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LA BATAILLE D'HARMAGUEDON

ÉTUDE XIII

L'ÉTABLISSEMENT  DU ROYAUME

ET COMMENT IL SE MANIFESTERA

*  *  *

            Marchons par la foi. — Ceux qui forment le Royaume. — L'établissement du Royaume spirituel. — L'établissement de « princes sur toute la terre ». — Le désir de toutes les nations. — La communication intime entre le Royaume et ses ministres ou « princes ». — L'échelle de Jacob. — Le voile de Moïse. — De grands changements s'effectuent. — Y aura-t-il un danger du fait que le nouveau Potentat aura tant de pouvoir en main ? — Combien durera le gouvernement avec un sceptre de fer ? — La conversion du monde. — Une nation née en un jour. — « Tous ceux qui sont dans les sépulcres ». — L'accroissement de son Royaume. — La remise des pouvoirs par Christ. — La volonté de Dieu faite sur la terre.

            « Et l'objet du désir de toutes les nations viendra ». « Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l'Éternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au­dessus des collines ».

            « Dans ce temps-là on appellera Jérusalem le trône de  l'Éternel : et toutes les nations se rassembleront vers elle, au nom de l'Éternel, à Jérusalem ; et elles ne marcheront plus suivant le penchant obstiné de leur mauvais cœur ». — Aggée 2 : 7 ; Michée 4 : 1, 2 ; Jér. 3 : 17.

*  *  *

            Dans nos études précédentes du plan divin, nous  sommes arrivés au terme de la détresse du grand « jour de la vengeance » et nous avons vu comment l'indignation de Dieu consumera le péché et l'égoïsme. Nous avons, à présent, la tâche plus agréable d'examiner, à la lumière de la Bible, comment doit être établi le Royaume de Dieu par lequel toutes les familles de la terre doivent être bénies, et qui doit instituer un nouvel ordre de choses bien meilleur et permanent, au lieu de celui du présent et du passé que chacun s'accorde à trouver défectueux.

            Il est vrai que les terribles événements d'un proche avenir projettent déjà devant eux leurs ombres et causent la crainte et l'agitation dans le monde. Pourtant, ceux qui regardent depuis « le lieu secret du Très-Haut », voient une bordure argentée aux nuées de tribulations ; cela leur permet de lever les yeux, de redresser la tête et de se réjouir à la pensée que leur délivrance est proche ainsi que le soulagement pour tous ceux qui ont été achetés par le sang précieux, lorsque « se lèvera le soleil de la justice ; et la guérison sera dans ses ailes ». — Mal. 4 : 2.

            Beaucoup des sujets qui ont été traités précédemment sont si ouvertement manifestes que même l'homme naturel peut en être considérablement impressionné. Mais à présent nous abordons une partie qui exige une vue plus claire, une étude plus soigneuse de la Parole de Dieu et une plus forte assurance de foi. Cependant, on s'attend à ce que le peuple de Dieu marche par la foi et non par la vue, et qu'il ait confiance que ce que Dieu a promis, il est parfaitement capable de l'accomplir. — Rom. 4 : 18-21.

            Personne ne pourrait connaître ces choses par son savoir ou sa sagesse personnelle, mais tous ceux qui ont reçu l'onction de Celui qui est Saint, peuvent dire par la foi en la puissance de Dieu : « De toutes les bonnes paroles qu'il a fait entendre... aucune parole n'est restée sans effet » (1 Rois 8 : 56 — Cr.) ; ils peuvent attendre avec patience et confiance implicite de bonnes choses futures.

            Dans nos études précédentes du sujet (*), [Vol. I, chap. 13 et 14 ; Vol. II, chap. 4] nous avons appris que les « Temps des Nations » qui occupent l'intervalle de temps entre l'enlèvement à Israël du Royaume-type et le plein établissement du vrai Royaume messianique sur les ruines des royaumes actuels, se termineront en octobre 1914. Nous avons vu que la période de la présence de notre Seigneur de 1874 à 1914 est un temps de « moisson » dont la première partie verra le rassemblement de son épouse choisie, et la dernière partie un temps de détresse pour le renversement des institutions présentes, préparatoire au nouveau Royaume. Examinions maintenant, à la lumière de la lampe prophétique (Ps. 119 : 105 ; 2 Pi. 1 : 19) quelques-uns des détails relatifs à l'établissement de ce Royaume du Très-Haut qui doit être le cinquième empire universel sur la terre et n'avoir pas de fin. Ce Royaume doit apporter des bénédictions à tous ses sujets, alors que tous les autres royaumes ont trop souvent apporté la désillusion et l'oppression à la « création gémissante ». Ne nous étonnons pas, dès lors, que dans le type, il soit déclaré que ce royaume sera inauguré par la trompette du Jubilé (Lév. 25 : 9). Ne nous étonnons pas non plus que le prophète Aggée (2 : 7) nous assure qu'à la fin, ce royaume sera reconnu comme l' « objet du désir de toutes les nations ».

            page 683 Comme cela a un rapport pratique avec la manière de l'établissement du « Royaume de Dieu », le « Royaume des cieux », n'oublions pas ce que nous avons déjà appris des Écritures (*) [Vol. 1 pp. 345-360] concernant la royauté de ce Royaume et ceux qui la constitueront.

            (1) C'est le Royaume de Dieu dans le sens que le Père céleste en est le Grand Roi et qu'il a conçu le plan de salut dont le Royaume millénaire sera une partie. C'est aussi son Royaume dans le sens qu'il sera établi et perpétué par sa puissance (1 Cor. 15 : 24-26). C'est encore son Royaume parce qu'il représentera Dieu comme Souverain suprême dont les lois, et son amour et sa miséricorde, seront manifestés par le Médiateur qu'il a désigné.

            (2) C'est aussi le Royaume de Christ, le Royaume du cher Fils de Dieu, parce que Christ, en sa qualité de Médiateur de la Nouvelle Alliance, sera le Souverain actif de ce Royaume millénaire comme le représentant du Père dans le dessein de vaincre le mal, de détruire le péché et d'amener dans une pleine et ardente obéissance au Père et à ses lois tous ceux de la race rachetée qui voudront être pleinement rétablis à la ressemblance divine, à la faveur et à la vie éternelle.

            (3) Ce Royaume sera celui des saints, parce que, formant « une sacrificature royale » (Apoc. 5 : 10), ils régneront, jugeront et béniront le monde conjointement avec leur Seigneur, Jésus. — Rom. 8 : 17, 18.

            La classe du Royaume proprement dite ne se composera que de notre Seigneur et de ses « élus » de l'Age  de l'Évangile à qui il dit : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12 : 32). De ce petit troupeau, également, le Seigneur dit au prophète Daniel : « Et le royaume, et la domination, et la grandeur des royaumes sous tous les cieux seront donnés au peuple des saints des [lieux] très-hauts. Son royaume est un royaume éternel, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront ». — (Dan. 7 : 27 — D.)

            Rappelons, cependant, que tous ceux-là seront « changés » dans leur résurrection (la première résurrection — Apoc. 20 : 4, 6 ; 1 Cor. 15 : 42-46, 50-54 ; Jean 3 : 5, 8) et qu'en conséquence, ils ne seront plus des êtres humains, mais « des participants de la nature divine », aussi invisibles aux hommes que le sont Dieu et les anges célestes. Il sera donc nécessaire d'établir certains moyens de communication  entre cette Église glorieuse et ceux qu'elle jugera (*) [Voir 1 Cor. 6 : 2, et Vol. I, chap. 8.] et relèvera de la déchéance du péché et de la mort. Dans le passé, une telle communication entre des êtres-esprits et des humains a été accomplie par les êtres-esprits qui apparurent dans des corps charnels, et entrèrent ainsi en communion avec certains personnages importants concernant les arrangements divins. C'est ainsi que des anges apparurent à Abraham, à Sara, à Lot, à Gédéon, à Daniel, à Marie, la mère de Jésus, et à d'autres. Une telle communication eut lieu entre notre Seigneur et les apôtres après sa résurrection comme être-esprit, parce qu'il était nécessaire qu'il leur communiquât certaines instructions et que « le saint Esprit n'était pas encore donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié ». — Jean 7 : 39.

