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LE DIVIN PLAN DES AGES
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* * *
Le chemin spacieux vers la perdition. — Le chemin étroit vers la vie. — Qu'est-ce que la vie ? — La nature divine. — Rapport entre natures divine et humaine. — La récompense à la fin du chemin étroit. — Le haut-appel est limité à l'Age de l'Évangile. — Les difficultés et les dangers du chemin étroit. — Le grand chemin de la sainteté.
* * *
« Large est la porte, et spacieux le
chemin qui mène à la perdition [à la destruction],
et nombreux sont ceux qui entrent par elle ; car étroite
est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont
ceux qui le trouvent » — Matth. 7 : 13, 14 ; Darby.
« Il y aura là un chemin frayé [ou un grand chemin (*)] une route, qu'on appellera la voie sainte ; nul impur n'y passera ; elle sera pour eux seuls ; ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s'égarer. Sur cette route, point de lion; nulle bête féroce ne la prendra, nulle ne s'y rencontrera ; les délivrés y marcheront ». — Esaïe 35 : 8, 9 Seg.
(*)
[« Grand chemin » ou « grande route » et «
chemin de sainteté
» (Laus.), c'est ainsi que le désignent la trad. anglaise, Darby
et le prof. Fr. Delizsch].
Trois
chemins attirent donc notre attention dans les Écritures : le « chemin spacieux
», le « chemin étroit » et le « grand chemin ».
LE
CHEMIN SPACIEUX MENANT A LA DESTRUCTION
Ce
chemin est nommé ainsi parce qu'il est le plus aisé à la race humaine dégénérée.
Il y a six mille ans qu'Adam (et la race représentée en lui), comme un pécheur
condamné à la destruction, partit sur ce chemin, et après neuf cent trente
ans il en atteignit l'extrémité — la destruction. Des années et des siècles
se sont écoulés, et le sentier descendant est devenu de plus en plus lisse ;
et le chemin devenant journellement plus poli et plus glissant par le péché,
la race s'est précipitée de plus
en plus vers la destruction. Le chemin ne devient pas seulement toujours plus
glissant, mais l'humanité perd aussi journellement sa force de résistance,
tant et si bien que, maintenant [écrit en 1886 Trad.] la durée moyenne de la
vie de l'homme n'est plus que de trente-cinq ans environ. Les hommes atteignent
maintenant l'extrémité du chemin — la destruction — neuf cents ans plus tôt
que ne le fit le premier homme.
Pendant
six mille ans, les hommes ont suivi à grands pas le chemin spacieux et
descendant ; et bien peu relativement ont essayé de changer de direction et de
rebrousser chemin. En fait, il était impossible de revenir complètement sur
ses pas et d'atteindre la perfection originelle, bien que faits dans cette
intention, les efforts de quelques-uns eussent été dignes d'éloges et non
sans résultats profitables. Depuis six mille ans, le péché et la mort ont régné
d'une manière implacable sur l'humanité, et l'ont poussée sur ce chemin
spacieux vers sa destruction ; aucune issue de secours ne fut mise en lumière
avant l'Age de l'Évangile. Si, dans les Ages antérieurs, des rayons d'espérance
ont lui faiblement par le moyen de types et de figures qui furent salués
joyeusement par quelques-uns et les firent agir conformément au bien, la vie et
l'immortalité ne furent cependant pas (mises en évidence avant l'apparition de
notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, avant la prédication ou l'annonce par
les apôtres, de la bonne nouvelle de la rédemption, de la rémission des péchés et, comme conséquence, d'une résurrection
hors de (« from ») la destruction (2 Tim. 1 : 10). Ce ne fut qu'à la suite
des enseignements de Jésus et des apôtres que la vie
— c'est-à-dire une
restitution ou un rétablissement dans la vie pour tout le genre humain, en tant
que basée sur le mérite et le sacrifice du Rédempteur,
— fut mise en évidence ;
ils démontrèrent que c'est là la signification de nombreux types de l'Ancien
Testament. Ils mirent également en pleine lumière l'immortalité comme prix du
haut appel de l'Église de l'Évangile.
