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LA BATAILLE D'HARMAGUEDON

ÉTUDE XII

LA GRANDE PROPHÉTIE DE NOTRE SEIGNEUR

Matt. 24 ; Marc 13 ; Luc 21 : 5-36 ; 17 : 20-37.

*  *  *

Appendice

            Importance de cette prophétie. — Les conditions et les trois questions qui l'ont provoquée. — Prenez garde aux faux christs. — Bref aperçu historique et prophétique d'une période de dix-huit siècles. — La détresse à la fin de l'Age judaïque et celle qui termine l'Age de l'Évangile sont confondues dans le langage de tous les évangélistes. — L'abomination de la désolation. — Fuyez vers la montagne. Celles qui allaitent, etc. — Avant l'hiver et le sabbat. — Il est ici ! Il est là ! Ne les croyez pas. — La tribulation de ces jours-là. — L'obscurcissement du soleil et de la lune sont des signes. — La chute des étoiles. — Des accomplissements symboliques également. — Le signe du Fils de l'homme. — Ce que les tribus de la terre verront. — Le figuier. — « Cette génération ». — Veillez ! — « Comme au jour de Noé, ils ne connurent rien. » — Souvenez-vous de la femme de Lot. — L'un pris et l'autre laissé. — Les élus doivent être rassemblés par la vérité. — La maison de Satan doit être renversée. — Dispositions prises pour fournir la nourriture spirituelle à la famille de la foi.

*  *  *

           Notre Seigneur prononça l'une des plus remarquables prophéties des Saintes Écritures touchant le « Temps de la fin » l'époque qui termine l'Age de l'Évangile. Il le fit vers la fin de son ministère terrestre, alors qu'il s'efforçait de préparer graduellement ses disciples à la nouvelle dispensation qui allait être pleinement introduite après la tragédie du Calvaire. Il désirait leur faire comprendre qu'ils ne devaient pas s'attendre à recevoir immédiatement les honneurs et les gloires du Royaume auxquels, selon sa promesse, devaient participer ses fidèles. Avant ces gloires et ces bénédictions viendraient les épreuves et les souffrances. Lui, leur maître, le Roi, devait être rejeté par Israël et crucifié, en accord avec les déclarations prophétiques ; ensuite, Israël serait livré à ses ennemis, et sa ville sainte et son temple somptueux totalement détruits ; de plus, ses disciples ne devaient pas espérer être plus que leur Maître, exempts de l'opprobre et des souffrances qui l'accablèrent, mais leur fidélité envers lui et envers ses enseignements attirerait sur eux la haine de tous les hommes pour sa cause ; pourtant, en fin de compte, après beaucoup de tribulation, ceux qui seraient fidèles jusqu'à la mort seraient récompensés, lorsqu'il reviendrait pour les prendre avec lui et leur faire partager sa gloire.

            Notre Seigneur réserva cet enseignement sur ce sujet jusqu'à ce qu'il fût sur le point d'achever son ministère. Tout d'abord, les disciples furent portés à s'irriter de cela et à insister (comme certains le font aujourd'hui) en disant que la cause du Seigneur devrait conquérir le monde, à la suite de leur prédication, et Pierre alla même jusqu'à exprimer ce dissentiment à notre Seigneur, disant : « Seigneur, Dieu t'en préserve, cela [la mort et la dispersion de ton peuple, et le triomphe du mal en général] ne t'arrivera point ! » (Matt. 16 : 22 ; Marc 8 : 31, 32). Cependant, notre Seigneur réprimanda sévèrement Pierre, et tous les disciples semblent être parvenus graduellement à discerner que les gloires du Royaume étaient encore lointaines, que leur Maître devait s'en aller, et qu'en les quittant, il leur enverrait le Consolateur, le saint esprit, afin de les guider et de les garder jusqu'à ce qu'il revienne dans la gloire du Royaume du Père.

            Ce fut dans cette attitude d'esprit, et avec la dernière expression de notre Seigneur touchant le temple, résonnant encore dans leurs oreilles, que les disciples cherchèrent à obtenir du Maître des renseignements précis sur ces points qui n'étaient pas encore bien clairs pour eux.

LES TROIS QUESTIONS

            « Et comme Jésus était assis sur la montagne des Oliviers, les disciples vinrent à lui en particulier, disant :

Dis-nous (1) quand ces choses [la destruction du Temple, etc.] auront lieu, et (2) quel sera le signe de ta présence (*) et (3) de la consommation du siècle [Age] ? » — Matt. 24 : 3.

(*) Le mot grec parousia, employé ici, signifie invariablement présence, et non venue. — Voir the Emphatic Diaglott ; note N.T. Lausanne.

            Il ne fait aucun doute que c'est sous la providence divine que se présentèrent l'occasion favorable et les questions qui furent posées, car la prophétie était certainement destinée davantage à l'instruction du peuple de Dieu vivant dans ce temps de la « moisson » [écrit en 1897 — Trad.] qu'à celle des disciples qui posaient les questions. Lorsqu'on étudie cette prophétie, il est absolument nécessaire de se rappeler ces questions auxquelles la prophétie est la réponse inspirée. La prophétie est rapportée d'une manière fort semblable par trois des Évangélistes Matthieu, Marc et Luc, mais puisque celle de Matthieu est la plus complète et la plus méthodique, nous en suivons le compte rendu en général, en indiquant toutes modifications notées dans les autres récits.

PRENEZ GARDE AUX FAUX CHRISTS

            « Prenez garde que personne ne vous séduise car plusieurs viendront en mon nom, disant : Moi, je suis le Christ ; et ils en séduiront plusieurs. » — Matt. 24 : 4, 5. (D.)

            Deux de ces faux Christs sont mentionnés dans le discours de Gamaliel en Actes 5 : 36, 37, et l'histoire nous parle de plusieurs autres qui séduisirent nombre de Juifs. L'un des plus fameux d'entre eux fut Sabbathaï Lévi, de Smyrne, qui se présenta en 1648 après J.-C. Sabbathaï Lévi se donnait le titre de « Fils premier-né de Dieu, le Messie, le Sauveur d'Israël » et promettait le rétablissement du royaume et de la prospérité. Sabbathaï, dit l'historien, « avait une telle autorité [à Smyrne] que certains de ses disciples prophétisaient et tombaient dans d'étranges extases ; quatre cents hommes et femmes prédirent que son royaume s'accroîtrait. Pendant quelque temps, les gens se comportèrent comme s'ils eussent été possédés par des esprits ; certains tombaient en transes, l'écume à la bouche, racontaient leur future prospérité, les visions qu'ils avaient du Lion de Juda, les triomphes de Sabbathaï. » Ce fut là sans nul doute, une contrefaçon satanique de l'accomplissement de la prophétie de Joël (2 : 29), une contrefaçon du saint esprit telle qu'elle s'exerce aussi dans des réveils religieux des temps plus modernes. En tout, il y a eu probablement cinquante ou plus de faux christs, hommes et femmes, et beaucoup d'entre eux ayant certainement perdu la raison, possédés d'esprits malins. Toutefois, d'aucun d'eux, ni même de tous comptés ensemble, on ne peut dire qu'ils en ont  « séduit  beaucoup » [v. Darby : « plusieurs » — Trad.]. Pourtant, c'est contre l'espèce de faux christs qui en a « séduit beaucoup » que notre Seigneur nous met en garde ici, et plus loin encore dans cette prophétie où nous examinerons particulièrement les antichrists qui en ont séduit beaucoup.

L'HISTOIRE DE DIX-HUIT SIÈCLES BRIÈVEMENT PRÉDITE

Matt. 24 : 6-13 ; Marc 13 : 7-13 ; Luc 21 : 9-19.

            « Et vous entendrez parler de guerres et de bruits [de menaces, d'intrigues] de guerres ; prenez garde que vous ne soyez troublés, car il faut que tout arrive ; mais la fin n'est pas encore. Car nation s'élèvera contre nation, et royaume contre royaume ; et il y aura des famines, et des pestes, et des tremblements de terre en divers lieux. Mais toutes ces choses sont un commencement de douleurs. » — Matt. 24 : 6-8.

            C'est ainsi que notre Seigneur résuma brièvement l'histoire profane, et enseigna aux disciples à ne pas attendre immédiatement sa seconde venue et son Royaume de gloire. Et quelle justesse dans ce résumé ! Assurément, l'histoire du monde est exactement cela : un compte rendu de guerres, d'intrigues, de famines et de pestes, et peu d'autres choses. Notre Seigneur met à part l'histoire de la véritable Église et l'expose avec la même brièveté, comme suit :

            « Alors [durant cette même période, l'Age de l'Évangile] ils vous livreront pour être affligés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations [peuples] à cause de mon nom. Et alors [durant cette même période] plusieurs seront scandalisés, et se livreront l'un l'autre, et se haïront l'un l'autre ; et plusieurs faux prophètes [instructeurs] s'élèveront et en séduiront plusieurs : et parce que l'iniquité prévaudra, l'amour du grand nombre [v. D.] sera refroidi ». — Matt. 24 : 9-13.

            A la lumière de l'histoire, serait-il possible de dépeindre la marche de la véritable Église de Dieu d'une manière plus concise ? Assurément non ! La ressemblance est parfaite. « Tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus, seront persécutés » dit l'Apôtre (2 Tim. 3 : 12), et quiconque n'a pas eu sa part dans cette persécution a toutes raisons pour douter de sa parenté avec Dieu comme fils (Héb. 12 : 8). Il en a été ainsi pour l'Église dans son ensemble : lorsque ses membres ne furent pas persécutés par la classe d'Ismaël et d'Ésaü, ce fut parce qu'il y avait tant de l'esprit du monde ou tant d' « amour froid » envers le Seigneur et sa vérité qu'ils n'étaient pas dignes de la persécution. Cependant, jugés selon la même mesure, et par la prophétie de notre Seigneur, il y a eu quelques membres fidèles jusqu'à la mort tout le long de cet Age de l'Évangile — un « petit troupeau ».

LE TÉMOIGNAGE DE L'ÉVANGILE DANS LE MONDE ENTIER

Matt. 24 : 14 ; Marc 13 : 10.