            Cependant, nous ne nous attendons pas à ce que les dirigeants spirituels communiqueront avec leurs sujets terrestres de cette manière durant le Millénium ; nous trouvons en effet que Dieu a pris des dispositions pour qu’une certaine classe de l'humanité déjà éprouvée (durant la période qui a précédé l'Age de l'Évangile) et trouvée digne de recevoir la perfection et la vie éternelle, servira, à travers l'Age millénaire, d'intermédiaires entre le Royaume spirituel, les saints, et leurs sujets, le genre humain.

            (4) Bien que ne constituant pas le Royaume au sens propre du mot, ces intermédiaires seront si parfaitement les représentants de ce Royaume parmi les humains qu'ils seront considérés comme étant le Royaume parmi les hommes : ils représenteront le Royaume devant les hommes et en seront les seuls représentants visibles. C'est pourquoi nous les avons appelés « la phase terrestre du Royaume », visible parmi les hommes. — Luc 13 : 28.

            « Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes » et anciens Dignes auxquels font allusion notre Seigneur et les Apôtres (Matt. 8 : 11 ; Héb. 11 : 4-40), ayant subi leur épreuve, seront réveillés de la mort, parfaits, pleinement rétablis à la perfection humaine ; ils n'auront pas besoin d'une « résurrection de jugement » d'une durée de mille années comme celle des autres humains. Cette perfection les rendra capables de communiquer directement avec les Rois et les Sacrificateurs spirituels sans que les êtres-esprits aient besoin de se manifester dans des corps charnels pour transmettre les lois, etc., au monde. De même qu'Adam, avant sa transgression, alors qu'il était parfait, pouvait communiquer directement avec les puissances célestes, ainsi ces Dignes pourront-ils le faire également lorsqu'ils seront rétablis dans le même état de perfection.

            Cependant, les gouverneurs terrestres ne seront pas les « Rois et Sacrificateurs », mais, conformément à la nomination du Roi, ils seront « princes sur toute la terre » — des personnages importants, des chefs — des gouverneurs, des instructeurs.

COMMUNICATIONS INTIMES ENTRE LE ROYAUME

ET SES REPRÉSENTANTS

            Il est évident que la partie terrestre du Royaume sera en communion, en amitié et en coopération intimes avec le Royaume proprement dit, avec les gouverneurs spirituels. Leurs relations réciproques seront comme celles existant entre père et enfants, et comme des services coopératifs du même gouvernement céleste : le département céleste étant celui qui donne les lois et le département terrestre celui qui les fait exécuter. Ainsi qu'il est écrit : « Car de Sion [le Royaume spirituel] sortira la Loi, et de Jérusalem, la Parole de l'Éternel  [les messages divins, par l'intermédiaire des « princes »] » — Es. 2 : 3.

L' ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME

            « Le Royaume de Dieu est annoncé [voir note Darby — Trad.] et chacun [acceptant le témoignage comme un message de Dieu] use de violence pour y entrer » (Luc 16 : 16). Depuis plus de dix-huit siècles, ce message, cette offre du Royaume a fait son œuvre de sélection des « élus », des « vainqueurs » parmi les humains. Durant tout l'Age actuel, ceux-ci ont attendu le temps marqué du Père pour être, par Lui, établis ou élevés au pouvoir, comme ses Rois et sacrificateurs, en vue de gouverner et d'instruire le peuple racheté de la terre, et leur donner ainsi l'occasion favorable d'obtenir la vie éternelle par la foi et l'obéissance. Cependant, durant tout ce temps, cette classe du Royaume a souffert la violence des mains de la classe d'Ismaël et d'Ésaü, de celles de Satan, le prince de ce monde, et de ses serviteurs aveuglés. Comme l'exprime notre Seigneur : « Le Royaume des cieux est pris par violence, et les violents le ravissent » (Matt. 11 : 12). Notre Seigneur, la tête du Royaume, souffrit jusqu'à la mort même, et tous ses disciples ont souffert quelque perte terrestre comme conséquence de leur transfert de la puissance des ténèbres dans le Royaume du Fils bien aimé de Dieu. — Col. 1 : 13.

            Ce n'est pas que notre Seigneur ressuscité, élevé et glorifié ait manqué de puissance pour protéger son peuple en laissant pendant plus de dix-huit siècles dominer la violence du mal car, après sa résurrection, il déclara : « Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matt. 28 : 18). L'exercice de la pleine autorité est retardée à dessein. Dans le plan du Père, il y a eu un « temps convenable » pour que le grand sacrifice pour les péchés fût accompli, et un autre temps convenable pour que le Royaume fût établi en puissance et en grande gloire afin de gouverner et de bénir le monde ; l'intervalle entre ces deux choses fut suffisamment long pour permettre l'appel et la préparation des membres de l'Église « élue » en vue d'être les héritiers du Royaume avec Christ. Les influences mauvaises et l'opposition de la part des pécheurs ont été permises pour la purification, la mise à l'épreuve et le polissage de ceux qui étaient « appelés » à faire partie de la classe du Royaume. Comme pour la Tête, ainsi en est-il du corps ; c'est le dessein de Dieu que chaque membre soit, comme nouvelle-créature, « rendu parfait par la souffrance ». — Héb. 5 : 9.

            Or, nous voici à la fin de cet Age de l'Évangile, et le Royaume est en train de s'établir. Notre Seigneur, le Roi désigné par Dieu, est maintenant présent, et cela depuis octobre 1874 ap. J.-C., conformément au témoignage des prophètes pour ceux qui ont des oreilles pour l'entendre ; l'inauguration officielle de sa charge royale date d'avril 1878. La première œuvre du Royaume, comme l'a montré notre Seigneur dans ses paraboles et prophéties (le rassemblement de « ses élus »), est maintenant en cours. « Les morts en Christ ressusciteront premièrement » a expliqué le Seigneur par le moyen de son Apôtre ; la résurrection de l'Église se fera en un instant (*) [Écrit en 1897 — Trad.]. En conséquence, le Royaume, tel qu'il est représenté par notre Seigneur et par les saints endormis déjà qualifiés, préparés et trouvés dignes d'être des membres de « son corps », l' « épouse », fut établi en 1878, et tout ce qui reste à faire pour son achèvement est le « rassemblement auprès du Seigneur » de ceux des « élus » qui sont encore vivants et sur la terre, dont le temps d'épreuve n'est pas encore achevé (*) [Vol. III, chap. 6.]

            Cependant, au lieu que le Royaume attende que les membres vivants achèvent leur course, l’œuvre du Royaume commença tout de suite ; les membres vivants de ce côté du voile, ont le privilège de connaître « les mystères du Royaume » et de s'engager dans l’œuvre du Royaume avant leur « changement » ; à leur mort, ils (ne s' « endormiront » pas, mais) seront « changés » en un instant, ressuscités comme faisant partie de la sainte première résurrection bénie ; comme il est écrit : « Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur dorénavant. Oui, dit l'Esprit afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent ». — Apoc. 14 : 13.

            Tout cela s'accorde avec les Écritures qui déclarent que le Royaume de Dieu doit d'abord être établi avant que son influence et son œuvre ne produisent la destruction complète « des autorités qui existent » de « ce présent monde mauvais », politique, financier, ecclésiastique, vers la fin des « Temps des nations », octobre 1914 ap. J.-C. Examinons quelques passages bibliques relatifs à ce sujet.

            Dans la description des événements qui se déroulent tandis que retentit la Septième Trompette, nous observons qu'ils se succèdent dans l'ordre suivant : (1) Le Seigneur prend en mains sa puissance comme Roi de la Terre, et son règne commence ; (2) L'une des conséquences est le grand jugement-détresse qui s'abat sur le monde. La prophétie nous dit que le règne commence avant le temps de détresse et avant la résurrection des saints et des prophètes, mais qu'il continuera longtemps après ces événements (pour une durée de mille ans), jusqu'à ce qu'il ait « jugé » toute l'humanité, récompensant ceux qui vénéreront l'Éternel, et détruisant ceux dont l'influence sera corruptrice. Remarquez ces points dans la citation suivante :

            « Nous te rendons grâces, Éternel Dieu, Tout-puissant, celui qui est et qui était, de ce que tu as pris ta grande puissance et de ce que tu es entré dans ton règne [représenté en Christ : « Toutes choses sont du Père », et « toutes choses sont par le Fils », son représentant honoré]. Et [comme l'un des résultats de l'inauguration de ce règne] les nations se sont irritées ; et ta colère est venue, et le temps des morts pour être jugés, et pour donner la récompense à tes esclaves les prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et pour détruire ceux qui corrompent la terre ». — Apoc. 11 : 17, 18.