Bien
qu'une issue du chemin spacieux menant à la destruction ait été mise en évidence
par l'Évangile, la grande masse de l'humanité, dépravée par le péché et
aveuglée par l'adversaire, ne prête point l'oreille à la bonne nouvelle. Un
chemin nouveau s'ouvre et se montre à ceux qui acceptent maintenant avec
reconnaissance la promesse de la vie (le rétablissement par Christ à
l'existence humaine) sur ce chemin, les croyants consacrés peuvent parvenir,
au-delà de la nature humaine, à une nature plus élevée — à
la nature spirituelle. C'est ce « chemin nouveau... inauguré pour nous
» — la sacrificature royale (Héb. 10 : 20) que Jésus appela :
LE CHEMIN ÉTROIT QUI MÈNE A LA VIE
Notre
Maître nous dit que c'est à cause de l'étroitesse de ce chemin que la
multitude préfère rester sur le chemin spacieux de destruction. « Étroite
[difficile] et resserrée est la voie qui mène à la vie, et petit est le
nombre de ceux qui la trouvent » (Stapfer).
Avant
d'examiner ce chemin, ses dangers et ses difficultés, observons la fin à
laquelle il conduit — la vie. Comme nous l'avons déjà vu, les êtres, supérieurs
ou inférieurs à l'homme, peuvent jouir, comme lui, de la vie. « Vie » est un
terme large dont le sens est très étendu, mais ici notre Seigneur l'emploie
en se rapportant à cette forme supérieure de vie, qui appartient à la nature
divine — l'immortalité — prix pour lequel il nous invite à courir.
Qu'est-ce que la vie ? Non seulement nous nous en faisons une idée nette en
nous-mêmes, mais nous voyons aussi son principe agissant chez les animaux inférieurs
et même dans le règne végétal, et nous sommes instruits de son existence
dans les formes supérieures angélique et divine. Comment définir un terme si
large ?
Bien
que nous ne soyons pas capables de découvrir les sources secrètes de la vie
dans toutes les créatures, nous pouvons sans crainte admettre que l'Être
divin, l'Éternel, est la grande source de toute vie, de laquelle découlent
toutes ces sources. Toutes les choses vivantes viennent de lui et dépendent de
lui pour vivre. Toute vie, soit en Dieu, soit en ses créatures, est identique :
c'est un principe agissant, et non une substance. C'est un principe qui est inhérent
à Dieu, mais qui dans ses créatures résulte de certaines causes que Dieu a
ordonnées : il en est donc la cause, l'auteur ou la source. La créature n'est
donc en aucun sens, une partie ou un descendant de l'essence ou de la nature du
Créateur, comme quelques-uns se l'imaginent, mais elle est l’œuvre de ses
mains, imprégnée de vie.
En
reconnaissant le fait que, dans la nature divine seule, il y a la vie indépendante,
illimitée, inépuisable, se continuant toujours
et n'étant ni produite ni gouvernée par les circonstances, nous voyons que l'Éternel
est nécessairement au-dessus de ces lois et besoins physiques qu'il a institués
pour la subsistance de ses créatures. C'est cette qualité, appartenant
seulement à la nature divine, qui est désignée par le terme immortalité.
Comme nous l'avons montré dans le chapitre précédent, immortel signifie à
l'abri de la mort, et, par conséquent des maladies et des douleurs. En effet,
immortalité peut être employé comme synonyme de divinité. De cette source
divine, immortelle, émanent toute vie et toute bénédiction, tout vrai don et
toute grâce excellente, de même que la terre reçoit sa lumière et sa force
du soleil.
Le
soleil est la grande source de lumière pour la terre ; il illumine toutes
choses et produit cette grande variété de couleurs et de nuances, suivant la
nature de l'objet sur lequel il brille. La même lumière du soleil produit des
effets extrêmement différents, suivant qu'elle brille sur du diamant, sur une
brique ou sur diverses sortes de verre. La lumière est la même, mais les
objets sur lesquels elle brille diffèrent entre eux suivant leur capacité à
la recevoir et à la réfléchir. Ainsi en est-il de la vie : elle découle
toute d'une source inépuisable.
