites actuelles, exercer une influence opposée sur eux.
LE
CHOIX (*) [Ou l'élection — Trad. ] DE LA NATION D'ISRAËL
Tous les Chrétiens, familiarisés avec leur Bible, admettront aisément que Dieu choisit Israël d'entre toutes les nations du monde pour être son peuple et pour typifier Israël selon l'esprit. Le prophète Amos (3 : 2) déclare fort à propos : « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ». Par la bouche d'Ésaïe (45 : 4) l'Éternel dit à Cyrus, le roi de Perse qui devait permettre à Israël de retourner de sa captivité : « A cause de mon serviteur Jacob, et d'Israël, mon élu, je t'ai appelé par ton nom ». Le fait qu'il nous soit possible de voir dans cette déclaration une certaine application typique à Christ et à la délivrance, hors de la Babylone mystique, d'Israël nominal selon l'esprit, ne contrarie pas le fait qu'Israël-type soit désigné ici comme l'« élu ». Dans ses arguments clairs et puissants concernant le transfèrement de la faveur divine d'Israël naturel à Israël spirituel (Rom. 9 : 11), l'Apôtre montre distinctement que, pour un temps, la faveur divine fut accordée à Israël naturel comme type du peuple élu de Dieu, bien que l'Éternel eût su d'avance et prédit son rejet de la position de faveur spéciale et son remplacement par un autre Israël selon l'esprit à cette position représentée par Jacob.
L'Apôtre montre comment Israël, en tant que nation favorisée ou élue de Dieu pour un temps, eut « un grand avantage de toute manière » sur toutes les nations environnantes du monde, qu'à lui appartenaient les promesses, qu'il formait les branches de l'olivier, et que Dieu ne retranchait de sa faveur que celles des branches naturelles qui n'étaient pas en accord avec la racine de la promesse et avec le tronc, représenté typiquement par Abraham, Isaac et Jacob. Il indique que ce qu'« Israël recherche, il ne l'a pas obtenu, mais l'élection [les dignes — Jean 1 : 12, 13] l'a obtenu, et les autres ont été aveuglés ». Bien qu'à l'origine, la nation tout entière fût choisie pour recevoir les faveurs plus excellentes de Dieu, néanmoins seuls les fidèles seraient dans la condition convenable de cœur pour devenir des Israélites selon l'esprit lorsque viendrait le temps de cette faveur. Ceux-là furent les élus mêmes de cette nation qui, à la clôture de l'Age judaïque, purent entrer dans la dispensation plus élevée, passant de la maison des serviteurs à celles des fils ( Héb. 3 : 5 ; Jean 1 : 12). L'Apôtre signale que nous, qui par nature, étions des Gentils, « des gens du dehors, forains et étrangers » aux alliances et aux promesses faites à Israël-type, avons maintenant par la grâce de Dieu développé la foi et l'obéissance semblables à celles d'Abraham ; nous sommes appelés à être au nombre des membres de l'épouse de Christ, la vraie semence d'Abraham, prenant ainsi la place des branches retranchées dans le plan originel de Dieu et dans les promesses qui s'y rapportent, mais bien que ces branches retranchées aient été traitées en ennemies pendant cet Age de l'Évangile, néanmoins « en ce qui concerne l'élection, elles sont bien-aimées à cause des pères. Car les dons de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir ». — Rom. 11: 28, 29.
Nous
sommes ainsi informés que certains traits caractéristiques de l'élection
originelle s'attachent encore à Israël naturel, bien que, en tant que peuple,
il ait été rejeté de la principale faveur dans le plan divin, celle de faire
partie de l'Israël spirituel élu. Comme les promesses faites à Abraham, à
Isaac, à Jacob et aux prophètes doivent s'accomplir et qu'ils deviendront les
« princes » ou représentants du Royaume spirituel par toute la terre durant
l'Age millénaire, nul doute que
tout cela concourra grandement à l'avantage de nombre d'Israélites
naturels qui sont actuellement dans une condition d'éloignement et de ténèbres.
Ils pourront et viendront plus
rapidement en accord avec leurs propres conducteurs du passé que le reste du
monde ; ainsi Israël, comme peuple, reprendra la place la plus importante parmi
les nations au commencement du Millénium.
« Car Dieu a renfermer tous [Juifs et nations — D], dans la désobéissance,
afin de faire miséricorde à tous ». — Rom. 11 : 32.
LA
NOUVELLE-CRÉATION ÉLUE
Nous
arrivons maintenant à l'aspect le plus important de notre sujet, dotés
cependant d'une certaine connaissance touchant les élections du passé, et de
la compréhension que beaucoup d'entre elles typifiaient ou préfiguraient cette grande oeuvre de Dieu : l'élection de la Nouvelle-Création.