            « Et cet évangile du royaume sera prêché dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin. »

            Ici encore, notre Seigneur montra clairement à ses disciples que la fin de l'Age était beaucoup plus éloignée qu'ils ne l'avaient supposé ; que le message de son Royaume devait être une bonne nouvelle, non seulement pour Israël, mais pour toutes les nations. Néanmoins, cela n'impliquait pas que d'autres nations recevraient l'évangile qu'Israël avait rejeté. Au contraire, nous devrions nous attendre à ce qu'en fait nous trouvons, savoir, que si le dieu de ce monde a aveuglé Israël, ainsi aveuglerait-il l'immense majorité d'autres nations et les empêcherait de voir en Christ la puissance de Dieu, la sagesse de Dieu — et c'est ce qu'il a fait (1 Cor. 1 : 24). Si, seul, un reste d'Israël (spécialement instruit sous la Loi pendant des siècles) fut trouvé digne de faire partie de la « sacrificature royale », que pourrait-on raisonnablement espérer de plus des nations païennes qui vécurent si longtemps « sans Dieu et sans espérance » ?

            Il est bon de noter avec soin que, selon les paroles de notre Seigneur, l'Évangile ne devrait pas être prêché aux nations pour convertir les nations, mais pour servir de témoignage aux nations, et pour appeler, perfectionner et rassembler de toutes les nations les « élus». Plus tard, les « élus », comme Royaume, béniront les nations, ouvrant leurs oreilles sourdes à l'Évangile, et leurs yeux aveuglés à la vraie Lumière.

            Ce témoignage a déjà été donné : la parole du Seigneur, l'Évangile du Royaume, a été proclamée à toutes les nations de la terre. Chaque individu ne l'a pas entendue, mais telle n'est pas la déclaration de la prophétie. L'Évangile devrait être, et a été, une proclamation nationale. Et la fin est venue ! « La moisson est la fin de l'Age » selon l'explication donnée par notre Seigneur (Matt. 13 : 39). Certains ont été enclins à se demander si, oui ou non, cette prédiction avait été accomplie, étant donné que les missionnaires qui sont allés dans des pays païens ont, dans leur grande majorité, connu peu de chose ou rien de la bonne nouvelle spécifiée d'une manière particulière par notre Seigneur : « la bonne nouvelle du Royaume ». A cela nous répondons que les évangiles imprimés de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean leur sont parvenus, débordant de la nouvelle du Royaume, exactement comme nous les avons.

            Ainsi notre Seigneur résuma-t-il brièvement les dix-huit siècles d'épreuves et de persécutions pour son Église, et le fruit de leur labeur en témoignant avec succès à toutes les nations ; il se pressa de répondre à la question importante à savoir comment les vivants connaîtraient le temps et le fait de sa seconde présence. Il laissa de côté la question concernant le moment où les pierres du temple seraient toutes bouleversées, de crainte qu'ils n'associent cet événement avec sa seconde venue, et aussi parce qu'il désirait associer la détresse qui s'abattrait sur Israël selon la chair dans le renversement de sa politique, avec la détresse qui doit s'abattre sur Israël nominal selon l'esprit à la fin de cet Age, comme type et antitype.

            Ce fut avec une intention évidente de la part de Dieu — bien que cela fût ignoré des Évangélistes — que le récit de la prophétie de notre Seigneur à ce point précis, soit donné par fragments : ici, une partie, là une autre partie ; ici, une allusion à la détresse-type sur Israël-type à la fin de la moisson-type, là une allusion à la détresse analogue bien que plus générale et plus intense à la fin de cet Age-ci sur Israël-antitype, la chrétienté. En vérité, les prophètes purent dire que notre Seigneur parlerait en paraboles et en langage obscur, et « qu'il ne parla aux autres qu'en paraboles ». Cependant, en accord avec l'intention divine, le langage obscur et les paraboles deviennent maintenant lumineux à tous ceux dont les yeux sont oints du véritable collyre.

LA DÉTRESSE A LA FIN DE L’ AGE JUDAÏQUE

            Le récit que fait Luc sur la détresse qui devrait s'abattre sur Israël selon la chair et atteindre son point culminant en 70 après J.C., est le plus clair, aussi le présentons-nous ici :

            « Et quand vous verrez Jérusalem environnée d'armées, sachez alors que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui sont en Judée s'enfuient dans les montagnes ; et que ceux qui sont au milieu de Jérusalem s'en retirent ; et que ceux qui sont dans les campagnes n'entrent pas en elle. Car ce sont les jours de vengeance ; afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies. Mais malheur à celles qui sont enceintes et à celles qui allaitent en ces jours-là ! car il y aura une grande détresse sur le pays, et de la colère contre ce peuple. Et ils tomberont sous le tranchant de l'épée, et seront menés captifs parmi toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis. » — Luc 21 : 20-24.

            Il est évident que cette partie de la prophétie de notre Seigneur parlait d'événements relatifs à Israël selon la chair ; l'histoire nous dit qu'elle s'accomplit avec précision dans les moindres détails dans les scènes d'agitation qui mirent fin à l'Age et à la politique judaïques. « Car ce sont les jours de vengeance ; afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies ».

            Cependant, les paroles de notre Seigneur, rapportées par Matthieu et par Marc, diffèrent des précédentes et s'appliquent évidemment à la détresse qui doit frapper Israël selon l'esprit à la fin de l'Age de l'Évangile. Sans aucun doute, notre Seigneur fit bien ces deux déclarations, mais les Évangélistes ne sachant pas qu'il y aurait deux moissons et deux détresses, supposèrent qu'en réalité il s'agissait de répétitions et ne rapportèrent pas les deux prophéties. Le Seigneur dirigea ainsi les choses dans le dessein de couvrir ou de cacher les faits concernant cette moisson jusqu'au temps marqué où il la révélerait.

LA DÉTRESSE A LA FIN DE L’AGE DE L'ÉVANGILE

             Les récits de Matthieu et de Marc sont ici presque identiques. Matthieu dit :

            «  Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans [le] lieu saint (que celui qui lit comprenne), alors que ceux qui sont en Judée s'enfuient dans les montagnes ; que celui qui est sur le toit ne descende pas pour emporter ses effets hors de sa maison ; et que celui qui est aux champs ne retourne pas en arrière pour emporter ses vêtements. Mais malheur à celles qui sont enceintes et à celles qui allaitent en ces jours-là ! Et priez que votre fuite n'ait pas lieu en hiver, ni un jour de sabbat ; car alors il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais. Et si ces jours-là n'eussent été abrégés, nulle chair n'eût été sauvée ; mais à cause des élus, ces jours-là seront abrégés. » — Matt. 24 :15-22 ; Marc 13 :14-20.

            Quatre points, dans cette narration, montrent que si l'on a pu en faire une application typique à la détresse de la fin de l'Age judaïque, son application réelle ou la plus importante appartient à la détresse par laquelle se termine l'Age de l'Évangile : (1) L'allusion faite à l' « abomination de la désolation » mentionnée dans la prophétie de Daniel. (2) La déclaration que la détresse sera la plus cruelle  severest ») que le monde ait jamais connue ou sera jamais appelé à connaître. (3) Que si le carnage n'était abrégé, nulle chair ne serait sauvée. (4) Le contexte qui suit décrit sans aucun doute des événements qui ont lieu à la fin de l'Age de l'Évangile : ce sont en effet des événements qu'on ne pourrait appliquer à la fin ou moisson de l'Age judaïque, et qui n'eurent pas lieu alors. Deux de ces points méritent un examen spécial.

            Le prophète Daniel dit bien (9 : 27) que le Messie serait « retranché » au milieu de la  soixante-dixième semaine de l'alliance de faveur ; que le Messie, en établissant les sacrifices-antitypes de réconciliation (« atonement »), ferait ainsi cesser les sacrifices et les oblations de la Loi, et qu'alors, parce que les abominations prévaudraient, il déverserait la destruction sur la désolée [la nation rejetée], comme Dieu l'avait auparavant décrété.

            Tout cela eut son accomplissement dans la destruction d'Israël selon la chair, comme État. A partir du moment où notre Seigneur dit : « Voici, votre maison vous est laissée déserte » — « vous ne me verrez plus désormais jusqu'à ce jour où vous direz : « Béni soit celui qui vient au nom de l'Éternel », leur religion devint une abomination, un formalisme vide, en signe de leur rejet du seul sacrifice que Dieu avait fourni pour les péchés. Demeurant sous la malédiction qu'ils avaient invoquée sur eux-mêmes (l'aveuglement — Matt. 27 : 25), leur marche vers la destruction fut rapide, ainsi que Dieu l'avait résolu et prédit.

            Cependant, la prophétie de Daniel se rapporte beaucoup plus à une Abomination qui cause la désolation en Israël nominal selon l'esprit ; cette abomination fut élevée au pouvoir d'une manière représentative sous la forme de papauté, et elle a exercé une grande et néfaste influence de désolation spirituelle dans la maison (ou temple) spirituel de Dieu, l'Église de Christ. Ce système abominable d'erreur devait continuer jusqu'à la purification de la classe du sanctuaire ; et ensuite, il devait prospérer grandement et amener un grand nombre de membres d'Israël spirituel nominal à renier le sacrifice de la rançon, donné une fois pour tous le résultat de son influence croissante devait être la désolation de la chrétienté rejetée. — Voir Daniel 11 : 31 ; 12 : 11, et ÉTUDES DANS LES ÉCRITURES, volume III, chap. 4.

            La grande abomination de la désolation dont le fondement repose sur la doctrine de la messe (qui substitue des œuvres humaines à la place du grand sacrifice du Calvaire pour la purification du péché), a maintenant en plus des théories d'expiation par soi-même, et ces abominations largement répandues sont appuyées par une influence et de faux raisonnements tels que beaucoup ont été séduits ; « si possible, même les élus ». Ce sont là des signes précurseurs de la destruction de la chrétienté.

            Jetant un regard en arrière, nous discernons en ceci un autre parallélisme entre la fin de la moisson judaïque et la fin de la moisson de l'Évangile. Israël selon la chair rejeta le véritable sacrifice pour les pêchés et continua à offrir les sacrifices-types qui n'étaient plus désormais acceptables à Dieu mais des abominations, et cela compta pour beaucoup dans son rejet comme nation et dans sa chute ecclésiastique. De même ici, le rejet de la doctrine de la rançon et l'acceptation à sa place, soit de messes, soit de bonnes œuvres ou de pénitences, constituent une abomination aux yeux de Dieu et contribuent pour une grande part à la chute de la chrétienté, civile et ecclésiastique.