L'huître a de la vie, mais son organisme est tel qu'elle ne peut en faire grand
usage, comme la brique ne peut guère refléter la lumière du soleil. Ainsi en
est-il de chacune des manifestations de vie plus élevées, dans les bêtes, les
poissons et les oiseaux. Semblables aux diverses sortes de verres sous la clarté
du soleil, ces diverses créatures manifestent différemment les facultés
organiques variées qu'elles possèdent, quand la vie anime leur organisme.
Le
diamant poli est tellement propre à recevoir la lumière qu'il paraît la posséder
en lui-même et être lui-même un soleil en miniature. Ainsi en est-il de
l'homme, un des chefs-d’œuvre de
la création de Dieu, fait seulement « un peu moindre que les anges ». Il fut
si merveilleusement fait qu'il était capable de recevoir la vie et de la
conserver par l'usage des moyens que Dieu lui fournit, sans jamais s'affaiblir.
Ainsi était Adam avant la chute, plus élevé que toutes les autres créatures
terrestres, non en vertu d'une différence dans le principe de vie implanté,
mais en vertu d'un organisme supérieur. Cependant, n'oublions pas que comme le
diamant ne peut refléter la lumière que lorsque le soleil brille sur lui,
ainsi l'homme ne peut posséder la vie et en jouir que lorsque
l'approvisionnement de vie continue. L'homme n'a point de vie inhérente : il
n'est pas plus une source de vie que le diamant n'est une source de lumière.
Une des plus fortes démonstrations du fait que nous ne possédons aucune
provision inépuisable de vie en nous-mêmes, ou, en d'autres termes, que nous
ne sommes point immortels, c'est que, depuis l'entrée du péché dans le monde,
la mort est survenue sur toute la race.
Dieu
avait décidé que l'homme en Eden aurait accès à tous les arbres qui
pouvaient entretenir la vie, et le paradis dans lequel il fut placé, était
abondamment pourvu de « tout arbre [toute espèce],
agréable à voir et bon à
manger » (Gen. 2 : 9, 16, 17). Parmi les arbres de vie portant des fruits
bons à manger il s'en trouvait un auquel Dieu avait interdit de toucher. Si,
pour un temps, il fut défendu à l'homme de manger du fruit de l'arbre de la
connaissance, il lui fut permis de manger librement de tout arbre qui conservait
la vie parfaitement ; et il n'en fut séparé qu'après la transgression, afin
que de ce chef la peine de mort puisse s'effectuer Gen. 3 : 22.
Ainsi l'on voit que la gloire et la beauté de l'humanité dépendent de l'approvisionnement continuel de vie, tout comme la beauté du diamant dépend de l'affluence continue de la lumière du soleil. Lorsque le péché priva l'humanité du droit de vie et que l'approvisionnement manqua, immédiatement la pierre précieuse commença à perdre son éclat et sa beauté, et finalement elle en perdit le dernier vestige dans la tombe. Sa beauté se consume comme la teigne (Ps. 39 : 11). Comme le diamant perd son éclat et sa beauté sitôt que la lumière se retire, ainsi l'homme perd la vie quand Dieu lui en retire les aliments. « Mais l'homme meurt et gît là ; l'homme expire [rend la vie], et où est-il ? » (Job 14 : 10). « Ses fils sont honorés, et il ne le sait pas ; ils sont abaissés, et il ne s'en aperçoit pas » (v. 21). « Car il n y a ni œuvre ni combinaison, ni connaissance... dans le shéol où tu vas » (Eccl. 9 : 10). Cependant, puisqu'une rançon a été trouvée et que la peine de mort a été payée par le Rédempteur, la pierre précieuse doit recouvrer sa beauté et refléter de nouveau parfaitement l'image du Créateur lorsque le Soleil de la Justice se lèvera avec la santé dans ses rayons (Mal. 4 : 2). C'est en vertu de l'offrande pour le Péché, du sacrifice de Christ, que « tous ceux qui sont dans les sépulcres sortiront ». Une restitution de toutes choses aura lieu : d'abord une occasion favorable ou une offre de restitution à tous, et en dernier lieu l'obtention de la perfection humaine par tous ceux qui obéiront au Rédempteur.