            Nous lisons d'une manière semblable que le règne du Royaume commencera avant que « Babylone » ne tombe, et que Babylone tombera comme l'un des résultats des jugements du Royaume : certains de ceux qui se trouvent en Babylone le discerneront plus tard ; ils sont représentés comme recevant la lumière et la liberté par le moyen de Christ, après la chute de Babylone. Ils disent :

            « Ses jugements sont véritables et justes ; car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa fornication, et il a vengé le sang de ses esclaves [le réclamant] de sa main ». — Apoc. 18 ; 19 : 2-7.

            Le prophète Daniel fut divinement inspiré pour répéter et expliquer au Roi Nébucadnetsar sa vision de la puissance des nations, représentée par une grande statue. Dans la vision, une pierre vint frapper les pieds de la statue, provoquant l'écroulement total de la puissance des nations (des Gentils) ; ensuite, la pierre s'agrandit jusqu'à remplir toute la terre. L'explication donnée montre que le Royaume de Dieu sera établi et recevra toute puissance, et que la ruine des gouvernements terrestres sera le résultat direct de l'énergie déployée par ce Royaume. Voici le témoignage inspiré de Daniel :

            « Et dans les jours de ces rois [la dernière période du pouvoir des nations représenté par les orteils de la statue] le Dieu des cieux établira un Royaume [présent d'une manière représentative à travers l'Age de l'Évangile, mais que le monde ne reconnut pas comme royaume] qui [au contraire des royaumes changeants des nations, représentés dans la statue] ne sera jamais détruit ; et ce Royaume ne passera point à un autre peuple [comme la puissance de la statue transférée d'un peuple à un autre peuple] ; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à jamais ». — Dan. 2 : 44, 45.

            Notre seigneur a donné l'assurance à ses fidèles qu'au moment de l'établissement de son Royaume et de la destruction de la puissance des nations, l'Église triomphante serait avec lui et aurait une part à cette œuvre. Voici ses propres paroles :

            « Et celui qui vaincra, et celui qui gardera mes œuvres jusqu'à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j'ai reçu de mon père ». — Apoc. 2 : 26, 27. Comparer avec le Ps. 149 : 8, 9.

            II ne nous est pas possible de juger avec précision quels sont les points importants du grand travail qui sont maintenant exécutés par le Seigneur et ses saints glorifiés au-delà du voile, mais nous pouvons être sûrs qu'ils participent activement au travail affecté aux membres de la même classe du Royaume dont la course et le service ne sont pas encore achevés de ce côté-ci du voile, savoir : l’œuvre de la moisson consistant (1) à rassembler les « élus » vivants ; (2) à dire à Sion « Ton Dieu règne » (le Royaume est en train de s'établir) et (3) à proclamer le Jour de la vengeance de notre Dieu.

L'ÉTABLISSEMENT DU GOUVERNEMENT TERRESTRE

            Nous ne devons pas attendre la phase terrestre du Royaume de Dieu avant la fin complète du Temps des nations (octobre 1914), car, en donnant aux nations (Gentils) un bail de domination jusqu'à cette date, Dieu n'a commis aucune erreur et ses plans ne changent pas. Lorsque la phase terrestre du Royaume de Dieu sera établie, elle sera israélite, car Dieu s'y est engagé, l'a promis à Abraham et à sa postérité naturelle. Même la principale faveur, le Royaume spirituel, fut offerte en premier lieu à Israël selon la chair et lui aurait été donnée s'il avait été prêt à la recevoir dans les conditions de cœur imposées par Dieu, savoir : de souffrir avec Christ pour être ensuite glorifié avec lui (Rom. 8 : 17). En vérité, Israël désirait et cherchait ce que Dieu avait de meilleur à donner, mais « ce qu'Israël recherche, il ne l'a pas obtenu, mais l'élection [le « petit troupeau » choisi à la fois d'entre les Juifs et les Gentils] l'a obtenu, et les autres ont été aveuglés » ; non à jamais, mais jusqu'à ce que l'élection de la semence spirituelle, le Royaume proprement dit, soit achevée. — Rom. 9 : 31-33 ; 11 : 7, 23, 25-32.

            Tandis que les Israélites, encore incrédules à des degrés divers, seront rassemblés en Palestine sous la faveur divine, selon la promesse, aucun d'eux cependant ne sera considéré à un degré quelconque, comme faisant partie, ou même comme soutien ou associé de la phase terrestre du Royaume avant d'avoir tout d'abord reconnu Christ Jésus comme Fils de Dieu, seul Rédempteur et Libérateur d'Israël et du monde.

            Le commencement de la phase terrestre du Royaume — après 1914 (*) [Voir note fin de l’introduction — Trad.] — consistera entièrement, d'après notre compréhension, des saints ressuscités des temps anciens, depuis Jean-Baptiste en remontant jusqu'à Abel, « Abraham, Isaac, Jacob et tous les saints prophètes » (Comparer Matt. 11 : 11 ; Luc 13 : 28 ; Héb. 11 : 39, 40). Certes, ces anciens Dignes n'auront ni part, ni lot dans le Royaume spirituel, parce qu'ils n'y furent pas « appelés », étant donné que le « haut-appel » ou « appel céleste » n'était pas possible avant que la rançon eût été payée par notre Seigneur Jésus. Cependant, ils occuperont une position de promotion au-dessus du monde, car ils ont témoigné de leur foi et de leur amour durant le règne du mal, et cela d'une manière approuvée de Dieu. Ainsi furent-ils préparés et trouvés dignes d'être les ministres et les représentants terrestres du Royaume spirituel. En accord avec cette pensée, il est écrit dans les Psaumes, s'adressant au Christ : « Au lieu de tes pères [au lieu qu'ils soient encore considérés comme tes pères], tu auras tes fils ; tu les établiras pour princes [chefs, capitaines] dans tout le pays [terre — note D.] ». — Ps. 45 : 16.

            Ces Anciens Dignes seront autrement que le reste des humains, non seulement du fait que leur épreuve est passée tandis que celle du monde en général sera juste en cours, mais ils seront différents d'eux également du fait qu'ils auront obtenu la récompense de leur fidélité — ils seront des hommes parfaits, ayant complètement reçu en eux tout ce qui avait été perdu en Adam de la ressemblance mentale et morale avec Dieu, et la perfection de leurs facultés physiques. Ainsi, seront-ils non seulement les « princes » ou chefs de la terre (les représentants terrestres du Royaume céleste — Christ et son Église), mais, individuellement, ils seront des représentants de tout ce que les humains volontairement obéissants pourront obtenir sous la Nouvelle Alliance.

            Lorsque Abraham, Isaac, Jacob et tous les Anciens Dignes auront été ressuscités et qu'ils paraîtront parmi les Israélites rassemblés, vers la fin du temps de la détresse finale de Jacob avec Gog et Magog, leurs facultés mentales supérieures les distingueront rapidement des autres. De plus, leur intelligence parfaite saisira promptement la connaissance et les inventions d'aujourd'hui ; ils seront remarquables de nombreuses manières, comme le fut l'homme Christ Jésus dont le peuple disait : Comment cet homme connaît-il les lettres, vu qu'il ne les a point apprises ? (Jean 7 : 15). De même que Jésus enseigna le peuple d'une manière positive, précise, claire, et non en hésitant et d'une manière confuse, comme le faisaient les scribes, ainsi en sera-t-il pour les Anciens Dignes rendus parfaits, quand ils paraîtront parmi les hommes. En outre, ces dignes, ces « princes », seront en communion directe avec le Royaume spirituel (Christ et l'Église) comme le fut notre Seigneur avec les anges, et comme Adam jouit d'une communion personnelle similaire avant de tomber sous la condamnation divine comme transgresseur. Ces « princes » de la nouvelle terre (le nouvel ordre de la société) seront parfaitement qualifiés pour occuper l'honorable position qui leur sera assignée.