            Comme nous l'avons déjà montré, l'abomination de la désolation qui souilla le lieu saint ou véritable temple (l'Église) de Dieu, fut l'abomination papale dont la doctrine blasphématoire de la messe est la pierre angulaire. L'abomination, la souillure et la désolation sont anciennes, mais les ténèbres de l'erreur durant les siècles passés étaient si totales que peu de gens, s'il y en eut, purent la discerner. Il est évident que même les Réformateurs ne virent pas que la messe était l'abomination, car bien que dans ses articles (de foi) l'Église anglicane rejette le pouvoir des prêtres de créer Christ à partir du pain et du vin pour le sacrifier de nouveau, cependant, nous n'avons pas le moindre indice qu'elle ait discerné l'énormité de cette pratique coupable (pécheresse). Luther lui-même, qui dénonça nombre de péchés et de faussetés de la papauté, ne vit pas que l'abomination de la désolation était telle à cause de la messe. Au contraire, lorsqu'il rentra dans son église, après son séjour au château de Wartburg, trouvant qu'on avait supprimé la messe, aussi bien que les statues et les chandelles, comme n'étant pas de source scripturale, Luther rétablit la messe [en la dépouillant des idées d'expiation du péché].

             Par ce qui précède, les paroles suivantes de notre Seigneur ont une très grande signification : « Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation [voir note D.], dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans [le] lieu saint (que celui qui lit comprenne), alors que ceux qui sont en Judée s'enfuient dans les montagnes. » Nous devons nous souvenir ici du parallélisme qui existe entre les deux moissons, les deux temps de détresse et les deux fuites, et nous devons considérer que la Judée représenterait la chrétienté de nos jours.

            Le terme grec rendu par « montagnes » peut être aussi rendu aussi bien ou mieux par le singulier — une montagne [si cette montagne a plus d'une cime]. En vérité, s'enfuir hors de la Judée (au sens propre) soit vers une montagne ou vers des montagnes parait singulier, puisque, en fait, la Judée était « une contrée montagneuse » et que Jérusalem est décrite comme étant située au sommet des montagnes. Pourtant, si nous appliquons les paroles de notre Seigneur au temps actuel et à son peuple qui, maintenant dans la chrétienté, à la lumière de la vérité présente, voit l'Abomination se tenir là où elle ne devrait pas être (dans le saint lieu) à la place du véritable sacrifice, tout devient très simple. Les membres du peuple de Dieu devraient s'enfuir tout de suite pour échapper à l'influence de l'abomination, s'enfuir du système qui s'intitule faussement le royaume (montagne) de Christ et gagner la vraie montagne ou Royaume, que Christ, de retour alors, va établir en gloire et en puissance, et cela dans ses deux phases [la montagne à plusieurs cimes].

            Cependant, il s'agit certainement bien d'une fuite, d'un long voyage que d'abandonner la chrétienté, de renoncer à ses temples, à ses formes extérieures de piété, à ses enchantements sociaux, à ses flatteries et à ses honneurs, de braver ses condamnations, ses anathèmes et ses divers moyens de boycottage, et de fuir vers le Seigneur et le véritable Royaume, rejeté, méprisé et désavoué par les sages de ce monde et les vertueux de ce monde ; aussi, bien peu de gens, à l'exception des « saints » penseront-ils même à entreprendre une telle fuite. Les périls du chemin  sont dépeints par notre Seigneur d'une manière qui semblerait exagérée et contraire à sa manière habituelle si elle ne s'appliquait qu'aux souffrances physiques des croyants qui s'enfuirent de la Judée à la fin de la moisson judaïque, mais ses paroles sont manifestement appropriées à la fuite spirituelle et aux épreuves du temps actuel de la moisson. En un mot, on ne peut convenablement comprendre cet ordre de s'enfuir et la description de ses épreuves que relativement à l'ordre d'Apocalypse 18 : 4 : « Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies. »

« SORTEZ DU MILIEU D'ELLE, MON PEUPLE ! »

            « Que celui qui est sur le toit ne descende pas pour emporter quoi que ce soit hors de sa maison ; et que celui qui est aux champs ne retourne pas en arrière pour emporter ses vêtements. » Matt. 24 : 17, 18.

            Ces déclarations indiquent combien il convient de se hâter de s'enfuir de « Babylone » aussitôt qu'on a discerné l'abomination de la désolation. Selon la parole du Seigneur, il est dangereux de temporiser, de parlementer ou de raisonner. Nous devons, sans perdre un instant, obéir aussitôt que Dieu nous fait discerner l'abomination de Babylone et sa parenté avec ceux qui portent son nom. Hélas ! Combien y a-t-il de chrétiens qui, n'ayant pas tenu compte de la parole du Maître, se sont laissé lier pieds et mains, de sorte que maintenant leur fuite est presque impossible. Toutefois, le Maître dit : « Mes brebis entendent ma voix et elles me suivent. »

            Ces versets nous donnent une autre leçon : ils montrent que certains du peuple du Seigneur se trouvent dans un lieu ou condition, et d'autres dans un autre. Certains sont aux « champs » c'est-à-dire dans le monde des organisations humaines : ils ne doivent pas penser qu'il est à-propos de se joindre tout d'abord aux églises nominales ; au contraire, qu'ils profitent de leur liberté pour s'enfuir de leur position de gens du monde afin de se joindre au Seigneur comme membres de son Royaume (montagne).

            Certains du peuple du Seigneur sont dans les maisons, c'est-à-dire dans les églises faisant partie de Babylone, mais, comme on le donne à entendre ici, ce sont généralement des saints qui se tiennent, au figuré, sur le toit de l'édifice, c'est-à-dire qui ont une vie, une expérience et une foi plus élevées que celles des membres d'église qui ne sont purement et simplement que de nom. Avant de fuir, ces fidèles ne doivent pas descendre dans la maison (des organisations d'églises nominales) pour chercher à emporter avec eux leurs « biens», c'est-à-dire leurs biens précieux aux yeux des hommes tels que des titres honorifiques, des places d'honneur, la considération, les louanges quant à leur réputation morale, etc. ; mais il leur faut tout abandonner pour Christ, et fuir vers le vrai Royaume.

DIFFICULTÉS DE LA FUITE

            « Mais malheur à celles qui sont enceintes et à celle qui allaitent en ces jours-là ! » — Matt. 24 : 19.

            Il y a des « enfants » selon l'esprit aussi bien que des enfants selon la chair, et il y a des enfants illégitimes aussi bien que des fils. L'apôtre Paul compare son intérêt dans le travail de l'Évangile à celui d'une mère qui éprouve les douleurs de l'enfantement. Il dit : « Mes enfants pour l'enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu'à ce que Christ ait été formé en vous » (Gal. 4 : 19). D'une manière analogue, tous les fidèles serviteurs de Christ, tous ceux qui travaillent ardemment pour des âmes, sont comme les femmes « enceintes » dont parle ce texte. L'enfantement spirituel, selon l'exemple apostolique, est un service des plus honorables et absorbe l'attention de quelques-uns des enfants de Dieu les plus dévoués. Mais, hélas ! de même que, dans leur désir d'aider l'accomplissement des promesses de Dieu, Abraham et Sara en vinrent à employer une méthode non approuvée et produisirent une classe d'Ismaël, laquelle, née selon la chair, persécuta la semence née légitimement, ainsi en est-il de nombre de ceux qui sont maintenant en « travail d'enfantement spirituel » : ils aident à produire des « enfants de Dieu » illégitimes. Tous, cependant, devraient se souvenir que, seuls, les moyens légitimes doivent être employés : tous les enfants de Dieu sont engendrés par la parole et l'esprit de la vérité, et non par des méthodes humaines et par l'esprit du monde.

            De fausses conceptions du plan de Dieu, comme par exemple celle de supposer que tous les humains à l'exception de l'Église élue seront éternellement tourmentés, ont chez certains, stimulé à tel point leurs désirs de produire des « enfants » spirituels, qu'ils ont eu recours à divers expédients humains pour les engendrer. Ce faisant, ils ont oublié que tous ceux qui ne sont pas « engendrés de Dieu », que tous ceux qui ne sont pas engendrés « par la parole de vérité » (non simplement de la lettre de la Parole, mais « engendrés de l'esprit » de la vérité), sont illégitimes, et ne sont pas reconnus comme étant de Dieu, ni traités comme des fils (Hébr. 12 : 8). C'est pourquoi l'église nominale d'aujourd'hui a « une belle apparence dans la chair » (des points de vue numérique, financier, intellectuel) ; elle a, dans une grande mesure, « la forme de la piété » sans en avoir le véritable esprit et la puissance pour diriger le cœur. Elle est remplie de « petits enfants » ; certains sont vraiment des petits enfants en Christ, mais, beaucoup, beaucoup sont des enfants illégitimes, et non des fils de Dieu ; ils ont été engendrés par l'erreur et non par la vérité ; ils forment « l'ivraie ». L'église nominale fait de constants efforts pour augmenter cette progéniture même illégitime ; elle espère ainsi la sauver du tourment éternel, de la condamnation injuste d'un Dieu supposé inexorable.

            Hélas ! Comme il est difficile à ces chers enfants de Dieu qui sont ainsi, au figuré, selon les paroles du Seigneur, « en travail d'enfantement », de sortir de l'organisation de l'église nominale qui possède une multitude de moyens pour produire un engendrement illégal et rapide, ce dont ils ont appris à se glorifier et à être fiers. Oui, ce sera difficile pour ceux-là de tout abandonner et de fuir auprès du Seigneur et sur sa montagne (Royaume). Ce sera difficile pour eux de croire que l'Éternel est vraiment bon, juste et miséricordieux, et qu'il a un plan de bonté qui prévoit toutes les mesures nécessaires pour chaque membre de la race d'Adam — tous sont rachetés par la grande « rançon pour tous ».

            La classe qui « allaite » en ces jours-là, renferme également beaucoup d'enfants de Dieu nobles, bons, bien intentionnés. Elle comprend beaucoup de ministres et d'instructeurs des Écoles du dimanche, dont le travail religieux consiste à distribuer le « lait » ; cependant, ce « lait », n'est pas toujours le « lait pur de la Parole », car, en général, ils le diluent et le frelatent avec des narcotiques de la tradition, de la philosophie et de la sagesse du monde qui maintiennent leurs « petits enfants » dociles, endormis, « bons » et empêchent leur croissance en connaissance et en grâce, car ces instructeurs en sont arrivés à considérer la connaissance et la grâce comme dangereuses.