Telle
n'est pas, cependant, la récompense à laquelle Jésus fait allusion en parlant
de l'extrémité du chemin étroit. Par d'autres passages de l'Écriture, nous
apprenons que la récompense promise à ceux qui suivent le chemin étroit est
« la nature divine », la vie inhérente, la vie au degré suprême, que seule
la nature divine peut posséder :
l'immortalité. Quelle espérance ! Oserions-nous
aspirer à un tel degré de gloire ? Sans une offre positive et formelle,
nul ne pourrait certainement pas y prétendre à juste titre.
En
1 Tim. 6 : 14 à 16, nous apprenons qu'à l'origine, seul la divinité possédait
la nature immortelle ou divine. Nous lisons :
« Qui [Jésus] montrera en son propre temps [l'âge millénaire] qui est le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul possédé l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir » (*).
(*) [Édition 1937 : Dans 1 Tim 6 : 14 à 16 nous apprenons qu'au temps de St. Paul, Jésus seul (Dieu étant excepté) possédait I'immortalité. Nous lisons : note en bas de page « Laquelle (épiphanie apparition) dans ses saisons, Il manifestera qui est le béni, etc. », (Version amélioré) Éditeur].
Tous les autres êtres anges, hommes, bêtes, oiseaux, poissons, etc., ne sont que des vases contenant chacun sa mesure de vie, et tous différant en caractère, en capacité et en qualité suivant l'organisme que le Créateur jugea bon de donner à chacun.
De plus nous apprenons que l'Éternel, qui seul à l'origine possédait l'immortalité, a souverainement élevé son Fils, notre Seigneur Jésus, à la même nature divine, immortelle ; c'est pourquoi, il est maintenant l'image fidèle de la personne du Père (Héb. 1 : 3). Ainsi nous lisons : « Comme le Père a LA VIE EN LUI-MÊME [la définition que Dieu donne de « l'immortalité » — la vie en lui-même — n'étant point puisée à une autre source, ne dépendant pas des circonstances, mais vie indépendante, inhérente], ainsi il a donné au Fils d'avoir la VIE EN LUI-MÊME » (Jean 5 : 26). Depuis la résurrection du Seigneur Jésus, deux êtres possèdent donc l'immortalité. Et, grâce étonnante ! la même offre est faite à l'Épouse de l'Agneau, qui est choisie durant l'Age de l'Évangile. Cependant tous ceux de la grande multitude qui ne sont que nominalement membres de l'Église ne recevront pas le grand prix, mais seulement ce « petit troupeau » de vainqueurs qui courent pour l'obtenir, qui suivent fidèlement les traces du Maître ; et qui, à son exemple, suivent le chemin étroit du sacrifice, même jusqu'à la mort. Lorsque, dans la résurrection, ceux-ci seront nés d'entre les morts, ils auront la nature et la forme divines. Cette immortalité, la nature divine, indépendante et existant d'elle même, est la vie à laquelle conduit le chemin étroit.
Les membres de cette classe ne seront pas réveillés de la tombe comme des êtres humains, car l'Apôtre nous assure que, quoique semés corps naturels dans la tombe, ils seront ressuscités corps spirituels. Ils seront « tous changés », et, de même qu'ils auront porté l'image de la nature humaine, terrestre, ils porteront l'image de la nature céleste. Mais « ce que nous serons n'a pas encore été manifesté » (ce qu'est un corps spirituel) « mais nous savons que quand il paraîtra, nous serons semblables à lui », « participants de la gloire qui doit être révélée » — 1 Jean 3 : 2 ; Col. 1 : 27 ; 2 Cor. 4 : 17 ; Jean 17 : 22 ; 1 Pierre 5 : 10 ; 2 Thess. 2 : 14.