Nous
avons déjà vu que cette élection n'implique pas que les non-élus
seront lésés, mais qu'au contraire cela implique la bénédiction des
non-élus au temps marqué. Nous pourrions ajouter, à ce propos, que ni
la Justice ni l'Amour ne pourraient objecter quoi que ce soit au fait qu'une
faveur spéciale soit accordée à certains et pas à d'autres, même si ceux
qui sont favorisés n'étaient pas destinés à être des canaux de bénédictions
pour les moins favorisés ou pour les défavorisés. Tel est le sens du terme grâce
ou faveur : il implique qu'on fait
quelque chose qui n'est pas spécialement réclamé ou exigé par la Justice, et
ces termes « grâce » et « faveur » sont maintes fois employés dans les Écritures
à propos de cette classe élue de cet Age de l'Évangile.
« C'est par grâce que vous êtes sauvés » ; et d'autres passages bibliques analogues nous font bien sentir que ce n'était pas une obligation de la part du Tout-Puissant de relever un membre quelconque de la race d'Adam de la sentence de mort, ni de donner à quiconque l'occasion d'obtenir la vie éternelle grâce à une rédemption ; bien plus, Dieu n'était nullement obligé d'offrir le haut-appel (de faire partie de la Nouvelle-Création) à aucune de ses créatures. Tout cela est faveur divine : « grâce sur grâce », ou faveur sur faveur ; et quiconque n'a pas clairement cette pensée à l'esprit, n'appréciera jamais d'une manière convenable ce qui est en train de s'accomplir.
L'Apôtre
Pierre nous donne l'assurance que nous, en tant que classe, fûmes « élus
selon la préconnaissance de Dieu
le Père ». Cependant, sa déclaration ne s'arrête pas là, mais
continue ainsi : « en sainteté de l'esprit, pour l'obéissance et l'aspersion
du sang de Jésus-Christ »
(1 Pi. 1 : 2). Cela signifie que Dieu préconnut
la Nouvelle-Création comme classe, qu'il se détermina par avance
à en justifier les membres par la foi, grâce au sang de Christ ; qu'il préconnut
qu'il y en aurait assez, pour compléter cette classe, avec ceux qui
seraient obéissants et atteindraient à la sanctification par la Vérité.
Rien, dans aucun passage biblique, n'implique une préconnaissance divine des
individus composant la classe élue, exception faite de la Tête (ou Chef —
Trad.) de l'Église. Il nous est dit que Dieu préconnut
Jésus comme son élu. Nous ne voulons pas dire que l'Éternel
est limité dans sa capacité d'identifier les individus qui
composeraient la classe élue, mais simplement que, quelle que soit sa puissance
sous ce rapport, il n'a pas déclaré qu'il avait l'intention de l'exercer. Il détermina
que Christ serait le Rédempteur du monde, et qu'en récompense il serait élevé
comme premier membre : Tête, Seigneur, Chef de la NouvelIe-Création.
Il ordonna également qu'un certain nombre spécifique serait choisi
parmi les hommes pour être ses cohéritiers dans le Royaume — participant
avec lui à la Nouvelle-Création. Nous avons toute raison de croire que
le nombre défini, fixé des élus est celui qui est mentionné plusieurs fois
dans l'Apocalypse (7 : 4 ; 14
: 1), soit 144 000 « rachetés d'entre les hommes ».
Avant la fondation du monde, Dieu choisit ou prédétermina qu'il y aurait une telle classe élue. Nous comprenons cela par analogie avec la décision que, dans l'armée britannique, il y aurait un certain corps de soldats qui formerait « La Garde personnelle du Roi »; il serait composé d'hommes de forte stature et de mensurations spéciales, les divers détails concernant la taille, le poids, etc., étant déterminés à l'avance, et l'effectif de la troupe fixé d'une manière définitive, avant même la naissance des membres actuels qui en font partie. De même que le décret royal fixa ces conditions physiques à remplir et à combien d'hommes s'élèverait l'effectif de cette troupe, ainsi le décret royal du Créateur fixa et limita le nombre de ceux qui constitueraient la Nouvelle-Création de Dieu ; il ne définit pas leurs mensurations physiques, mais leurs qualités morales et leurs conditions de cœur. De même qu'il ne fut pas nécessaire de prédéterminer les noms de ceux qui formeraient « la garde royale », il ne fut pas nécessaire pour notre Créateur de prédéterminer les noms des individus qu'il jugerait acceptables comme Nouvelles-Créatures en Christ, dans les conditions et réserves prescrites.
Ce
point est tout particulièrement porté à notre attention dans un passage
biblique qu'on rappelle et qu'on cite en général mais en partie seulement : «
Car ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés ». Le peuple de l'Éternel
ne devrait pas se contenter de prendre une partie de la Parole divine et
de la séparer de son contexte immédiat. Si nous lisons le reste du passage tel
qu'il est écrit, le sujet tout entier apparaît clairement à notre esprit : «
Ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être
conformes à l'image de son Fils [c'est-à-dire à être des
copies de son Fils], pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères ».
— Rom. 8 : 29 (D).
En
vérité, cette prédestination est différente de celle qui était généralement
comprise par ceux qui ont soutenu la doctrine de l'élection dans le passé.
Suivant leur conception et leur enseignement, on devrait comprendre le passage
ainsi : ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à échapper au
tourment éternel et à recevoir des bénédictions éternelles dans la gloire.