            Un petit nombre de ces instructeurs s'efforcent vraiment de donner le « pur lait de la parole » afin que leurs « petits enfants » puissent grandir et apprendre à manger et à assimiler la nourriture solide pour parvenir à la qualité d'hommes faits en Christ ; mais, déclarent-ils, de nombreuses expériences leur prouvent que même le « pur lait de la parole » ne convient pas à la majorité de leurs « petits enfants » ; c'est pourquoi ils considèrent de leur devoir de frelater le lait de peur que leurs « petits enfants » ne tombent malades et ne meurent. Hélas ! ils ne reconnaissent pas que la majorité de leurs « petits enfants » n'étant pas engendrés de l'esprit de la vérité, ne seront jamais capables d'assimiler le « lait » spirituel, car « l'homme animal [ou naturel — Trad.] ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu'elles se discernent spirituellement » (1 Cor. 2 : 14, 12). Ils ne discernent pas non plus qu'en manquant de faire cette distinction, ils affament, empoisonnent les vrais « petits enfants » spirituels qu'ils ont sous leur garde, et empêchent leur croissance, alors que « vu le temps », ces derniers « devraient être des docteurs ». — Héb. 5 : 12.

            Tous ceux de cette classe qui sont de vrais enfants de Dieu entendront l'appel « Sortez du milieu d'elle, mon peuple », et auront également de grandes difficultés dans ce jour. Alors qu'ils en viendront à discerner la vérité présente, ils craindront non seulement de la donner à ceux qui sont sous leur soin, mais il craindront également d'agir eux-mêmes en conséquence, de peur d'être privés de leurs charges. En ce jour-là, ils craindront de fuir, se rendant compte que bien peu de leurs « petits enfants » seraient capables ou voudraient fuir avec eux, et en vérité, seuls les enfants spirituels seront capables de supporter l'épreuve. Certains traverseront la période décisive en sécurité comme « vainqueurs », tandis que d'autres, craintifs, ne sortiront qu'à travers la grande tribulation.

FUYEZ AVANT L'HIVER

            « Et priez que votre fuite n'ait pas lieu en hiver, ni un jour de sabbat ; car alors il y aura une grande tribulation, telle qu'il n'y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais. Et si ces jours-là n'eussent été abrégés, nulle chair n'eût été sauvée ; mais, à cause des élus [par les élus] ces jours-là seront abrégés ». — Matt. 24 : 20 à 22.

            Ce rassemblement de l'Église a lieu dans ce qu'on appelle un temps de « moisson » à la fin d'une période d'été, de faveur. Notre Seigneur expliqua (Matt. 13 : 30, 37-43) que dans cette moisson, il rassemblerait son blé dans le grenier et brûlerait l'ivraie dans un grand temps de détresse qui suivrait. C'est encore la coutume, à la campagne, de ne brûler qu'en hiver les déchets de la récolte. Nous comprenons donc que notre Seigneur nous exhorte à chercher secours et force pour fuir de Babylone, avant que la période hivernale de sa détresse ne s'abatte sur elle.

            Nous devons nous souvenir que deux classes de blé seront sauvées dans cette moisson, bien que ce soit contraire à la nature. (1) Les « vainqueurs », les fidèles qui obéissent promptement, sortiront avant l' « hiver » et seront « estimés dignes d'échapper à toutes ces choses qui doivent arriver » (Luc 21 : 36) ; (2) Ceux qui sont de loyaux enfants de Dieu, mais n'obéissent pas promptement ; ils sont surchargés, ayant du zèle mais non selon la connaissance, et ils sont plus ou moins contaminés par l'esprit du monde. Ceux-ci seront aidés à sortir de Babylone alors qu'elle est en train de tomber, et ils fuiront en hiver, disant : « La moisson est passée, l'été est fini [l'hiver est venu], et nous ne sommes pas sauvés » (Jér. 8 : 20). Avec beaucoup de bonté, le Seigneur indique que, finalement, tous ceux qui, parmi eux, sont vraiment fidèles, « sortiront de la grande tribulation » et seront devant le trône (et non pas sur le trône avec le « petit troupeau » qui, lui, hérite avec Christ,) ayant lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau (Apoc. 7 : 14, 15). Prions et travaillons en conséquence, afin que nous ayons achevé notre fuite avant que vienne l' « hiver » de la détresse.

            Nous devons prier et faire en sorte que notre fuite n'ait pas lieu même le jour de sabbat. Quel jour de Sabbat ? Ni le septième jour de la semaine, ni le premier, car « des nouvelles lunes et des sabbats » ne seraient sûrement pas des obstacles à des chrétiens lors d'une fuite quelconque au sens propre du terme (Col. 2 : 16). Le Sabbat en question ici est le grand Sabbat-antitype, le Millénium, le septième Sabbat de mille ans. Si nous avions commencé notre fuite avant que ne commençât chronologiquement ce Sabbat, notre position est d'autant plus favorable et plus nous attendons pour fuir, plus il sera difficile de nous libérer et d'abandonner Babylone, au moment même où elle a le plus besoin de nous et réclame notre aide pour la soutenir. Cependant, Dieu a déclaré que Babylone doit tomber, et aucune puissance ne peut la soutenir ; aucun de ceux qui se rendent compte combien est imparfaite son œuvre, et combien sera bonne et miséricordieuse celle de l’Éternel après que Babylone aura disparu et que la véritable Église sera glorifiée, ne désirerait entraver, même un instant, l’œuvre du Seigneur.

            La grande tribulation de cet « hiver »-là sera sans précédent, et notre Seigneur nous donne l'assurance que rien dans le passé ne peut lui être comparé, et que rien de semblable ne s'abattra plus jamais sur le monde. Ceci identifie d'une manière positive sa déclaration avec la détresse qui termine cet Age de l'Évangile et à propos de laquelle le prophète dit : « En ce temps-là se lèvera [pour régner] Micaël [Christ] ... et ce sera un temps de détresse tel, qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation » (Dan. 12 : 1). Cela l'identifie encore avec la période mentionnée dans l'Apocalypse (11 : 17, 18), où « les nations se sont irritées, et ta colère est venue, et le temps des morts pour être jugés ». Cette détresse sera si grande, que si quelque puissance n'intervenait pour l'abréger, toute la race entière serait définitivement exterminée. Mais Dieu a préparé la puissance qui doit intervenir : Son Royaume, Christ et son Église — « les élus ». Les élus interviendront au temps convenable et apporteront de l'ordre sur la terre en pleine confusion.

DE FAUX MESSIES ET DE FAUX INSTRUCTEURS

            « Alors, si quelqu'un vous dit : Voici, le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus. Voici, Je vous l'ai dit à l'avance ». — Matt. 24 : 23 à 25.

            Les séducteurs auxquels il est fait allusion ici, ne sont certainement pas les fanatiques qui, de temps en temps, ont prétendu être Christ et n'ont séduit qu'un petit nombre de personnes dépourvues de sobre bon sens et d'un jugement sain. Nous avons déjà désigné l'Antichrist, le grand séducteur, la Papauté (*) [Vol. II, chap. 9.] qui, pendant des siècles, s'est assise dans le temple spirituel, prétendant être le seul représentant de Christ ou son vicaire ; c'est à son sujet que notre Seigneur prédit avec exactitude que le monde entier s'étonnerait à son sujet, sauf ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau (Apoc. 13 : 8). D'une manière analogue, l'église anglicane n'est pas simplement une église ou « corps », mais elle a une tête (un chef) terrestre dans la personne de la souveraine civile, la Reine. D'une manière très similaire, bien que n'étant pas ainsi dans les moindres détails, l'église catholique grecque a pour tête (ou chef) le Tsar de Russie qui, néanmoins, exerce encore plus de pouvoir. Si la papauté est un Antichrist, un pseudo ou faux Christ, les autres faux corps avec de fausses têtes ne sont-ils pas également de faux Christs, ou des Antichrists, même si dans leur sein se trouvent quelques-uns des vrais saints de Dieu ?

            Diverses dénominations protestantes ne reconnaissent aucune autre tête (ou chef) que Christ ; néanmoins, en pratique, elles font de leurs synodes, conférences et conseils des têtes, d'où elles tirent leurs lois, usages et confessions de foi, au lieu de l'unique tête de l'unique véritable Église.

            Durant une longue période et à un degré plus ou moins grand, ces organisations humaines ont si bien contrefait authentique Messie (tête et corps) qu'elles en ont partiellement trompé beaucoup. Mais maintenant, et depuis un siècle, ces tromperies sont en train de faire faillite. Peu de Presbytériens, sil en est, croient maintenant que leur église est la seule véritable Église ; ainsi en est-il des Méthodistes, des Baptistes, des Luthériens et d'autres à l'égard de leurs églises ; même les Catholiques anglicans, grecs et romains se libèrent de l'illusion que leur propre église est la seule Église, hors de laquelle il n'y a aucun élu. Mais dans la prophétie que nous examinons, notre Seigneur nous met en garde contre les faux Christs d' « alors », c'est-à-dire maintenant. En accord avec ceci, nous trouvons en Apocalypse (13 : 14-18) une prophétie concernant une alliance d'influence par laquelle des dénominations protestantes seront unifiées, et qui, bien que séparées, entreront néanmoins en coopération avec la papauté, d'une manière qui donnera aux deux plus de pouvoir et en trompera beaucoup en leur faisant supposer que cette nouvelle alliance sera le moyen employé par Dieu pour accomplir l’œuvre prédite du Messie, et qu'elle est ainsi son représentant.

« LE SOLEIL DE JUSTICE SE LÈVERA »

            « Si donc on vous dit : Voici, il est au désert, ne sortez pas ; voici, il est dans les chambres intérieures [ou secrètes — concordance grecque Strong — Trad.], ne le croyez pas. Car comme l'éclair [le Soleil] sort de l'orient et apparaît jusqu'à l'occident, ainsi sera la présence [en grec : parousia] du fils de l'homme ».  Matt. 24 : 26, 27.

            De grandes séductions, « une énergie d'erreur » par Satan sont maintenant à l’œuvre devant nous, comme en témoignent non seulement les paroles de notre Seigneur dans ce texte, mais également l'apôtre Paul (2 Thess. 2 : 10-12). S'il avait été prédit sous quelle forme précise ces séductions apparaîtraient, cela aurait quelque peu limité leur pouvoir mensonger. Dieu permet ces séductions dans le but même de séparer les « vainqueurs » de tous les autres, et il nous garantit simplement que les « élus » seront préservés de la chute. Et pourtant, il est tout à fait possible que ces épreuves, criblages et séductions, puissent serrer de très près closest ») ceux-là même qui possèdent la plus grande somme de lumière de la vérité présente. Dès lors, comme il est de première importance de nous « conserver » dans l'amour de Dieu ! Que nous n'ayons pas seulement une connaissance de la vérité, laquelle, seule, pourrait simplement nous enfler d'orgueil, mais qu'en plus, nous ayons l'esprit de Christ que doit produire cette connaissance : l'amour pour Dieu l'amour les uns envers les autres et la sympathie pour tous les hommes, car « l'amour édifie » le caractère à la ressemblance à notre Seigneur.