Cet appel céleste à un changement de nature est non seulement limité à l'Age de l'Évangile, mais c'est aussi l'unique offre de cet Age. Il s'ensuit donc que les paroles de notre Seigneur, citées au début de ce chapitre, comprennent dans le chemin spacieux de destruction tous ceux qui ne se trouvent pas sur la route du seul prix offert maintenant. Tous les autres se trouvent encore sur le chemin spacieux — seuls, ceux-ci ont, jusqu'à présent, échappé à la condamnation qui est sur le monde. Cette route de la vie, la seule qui soit maintenant ouverte, est fréquentée par bien peu de personnes à cause de ses difficultés. La masse des humains préfère, dans sa faiblesse, le chemin spacieux, aisé, des satisfactions personnelles.
Le chemin étroit pourrait aussi être appelé un chemin de la mort, bien qu'il aboutisse à la vie et à l'immortalité, car son prix ne se gagne que par le sacrifice de la nature humaine, même jusqu'à la mort. C'est le chemin étroit de la mort à la vie. Après qu'ils sont considérés comme libérés du forfait adamique et du châtiment de la mort, les croyants consacrés livrent ou sacrifient volontairement ces droits humains, considérés comme les leurs, et qu'ils auraient au temps voulu, réellement reçus avec le monde en général. De même que « l'homme Christ Jésus » abandonna ou sacrifia sa vie pour le monde, ainsi ceux-ci deviennent ses co-sacrificateurs. Non pas que son sacrifice fût insuffisant et que d'autres sacrifices fussent nécessaires ; mais, tandis que le sacrifice de Jésus est tout à fait suffisant, il est permis à ceux-ci de servir et de souffrir avec lui, afin de devenir son épouse et ses cohéritiers. Ainsi, tandis que le monde est sous la condamnation à mort et meurt avec Adam, les membres de ce « petit troupeau » meurent avec Christ, et cela grâce au processus (déjà décrit) de leur justification par la foi et de leur sacrifice. Ils sacrifient et meurent avec lui comme êtres humains, pour pouvoir participer à la nature divine et à la gloire avec lui ; car nous croyons que si nous mourrons avec lui, nous vivrons aussi avec lui. Si nous souffrons avec lui, nous serons aussi glorifiés avec lui — Rom. 8 : 17 et 2 Tim : 2 : 11, 12.
Tous ceux qui suivent maintenant le chemin étroit, auront gagné au commencement de l'Age millénaire le grand prix pour lequel ils auront couru, l'immortalité, et étant ainsi revêtus de la nature et de la puissance divines, ils seront, durant cet Age-là, tout préparés pour le grand travail de rétablissement et de bénédiction du monde. Avec la fin de l'Age de l'Évangile, le chemin étroit conduisant à l'immortalité prendra fin, car le « petit troupeau » choisi, dont il était l'épreuve et la pierre de touche, sera complet. « Voici maintenant le temps favorable [ou acceptable, grec dektos] » le temps dans lequel les sacrificateurs, profitant du mérite de Jésus et mourant avec lui, sont acceptables pour Dieu, un sacrifice d'agréable odeur. La mort comme châtiment adamique ne sera pas permise éternellement ; elle sera abolie durant l'Age millénaire ; et, comme sacrifice, elle ne sera acceptable et récompensée que durant l'Age de l'Évangile.
Ce n'est que comme « nouvelles-créatures » que les saints de cet Age-ci sont sur le chemin de la vie ; et ce n'est que comme êtres humains que nous sommes, comme des sacrifices, consacrés à la destruction. Si. comme créatures humaines, nous sommes morts avec Christ, nous vivrons avec Lui comme nouvelles-créatures, êtres spirituels (Rom. 6 : 8), L'Esprit (« mind ») de Dieu en nous (la mentalité transformée), voilà le germe de la nouvelle nature.