Comme cette opinion diffère de celle que présente l'Écriture
d'une manière raisonnable et convenable ! Dieu a prédestiné que son
Unique-engendré serait la Tête de cette Nouvelle-Création et a prédéterminé
longtemps avant d'appeler n'importe lequel d'entre nous, que personne ne serait
membre de la Nouvelle-Création s'il ne devenait une copie de son Fils.
Comme elle est belle, comme elle est raisonnable la doctrine scripturale de l'élection
! Qui pourrait mettre en doute la Sagesse, la Justice ou l'Amour d'une telle élection,
avec des conditions telles que celles du caractère qui doit ressembler à Jésus,
et en vue d'une telle oeuvre grandiose
que Dieu a projetée ? — afin d'être des cohéritiers de Christ pour bénir
toutes les familles de la terre.
«
APPELÉS SELON SON DESSEIN » — Rom. 8 : 28 - 30
Pour étudier ce sujet, nous ne pouvons mieux faire que de suivre avec soin les paroles de l'Apôtre et son argumentation logique. Dans les versets précédents (22, 23) il nous montre quel est le dessein de Dieu en appelant la Nouvelle-Création : recevoir une grande bénédiction et aussi en donner une à d'autres, savoir à la création gémissante qui soupire et est en travail, attendant la manifestation de ces fils élus de Dieu de la Nouvelle-Création (vs. 21, 22). L'Apôtre continue ensuite en montrant que toutes choses concourent en faveur de cette classe que Dieu appelle à la Nouvelle-Création, que tel est le sens des déceptions actuelles, des épreuves, des vexations, des oppositions du monde, de la chair et de l'Adversaire, à savoir que ces expériences sont destinées à produire en nous les fruits paisibles de la ,justice, le « poids éternel de gloire en mesure surabondante » [2 Cor. 4 :17], à laquelle nous avons été appelés, et à laquelle nous aspirons à juste titre. L'Apôtre découvre avec nous les moyens providentiels de l'Éternel à l'égard de ces appelés pour qui toutes choses concourent favorablement. Nous ne devons penser à notre appel que par rapport à notre Frère aîné et sous sa direction. Personne ne pourrait le précéder, car ce n'est qu'en observant ses pas et en les suivant que nous pouvons espérer devenir participants de sa gloire. D'après la prédestination divine, ces frères de Christ doivent tous être des copies de leur Frère aîné, s'ils veulent devenir des participants de la Nouvelle-Création. Cela ne nous laisserait aucun espoir qu'un membre quelconque de la famille humaine atteigne à cette gloire, si l'Éternel ne nous montrait pas très clairement par ailleurs, les dispositions qu'il a prises pour nous, grâce à la rédemption qui est en Christ-Jésus notre Seigneur : ainsi, les faiblesses charnelles que nous héritons et que nous ne pouvons maîtriser complètement, sont toutes couvertes par le mérite du sacrifice du Rédempteur ; ainsi, l'Éternel peut nous excuser de n'être pas de parfaites copies de son Fils dans la chair ; il peut nous accepter selon sa prédestination, s'il nous trouve être de telles copies de cœur, d'intention, de volonté, c'est-à-dire si nous prouvons notre volonté en maîtrisant la chair autant qu'il nous est possible de le faire ; notre Seigneur Jésus, par sa « grâce qui nous suffit » couvre alors nos taches faites involontairement.
Poursuivant
la description de cette classe d'appelés, ainsi prédestinée, l'Apôtre dit : « Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux
qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu'il a justifiés, il les
a aussi glorifiés ». Ce passage est habituellement mal compris : des lecteurs
ont, en général, l'impression qu'ici l'Apôtre
retrace des expériences chrétiennes comme à l'ordinaire, telles que
nous les avons trouvées dans le chapitre précédent où nous considérions
comment Christ est fait pour nous sagesse, justification, sanctification et délivrance.
Or, ici, l'Apôtre prend un point de vue opposé et commence par l'autre bout.
Il envisage ici l'Église finalement achevée comme l'élue de Dieu sous Christ
sa Tête : l'Église, les « élus mêmes » dans la gloire. Il retrace à
rebours le développement de l'Église, la Nouvelle-Création. Il
montre que personne n'atteindra la haute position des glorieux élus de Dieu
sauf ceux qui y sont appelés [acceptés — Édit.] par la grâce de Dieu, que
tous les appelés doivent avoir été au préalable justifiés, car Dieu
n'appelle ou n'invite que des croyants à courir pour ce grand prix. Et ces
justifiés doivent, auparavant, avoir été honorés [et non « glorifiés
» comme dans la version commune], honorés par Dieu qui s'est fait connaître
à eux et a fait connaître son cher Fils, le Chemin, la Vérité et la Vie.
C'est
un honneur plus grand que beaucoup ne l'ont supposé que d'avoir entendu parler
de la grâce de Dieu dans le temps présent. Comme le salut est un don de Dieu
qui doit être accordé au monde pendant l'Age
millénaire, c'est un honneur spécial que d'avoir connaissance de la grâce
de Dieu, et une occasion favorable d'être au temps présent réconcilié avec
lui, en avance sur le monde ; ayant été ainsi honorés, et ayant ainsi la
connaissance nécessaire à notre justification par la foi, celle-ci devient la seconde
étape, ainsi que nous l'avons vu, qui conduit à la sanctification en accord
avec l'appel ; et cela conduit aussi, par la fidélité, à « la gloire qui
sera révélée en nous », faisant de nous des membres des « élus mêmes »
de la Nouvelle-Création.