            L'appel « il est dans la chambre secrète » est déjà lancé par les spirites (*) [Voir notre brochure : « Le Spiritisme ancien et moderne ». Preuves que c’est du démonisme.] qui prétendent pouvoir s'entretenir face à face avec le Seigneur dans certaines de leurs séances, et qui affirment que tous ceux qui partagent leur manière de voir peuvent avoir le même privilège, etc. L'avertissement que, s'il était possible, cela séduirait même les élus, se prouverait donc vouloir signifier que les « élus mêmes » seront assujettis aux épreuves les plus rudes dans ce mauvais jour. « Qui peut subsister ? » (Apoc. 6 : 17). Le prophète en donne la réponse : « Celui qui a les mains innocentes [une vie honnête] et le cœur pur [une conscience exempte de toute offense envers Dieu et envers l'homme] ... il montera en la montagne [Royaume] de l'Éternel... et se tiendra dans le lieu de sa sainteté ». — Ps. 24 : 3, 4.

            Mais comment le peuple de Dieu saura-t-il d'une manière certaine que ces manifestations ne sont pas authentiques ? Il nous a informés que son jour viendrait comme un voleur dans la nuit, qu'invisible au monde, il sera présent surveillant l’œuvre de la moisson (rassemblant ses élus, etc.). Comment savons-nous que, contrairement à ce que prétendent les soi-disant « spiritualistes chrétiens », il ne se manifestera pas à son peuple veillant, dans les « chambres secrètes » (dans leurs séances) ?

            Nous savons qu'il ne se manifestera pas ainsi à nous, parce que : (1) selon ses instructions, nous serons « changés », nous serons faits « semblables à lui », et de cette manière nous le verrons tel qu'il est ; et (2) il nous a prévenus contre ces supercheries qui proposeraient de le montrer à nous dans notre condition charnelle inchangée, disant : « S'ils vous disent : Voici il est au désert ou dans des chambres secrètes, ne le croyez pas ». Car ce n'est pas ainsi qu'il sera manifesté. Au contraire, « Comme l'éclair [le Soleil] sort de l'orient [et ne peut être emprisonné dans un lieu solitaire ni dans une chambre privée] mais apparaît [partout] jusqu'à l'Occident [jusqu'au lointain], ainsi sera la présence du fils de l'homme ».

            La révélation de notre Seigneur à sa seconde présence ne se fera pas dans une chambre, ni à une communauté dans un désert ou dans un lieu désert, ni même à une seule nation comme au premier avènement, mais elle sera une manifestation générale universelle : « Le soleil de justice se lèvera, et la guérison sera dans ses rayons [litt. « dans ses ailes » ; voir note Cr. — Trad.] ». C'est le rayon chercheur de vérité émanant du grand Soleil de justice qui cause déjà tant de confusion parmi les hommes, en brillant dans les lieux obscurs et en découvrait l'erreur et la corruption de tout genre. C'est la lumière qui manifeste tout. Et c'est la grande lumière du monde, Christ (et finalement son Église associée aussi), qui bénira l'humanité en mettant au jour toutes les choses cachées des ténèbres, car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert. « Le jour le fera connaître », et il ne pourrait se passer aucun jour sans que le Soleil brille de l'orient jusqu'à l'occident. « C'est la vraie lumière qui éclaire [au temps convenable] tout homme venant dans le monde ».

            (Nous allons examiner Matt. 24 : 28 après le verset 41 pour faire correspondre le récit de Matthieu avec ceux de Marc et de Luc).

L'OBSCURCISSEMENT DU SOLEIL ET DE LA LUNE SONT DES SIGNES

            « Et aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées ». — Matt. 24 : 29 ; Marc 13 : 24, 25.

            On doit distinguer clairement la tribulation « de ces jours-là » de celle qui aura lieu dans ces jours où se termineront l'Age actuel et la moisson. Toutefois, nous ne comprenons clairement la chose dans les récits de Matthieu et de Marc que si on les compare avec celui de Luc : ce dernier parait résumer brièvement les événements de l'Age de l'Évangile, et, omettant la « tribulation de ces jours-là », ne fait allusion qu'à l'autre tribulation par laquelle se terminera l'Age actuel. Il dit :

            « Et ils [les Juifs] tomberont sous le tranchant de l'épée, et seront menés captifs parmi toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis. Et il y aura des signes dans le soleil et la lune et les étoiles, et sur la terre une angoisse des nations en perplexité devant le grand bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l'âme de peur et à cause de l'attente des choses qui viennent sur la terre ». —  Luc 21 : 24, 25.

            Le fait est que l'Age de l'Évangile tout entier a été une période de tribulation décrite en Matt. 24 : 9-12, et maintenant au verset 29. (1) l'Église primitive fut persécutée par la Rome civile, tandis que plus tard, lorsque la Rome papale posséda le pouvoir, tous ceux qui refusèrent d'approuver ses abominations furent persécutés par elle (Jézabel) soit directement, soit indirectement par les pouvoirs civils (Achab) auxquels elle s'était mariée. Les saints du Très-Haut tombèrent en son pouvoir et furent persécutés par elle pendant un temps, des temps et une moitié d'un temps (1260 années) jusqu'en 1799 après J.-C. Durant cette longue persécution, « plusieurs furent purifiés et blanchis et affinés » et la Mère des prostituées s' « enivra du sang des saints et du sang des martyrs témoins » — D.) de Jésus » (Apoc. 17 : 6). Comme nous l'avons déjà montré, cette période se termina pratiquement en 1776 et réellement en 1799 lorsque le pape et son autorité furent humiliés devant le Monde. (*) [Vol. II, chap. 9 et Vol. III, chap. 4]

            Comprenant donc clairement que c'est à des signes qui suivront la tribulation « de ces jours-là » que notre Seigneur fait allusion, nous nous informons au sujet des signes qui sont décrits d'une manière très précise, savoir : l'obscurcissement du soleil et de la lune, et la chute des étoiles. Ces signes doivent-ils être considérés au sens propre ou au sens symbolique ? Ont-ils déjà été accomplis ?

            Nous répondons qu'ils ont eu un accomplissement littéral et qu'ils ont maintenant un accomplissement symbolique beaucoup plus important.

            Le 19 mai 1780 (c'est-à-dire « en ces jours-là », les 1260 années de puissance papale, toutefois après que cette puissance eut commencé à décliner et que la fureur de la tribulation eut passé), un obscurcissement extraordinaire du soleil eut lieu, que les savants de cette époque, et même ceux d'aujourd'hui, n'ont pu expliquer. Le témoignage compétent suivant établit suffisamment que ce ne fut pas là un événement ordinaire :

            Le célèbre astronome Herschel dit :

            « L'obscurcissement du jour, en Amérique du Nord, fut un de ces merveilleux phénomènes de la nature dont on lira toujours le récit avec intérêt, mais que la philosophie est bien en peine d'expliquer ».

            Le dictionnaire de Webster (édition de 1869), au chapitre du vocabulaire des noms remarquables, dit :

            « Le jour obscur du 19 mai 1780 : appelé ainsi à cause d'une obscurité remarquable qui s'étendit ce jour-là sur toute la Nouvelle-Angleterre. Dans certains endroits, pendant plusieurs heures de suite, les gens ne purent pas voir assez pour lire en plein air des imprimés ordinaires. Les oiseaux chantèrent leurs chants du soir, disparurent, et devinrent silencieux ; les oiseaux de basse-cour gagnèrent leur perchoir de nuit ; le bétail chercha la cour de la ferme et l'on alluma les chandelles dans les maisons. L'obscurcissement commença à dix heures environ du matin et continua jusqu'au milieu de la nuit suivante, mais il y eut des différences dans la durée de l'obscurité en différents endroits ».

            L'Assemblée législative de Connecticut siégeait ce jour-là et dut s'ajourner. Le Journal of the House relate l'événement comme suit :

            « Une ombre épaisse et terrifiante d'une obscurité exceptionnelle avant 10 heures (avec un nuage plus sombre encore qui avança sous le rideau noir à la fois du Nord et de l'Ouest avant 11 heures) intercepta la lumière au point que personne ne pouvait, au Parlement, lire ou écrire, même à l'une ou l'autre des fenêtres, ni distinguer des personnes à une courte distance, ni percevoir une différence quelconque dans les vêtements des assistants ; en conséquence, à 11 heures, le Parlement fut ajourné jusqu'à 14 heures. Vendredi, le 19 mai 1780 ».

            Un ministre de l'époque, le Rév. Elam Potter, qui fut un témoin oculaire de l'événement, prêchant le 28 de ce mois, c'est-à-dire neuf jours après, se serait exprimé dans ces termes :

            « Mais je parle spécialement de cette prodigieuse obscurité du 19 de ce mois. Alors, comme dans notre texte, le soleil fut obscurci : on n'a probablement jamais connu pareille obscurité, depuis la crucifixion de notre Seigneur. Les gens quittèrent leur travail à la maison et aux champs ; les voyageurs s'arrêtèrent ; les écoles fermèrent à 11 heures ; les gens allumèrent des chandelles à midi, et le foyer éclaira comme de nuit. On m'a dit que des gens étaient dans la consternation, et se demandaient si le jour du jugement n'était pas sur le point d'arriver. Une grande partie de la nuit suivante fut également et singulièrement obscure. La lune bien que dans son plein, ne donna aucune lumière, comme dans notre texte ».

            La Société américaine des Traités publia une brochure n° 379 (La vie d'Edward Lee), où il est dit :

            « Au mois de mai 1780, il y eut un jour sombre très effrayant où tous les visages parurent pâlir ; les gens étaient remplis de frayeur. Dans le village où vivait Edward Lee, il y eut une grande détresse ; le cœur des hommes fut saisi de crainte ; on croyait que le Jour du Jugement était proche. Les voisins du saint homme se rassemblèrent autour de lui, car sa lampe bien nettoyée brillait comme jamais dans ces ténèbres anormales. Heureux et joyeux en Dieu, il leur montra où se trouvait le seul refuge contre la colère à venir, et il passa ces heures sombres à prier ardemment pour ces multitudes en détresse ».