La nouvelle vie peut facilement être étouffée et Paul nous assure qu'une fois engendrés de l'esprit par la vérité, nous mourrons (perdrons notre vie) si nous vivons selon la chair, mais que, si par l'esprit nous mortifions (mettons à mort) les actions du corps (les dispositions de la nature humaine), nous vivrons (comme nouvelles-créatures) : « car tous ; ceux qui sont conduits par l'esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rom. 8 : 13, 14). Ceci est une pensée de la plus haute importance pour tous les consacrés ; car si nous nous sommes engagés envers Dieu à sacrifier la nature humaine, et si ce sacrifice a été accepté par Lui, il est inutile d'essayer de le reprendre. Ce qui est humain est considéré par Dieu comme mort à présent, et doit réellement mourir pour ne plus jamais être rétabli. Tout ce qui peut être alors gagné par celui qui se retire pour vivre selon la chair, c'est une petite satisfaction charnelle aux dépens de la nouvelle nature spirituelle.
Il y a pourtant maints consacrés désireux d'obtenir le prix et qui ont été engendrés de l'esprit, mais qui sont vaincus partiellement par les attraits du monde, par les désirs de la chair ou par les artifices du diable. Ils perdent de vue en partie le prix placé devant nous et essayent de nager entre deux eaux, afin d'être agréables à Dieu et au monde ; ils oublient « que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu » (Jacq. 4 : 4) et que l'exhortation à ceux qui courent pour le prix, c'est de ne point aimer le monde, ni de chercher la gloire les uns des autres, mais la gloire qui vient de Dieu seul — 1 Jean 2 : 15 ; Jean 5 : 44.
Ceux qui aiment le monde présent, mais qui n'ont pas entièrement abandonné le Seigneur et méprisé leur alliance, auront à se soumettre à une correction et à une purification par le feu de l'affliction. Suivant l'expression de l'apôtre, ils sont livrés à Satan « pour la destruction de la chair, afin que l'esprit (la nature nouvellement engendrée) soit sauvé au jour du Seigneur Jésus » (1 Cor. 5 : 5). S'ils ont été droitement exercés par cette discipline, ils seront finalement admis à la condition spirituelle. Ils auront la vie éternelle, spirituelle, comme celle des anges mais ils perdront le prix de l'immortalité. Ils serviront Dieu dans son temple, et se tiendront devant le trône avec des palmes à la main (Apoc. 7 : 9-17) ; une telle position sera glorieuse, il est vrai, mais elle ne sera pas aussi glorieuse que la position du « petit troupeau » des vainqueurs, qui seront rois et prêtres de Dieu — assis sur le trône avec Jésus, comme son épouse et ses cohéritiers et couronnés avec lui de l'immortalité.
Raboteux, rude, escarpé et étroit est notre chemin et s'il ne nous était pas donné de nouvelles forces pour chaque étape successive du voyage, nous n'arriverions jamais au but. Mais la parole de notre « Capitaine » nous encourage : « Prenez courage, j'ai vaincu le monde », « ma grâce te suffit ; car ma force s'accomplit dans la faiblesse » (Jean 16 : 33 ; 2 Cor. 12 : 9). Les difficultés de ce chemin doivent agir comme un principe de séparation pour sanctifier et épurer un « peuple particulier » « d'héritiers de Dieu et de cohéritiers de Jésus-Christ ». En raison de ces choses, allons donc avec confiance au trône de grâce, pour être secourus au temps convenable, tout en combattant le bon combat de la foi et en nous attachant ferme à « la couronne de gloire », l'immortalité, la nature divine — 2 Tim. 4 : 8 ; 1 Pi. 5 : 4.
LE
GRAND CHEMIN DE LA SAINTETÉ
Tandis
que l'espérance spéciale de l'Age de l'Évangile est incomparablement
glorieuse, et que d'une façon correspondante, le chemin est difficile — étroit
et resserré par les difficultés et les dangers de chaque pas — de sorte que
peu le trouvent et obtiennent le grand prix à sa fin, le nouvel ordre de choses
dans l'Age à venir sera entièrement différent. Comme une espérance différente
y est présentée, de même un chemin différent y conduit. Le chemin de
l'immortalité a été un chemin qui exigeait le sacrifice d'espérances,
d'ambitions et de désirs d'ailleurs justes et légaux — le sacrifice à
toujours de la nature humaine. Mais le chemin qui conduit à la perfection
humaine, à la restitution, l'espérance du monde, n'exige que l'abandon du péché
: non le sacrifice, mais l'usage ou l'emploi légitime des droits et privilèges
humains. Il conduira à la purification personnelle et au rétablissement à l'image de Dieu dont Adam jouissait avant que le péché n'entrât
dans le monde.