« SI DIEU EST POUR NOUS »
Suivons l'Apôtre dans l'examen qu'il fait de cette élection, et paraphrasons ce qu'il en dit : « Ne voyons-nous pas, frères, que Dieu poursuit l'exécution d'un grand plan merveilleux ? Ne voyons-nous pas que, ayant décidé de choisir une certaine classe qui coopérerait à ce plan, il nous fait la faveur de nous en révéler l'arrangement et les conditions — nous justifiant et nous appelant de cet appel céleste ? Cela veut dire que Dieu est pour nous : il désire que nous fassions partie de cette classe élue ; il a pris toutes dispositions nécessaires pour que nous puissions atteindre cette position. Éprouvons-nous parfois que, bien que l'Éternel soit pour nous, Satan, le péché, nos propres faiblesses héréditaires sont tous contre nous, cherchant à nous prendre au piège et à nous faire trébucher ? Réfléchissons que, le Tout-Puissant étant de notre côté, aucune de ces oppositions ne doit nous faire craindre ou trembler, car il est puissamment capable de nous les faire traverser toutes. Regardons en arrière et remarquons comment il nous a favorisés, alors que nous étions encore des pécheurs, en prévoyant la rédemption qui est en Christ Jésus. Réfléchissons que s'il a fait tout cela pour nous alors que nous étions des pécheurs, il fera beaucoup plus pour nous, maintenant que nous sommes devenus ses enfants, à présent que nous avons entendu sa voix, que nous avons accepté son Fils, que nous nous confions en lui, avons été justifiés par son mérite, maintenant que nous avons entendu l'appel à la nature divine, que nous nous sommes consacrés, déposant notre faible tout sur l'autel. Sûrement, Dieu veut nous favoriser et agir pour nous bien davantage, bien que nous ne puissions penser comment il pourrait faire plus que ce que représente le don de son Fils. Il nous est permis d'avoir l'assurance que celui qui ne change pas nous aime encore, qu'il est toujours pour nous, et qu'il usera de sa puissance pour faire concourir ensemble toutes choses à notre bien-être spirituel le plus élevé, et afin que nous obtenions, en définitive, une place dans la Nouvelle-Création si nous demeurons en lui dans la foi, dans l'amour et avec un cœur soumis — quels que faibles et imparfaits que puissent être nos meilleurs efforts pour maîtriser la chair. Soyons assurés qu'en nous donnant son Fils et en nous ouvrant la voie pour parvenir à saisir l'appel à la Nouvelle-Création, l'Éternel a pourvu en Christ, à tout ce dont nous pouvons avoir besoin. En lui, il a donné librement toutes choses.
Quelqu'un suggérerait-il que, peut-être, la Loi nous condamnerait malgré Dieu ? Disons-nous que c'est Dieu qui nous a condamnés par sa Loi, et que c'est le même Dieu qui, en tant que grand juge, nous a condamnés, c'est lui-même qui, maintenant, a décrété notre justification. Il a déclaré que nous sommes « justifiés gratuitement de toutes les choses dont la Loi ne pouvait nous justifier », par sa grâce, par Christ Jésus notre Seigneur. Cela étant, « qui intentera accusation contre des élus de Dieu » [Rom. 8 : 33], qu'il a ainsi favorisés ? Qui pourrait nous condamner pour des faiblesses ou des manquements involontaires ? A ceux-là nous répondrions : C'est Christ qui est mort, bien plus, qui est ressuscité, est monté au ciel pour nous représenter et qui a appliqué en notre faveur une part suffisante de son propre mérite pour couvrir toutes nos imperfections. — Rom. 8 : 34.
Soutiendrait-on encore que quelque chose puisse intervenir pour nous séparer de l'amour de Dieu ou de Christ et de son amour et de sa miséricorde ; qu'ainsi nous puissions être laissés à nous-même et que nous puissions faire naufrage quant à notre foi et à notre avenir touchant la Nouvelle-Création ? Nous répondons : au contraire, Christ a eu un grand amour pour nous, sinon il ne nous aurait pas rachetés. Tout son comportement a manifesté son amour et nous ne devons permettre quoi que ce soit qui nous sépare de cet amour. Que viennent des tribulations, ne permettons seulement que ce soit pour nous rapprocher du Seigneur comme le seul qui puisse nous secourir. Si la détresse, ou la persécution, ou la famine, ou le dénuement devaient s'abattre sur nous, devrions-nous par crainte de ces choses, cesser d'aimer le Seigneur, renier son nom et sa cause, ne plus suivre ses traces et choisir plutôt une ligne de conduite plus facile dans la vie ? Oh ! Non ! C'est par ces expériences mêmes que nous devons être développés comme vainqueurs. Comment pourrions-nous être désignés comme vainqueurs s'il n'y avait rien à vaincre, si le chemin tout entier était uni et sans déclivité difficile ? Nous avons reçu en dépôt les miséricordes et les bénédictions de Dieu ; maintenant il nous met à l'épreuve pour voir à quel point nous sommes dignes de demeurer dans son amour et dans ses faveurs. Il est tout disposé à nous y voir demeurer; il a pris toutes dispositions nécessaires ; toutefois, il ne peut pas contraindre notre volonté. Je suis persuadé, j'ai confiance que nous sommes déterminés à ce que rien ne nous sépare de l'amour de Dieu manifesté en Christ — ni la crainte de la mort, ni l'amour de la vie, ni aucune des autres créatures de Dieu n'interceptera ni ne détournera de nous la faveur de Dieu — ni des anges, ni des principautés, ni des puissances créés à ce jour ou qui restent à créer. Dans toutes ces choses, nous sommes simplement plus-que-vainqueurs, nous sommes adaptés comme des fils de Dieu sur le plan divin, par celui qui nous a aimés.