            De « Our first century », nous citons ce qui suit du Juge R.M. Devins :

            « Le jour obscur du 19 mai 1780 est, dans la série diversifiée des événements naturels au cours du siècle dernier, le phénomène de son genre presque, sinon tout à fait le plus mystérieux et resté jusqu'ici inexpliqué ; ce fut un obscurcissement des plus étranges des cieux visibles tout entiers et de l'atmosphère de la Nouvelle-Orléans, qui apporta la crainte et la détresse à des multitudes d'esprits, ainsi que la consternation aux animaux : les oiseaux de basse-cour s'enfuyaient, effarés, vers leur perchoir, et le bétail vers son étable. En vérité, des milliers de braves gens de cette époque furent pleinement convaincus que la fin de toutes choses terrestres était arrivée, beaucoup abandonnèrent pour le moment leurs occupations terrestres et se livrèrent à des dévotions religieuses. Ce fut un merveilleux jour obscur ».

            En 1785, le Juge Samuel Tenney, L.L.D., écrivit à la Société d'Histoire à propos de ce « jour obscur », disant :

            « Plusieurs personnalités du monde littéraire ont essayé d'expliquer ce phénomène ; cependant, je crois que vous serez d'accord avec moi qu'aucune solution satisfaisante n'a encore été présentée ».

            Noah Webster, L.L.D., écrivit en 1843 dans le Herald de New Haven, concernant ce jour obscur, et dit :

            « J'étais debout et je regardais le phénomène. Aucune cause satisfaisante ne lui a encore été trouvée ».

            Dans son agenda, au 19 mai 1780, le Rév. Edward Bass, D.D., premier évêque épiscopal de Vermont, écrivait :

            « Ce jour est, de mémoire d'homme, le plus remarquable pour son obscurité ».

            Au moment de la pleine lune, son obscurcissement la nuit suivante semble avoir été presque aussi remarquable que celui du soleil un témoin, le Juge Tenney, d'Exeter (N. H.) dit :

            « Les ténèbres du soir qui suivit furent probablement les plus épaisses qui aient jamais été observées depuis que le Tout-Puissant donna naissance pour la première fois à la lumière. Je ne pus m'empêcher à ce moment-là de me dire que si tous les corps lumineux de l'univers avaient été recouverts de ténèbres impénétrables ou avaient cessé d'exister, l'obscurité n'aurait pas pu être plus complète. A ce moment-là, une feuille de papier blanc, tenue à quelques centimètres des yeux, n'était pas plus visible que le velours le plus noir ».

            On estime que ce jour que l'on ne peut expliquer s'il n'est un signe du Seigneur, s'est étendu sur 320 000 « miles carrés » [1 « mile carré » = 2,5899 km²], soit une superficie d'environ vingt-deux fois l'étendue de la Palestine à laquelle furent limités les signes du premier avènement. En vérité, le fait que ces signes se manifestèrent surtout à la Nouvelle-Orléans et dans les États du Centre n'a pas lieu de nous surprendre si nous nous souvenons que le premier mouvement parmi les « vierges » (*) [Vol. III, pp.78-83.] (Matt. 25 : 1-5) se produisit principalement dans le même endroit. Qu'il ait plu à Dieu de se servir du « pays de la liberté » pour envoyer le message de ces signes au monde n'est pas plus surprenant que le fait qu'il lui a plu également d'envoyer de la même partie du monde nombre des bénédictions, inventions et leçons modernes, reconnues par le monde entier, et si bien symbolisées par le don du grand artiste français, Bartholdi, au port de New York : la statue de la « Liberté éclairant le Monde ».

LA CHUTE DES ÉTOILES

            Un demi-siècle avant l'apparition d'un autre signe, la chute des étoiles tombant du ciel, comme lorsqu'un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes (Apoc. 6 : 13). Les paroles de notre Seigneur trouvèrent un accomplissement (bien que ce ne fût pas là leur complet et unique accomplissement, comme nous le verrons plus tard) lors de la magnifique pluie de météores qui eut lieu de bonne heure le matin du 13 novembre 1833. On rappelle, à ceux qui sont enclins à jouer sur les mots en alléguant que « les étoiles fixes ne tombèrent pas » ; que notre Seigneur ne dit rien concernant la chute d'étoiles fixes, et ne dit pas que des étoiles fixes ne pourraient pas tomber : leur chute prouverait qu'elles n'étaient pas fixes. Les Écritures ne font pas de distinction entre des étoiles et des météores comme on le fait communément de nos jours.

            Des étoiles filantes et même des pluies météoriques ne sont pas rares chaque année, et certaines années plus que d'autres. On estime à 400 000 le nombre de petits météores qui tombent chaque année sur notre terre. Pourtant, tout cela n'est rien en comparaison de la grande pluie du 13 novembre 1833, au cours de laquelle il en tomba des millions et des millions.

            Dans son ouvrage intitulé « Meteorology », le Professeur Kirkwood écrit :

            « Jusqu'à la fin du siècle dernier, elles [les pluies de météores] n'attirèrent jamais l'attention des savants ».

            Le Professeur D. Olmstread, L.L.D., du collège de Yale, écrivait :

            « Ceux qui eurent le privilège de voir le spectacle des étoiles filantes le matin du 13 novembre 1833, ont probablement assisté à la manifestation la plus grandiose d'un feu d'artifice céleste qui ait jamais été vu depuis la création du monde, du moins dans les annales comprises dans les pages d'histoire... Ce phénomène ne doit plus être considéré comme un phénomène terrestre, mais céleste, et l'on ne doit plus voir à présent dans les étoiles filantes des produits accidentels des régions supérieures de l'atmosphère, mais des corps provenant d'autres mondes, ou des espaces interplanétaires ». New-Haven Press.

            M. Henry Dana Ward, alors négociant à New York, plus tard écrivain et ministre épiscopal, écrivit :

            « Aucun philosophe, aucun érudit, n'a jamais raconté ou décrit un événement, je suppose, tel que celui d'hier matin. Il y a dix-huit siècles, un prophète a annoncé ce phénomène avec précision, si, toutefois, nous voulons admettre que des étoiles filantes signifient des étoiles filantes... En vérité, les étoiles du ciel tombèrent sur la terre comme dans l'Apocalypse. On a toujours pris le langage du prophète au sens métaphorique ; hier, il a eu un accomplissement réel — Journal of Commerce (14 novembre 1833) ».

            Nous citons le récit suivant de The American Cyclopoedia, volume XI, page 431 :

            « L'année 1833 est mémorable en raison du spectacle le plus magnifique qui ait été rapporté dans l'histoire. Il eut lieu dans la nuit du 12 novembre et fut visible au-dessus de tous les États-Unis et au-dessus d'une partie du Mexique et des Iles des Indes occidentales. Avec les étoiles filantes plus petites qui tombaient comme des flocons de neige et produisaient des traînées phosphorescentes le long de leur parcours, il y eut de grosses boules de feu entremêlées qui s'élançaient par intervalles, en décrivant en quelques seconde un arc de 30° ou de 40°. Ces boules laissaient derrière elles des traînées lumineuses qui restaient visibles plusieurs minutes, et parfois une demi-heure ou plus. L'une d'elles, vue dans la Caroline du nord, apparut plus grande et plus brillante que la lune. Certains des corps lumineux étaient de forme irrégulière et demeurèrent stationnaires pendant un temps très long, en émettant des flots de lumière. Au Niagara, le spectacle fut spécialement lumineux, et il est probable que jamais auparavant, un spectacle aussi terriblement grandiose et sublime n'avait été contemplé par l'homme, celui du firmament descendant en torrents de feu au-dessus de la cataracte sombre et rugissante. On observa que si toutes les lignes de tous les météores avaient été retracées en arrière, elles auraient convergé en une seule région du ciel, qui était celle de Leonis Majoris, et ce point accompagnait les étoiles dans leur mouvement apparent vers l'ouest, au lieu de se mouvoir avec la terre vers l'est. Le lieu d'où provenaient les météores était donc indépendant de la terre, et extérieur à notre atmosphère ».

            Dans son ouvrage « Récit personnel », le Professeur von Humboldt consacre quinze pages à ce phénomène, et déclare qu'il fut visible au-dessus d'une superficie de onze millions de « miles carrés » [près de 28 millions 500 000 km²].

            M. Beupland, un savant français, qui fut témoin de ce phénomène, en compagnie de Humboldt, en parle ainsi : « Il n'y avait pas, dans le firmament, un espace égal à l’étendue de trois diamètres de la lune qui ne fût rempli à chaque instant de bolides et d'étoiles filantes ».

            Ce phénomène se reproduisit sur une plus petite échelle en 1866, mais l'événement de 1833 paraît avoir accompli le dessein du signe ; et en vérité ce signe et le précédent eurent indiscutablement une corrélation avec le premier mouvement des Vierges pour aller à la rencontre de l'Époux prophétisé dans le chapitre suivant. — Matt. 25 : 1-5.

LES ACCOMPLISSEMENTS SYMBOLIQUES

            Tandis que ces signes, au sens littéral, remplissaient leur mission en appelant l'attention générale sur le Temps de la fin, nous croyons que les accomplissements symboliques ne sont pas moins frappants et sont même plus intéressants pour ceux dont les perceptions mentales et spirituelles sont éveillées et leur permettent de les apprécier.

            Le soleil représente symboliquement la lumière de l'Évangile, la vérité — et ainsi Christ Jésus. La lune représente symboliquement la lumière de la Loi mosaïque. De même que la lune renvoie la lumière qu'elle reçoit du soleil, ainsi la Loi mosaïque était l'ombre ou le reflet anticipé de l'Évangile. Les étoiles représentent symboliquement les instructeurs inspirés de l'Église (les Apôtres). Les cieux, comme nous l'avons déjà montré, représentent les pouvoirs ecclésiastiques de la chrétienté. On trouve une combinaison de ces symboles dans Apocalypse (12 : 1) où la « femme », symbolisant l'Église primitive, est représentée revêtue du soleil, c'est-à-dire resplendissante à la pleine et claire lumière de l'Évangile pur. La lune, sous ses pieds, montre que la Loi qui la supporte, n'est pas cependant la source de sa lumière. Les douze étoiles en couronne autour de sa tête, représentent ses instructeurs divinement désignés et inspirés, les douze apôtres.

            Ayant à l'esprit un aperçu de la signification de ces symboles, examinons de nouveau ce point important de la grande prophétie de notre Seigneur avec les signes qui doivent indiquer la fin de l'Age actuel.

            Partout où nous regardons, nous pouvons reconnaître le fait que si les consacrés de Dieu sont spécialement nourris et éclairés actuellement, il n'en est toutefois pas ainsi pour l'église nominale. Son soleil s'assombrit, sa lune change en sang et ses étoiles sont en train de tomber. Dès le début, le point central de la lumière de l'Évangile a été la croix de Christ, la rançon, et quelle que soit l'effronterie avec laquelle la Papauté a institué en concurrence le sacrifice de la messe, les saints de Dieu ont toujours tenu ferme à ce point central béni de toutes les promesses de Dieu et de toutes les espérances de son peuple. Ils sont toujours restés fidèles à la rançon, même si sa philosophie a été presque entièrement cachée à leur vision mentale.