            Ainsi voyons-nous que lorsqu'arrivera le temps de Dieu pour inaugurer son Royaume parmi les hommes, ses agents seront tous suffisamment prêts pour servir ; leurs hauts faits de sage politique, leur modération, leur noble maîtrise et leur exemple personnel de toutes les grâces et vertus, attireront les hommes et engageront rapidement ces derniers — alors qu'ils auront été châtiés sous la grande tribulation — dans une active coopération. Même avant que leur identité soit révélée, il est hors de doute que le peuple d'Israël aura remarqué leur prééminence sur les autres hommes.

            En outre, souvenons-nous que le dessein même du grand temps de détresse qui approche maintenant de son point culminant, est de briser les cœurs de pierre du monde entier, d'abaisser dans la poussière les orgueilleux, et de creuser le sol aride des cœurs avec de profonds sillons de peines, d'afflictions, de chagrin, afin de préparer ainsi le monde pour les grandes bénédictions du Royaume millénaire. Ce grand temps de détresse servira le dessein projeté : ainsi que le déclare le prophète, « Lorsque tes jugements [Éternel] sont sur [toute] la terre, les habitants du monde apprennent la justice » (Es. 26 : 9). A ce moment-là, tous auront appris que des plans égoïstes et tous les plans que peuvent concevoir et mettre à exécution des hommes déchus sont défectueux et conduisent seulement à des degrés divers de difficultés et de confusion. Tous, à ce moment-là, désireront vivement, mais sans espoir, un règne de justice, et peu de gens se rendront compte combien ce règne est proche.

            Dans l'intervalle, les espérances du Royaume, longtemps nourries par Israël, renaîtront parmi ceux qui, à cause du respect des promesses, se seront rassemblés en Palestine. Lorsqu'à ceux-là les Anciens Dignes annonceront leur résurrection et la forme de gouvernement juste qui doit être établi, ce plan sera sans nul doute reconnu promptement comme venant de l'Éternel. Et lorsque les Israélites apprendront que le véritable Royaume qui les dirige est le Royaume spirituel, que Jésus le crucifié est leur Roi, qu'ils verront mentalement, par les yeux de la foi « celui qu'ils ont percé », alors, « ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique, ils pleureront amèrement sur lui comme on pleure sur son premier-né. En ce jour-là, il y aura une grande lamentation à Jérusalem ». Et Dieu « répandra sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ». — Zach. 12 : 10, 11.

            La nouvelle de la défaite des armées de Gog et de Magog et de la merveilleuse délivrance d'Israël des mains de leurs ennemis, sera rapidement suivie de celle de l'apparition de leurs « pères » de grand renom, ressuscités, de l'établissement d'un gouvernement avec ces derniers à la tête, et de la conversion générale d'Israël au Messie longtemps rejeté. Nul doute qu'une grande partie de ces nouvelles ne sera pas crue parmi les Gentils : ils se moqueront des Juifs d'être aussi crédules, et ils classeront les Anciens Dignes parmi les subtils imposteurs.

            Cependant, la bénédiction qui accompagnera la réorganisation du gouvernement sous les nouveaux auspices en Palestine, opérera de tels changements merveilleux et rapides dans le bien-être d'Israël qu'elle étonnera le monde anarchiste et découragé d'alors, et en amènera beaucoup à penser et à dire : Qu'ils soient des imposteurs ou non, le travail de ces hommes qui prétendent être les prophètes ressuscités est celui-là même dont le monde a besoin ! Plaise à Dieu qu'ils veuillent prendre la direction du monde entier et apporter l'ordre et la paix au lieu de notre désordre universel. C'est alors qu'ils enverront demander à ces merveilleux « princes » d'étendre partout leur gouvernement, leur domination de justice si bénéfique pour Israël. C'est ce que déclare le prophète comme suit :

            « Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne [Royaume] de la maison de l'Éternel sera établie sur le sommet des montagnes [comme un Royaume surpassant ou dominant tous les royaumes], et sera élevé au-dessus des collines [les sommets les plus élevés] ; et toutes les nations y afflueront ; et beaucoup de peuples iront, et diront : Venez, et montons à la montagne [Royaume] de l'Éternel, à la maison du Dieu de Jacob ; et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion [le Royaume spirituel — le Christ glorifié, tête et corps] sortira la loi, et de Jérusalem [le siège du gouvernement terrestre représentatif entre les mains des « princes »]. Et [auparavant — dans le grand temps de détresse] il jugera au milieu des nations, et prononcera le droit à beaucoup de peuples ; et [comme résultat des réprimandes du Seigneur et par la suite de sa loi et de sa Parole] de leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes : une nation ne lèvera pas l'épée contre une [autre] nation, et on n'apprendra plus la guerre ». — Es. 2 : 2-4 ; Michée 4 : 1-4.

L'INTIMITÉ ENTRE LE ROYAUME

ET SES « PRINCES » TERRESTRES

            Comme nous pouvons le supposer, la communication entre les deux phases ou parties du Royaume sera facile et directe, et de ce fait, la direction et l'instruction des humains seront complètes, les « princes » étant les « canaux » de la communication divine. C'est ce que semblent donner à entendre à Nathanaël les paroles de notre Seigneur : « Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'Homme » (Jean 1 : 51-52 en D. — Trad.). Le songe de Jacob dans lequel il vit une échelle entre ciel et terre, sur laquelle montaient et descendaient des messagers, n'était-il pas une prophétie aussi bien qu'un songe, préfigurant la prochaine communication étroite entre le Royaume céleste et le monde ? Dans cette œuvre, Jacob lui-même comme étant l'un de ces messagers informateurs ne devait-il pas avoir part à la bénédiction du monde ? Nous croyons que si. — Gen. 28 : 10-12.

            Les Écritures enseignent clairement, et cela est reconnu en général par ceux qui étudient la Bible, que Moïse, le médiateur de l'Alliance de la Loi, fut un type de Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance ; pourtant, tous n'ont pas reconnu que Moïse fut un type du Christ complet — tête et corps — et que, dans ce sens, l'Age de l'Évangile tout entier a été la période de l'édification de Christ. Cependant, c'est la seule application du type qui conviendra dans un grand nombre de cas, comme par exemple, en Actes 3 : 22, 23.

            Lorsque l'Alliance de la Loi fut instituée au Mont Sinaï, Moïse semble avoir été un type du Christ au complet (Tête et corps) inaugurant l'Age millénaire par l'institution de la Nouvelle Alliance pour le monde. Cet événement aura lieu après « le retentissement de la grande [septième] trompette », « après que les épaisses ténèbres » et « le grand tremblement de terre », etc., du Jour de Vengeance auront épouvanté l'humanité et l'auront rendue prête à écouter la voix du Grand Instructeur, et heureuse d'accepter sa Nouvelle Alliance. Ceci est clairement signalé par l'Apôtre en Hébreux 12 : 18-22, où il semble indiquer chaque degré du parallélisme. Les Israélites s'étaient approchés du Mont Sinaï et finalement l’avaient atteint au point de pouvoir le toucher ; de ce mont ils avaient vu des choses si terrifiantes et entendu des sons si épouvantables qu'ils en avaient été tous effrayés et tremblants ; par contre, nous nous approchons de la montagne de Sion et de ses merveilleuses gloires et bénédictions bien supérieures à celles du Sinaï ; toutefois, avec ces plus grandes bénédictions, il y aura, plus terribles, la trompette, les ténèbres et l'ébranlement par le tremblement de terre, l'ébranlement final de tout ce qui peut être ébranlé (tout ce qui est péché et contraire à la volonté divine) ; seul, ce qui est vrai et durable pourra demeurer. C'est en Héb. 12 : 28 que nous trouvons la solution de toutes ces choses : « C'est pourquoi, recevant [par anticipation] un Royaume inébranlable, retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu d'une manière qui lui soit agréable ».