« AFFERMIR NOTRE VOCATION ET NOTRE ÉLECTION »
— 2 Pi. 1 : 10, 11 —
« C'est pourquoi, frères, étudiez-vous d'autant plus à affermir votre vocation et votre élection car en faisant ces choses vous ne faillirez jamais : [les choses spécifiées précédemment, c'est-à-dire d'y apporter tout empressement, joignez à votre foi, la vertu ; et à la vertu, la connaissance ; et à la connaissance, la tempérance ; et à la tempérance, la patience ; et à la patience, la piété ; et à la piété, l'affection fraternelle ; et à l'affection fraternelle l'amour (la charité — Ost.) ; car, si ces choses sont en vous et y abondent, elles font que nous ne serons pas oisifs ni stériles] car ainsi l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera richement donnée. »
Dans cette élection, nous voyons que les étapes importantes appartiennent à Dieu, savoir : (1) La prédétermination d'avoir une telle Nouvelle-Création ; (2) L'invitation faite à certains de développer le caractère nécessaire ; (3) L'arrangement des choses de manière que les invités puissent être capables de parvenir à une condition acceptable en accord avec l'appel.
D'autre part, d'importantes mesures doivent être prises par ceux qui deviennent les élus : (1) Il appartient à ceux qui sont appelés, pour qui toutes ces préparations et ces arrangements ont été faits, d'accepter l'appel — de faire une pleine consécration. (2) Il faut qu'ils deviennent si pénétrés de l'esprit de leur appel et qu'ils apprécient à tel point leurs bénédictions qu'ils se conformeront avec zèle aux conditions et aux limitations de cet appel.
Nous avons déjà vu que ces conditions et ces limitations sont, en bref, de ressembler de cœur au cher Fils de Dieu ; cependant, en analysant cette ressemblance d'une manière plus particulière, nous trouvons qu'elle signifie, ainsi que l'indique ici l'Apôtre Pierre, que nous devons porter les fruits de l'esprit de sainteté. Dieu est saint, et les élus doivent avoir son esprit, sa disposition à aimer la droiture et à s'opposer à l'iniquité. Dans le passage cité plus haut, l'Apôtre expose les divers éléments de ce saint esprit de Dieu, et appelle l'attention sur le fait que nous ne parvenons pas à sa parfaite ressemblance (l'amour parfait) au début de notre course, mais plutôt que c'est le but ou le modèle qui indique la fin de la course. L'amour, comme terme général, couvre tous ces éléments de caractère qui sont véritablement des parties de l'amour. L'humilité, la douceur, la bonté fraternelle, la piété, sont tous des éléments de l'amour.
Quelqu'un
a suggéré qu'on pourrait définir ces fruits de l'esprit de Dieu de la manière
suivante, avec laquelle nous sommes totalement d'accord :
(1)
La joie : L'amour triomphant.
(2)
La paix : L'amour paisible.
(3)
La longanimité : L'amour qui supporte.
(4)
La douceur : L'amour envers autrui.
(5)
La bonté : L'amour en actions.
(6)
La foi : L'amour sur le champ de bataille de la vie.
(7)
La patience : L'amour dans la résignation.
(8)
La tempérance (modération : L'amour dans le développement.
Lorsque nous avons pris le départ pour la course, résolus de le faire parce que Dieu nous avait justifiés par sa grâce et nous avait invités à courir cette course pour le prix du haut-appel de la Nouvelle-Création, nous avons dit tout d'abord : nous mettrons de côté les fardeaux et les obstacles des ambitions terrestres en consacrant notre volonté à l'Éternel et nous prenons la résolution de ne faire qu'une chose, savoir : rechercher et obtenir par la grâce de l'Éternel les bénédictions auxquelles il nous a appelés. En même temps, nous avons décidé de chasser, dans la mesure de notre capacité, nos péchés qui nous environnent si facilement, quels qu'ils puissent être (qu'ils soient ou non les mêmes que ceux des autres engagés dans la course), et de courir fidèlement dans cette course pour le grand prix.