            Il est vrai qu'il y en a toujours eu quelques-uns qui, ne comprenant pas la rançon, et ne pouvant la mettre en harmonie avec d'autres vérités, et surtout avec leurs erreurs, l'ont rejetée. Toutefois, ceux-ci furent de rares exceptions à la règle générale. Cependant, depuis 1878 (le moment même du temps d’épreuve indiqué dans les Écritures) — en parallèle au temps du rejet de Christ au premier avènement, quand la croix de Christ devint aux Juifs une pierre d'achoppement — l'achoppement a fait ici un grand progrès, au point qu'aujourd'hui, une petite minorité seulement de ceux qui confessent être des ministres de la croix, reconnaissent sa valeur ou la prêchent. Bien au contraire, une grande partie de l'enseignement maintenant vise à renier et à réfuter que nous ayons été « achetés à prix » par « le sang précieux de Christ », et substitue à sa place la Théorie de l'Évolution, en prétendant que ce qui fait la valeur de Christ pour le pécheur, ce sont purement et simplement ses paroles et son exemple.

            Ainsi, la lumière du soleil de l'Évangile devient-elle journellement de plus en plus obscure. Bien que ce rejet de la valeur du précieux sang comme prix de notre rédemption ne se soit pas encore généralisé des prédicateurs aux ouailles, cependant, de fausses doctrines tenues depuis longtemps comme étant sacrées, ainsi que le respect pour les conducteurs et le savoir, ont rendu la voie si aisée qu'une grande majorité de ceux qui sont suffisamment éveillés pour prendre le sujet en considération, tombent comme des proies faciles de cette doctrine de l'Évolution qui nie la doctrine scripturale d'une chute primitive et d'une rançon pour le relèvement. De manières diverses, les Écritures nous avertissent de cette grande apostasie, aussi bien que de cet obscurcissement de la foi de l'Église en ce temps-là de sorte que lorsque le Fils de l'homme reviendra, il trouvera que la foi est très rare sur la terre (Luc 18 : 8). Un psaume, décrivant cette période, déclare : « Il en tombera mille à ton côté, et dix mille à ta droite ; — toi [les saints fidèles, membres du corps de Christ, dont le nombre des élus sera, sous peu de temps (*) au complet] ». — Ps. 91 : 7.

(*) [Écrit en 1897 —Trad.].

            Au fur et à mesure que les rayons lumineux de la rançon s'obscurcissent, les rayons lunaires de la Loi mosaïque qui, dans ses sacrifices, préfigurait la rançon, doivent nécessairement s'obscurcir aussi. De nos jours, il est fréquent d'entendre des instructeurs publics affirmer que les sacrifices sanglants d'Israël, exigés par leur Loi, étaient barbares. Autrefois, lorsqu'ils voyaient grâce à la vraie lumière de la Parole de Dieu, ils appréciaient la déclaration de l'Apôtre à savoir que les sacrifices d'Israël étaient des types de « meilleurs sacrifices » pour le péché ; mais à présent, ils refusent l'antitype (la rançon), ils nient le péché originel et, par suite, toute nécessité d'offrir des sacrifices pour ce péché, et ainsi, ils rejettent également les sacrifices-types et les estiment barbares. C'est de cette manière que l'obscurcissement de la lumière de l'Évangile entraîne celui de la lumière lunaire. « La lune devint tout entière comme du sang ». Et Joël ajoute (2 : 10) que « les étoiles retirent leur splendeur », ce qui signifie que lorsque la lumière de l'Évangile sera obscurcie et que la Loi en viendra à être considérée purement et simplement comme une cérémonie de sang, sans signification et barbare, alors les enseignements des douze étoiles (les apôtres) de l'Église ordonnées par Dieu seront perdus de vue, cesseront d'être considérés comme des guides, comme des lumières.

            Comme nous l'avons vu, Dieu a reconnu ou désigné douze étoiles apostoliques pour l'Église. C'est de celles-ci, et de la lune, et du soleil que doivent provenir toutes les lumières de l'Église. Et c'est bien d'eux que la vraie lumière qui a béni la véritable Église est venue. Cependant, la papauté, s'arrogeant la possession ecclésiastique de la terre, a placé ou « ordonné » diverses étoiles, des lumières, des « autorités », des « théologiens » dans son firmament ; les diverses dénominations protestantes en ont fait autant, jusqu'à ce que le nombre total soit devenu innombrable. Mais Dieu, tout en suscitant pour sa véritable Église des aides, des évangélistes et des instructeurs, ne les a pas ordonnés avec l'autorité de lumières ou d'étoiles. Au contraire, tous les fidèles disciples ont reçu comme instructions de n'accepter comme lumière que les rayons de vérité qui proviennent du soleil, de la lune et des douze étoiles ordonnées dans ce dessein.

            Tous les autres enfants de Dieu doivent, durant cet Age-ci, être des lampes ardentes et brillantes, et ne doivent pas mettre leurs lampes sous un boisseau, mais luire de façon à glorifier leur Père qui est dans les cieux. Le mot étoile (grec : oster ; latin : stella) n'est pas employé pour désigner l'un quelconque des fidèles (en dehors des apôtres) dans cette vie présente, mais on l'emploie à propos de ceux qui quittent la vérité et deviennent de faux instructeurs « téméraires », « enflés d'un vain orgueil », aspirant d'être considérés comme des autorités à l'instar des apôtres, et qui sont appelés des « étoiles errantes », « de faux apôtres ». — 2 Cor. 11 : 13 ; Apoc. 2 : 2 ; Jude 13.

            Au contraire, partout les Écritures offrent la promesse que les porte-flambeaux fidèles, humbles de l'Age actuel seront bientôt avec Christ la semence glorieuse et honorée d'Abraham — « comme les étoiles du ciel ». Mais ce n'est pas dans le « ciel » présent qui, sous peu, disparaîtra dans un grand ébranlement, que ces étoiles brilleront ; non, mais dans les « nouveaux cieux » (le nouveau royaume ecclésiastique de I'Age millénaire). Parlant de la même classe et de ce même temps de la résurrection, le prophète Daniel (12 : 3) dit : « Et les sages brilleront comme la splendeur de l'étendue, et ceux qui ont enseigné la justice à la multitude, comme les étoiles, à toujours et à perpétuité ». L'Apôtre Paul parle également de la gloire future de l'Église dans la première résurrection, disant que leurs gloires différeront « comme une étoile diffère d'une [autre] étoile en gloire ».

            Or, si Dieu n'a ordonné seulement que douze étoiles pour son Église, comme le montre Apoc. 12 : 1, n'est-ce pas une grande faute de la part des papes et des évêques de se considérer eux-mêmes comme des successeurs des apôtres, c'est-à-dire de se considérer également comme des étoiles ? Et n'est-ce pas un fait que certains des soi-disant « critiques supérieurs » se considèrent et sont aussi considérés par d'autres comme étant les égaux ou même les supérieurs des apôtres, comme des flambeaux, des étoiles ? Et ceux-ci et d'autres ne montrent-ils pas cela en prêchant leurs idées personnelles, faisant « briller » leur propre lumière sur divers sujets, sans juger nécessaire de consulter ou de donner comme preuves les paroles des apôtres inspirés ? Et s'ils citent (ou font allusion à) la lumière des vraies étoiles, les enseignements des douze apôtres, n'est-ce pas plutôt pour que ces enseignements confirment leurs vues (ou lumières), plutôt que pour montrer que l'enseignement est la lumière qui provient des étoiles apostoliques ? En vérité, la lumière de ces fausses étoiles, ces « étoiles errantes » est ordinairement si opposée à celle des douze inspirés, que ses auteurs peuvent peu vraisemblablement trouver un texte approprié des écrits apostoliques.

            Dans la prophétie de notre Seigneur, ces vraies lumières-étoiles sont considérées comme faisant partie de la lumière solaire de l'Évangile, obscurcie, détournée de son éclat, tandis que les fausses étoiles (les sages du monde, les lumières ordonnées par l'homme des cieux actuels) sont représentées comme faisant un grand étalage en s'abaissant aux conditions terrestres ; elles abandonnent leur éminence autrefois quelque peu spirituelle, et dans leurs enseignements s'abaissent au niveau des moralistes et des philosophes terrestres, au niveau de la prétendue citoyenneté chrétienne, et de l'engagement dans la politique.

            L'ébranlement des cieux ecclésiastiques symboliques, mentionné à ce même propos, est pour quelque chose dans la chute de ces lumières de la chrétienté à un niveau inférieur, celui d'un enseignement public. Cet ébranlement semblerait signifier exactement ce que nous discernons de tous côtés : l'ébranlement des credo et des dogmes de la chrétienté, qui, à cause de leur mélange d'erreurs et de vérités, produisent la confusion sur tous les points ; nous citerons par exemple, la doctrine des enfants élus et des enfants non élus, la doctrine du tourment éternel de tous ceux qui ne sont pas des saints, des vainqueurs, etc.

            Il s'ensuit que nombre des hommes à la sagesse mondaine qui « brillent » devant le public font déjà tous les efforts pour détourner l'attention de tous ces sujets. Quels autres sujets peuvent-ils trouver que ceux-ci : la vraie ou la fausse doctrine de l'élection ; la véritable idée ou la fausse idée des dispositions divines touchant l'avenir de l'humanité ? Ne connaissant pas le vrai divin plan des Ages, et ne désirant pas soulever la controverse à propos de l'enfer et de la condamnation des enfants, que peuvent prêcher ces prédicateurs-étoiles qui attirera l'attention du monde sur leur personne ?

            Ils peuvent abandonner entièrement les thèmes spirituels et descendre au niveau de l'homme naturel, à des questions de réformes morales et politiques. Ils peuvent aller visiter les « bas quartiers » et prêcher l'évangile-contre-les-bas-quartiers. Ils peuvent s'associer à des croisades de citoyens chrétiens, etc. Ces choses engageront de plus en plus ces étoiles de chaire, tandis que d'autres feront des choses sensationnelles en surpassant les incroyants les plus renommés par des déclarations de ce auquel ils ne croient pas, en se moquant du récit biblique d'une chute d'Adam dans le péché et de l'idée d'être sauvé de quelque chose qui est un mythe, d'après la doctrine de l’Évolution.