            Poursuivant l'examen de cette illustration, nous remarquons qu'après cela, Moïse monta sur la montagne (Royaume) et fut typiquement glorifié : la peau de son visage rayonnait de sorte que les Israélites ne pouvaient voir Moïse. Cela semblerait typifier l'achèvement de l'Église (Christ, tête et corps) en gloire ; le voile que, par la suite, Moïse porta devant le peuple, mais qu'il enlevait quand il se trouvait dans la montagne avec l'Éternel, semblerait typifier la phase terrestre de son Royaume, les « princes sur toute la terre » par qui le Christ parlera au peuple et sera représenté, l'être glorieux étant invisible. Il semble que ce soit là une illustration frappante des relations étroites qui existeront entre les « princes » terrestres et les Rois et Sacrificateurs (Prêtres) célestes. L'ascension de Moïse sur la montagne pour communiquer avec Dieu pendant que la montagne était enveloppée de nuages et illuminée d'éclairs, que la terre tremblait alors que le tonnerre grondait, représentait le fait que le Corps de Christ sera au complet, les derniers membres «  changés » et reçus dans le Royaume au moment où le présent ordre de choses est en voie de changement, au milieu d'un grand temps de détresse tel que la terre n'en a jamais connu.

            De même que les premières tables de la Loi qui furent brisées représentaient l'échec de l'Alliance de la Loi à cause de la « faiblesse de la chairs », ainsi les secondes tables représentent la Nouvelle Alliance dont Christ est le Médiateur, et qui, elle, ne faillira pas. Cette Nouvelle Alliance entrera en vigueur concernant le monde après que le « Corps de Christ » sera au complet. Dans l'intervalle, l'élection des membres du Grand Prophète semblable à Moïse continue (Actes 3 : 23). Remarquez maintenant le fait que ce fut lorsque les secondes tables de la Loi (représentant la Nouvelle Alliance) furent remises que Moïse fut changé, de sorte que désormais il porta un voile devant le peuple parce que son visage rayonnait.

            L'inauguration du Royaume sera accompagnée de tels spectacles effrayants que le monde entier en tremblera de terreur et sera heureux d'accepter l'Oint de l'Éternel comme Roi de toute la terre. De même que les Israélites supplièrent l'Éternel de ne plus leur parler — par les terribles spectacles et bruits au Sinaï — ainsi, de nos jours, tous les peuples désireront que l'Éternel (Jéhovah) cesse de leur parler dans sa colère et de les affliger dans sa violente et juste colère ; ils seront heureux d'entendre plutôt le grand Médiateur, de le reconnaître comme Roi, établi sur eux par l'Éternel — Emmanuel, le grand antitype de Moïse — le Prophète, Sacrificateur et Roi voilé (caché). — Comparer Hébr. 12 : 19 et Ps. 2 : 5, 6.

            Israël sera bien disposé, désirant ardemment le nouveau Royaume ; ainsi qu'il est écrit : « Ton peuple sera [un peuple] de franche volonté, au jour de ta puissance » (Ps. 110 : 3). Ce sera exactement ce qu'Israël a tant attendu (aveuglé quant à l'appel spirituel plus élevé de l'Age de l'Évangile) : toutefois, ce sera bien plus magnifique et plus durable que tout ce qu'il ait jamais pu concevoir. Ensuite, un très grand nombre de plus ou moins croyants en Christ, informés d'une façon déplorable, diront : « N'avons-nous pas prophétisé [prêché] en ton nom, et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? » (Matt. 7 : 21, 22). Tous ceux-là ne seront pas reconnus comme étant l'épouse de Christ, mais seront laissés pour avoir part aux pleurs et aux grincements de dents du grand temps de détresse ; au lieu d'être des sectaires, ils deviendront indubitablement des membres du peuple de Dieu, et seront « de franche volonté, au jour de sa puissance ». En vérité, comme le déclare notre texte, très bientôt, le Royaume de Dieu sera reconnu comme « l’ objet du désir de tous les peuples ».

RÉFORMES MORALES ET SOCIALES

            La Loi de I'Éternel qui sortira alors de la montagne de Sion (le Royaume) et sera, de Jérusalem, la nouvelle Capitale du monde, promulguée par des « princes » à tout le peuple comme étant la Parole de l'Éternel, s'occupera tout de suite des choses déjà considérées comme étant de « mauvaises choses criantes ». Des réformes morales seront apportées dans tous les domaines ; les questions financières, sociales et religieuses seront toutes remaniées en accord, à la fois avec la Justice et avec l'Amour. Le jugement sera mis pour cordeau et la justice pour plomb (Es. 28 : 17) ; toutes les affaires de la terre seront arrangées et réglées avec droiture, elles seront exactement conformes à la droiture.

            Les conséquences en seront considérables en ce qui concerne la suppression de toutes catégories d'affaires qui tentent les humains en les alléchant et en les séduisant à cause des faiblesses de leur nature déchue et du déséquilibre de leurs qualités mentales et morales. La distillerie, la brasserie, le débit de boissons, la maison de prostitution, la salle de jeux, tout commerce destiné à tuer le temps et à corrompre le caractère, seront supprimés, et ceux qui s'en occupaient auront autre chose à faire qui sera avantageux pour eux-mêmes et pour les autres.

            De même, la construction des navires de guerre, la fabrication de matériel de guerre, offensif et défensif, cessera, et les armées seront licenciées. Le Nouveau Royaume n'en aura nullement besoin, mais il aura toute puissance pour faire prompte justice dans le châtiment des malfaiteurs alors qu'ils sont déterminés à agir, mais avant qu'ils aient pu nuire aux autres ainsi que le déclare Esaïe (11 : 9) : « On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas dans toute la sainte montagne (Royaume) », sauf lorsque les juges, compétents et justes, infligeront la Seconde Mort aux incorrigibles. — Es. 32 : 1-8 ; 65 : 20-25 ; Ps. 149 : 9 ; 1 Cor, 6 : 2.

            Les affaires bancaires et de courtage, et d'autres emplois semblables, très utiles dans les conditions actuelles, n'auront plus de raison d'être, car sous les conditions nouvelles les membres de la race humaine devront se traiter mutuellement comme des membres d'une seule famille, et le capital et l'argent personnels à prêter et à emprunter seront des choses du passé. Les propriétaires et les agences de location trouveront également de nouveaux emplois, parce que le nouveau Roi ne reconnaîtra pas comme valides les privilèges et les actes enregistrés maintenant. Il déclarera que, lorsqu'au Calvaire, il racheta Adam et sa race, il racheta aussi le domaine d'Adam, la terre (Eph. 1 : 14) : il la répartira non pas tout bonnement aux égoïstes, aux avares et aux cupides, mais les endroits les plus fertiles, il les donnera aux « débonnaires », conformément à la promesse qu'il fit dans le sermon sur la montagne. — Matt. 5 : 5.

            C'est en parlant de ce grand Roi et Juge (tête et corps), typifié par Moïse, que l'Éternel déclare :

            « L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui, l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel ; et il ne jugera pas d'après la vue de ses yeux, et ne reprendra pas selon l'ouïe de ses oreilles ; mais il jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre ; et il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité, la ceinture de ses flancs ». — Es. 11 :1-5.

            A certains, il pourrait sembler que ce divin programme fera de la terre un Paradis pour les pauvres, mais un lieu d'angoisse pour ceux qui, actuellement, sont habitués au luxe et qui ont un avantage sur la majorité, soit à cause de la bonne fortune ou de talents et d'occasions favorables, soit à cause de pratiques malhonnêtes. Ces personnes devraient pourtant se souvenir des paroles du Juge, prononcées il y a dix-huit siècles : « Mais malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation ; malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim [vous serez peu satisfaits] » (Luc 6 : 24, 25). Tout d'abord, ceux-ci seront disposés à pleurer la perte de leurs avantages, et de même que, maintenant, les riches pieux trouvent qu'il est difficile pour eux d'entrer dans la condition de cœur et d'esprit qui sera récompensée par une participation au Royaume de Christ, alors ceux qui furent ainsi accoutumés autrefois aux richesses auront des difficultés que n'expérimenteront pas ceux qui furent, eux, disciplinés à l'école de l'adversité.