Le chemin du retour à la perfection humaine réelle rendu très apparent et aisé ; si apparent que personne ne pourra ne pas le voir, si droit que « ceux qui le suivront, même les insensés, ne pourront s'égarer » (Esaïe 35 : 8) ; si distinct que plus personne n'aura besoin d'enseigner son prochain, disant : « Connaissez l'Éternel » ; car tous le connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand (Jér. 31 : 34). Au lieu d'être un chemin étroit que peu peuvent trouver, ce sera un « grand chemin », une chaussée publique non un chemin de traverse étroit, rapide, rude et resserré, mais un chemin spécialement préparé pour voyager aisément et arrangé tout particulièrement pour la facilité et la commodité des voyageurs. Les versets 8 et 9 montrent qu'il est une route publique, ouverte à tous les rachetés, — à tout homme. Tout homme pour lequel Christ mourut, qui appréciera les occasions favorables et les bénédictions acquises par le précieux sang et voudra en profiter, pourra s'élever dans ce grand Chemin de sainteté vers le grand but du parfait rétablissement à la perfection humaine et à la vie éternelle.
Ceux-là ne seront pas considérés non plus comme justifiés et considérés par Dieu comme étant dans une position de sainteté et de perfection ; dès les premiers pas qu'ils feront sur ce grand chemin de sainteté, ils pourront s'élever vers la perfection réelle, fruit de leurs efforts et de leur obéissance ; toutes choses leur seront rendues favorables par leur Rédempteur qui régnera alors en puissance. Chaque personne sera aidée individuellement, selon ses besoins, par la parfaite et sage administration du nouveau royaume. Tel sera le résultat légitime de la rançon, ainsi que l'auront déjà expérimenté certains. Puisque notre Seigneur, l'homme Christ Jésus, se donna lui-même en rançon pour tous, et veut que tous parviennent à la pleine connaissance de la vérité et, par ce moyen, à la perfection réelle, pourquoi n'établit-il pas tout de suite un bon et vaste grand chemin pour tous ? Pourquoi n'enlève-t-il pas les obstacles, les pierres d'achoppement, les pièges et les trappes ? Pourquoi n'aide-t-il pas le pécheur à vivre en pleine harmonie avec Dieu, au lieu de rendre le chemin étroit, épineux, difficile à trouver et plus difficile encore à suivre ? Ne connaissant pas l'application correcte de la Parole de la vérité, ignorant que le chemin étroit d'à présent conduit au prix spécial et qu'il est l'épreuve pour l'élection d'un petit troupeau de cohéritiers, le corps de Christ, lequel, une fois choisi et exalté avec son Chef, doit bénir toutes les nations, certains chrétiens ont des idées très confuses à ce sujet. Ne discernant pas le plan de Dieu, beaucoup essaient de prêcher un grand chemin de sainteté facile à suivre dans l'Age présent, alors qu'il n'existe aucun chemin pareil ; et, en voulant adapter les faits et les Écritures à leurs conceptions erronées, ils ne font qu'embrouiller et altérer la question. Sur ce grand chemin qui, sous peu sera ouvert, il n'y aura que les choses conduisant au péché qui seront interdites, alors que ceux qui marchent dans le chemin étroit doivent renoncer à eux-mêmes et sacrifier beaucoup de choses non coupables, comme aussi combattre continuellement les péchés qui nous enveloppent. Celui-ci est un sentier de sacrifice, tandis que celui de l'Age prochain doit être une grande route de droiture.