L'entrée en course correspond à notre consécration. Ce fut le départ. Nous nous sommes consacrés à l'Éternel pour être dirigés par son esprit d'amour ; toutefois, nous nous sommes rendu compte qu'en raison de la chute, nous manquions sérieusement des éléments de caractère que le Père voudrait approuver. Pourtant, nous courons et nous persévérons afin de parvenir, selon sa volonté, à cette ressemblance au caractère de son Fils, ce qui est la condition de notre communion avec lui. A cet égard, nous différons de notre Seigneur car, lui, étant parfait, n'eut pas à gravir degré après degré le développement de l'amour, Il fut rempli de l'esprit dès le commencement où déjà il se trouvait au but ; son épreuve à lui consistait à déterminer si oui ou non il se maintiendrait fidèle à ce but de l'amour parfait pour Dieu et pour son peuple, et pour ses ennemis. En ce qui nous concerne, nous avons besoin, nous, de courir, de lutter pour atteindre ce but.
Nous pourrions diviser cette course en quatre étapes, et dire que dans la première, nous reconnaissons l'amour comme une exigence divine et cherchons à l'obtenir, bien que nous ne soyons capables de le comprendre que sous l'angle du devoir. Nous éprouvons envers Dieu un amour devoir parce que, étant notre Créateur, il a le droit d'exiger que nous lui obéissions, que nous lui soyons dévoués ; nous éprouvons également un amour-devoir envers notre Seigneur Jésus parce qu'il nous a aimés, et qu'alors en toute justice, nous devons l'aimer en retour; nous éprouvons un amour-devoir envers nos semblables, parce que nous comprenons bien que telle est la volonté de Dieu.
La seconde étape de la course nous amène un peu plus avant, un peu plus près du « but », de sorte que ces choses que, tout d'abord, nous cherchions à faire par amour-devoir, nous en arrivons graduellement à les considérer avec appréciation et non plus simplement comme un devoir. Désormais, nous voyons que les choses que Dieu nous ordonne en fait de droit et de devoir sont de bonnes choses ; que les principes les plus nobles dont nous avons une certaine conception s'identifient avec la Justice, l'Amour et la Sagesse que l'Éternel ordonne et présente devant nous, et qu'à partir de ce moment nous avons commencé à apprécier. Nous avons commencé à aimer Dieu non pas simplement parce que c'est notre devoir envers notre Créateur, mais en outre et surtout, parce que nous l'avons vu lui-même en possession de ces nobles éléments de caractère qui sont exigés de nous, qu'il est la personnification de toute grâce et de toute bonté. Ceux qui parviennent à cette seconde étape vers le but (l'amour) aiment l'Éternel, non simplement parce qu'il nous aima le premier, et qu'il est de notre devoir de l'aimer en retour, mais parce que maintenant les yeux de notre entendement ont été suffisamment ouverts pour nous permettre de discerner un peu de la glorieuse majesté de son caractère, un peu de la longueur, de la largeur, de la hauteur et de la profondeur de la Justice, de la Sagesse, de l'Amour et de la Puissance de notre Créateur.
Nous
appellerons amour pour les frères la troisième étape de cette course. Au début,
nous avons éprouvé pour les frères un amour-devoir comme pour le Père
mais à un degré moindre, parce qu'ils avaient fait moins pour nous. Nous les
avons admis surtout parce que telle était la volonté du Père. Mais lorsque
nous en sommes arrivés à discerner les principes de droiture et à apprécier
le Père, à comprendre que le Père lui-même nous aime, malgré nos fautes
involontaires, nos cœurs commencèrent à s'élargir et à s'agrandir à l'égard
des frères. De plus en plus, nous devînmes capables de ne plus voir leurs
imperfections, défauts et erreurs involontaires, lorsque nous pouvions
discerner en eux des preuves du désir de leur cœur de marcher sur les traces
de Jésus et en accord avec les principes du caractère divin. L'amour pour les
frères devint distinctement manifeste dans nos expériences. Hélas ! Beaucoup
des chers enfants de l'Éternel n'ont évidemment pas encore atteint cette troisième
étape de la course vers le prix de notre hautappel. Il y a grande nécessité
parmi nous de développer la bienveillance fraternelle, la longanimité, la
patience, que les Écritures enseignent avec persistance et qui se trouvent nécessairement
bien plus fréquemment mises à l'épreuve dans nos rapports avec les frères
que dans nos rapports avec le Père et avec notre Seigneur. Nous pouvons nous
rendre compte que le Père et le Fils sont parfaits et qu'ils n'ont aucune
imperfection ; nous pouvons discerner qu'ils sont magnanimes à notre égard et
que, personnellement, nous avons pour eux des manquements; cependant, lorsque
nous considérons les frères, nous trouvons en l'un telle faiblesse, dans un
autre telle autre faiblesse, et la tentation est, hélas, trop fréquente, de
dire à un frère : « Laisse-moi retirer la paille de ton oeil », au
lieu de nous rendre compte que le fait d'avoir cette disposition à critiquer,
à quereller, à trouver les frères en faute, est une preuve que nous avons
encore personnellement affaire avec une grosse poutre d'impatience et de manque
d'amour. A mesure que nous approchons de cette troisième étape, nous retirons
graduellement la poutre de nos propres yeux ; nous voyons ainsi nos propres
tares et nous apprécions de plus en plus les richesses de la grâce de notre
Seigneur envers nous. Ceci influe sur notre cœur et produit une plus grande
mesure de l'esprit de douceur, de patience et d'amabilité envers tous ; ceci
nous permet aussi de ne pas voir ou de couvrir une multitude de péchés, une
multitude d'imperfections chez les frères, aussi longtemps que nous discernons
qu'ils sont certainement des frères, qu'ils se confient dans le sang précieux
et cherchent à courir cette même course pour obtenir ce même prix.