            Cependant, le nivellement inévitable de la société qui sera accompli par l'anarchie du Jour de Vengeance devra être accepté ; plus tard (lentement chez les uns, plus rapidement chez les autres), les avantages du règne de l'Amour seront reconnus et appréciés d'une manière générale. On trouvera que, sous l'arrangement divin, tous pourront, s'ils le veulent, être bénis, être vraiment heureux, et « monter » sur le grand chemin de sainteté vers la grandiose perfection humaine (l'image de Dieu), et vers la vie éternelle (Es. 35 : 8). Ce que déjà, l'on admet en général, on le trouvera absolument convenable : par exemple, qu'avec les commodités actuelles, si l'on mettait tout le monde au travail d'une manière systématique et sage, il suffirait de trois heures de travail individuel. Sous la direction du Royaume céleste, les heures de libération du travail ne seront pas employées au détriment des gens, comme ce serait sûrement le cas dans les conditions actuelles avec le mal et la tentation de tous côtés de profiter des faiblesses héréditaires.

            Au contraire, lorsque Satan sera lié (le mal entravé) et les tentations extérieures disparues, les heures de libération seront passées, sous la direction de l'Église glorifiée, dans des études qui deviendront de plus en plus attrayantes et intéressantes : l'étude de la Nature et du Dieu de la Nature et ses glorieux attributs : sa Sagesse, sa Justice, son Amour et sa Puissance. Et ainsi, d'une manière agréable, ils pourront progresser vers la perfection humaine, la fin de leur course ou épreuve ; il faut se souvenir, en effet, que le nouveau gouvernement prendra connaissance, non seulement des grandes affaires et des grands intérêts de ses sujets, mais également de ses plus petites affaires. Ce sera un « gouvernement paternel » dans le sens le plus complet de cette expression.

            C'est bien avec une sérieuse appréhension que les hommes auraient pu envisager l'établissement du gouvernement le plus autocratique que le monde ait jamais connu, dans lequel les vies, les propriétés et tous les intérêts de tous les humains reposeront d'une manière absolue dans les mains du Roi, et sans appel, si nous n'avions pas par ailleurs les preuves les plus absolues et les plus convaincantes que tous les règlements et arrangements du Royaume sont conçus pour le bien de ses sujets. Le Roi de ce Royaume de médiation a tant aimé ceux sur qui il doit régner qu'il a donné sa propre vie comme prix de leur rançon, afin de leur assurer le droit pour chacun d'une épreuve en vue de la vie éternelle, et l'objet même de son règne millénaire est de les aider dans cette épreuve. Que pourrait-on demander de plus ? En tant que Rédempteur, il a, à juste titre, le droit de diriger de manière absolue ceux qu'il a rachetés avec son propre sang, et nul doute que si la question était laissée à leur vote (ce qui ne sera pas, cependant), tous ceux qui apprécient cet amour qu'il a manifesté, lui accorderaient joyeusement tout pouvoir et toute autorité et obéiraient promptement à sa juste volonté.

            Mais les « saints » qui seront des cohéritiers dans le Royaume, et des juges associés, peuvent-ils être chargés sans danger d'un pouvoir absolu, autocratique ?

            Eh bien, oui ! De même que Christ a prouvé qu'il avait l'esprit du Père céleste et qu"il est « l'empreinte de la personne du Père », ainsi, tous ceux qui seront du « petit troupeau », ses cohéritiers dans le Royaume, auront fait la preuve qu'ils ont « l'esprit de Christ », le saint esprit d'Amour. L'une des conditions de leur « appel » est qu'ils doivent devenir des « copies de la ressemblance du cher Fils de Dieu » (voir Rom. 8 : 29 — Diaglott), et personne d'autre ne sera accepté comme ayant assuré leur appel et leur élection. En vérité, c'est afin qu'ils puissent sympathiser avec ceux dont ils prendront soin et qu'ils instruiront, que ces membres du Petit Troupeau sont choisis parmi les faibles et les imparfaits, et qu'ils apprennent à combattre un bon combat pour le droit et la vérité contre l'erreur et le péché. Oui, on peut avoir, sans crainte, toute confiance dans les sous-sacrificateurs aussi bien que dans le Souverain Sacrificateur de la Sacrificature Royale. Dieu leur remettra la puissance et c'est bien là la meilleure des garanties que cette puissance sera employée avec justice, sagesse et amour, pour la bénédiction du monde.

LE RÈGNE DE LA VERGE DE FER

            Les nations seront gouvernées par la force, une force irrésistible, jusqu'à ce qu'un ordre juste soit établi par une soumission générale ; tout genou fléchira, toute langue confessera la puissance et la gloire divines, et l'obéissance extérieure sera obligatoire. Ainsi qu'il est écrit : « Il paîtra les nations avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie » (Apoc. 2 : 27). Ce frappement et ce bris appartiennent bien au Jour de la Vengeance, et bien que la puissance et la verge demeureront encore pendant tout l'Age millénaire, il ne sera probablement pas nécessaire de s'en servir, car toute opposition ouverte sera entièrement maîtrisée dans le grand temps de détresse. Selon les indications du prophète, Dieu dans cette période de châtiment, dira à l'humanité confuse, vociférante, arrogante : « Tenez-vous tranquilles, et sachez que je suis Dieu : je serai exalté parmi les nations, je serai exalté sur la terre » (Ps. 46 : 10). Il faudra cependant  tout l'Age millénaire pour « faire de la droiture une règle et de la justice un niveau » dans toutes affaires — petites et grandes — de chaque individu de la race qui sera ainsi « enseigné de Dieu » grâce à son Serviteur « élu » de l'Alliance, le grand Prophète, le grand Sacrificateur (Prêtre) et le grand Roi (tête et corps) : Prophète, dans le sens d'instructeur ; Roi, dans le sens de gouverneur ; Sacrificateur (Prêtre), dans le sens de médiateur qui, après avoir racheté les humains, est leur avocat et le dispensateur de la faveur divine. Les fonctions sont réunies : « Tu es sacrificateur pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédec » ; « qui fut un sacrificateur sur son trône ». — Héb. 7 : 17 ; Zach. 6 : 13 ; Actes 3 : 22 ; Deut. 18 : 15.

            Personnifiant la sagesse, le nouveau Roi déclare :

            « A moi le conseil et le savoir-faire ; je suis l'intelligence ; à moi la force. Par moi les rois règnent, et les princes statuent la justice. Par moi les princes dominent, et les nobles, tous les juges de la terre [la phase terrestre du Royaume]. J'aime ceux qui m'aiment ; et ceux qui me recherchent me trouveront. A moi sont les richesses et les honneurs, les biens durables et la justice. Mon fruit est meilleur que l'or fin, même que l’or pur ; et mon revenu meilleur que l'argent choisi. Je marche dans le chemin de la justice, au milieu des sentiers de juste jugement, pour faire hériter les biens réels à ceux qui m'aiment, et pour que je remplisse leurs trésors... Car celui qui m'a trouvée a trouvé la vie, et acquiert faveur de la part de l'Éternel ; mais celui qui pèche contre moi fait tort à son âme ; tous ceux qui me haïssent aiment la mort ». — Prov. 8 : 14-21, 35, 36.

UNE ILLUSTRATION : ISRAËL

            Selon toute apparence, le monde aura l'occasion de voir, pendant un certain temps, le fonctionnement et la mise en œuvre du gouvernement divin au sein du peuple d'Israël : il en verra tous les avantages pratiques et pourra les comparer à l'anarchie qui régnera encore. C'est alors que la majorité de toutes les nations « désirera » le gouvernement du Royaume. Les paroles prophétiques, adressées à Israël en ce temps-là, confirment puissamment la chose :

            « Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de l'Éternel s'est levée sur toi. Car, voici, les ténèbres couvriront la terre, et l'obscurité profonde, les peuples ; mais sur toi se lèvera l'Éternel, et sa gloire sera vue sur toi. Et les nations viendront vers ta lumière [voir note D. — Trad.], et les rois [les principaux de la terre], à la splendeur de ton lever [Ceci s'appliquera à Israël selon l'esprit, le Soleil de justice, mais également à ses représentants terrestres — Israël selon la chair rétabli à la faveur divine].

            « Lève autour de toi tes yeux, et regarde : ils se rassemblent tous, ils viennent vers toi ; tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras [ou sur les côtés — v. Note D. — Trad.]. Comparer Ezéch. 16 : 61. Alors tu verras, et tu seras rayonnante, et ton cœur frissonnera et s'élargira ; car l'abondance de la mer [les masses populaires anarchistes — voir Apoc. 21 : 1] se tournera vers toi, les richesses des nations viendront vers toi... Et ils annonceront avec joie les louanges de l'Éternel ». — Es. 60 : 1-6, 11-20.