Il
est dit en langage
symbolique et d'une manière significative que, sur ce grand chemin, « il n'y
aura pas là de lion, et aucune bête qui déchire n'y montera pas, ne sera pas
trouvée » (Esaïe 35 : 9). Combien de lions effrayants se trouvent
maintenant dans le chemin de ceux qui éviteraient de bon cœur la voie du péché,
pour marcher dans la droiture ! Voici le lion d'une opinion publique corrompue,
qui empêche beaucoup de gens d'oser suivre la voix de leur conscience dans les
choses de la vie quotidienne concernant l'habillement, les arrangements touchant
la famille, les affaires, etc. Il y a le lion de la tentation des boissons
fortes qui empêche des milliers de gens de suivre le bon chemin ; ceux-ci
seraient tout heureux de pouvoir s'en défaire. Les prohibitionnistes
et les partisans de la tempérance ont maintenant une entreprise herculéenne
en main, une
œuvre que, seules, l'autorité et la puissance de l'Age prochain mèneront
à bonne fin ; et on en peut dire autant de tous les autres nobles efforts de réformes
morales. « Nulle bête qui déchire n'y montera ». Nulle corporation géante
organisée pour l'avancement d'intérêts égoïstes et personnels aux dépens
du bien général n'y sera tolérée. « Il ne se fera ni tout ni dommage sur
toute ma montagne (royaume) sainte », dit l'Éternel (Esaïe 11 : 9).
Certes, il y aura aussi des difficultés à surmonter, pour vaincre les
dispositions au mal, etc., mais ce sera un chemin bien facile en comparaison du
chemin étroit de cet Age. Les pierres (d'achoppement) seront toutes enlevées,
et l'étendard de la vérité sera élevé pour tous les peuples (Esaïe 62 :
10). L'ignorance et la superstition seront des choses du passé : la droiture
recevra sa récompense méritée, en même temps qu'une juste rétribution sera
mesurée au mal (Mal. 3 : 15, 18). Par des châtiments salutaires, des
encouragements appropriés et de claires instructions, les hommes reviendront
sur leurs pas comme l'enfant prodigue et seront disciplinés et élevés à la
perfection sublime de laquelle notre père Adam déchut. Ainsi « les rachetés
de l'Éternel retourneront [de la destruction par le grand chemin de la sainteté],...
avec des chants de triomphe ; et une joie éternelle sera sur leur tête ; ils
obtiendront l’allégresse et la joie, et le chagrin et le gémissement
s'enfuiront » (Esaïe 35 : 10). Notre Seigneur ne mentionna que deux de ces
chemins, parce que le moment propice pour l'ouverture du troisième n'était pas
encore venu — de même qu'en annonçant la bonne nouvelle, Jésus dit : «
Aujourd'hui cette écriture, que vous venez d'entendre, est accomplie », mais
il omit de mentionner « le jour de la vengeance », parce que ce n'était pas
le moment convenable alors (comp. Luc
4 : 19 et Esaïe 61 : 2). Cependant, maintenant que le chemin étroit tend à
sa fin, le grand chemin de la justice commence à être vu toujours plus
distinctement, à la lumière de l'aurore du Jour naissant.
Ainsi
avons-nous trouvé un « chemin
spacieux » sur lequel la multitude s'achemine à présent, trompée par «
le
prince de ce monde » et dirigée par des goûts corrompus. Nous avons trouvé
qu'il fut ouvert par la « désobéissance d'un homme » et que notre race y
continua sa course impétueuse. Nous avons trouvé que le « grand chemin de
sainteté » sera ouvert par notre Seigneur, qui se donna lui-même en rançon
pour tous et les racheta tous de la destruction qui est la fin du « chemin
spacieux ». Nous avons trouvé que ce chemin sera en son temps très aisé et
accessible à tous ceux qui ont été rachetés par le précieux sang de Christ.
Nous avons trouvé, en outre, que « le chemin étroit », ouvert par le mérite
du même sang précieux, est un chemin spécial, qui conduit à un prix spécial,
et qu'il est rendu particulièrement étroit et difficile, dans le but d'éprouver
et de discipliner ceux qui sont choisis maintenant pour devenir participants à
la nature divine et cohéritiers de notre Seigneur Jésus, dans le Royaume de
gloire qui sera bientôt révélé pour la bénédiction de tous. Quiconque a
cette espérance — qui discerne ce prix — peut en comparaison, considérer
toutes les autres espérances comme une perte et comme de la boue — Phil. 3 :
8-15.
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