La
quatrième étape, l'étape finale de notre course est l'Amour parfait envers
Dieu, envers nos frères, envers tous les hommes ; c'est celle que nous devons
tous ardemment chercher à atteindre, et cela aussi rapidement que possible. Il
ne s'agit pas de lambiner aux étapes, mais de courir avec patience, persévérance
et énergie. Dans un sens, nous « ne devons pas aimer le monde, ni les choses
qui sont dans le monde », mais dans un autre sens, nous devons aimer et «
faire du bien à tous comme nous en avons l'occasion, surtout à ceux de la
maison de la foi » (Gal. 6 : 10) ;
cet amour s'étend même à nos ennemis. Il n'annule ni ne diminue notre amour
pour le Père et les principes de son caractère, ni notre amour pour les frères
; au contraire, il les intensifie au point d'inclure dans l'amour de la
bienveillance et de la sympathie, toute la pauvre création gémissante qui
souffre les douleurs de l'enfantement et attend la manifestation des fils de
Dieu. « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent et vous
haïssent », tel est le commandement du Maître. Jusqu'à ce que nous ayons
atteint ce degré, d'amour (l'amour même de nos ennemis), nous ne devons pas
penser un instant que nous avons atteint le but que le Seigneur a placé devant
nous ses disciples. Ce n'est que lorsque nous aurons atteint cette position que
nous serons des copies du cher Fils de Dieu.
Il nous faut atteindre ce degré d'amour avant d'être estimés dignes d'une place dans la Nouvelle-Création, et nous ne devons pas penser que chacun des disciples du Seigneur n'atteindra ce but que juste au moment de mourir. Bien au contraire. Nous devons espérer y parvenir aussi tôt que possible dans notre expérience chrétienne et, alors, nous rappeler les paroles de l'Apôtre : « Après avoir tout surmonté, tenir ferme ! » (Eph. 6 : 13). Nous avons besoin d'être mis à l'épreuve dans notre amour après que nous avons atteint le but, et là les efforts que nous faisons pour nous y maintenir, pour conserver ce niveau dans notre vie fortifieront notre caractère. En cela, spécialement, nos expériences correspondront à celles de notre Seigneur ; en effet s'il n'eut pas besoin de courir pour atteindre le but, il dut : lui aussi, étant au but, combattre le bon combat de la foi afin de, ne pas en être détourné, afin de ne pas être vaincu par les diverses attaques du monde et de l'Adversaire. « Je cours vers le but », dit l'Apôtre ; chacun de nous doit de même se maintenir fermement au but lorsque nous l'avons atteint, et veiller à ce que dans toutes les épreuves que le Seigneur permettra pour nous, nous soyons estimés par lui comme vainqueurs, non par notre force personnelle, mais dans celle de l'aide de notre Rédempteur.
Des
attaques viendront contre nous pour nous détourner de l'amour parfait envers le
Père, pour que nous consentions à rendre moins que la plénitude de l'hommage
et de l'obéissance que nous lui devons. Des tentations nous viendront aussi à
l'égard de nos frères, pour nous suggérer de ne pas permettre à l'amour pour
les frères de couvrir une multitude de fautes, et pour nous suggérer de nous fâcher
avec ceux que nous avons appris à aimer et à apprécier et avec les faiblesses
de qui nous avons appris à sympathiser. Des attaques viendront contre nous à
propos de nos ennemis, après que nous aurons appris à les aimer, nous suggérant
qu'ils sont des cas exceptionnels, et que notre magnanimité envers eux doit
avoir ses limites. Heureux sommes-nous si, dans ces tentations, nous
tenons fermes, nous attachant au but, nous efforçant de retenir cette position
déjà atteinte, combattant le bon combat de la foi, nous tenant avec fermeté
à la vie éternelle considérée comme nôtre par Jésus.
«
SACHANT, FRÈRES AIMES DE DIEU, VOTRE ÉLECTION »
«
Nous savons frères bien-aimés de Dieu, que vous avez été élus, notre Évangile
ne vous ayant pas été prêché en paroles seulement, mais avec
puissance, avec l'Esprit saint, et avec une pleine persuasion. » — 1
Thess. 1 : 4, 5. — Seg.