            En vérité, ce sera un beau jour que celui où les yeux aveuglés de l'esprit s'ouvriront et où beaucoup de gens se tourneront vers la droiture ! Ce sera un jour de conversions et de réveils dans les voies de la vérité et non plus dans celles de la crainte et de l'erreur. Ce sera le temps dont parle le prophète, où « une nation naîtra en une fois » (Ésaïe 66 : 8). Israël sera cette nation-là : (1) Israël selon l'esprit, la « nation sainte » ; (2) Israël selon la chair, son représentant terrestre. C'est d'Israël que resplendira la lumière qui amènera les humains châtiés à plier les genoux ; c'est alors que l'Éternel accomplira sa promesse et répandra son esprit de sainteté « sur toute chair après ces jours-là », comme il l'a fait sur ses véritables serviteurs et servantes pendant ces jours-là. — Joël 2 : 28.

            Tel est le jour du Salut que le prophète David chanta (Ps. 118 : 18-27) :

« C’est ici le jour que l’Éternel a fait ;

Égayons-nous et réjouissons-nous en lui !

La pierre que ceux qui bâtissaient avaient  rejetée,

Est devenue la maîtresse pierre du coin.

Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel !

(*) [Comp. Matt. 23 : 39.]

O Éternel, sauve, je te prie !

Éternel, je te prie, donne la prospérité !

Jah m’a sévèrement châtié,

Mais il ne m'a pas livré à la mort,

Ouvrez-moi les portes de la justice :

J’y entrerai, je célébrerai Jah.

C’est ici la porte de l’Éternel,

Les justes y entreront.

Je te célébrerai, car tu m’as entendu

Et tu as été mon salut :

L’Éternel est Dieu, et il nous a donné la lumière. »

            Nous voyons ainsi que les réformes et les instructions éducatives de l'avenir commenceront par le cœur de l'homme. Les humains commenceront par la leçon : « La crainte [révérence] de l'Éternel est le commencement de la sagesse » (Prov. 9 : 10). L'une des grandes difficultés de l'enseignement d'aujourd'hui qui tend à l'orgueil, à l'arrogance et au mécontentement, c'est qu'il manque de cette élémentaire sagesse. Sous l'organisation du Royaume, toute œuvre de grâce commencera bien et s'accomplira parfaitement.

            Aucune créature de la race rachetée ne sera si petite que la grâce divine ne puisse l'atteindre par l'action toute puissante et bénie du Royaume. Aucune déchéance du péché ne sera trop profonde pour que la main de la miséricorde ne puisse la sonder, afin d'en délivrer l'âme rachetée par le sang ; la lumière de la vérité divine et de l'amour divin pénétrera au fond du cœur le plus obscurci, le plus ignorant et le plus superstitieux pour lui apporter ses rayons bienfaisants de connaissance, de joie et de réjouissance du jour nouveau, ainsi qu'une occasion favorable d'y avoir part par l'obéissance. Aucune maladie pouvant attaquer et corrompre l'organisme physique ne pourra résister à la prompte intervention du Grand Médecin. De même, aucune difformité, ou monstruosité, ou excroissance, ou débilité mentale ne pourront résister à sa guérison.

TOUS CEUX QUI SONT DANS LES SÉPULCRES EN SORTIRONT

            L’œuvre grandiose du rétablissement commencera ainsi par les nations vivantes ; elle s'étendra ensuite à toutes les familles de la terre qui dorment encore dans les sépulcres, car l'heure vient, oui, elle est même proche, où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de l'Homme, et en sortiront ; où « la mer rendra ses morts qui étaient en elle, et la mort et le hadès [le sépulcre] rendront les morts qui étaient en eux » (Jean 5 : 28, 29 ; Apoc. 20 :13). Oui, même les armées de Gog et les pécheurs en Israël qui auront péri dans la bataille du grand jour, sortiront du sépulcre au temps marqué ; mais ce ne sera plus une armée d'anarchistes et de révoltés ; tous, ils seront alors des hommes humiliés et repentants, remplis de honte et de confusion à la lumière de ce jour-là ; cependant, tous pourront recevoir miséricorde, et auront une occasion favorable d'atteindre l'honneur et la vertu.

            La résurrection des anciens dignes, les fréquentes guérisons des malades en réponse à la prière de la foi, suggéreront probablement aux hommes (quand ils auront eu le temps de réfléchir et de se remettre des ravages du grand temps de détresse) qu'il est possible d'obtenir la résurrection de leurs amis, de leurs parents d'entre les morts et hors de la tombe, grâce à la promesse de Christ, affirmant que tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de l'Homme et en sortiront. Il n'est pas du tout déraisonnable de suggérer qu'ainsi, cette œuvre grandiose puisse commencer et progresser en réponse à la prière faite avec foi pour que les amis disparus puissent revenir à la vie [Matt. 25 : 36, 43]. Par son caractère raisonnable, une telle méthode semble s'imposer sur toutes celles auxquelles nous pourrions penser. Par exemple, les morts seraient rappelés d'une manière graduelle et dans I'ordre inverse de celui dans lequel ils descendirent dans la tombe ; à cet effet, il serait pourvu de suite à des foyers, à un accueil chaleureux et aux commodités nécessaires de la vie pour les réveillés dès leur retour à la vie ; ces derniers seraient ainsi mis au courant des langues, des mœurs et coutumes de ceux qui les environnent, tandis que si l'ordre du rétablissement était inverse, les humains réveillés ne seraient pas du tout préparés à cet égard aux conditions nouvelles, et seraient complètement étrangers et peu sympathiques à la génération au milieu de laquelle ils devraient désormais vivre. Toutefois, ces objections ne sont pas valables en ce qui concerne les prophètes et d'autres anciens dignes lesquels, ayant satisfait à leur épreuve, seront ressuscités parfaits et comme tels, seront supérieurs à tous les autres hommes des points de vue intellectuel, moral et physique.

            Il est probable que toutes Ies prières faites en vue de rétablir tous les amis disparus ne seront pas promptement exaucées, car l'Éternel aura pour leur rétablissement, des plans bien définis avec lesquels certaines de ces requêtes pourraient ne pas être en harmonie. Selon toute probabilité, comme l'indiquent clairement la résurrection de l'Église et celle des anciens dignes, le Seigneur procédera selon l'aptitude — l'aptitude à la fois des sujets à ressusciter et celle des amis et des conditions au milieu desquelles commencera leur nouvelle vie. Ceux qui feraient de telles requêtes, devraient donc d'abord préparer leur propre cœur et leur vie, et préparer des conditions favorables à leur avancement sur le grand chemin de la sainteté. De cette manière, de tels rétablissements deviendraient des récompenses à la fidélité des vivants, et assureraient des conditions favorables à ceux qui seraient réveillés.

LA MAGNIFIQUE PERSPECTIVE

            Quelle magnifique perspective s'offrira aux yeux de tous, lorsque la nouvelle dispensation sera pleinement établie ! Dans le passé, les changements d'une dispensation à une autre dispensation ont été frappants et importants, mais celui-ci sera, en événements, le plus fertile de tous.

            Il n'est pas surprenant que la pensée d'un tel spectacle — celui d'une race tout entière retournant à Dieu avec des chants de louange et couronnée de joie éternelle — doive paraître trop belle pour y croire, mais celui qui a fait de telles promesses est également capable de les accomplir selon son bon plaisir. Bien que l'affliction et les soupirs semblent presque inséparables de notre existence, cependant l'affliction et les soupirs disparaîtront ; bien que les pleurs sous le sac et les cendres aient duré à travers la longue nuit de la domination du péché et de la mort, cependant la joie attend le matin millénaire et toutes les larmes seront essuyées sur tous les visages, la beauté remplacera les cendres, et l'huile de joie l'esprit de tristesse.