Nous avons montré ailleurs que ce qui constitue l'indication, la preuve que nous sommes les enfants de Dieu, c'est notre engendrement du saint Esprit, notre sceau, notre vivification (*) [Vol. V, chap. IX.]. Nous ne nous répéterons pas ici, mais nous attirerons simplement l'attention, d'une manière générale, sur le fait que quiconque a part à cette élection, en a diverses preuves par lesquelles non seulement lui-même peut le discerner, mais avant peu « les frères » avec qui il vient en contact le discernent aussi. Dans cette élection, il y a une puissance aussi bien qu'un message. Ce message, ou appel, ou « parole » de l'élection n'est pas seulement l'Évangile ou la bonne nouvelle pour la classe élue, mais c'est plus que cela pour elle : c'est la puissance de Dieu opérant en elle le vouloir et le faire selon Son bon plaisir. Cette puissance apporte aux élus le saint Esprit et beaucoup d'assurance, et eux à leur tour sont prêts à proclamer à tout prix la Parole de l'Éternel.
Écrivant
aux Colossiens (3 : 12 - 14) au sujet de cette classe élue, l'Apôtre
déclare que ces élus devraient abandonner l'ancienne estimation qu'ils
avaient des choses et en adopter une nouvelle qui reconnaîtrait les élus, non
d'après leur nationalité ni d'après leur confession, mais reconnaîtrait tous
ceux en Christ, et eux seulement, comme étant la Nouvelle-Création élue. Il dit : « Revêtezvous donc, comme des élus de
Dieu, saints et bien-aimés, d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité,
de douceur, de longanimité, vous supportant l'un l'autre et vous pardonnant les
uns aux autres, si l'un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le
Christ vous a pardonné, vous aussi [faites] de même. Et par-dessus
toutes ces choses, [revêtez-vous] de l'amour, qui est le lien de la
perfection » [Col. 3 : 12 à 14].
Parlant
de l'Église élue dans son ensemble, notre Seigneur annonce que diverses expériences
et épreuves doivent lui survenir, et paraît impliquer qu'elles seront plus
intenses vers la fin de cet Age de l'Évangile et permises à un tel point
qu'elles séduiront tout le monde, à l'exception des « élus mêmes ». —
Matt. 24 : 24 (*) [ Voir vol. IV, chap. 12.
].
Il y a là un encouragement: cela n'implique pas que les « élus mêmes » auront une capacité mentale supérieure qui les rendra capables de discerner les diverses subtilités de l'Adversaire en ce mauvais jour, ni qu'ils auront acquis une telle perfection dans la maîtrise de leur vase terrestre qu'ils ne pourraient se tromper ; cela signifie plutôt qu'à ceux qui demeurent en Christ, il sera accordé une grâce suffisante, une sagesse suffisante, une aide suffisante au temps de leurs besoins. Quelle consolation pour tous ceux qui ont cherché leur refuge dans l'espérance placée devant nous dans l'Évangile ! Quelle confiance cela nous donne de sentir que nous sommes ancrés en dedans du voile, en Christ ! Une telle prédestination est fortifiante, consolante comme le déclarait l'Apôtre : « Selon qu'il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions [à la fin] saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté... pour l'administration de la plénitude des temps, [savoir] de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté, afin que nous [la Nouvelle-Création] soyons à la louange de sa gloire, nous qui avons espéré à l'avance dans le Christ ». — Eph. 1 : 4-11.
« C'EST PAR BEAUCOUP D'AFFLICTIONS
QU'IL NOUS FAUT ENTRER
DANS LE ROYAUME DE DIEU
» [Actes 14 : 22]
La
nécessité des efforts et de la victoire dans l'édification du caractère que
Dieu a fixé à l'appel des « élus mêmes » de la Nouvelle-Création,
n'est pas sans avoir de parallèles dans la nature. En voici une illustration :
« On raconte qu'un homme qui désirait enrichir sa collection d'insectes d'un [papillon] paon de nuit, eut la chance d'en obtenir un cocon qu'il suspendit dans sa bibliothèque tout l'hiver. Au printemps il trouva le papillon essayant de sortir du cocon. Le trou était si petit et le papillon se débattait si désespérément, semblait-il contre la fibre résistante, que le collectionneur agrandit le trou avec ses ciseaux. Eh bien ! le superbe et gros papillon sortit, mais il ne put jamais voler. Par la suite quelqu'un lui dit que les efforts de l'insecte étaient nécessaires pour forcer l'introduction des sucs du corps dans les grandes ailes du papillon. Lui épargner ces efforts était une bonté mal comprise. L'effort était destiné au salut du papillon. La leçon à tirer est évidente. Les luttes que les hommes doivent mener pour leur bien-être matériel, développent leur caractère comme il ne pourrait l'être autrement. Il est bon aussi, qu'on doive lutter pour obtenir l'enrichissement spirituel.»
Nous avons déjà indiqué (*) [Vol. 1, p. 105 (1re édition fse du M.M.I.L.).] que les Écritures enseignent, de la manière la plus explicite, la doctrine de la « grâce libre » qui sera introduite d'une manière grandiose dès que les élus auront été accomplis (« completed ») — glorifiés. Pendant le Millénium, ils (la « Postérité d'Abraham ») béniront toutes les familles de la terre en leur offrant les occasions favorables les plus complètes pour qu'elles parviennent à obtenir des caractères parfaits, un rétablissement complet et la vie éternelle.
* * *