L’ EXTENSION DU ROYAUME

            Le Royaume de Dieu s'étendra ou augmentera, dans ses diverses parties ou divisions, comme le font des gouvernements terrestres, jusqu'à ce qu'il devienne « une grande montagne [Royaume] et remplisse toute la terre » (Dan. 2 : 35). Prenons un exemple : le Royaume de Grande-Bretagne est en premier lieu le Souverain régnant et sa famille seulement ; en second lieu, il comprend le Parlement et les divers ministres du gouvernement ; dans un sens plus large encore, il comprend chaque sujet britannique et chaque soldat qui a prêté le serment de fidélité à ce royaume ; et à un degré plus éloigné encore, il comprend tous les sujets des pays assujettis au royaume, dans l'lnde et ailleurs, et qui ne sont pas en rébellion ouverte contre les lois de ce royaume.

            Ainsi en est-il avec le Royaume de Dieu : en premier lieu, c'est le Royaume du Père qui règne sur tous (Matt. 13 : 43 ; 26 : 29) ; mais le Père en a bien voulu placer la domination sur la terre, pendant mille ans, entre les mains d'un Vice-roi, un Représentant — Christ et son Épouse élevée avec lui à la nature et à la majesté divines — pour subjuguer et détruire le mal et pour relever tous ceux qui viendront en harmonie avec le Père, selon les conditions bienveillantes de la Nouvelle Alliance. En second lieu, il comprendra les ministres ou « princes » terrestres qui seront ses représentants visibles parmi les hommes. Dans un sens plus large encore, il comprendra tous ceux qui, tant les Juifs que les Gentils, en reconnaissant son établissement, s'y soumettront loyalement et avec dévouement. Dans le sens le plus large, il comprendra graduellement tous les sujets qui obéiront à ses lois, tandis que tous les autres seront détruits. — Actes 3 : 23 ; Apoc. 11 : 18.

            Tel sera l'état du Royaume vice-royal de Dieu à la fin de son règne fixé à mille ans : une paix de conquête et un règne imposé de justice prévaudront, tous les adversaires obstinés ayant été détruits sous le règne de la verge de fer (Apoc. 2 : 27) ; comme l'écrit le prophète Esaïe, en décrivant cette période : « Le pécheur âgé de cent ans sera maudit [retranché] » ; bien que mourant à cet âge, il ne serait qu'un enfant, car même avec un semblant d'obéissance aux arrangements raisonnables et justes du Royaume, il pourrait vivre au moins jusqu'à la fin du Millénium. — Esaïe 65 : 20 ; Actes 3 : 23.

            Pourtant, une telle paix — une paix et une obéissance obtenues par la soumission imposée — bien qu'étant à propos afin de prouver par l'exemple les bénédictions et les avantages d'un gouvernement juste et équitable, est loin d'être l'idéal divin. Le Royaume idéal de Dieu est celui dans lequel chaque individu est libre de faire sa propre volonté, parce que chacun a une volonté qui est strictement en conformité avec le modèle divin : l'amour de la droiture et la haine de l'iniquité. Il faut que ce modèle (« standard ») prévale en définitive à travers tout l'univers ; en ce qui concerne le genre humain, ce modèle sera adopté à la fin du Royaume vice-royal millénaire.

            page 712 En conséquence, Apoc. 20 : 7-10 nous montre qu'à la fin de l'Age millénaire, il y aura une « moisson », afin de faire un travail de criblage et de séparation parmi les milliards d'êtres humains vivant en ce temps-là ; tous auront eu une pleine occasion favorable d'atteindre la perfection. Ce criblage sera similaire au présent criblage de « Babylone », dans la « moisson » actuelle, et similaire également au travail de criblage de la « moisson » de l'Age judaïque. La moisson de l'Age millénaire verra la séparation complète des « boucs » d'avec les « brebis » du Seigneur, selon la parabole de notre Seigneur. — Matt. 25 : 31-46.

            La « moisson » de l'Age judaïque et celle de l'Age de l'Évangile n'eurent chacune pour résultat que le rassemblement d'un petit troupeau et le rejet de grandes masses indignes, parce que jusqu'à l'époque actuelle Satan trompe et aveugle la masse des humains. Cependant, nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que les résultats de la « moisson » de l'Age millénaire accusent des résultats inverses : les masses étant des « brebis » fidèles qui pourront entrer dans la vie éternelle, et, en comparaison, une minorité de « boucs » qui seront détruits. Toutefois, ce n'est pas la quantité que recherche le Seigneur, mais la qualité. Il donne l'assurance que le péché et les pécheurs et ceux qui éprouvent de la sympathie pour le mal ne subsisteront pas au-delà du Millénium, car ils constitueraient un danger pour le bonheur, la paix et la félicité de la grande éternité qui suivra — où « la mort ne sera plus ; et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées » — Apoc. 21 : 4.

            C'est ainsi que viendra le Royaume de Dieu, et que sa volonté sera faite sur la terre comme elle est faite au ciel. C'est ainsi que régnera le Christ comme Représentant du Père, jusqu'à ce qu'il ait abattu toute autorité et toute puissance antagonistes, et obligé tout genou à se plier et toute langue à confesser la Sagesse, la Justice, l'Amour et la Puissance de Dieu le Père. Finalement, ayant manifesté, par la dernière épreuve cruciale à la fin du Millénium, tous ceux qui ont quelque sympathie pour le péché, même si, apparemment, ils sont obéissants, et les ayant détruits du milieu du peuple (Apoc. 20 : 9), Christ remettra au Père le domaine vice-royal. Ainsi s'exprime l'Apôtre :

            « Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera aboli, c'est la mort [adamique]. Ensuite la fin [de son règne, après avoir accompli sa mission], quand il [Christ] aura remis le Royaume à Dieu le Père [voir note D. — Trad.], quand il [Christ] aura aboli toute principauté [opposée au Royaume] et toute autorité, et toute puissance... Quand toutes choses lui [le Père] auront été assujetties, alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui [le Père] qui lui a assujetti toutes choses [pour les mille ans] ». — 1 Cor. 15 : 24-28.

            Lorsque sera terminé le Règne millénaire de Christ, la volonté de Dieu cessera-t-elle d'être faite sur la terre comme au ciel ? Oh non ! Bien au contraire, ce ne sera qu'à ce moment-là que cette condition sera atteinte, comme résultat du règne de Christ. A ce moment-là, non seulement tous les hommes seront parfaits, comme l'était Adam lorsqu'il fut créé (les pécheurs volontaires ayant été détruits), mais en outre, ils sauront combien est bonne la droiture, et exécrable et nuisible le péché ; ils auront passé leur épreuve avec succès et démontré qu'ils ont pleinement et définitivement formé des caractères dans l'harmonie la plus complète avec le caractère divin et à sa ressemblance.

            Le Royaume de Dieu sera alors sur la terre, comme il l'est maintenant au ciel parmi les anges. Les dispositions spéciales du règne de Christ comme Médiateur, avec ses clauses de miséricorde sous la Nouvelle Alliance, à cause des faiblesses des pécheurs, prendront fin ; elles seront devenues inutiles parce qu'il n'y aura plus désormais d'êtres faibles et imparfaits qui puissent en bénéficier.

            Nous pouvons aisément supposer, cependant, que même lorsque tous les humains seront parfaits et à l’image de Dieu, l'ordre devra encore être maintenu, car de même que « l'ordre est la première loi du ciel », il devra être également la première loi de la terre. Cela impliquera des principautés et des puissances justes. Ce sera là la première République qui aura réussi parfaitement. Les essais actuels pour reconnaître en chaque homme un souverain, l'égal de tous, et pour considérer le représentant ou le Président choisi comme étant un serviteur de ses compagnons-rois, plutôt qu'un seigneur, ont été des échecs patents à des degrés variables, parce que les hommes ne sont pas égaux mentalement, physiquement et moralement, et pas davantage au point de vue financier ou à d'autres égards ; aucun non plus n'est capable d'être un souverain, mais à cause de leurs faiblesses, tous ont maintenant besoin d'être assujettis à des lois et à des contraintes.

            Cependant, quand, par le Royaume de médiation, les humains auront atteint la perfection, ils seront tous des rois comme Adam l'était avant sa chute. C'est à ces rois, en union, qu'après le règne millénaire, sera remis le Royaume de Dieu ; tous régneront en parfait accord sous la loi d'Amour, et leur Président les servira et les représentera. O Seigneur, nous prions : Que Ton Règne vienne ! pour le bien de tes saints actuels et pour celui du monde.

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