            Qui ne peut discerner que ces signes s'accomplissent aujourd'hui, de tous côtés ? Cependant, le soleil et la lune et les douze étoiles ne sont que partiellement obscurcis jusqu'ici ; néanmoins, nombre des fausses étoiles ont abandonné toute prétention de faire luire l'Évangile au niveau de la compréhension des masses sur lesquelles ils « brillent ».

            Luc (21 : 25, 26) donne dans le même temps d'autres signes de l'époque actuelle : « ... et sur la terre une angoisse des nations en perplexité devant le grand bruit de la mer et des flots [les éléments agités et sans loi], les hommes rendant l'âme de frayeur et à cause de l'attente des choses qui viennent sur la terre habitée [la société], car les puissances des cieux seront ébranlées ».

            La mer et les flots mugissants symbolisent les masses populaires contenues, mais non pleinement entravées par les lois et les règlements de la société. Au cours de ces vingt dernières années, chacun a eu l'occasion d'entendre de ces « mugissements » avec, de temps en temps, des déchaînements violents qui s'élancent comme des vagues puissantes à l'assaut de la terre [l'ordre social] et cherchent à l'engloutir. Retenues pour un temps, ces vagues amassent du poids et de la force et, selon la prophétie, ce n'est plus qu'une question de quelques années pour que toutes les montagnes [royaumes] soient « remuées et jetées au cœur des mers », dans l'anarchie (Ps. 46 : 1, 2). Tous les journaux qui ne dépendent pas des puissances d'argent, font entendre le mugissement de la classe agitée de la « mer » ; les autres journaux, bien malgré eux, doivent se faire l'écho de ce mugissement, comme sujets d'informations. C'est cela qui, dans une période de paix relative, cause « une angoisse des nations en perplexité ».

            Or, c'est au moment où les hommes commencent à se rendre compte que le mugissement de la « mer » et l'agitation sont dus en grande partie au déclin de la superstition et de l'influence ecclésiastique, et où ils voient de plus en plus que les puissances des cieux [les credo et les systèmes sectaires] sont ébranlées, que leurs cœurs défaillent de peur, dans l'appréhension des choses qui viennent sur la terre [la société] ; cependant, les efforts énergiques qui sont faits à présent pour rétablir et unifier la puissance et l'influence sectaires ne seront dans une grande mesure couronnés de succès que pour peu de temps seulement, car cette puissance et cette influence sectaires se désintégreront complètement.

            « Et alors [à ce même moment] paraîtra le signe [l'évidence, la preuve] du Fils de l'homme », la preuve ou l'évidence du second avènement du Fils de l'homme.

            Nous ne devons pas perdre de vue le fait que cette prophétie tout entière est donnée en réponse à certaines questions, dont l'une était : « Quel sera le signe de ta présence » au second avènement ? Ayant à l'esprit le fait que peu de gens reconnurent le Messie à son premier avènement, et qu'eux-mêmes avaient eu des doutes et des craintes sur ce sujet pendant longtemps, ils désiraient savoir comment ils pourraient, de manière certaine, le reconnaître. Au premier avènement, notre Seigneur se manifesta lui-même ; sa présence fut attestée par des signes (par ses paroles et ses œuvres merveilleuses) et par le témoignage de Jean-Baptiste. A quel signe devaient-ils s'attendre qui indiquerait sa seconde présence ? Telle fut leur question précise.

            Par sa réponse, notre Seigneur leur donna l'assurance que son peuple ne resterait pas sans avoir un signe approprié et suffisant, mais il ne dit rien relativement à la caractéristique de ce signe. « Et alors paraîtra le signe du Fils de l'homme ». Ce signe sera suffisant pour le peuple de Dieu, fidèle et vigilant, mais il n'est pas destiné à d'autres. Ce fut cette classe qui vit et comprit les signes ou preuves de son premier avènement, tandis que les masses d'Israël nominal ne purent discerner les SIGNES de leur époque. Du reste, Dieu ne désirait pas que d'autres, à l'exception des fidèles, pussent les discerner ; c'est pour cette raison que bon nombre des merveilleuses paroles de vie furent dites en paraboles et en langage obscur, afin qu'en voyant, le monde ne puisse pas voir (ou discerner — Trad.), et qu'en entendant, il ne puisse comprendre, étant indigne de la lumière du temps convenable destinée aux fidèles seulement. Ainsi en sera-t-il en ce qui concerne le signe — ou preuve — de la seconde présence du Seigneur. Ce signe ne sera pas manifesté à toute l'humanité : il ne sera reconnu que par les vrais Israélites, honnêtes et sans fraude.

            Le terme signe (verset 30) est traduit du grec seméion (*) [Réf. Concordance grecque Strong n° 4592 — Trad.] et signifie preuve ou évidence, comme nous le trouvons dans les cas suivants :

            « Jésus donc fit aussi devant ses disciples beaucoup d'autres miracles » (ou signes ; voir note Darby) — Jean 20 : 30 [signes : V. Lausanne, Chan. Osty]).

            «... le Seigneur... accordant que des signes et des prodiges se fissent par leurs mains [celles de Paul et de Barnabas] ». — Actes 14 : 3 — voir note Darby.

            « De sorte que les langues sont pour signe... aux incrédules ». — 1 Cor. 14 : 22.

            « Certainement les signes d'un apôtre ont été opérés au milieu de vous avec toute patience, par des signes », etc. — 2 Cor. 12 : 12.

            C'est pourquoi, « Vous verrez le signe du Fils de l'homme », ne signifie pas que les disciples du Seigneur vivant alors le verraient, mais qu'ils auraient une indication ou une évidence (preuve) de sa présence en ce temps-là. Les signes de la seconde présence de notre Seigneur seront trouvés en harmonie avec le témoignage des prophètes (**) [Vol. II, chap. 5, 6, 7] et corroborés par lui, comme ce fut le cas au premier avènement. — Luc 24 : 44-46.

            « Dans le ciel » : Le signe ou preuve de sa parousia sera donné dans le ciel. Il ne s'agit pas ici du ciel de la présence du Père et devant les saints anges, mais du ciel symbolique, du ciel ecclésiastique, de ce même ciel qui nous est montré au verset précédent comme devant être terriblement secoué au point d'en faire tomber toutes ses étoiles. C'est dans ce ciel — la classe soi-disant spirituelle — que le signe ou l'évidence de la présence de notre Seigneur sera d'abord manifeste. Certains « verront » l'accomplissement des déclarations prophétiques concernant ce jour de la seconde présence dans l'accomplissement merveilleux du divin plan des Ages, et le reconnaîtront comme l'un des signes de sa présence (Luc 12 : 37). Le jugement de Babylone (la chrétienté) sociale et ecclésiastique, est un autre signe, une autre preuve, que le Juge est arrivé et qu'il règle en tout premier lieu ses comptes avec ceux à qui — en tant qu'économes — il avait confié ses biens (Matt. 25 : 19 ; Luc 19 : 15). « Le jugement de Dieu doit commencer par sa maison » (1 Pi. 4 : 17 — v. Ost.) ; cela signifie la confusion et la consternation parmi les Docteurs et les principaux sacrificateurs du temps actuel alors qu'ils essaient d'accorder leurs doctrines, pratiques et credo, comme ce fut le cas pour les Pharisiens, les Sacrificateurs et les Docteurs de la Loi de la première présence de notre Seigneur, bien qu'on niât alors la présence, comme on le fait maintenant.

            Cependant, lors de la première présence, les israélites humbles, les vrais Israélites, que Dieu estimait dignes, ne furent pas confus mais éclairés, de sorte que notre Seigneur put leur dire : « Mais bienheureux sont vos yeux, car ils voient, et vos oreilles, car elles entendent ; car, en vérité, je vous dis que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont pas vues, et d'entendre les choses que vous entendez, et ils ne les ont pas entendues » (Matt. 13 : 16, 17). Ainsi, de nos jours, dans la seconde présence du Fils de l'homme, la révélation de la Parole divine, le discernement du plan divin montrant aussi les temps et les saisons divins, et la confusion qui règne en « Babylone » sont des preuves satisfaisantes de la présence du Roi.

            « Et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel ». — Matt. 24 : 30.

            Les tribus de la terre ne verront pas le signe (ou preuve) de la présence du Seigneur, car il sera donné seulement parmi les « cieux », c'est-à-dire parmi ceux qui sont au moins spirituels de nom — les églises — au sein desquelles seuls ceux qui sont honnêtes, sans fraude, sauront l'apprécier. Jamais non plus ils ne verront le Seigneur lui-même par les yeux naturels, car il n'est plus chair et ne peut plus être vu par des êtres charnels (*). [Vol. II, chap. V.] On doit se rappeler les paroles de notre Seigneur : « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus » (Jean 14 : 19). On doit également se souvenir des paroles de l'Apôtre à l'Église, savoir que nous devons tous être « changés » et faits êtres-esprits comme notre Seigneur, avant que nous puissions « le voir comme il est » (1 Cor. 15 : 51-53 ; 1 Jean 3 : 2). Au contraire, les tribus de la terre verront les nuées de trouble et la confusion qui accompagneront l'ébranlement des « cieux », et elles se rendront compte que c'est une tempête qui secouera également la « terre » (voir Héb. 12 : 26, 27) ; dans le même temps, il y aura également une lamentation générale de tous, à cause de ce grand temps de trouble ; finalement, quand se terminera la tempête, toute l'humanité discernera, reconnaîtra le nouveau Roi avec les yeux de sa compréhension, s'affligera à cause du péché et parce que, dans son aveuglement, elle l'avait rejeté (les Juifs, en premier lieu, le firent). — Voir Zach. 12 : 10-12.

            « Et il enverra ses anges avec une grande trompette (le MS. du Sinaï omet « son de ») (**), [Voir note v. Osty ; Cr. et Seg. : « trompette retentissante » ; Busy : « grande trompette ».] et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l'un des bouts du ciel jusqu'à l'autre bout ». — Matt. 24 : 31.

            Ce travail sera en cours dans la période de l'Intérim, la « moisson ». Les anges (les messagers du nouveau Roi de la terre) feront un travail de séparation, non pas entre l'église et le monde, mais un travail de séparation dans l'église nominale (parmi les chrétiens de nom, les « cieux » actuels). Cette œuvre est représentée sous diverses descriptions symboliques : le rassemblement du blé dans le grenier, après sa séparation d'avec l'ivraie (Matt. 13 : 30) ; le rassemblement dans des paniers des bons poissons et le rejet dans la mer des poissons de mauvaise qualité pêchés dans le filet de l'Évangile (Matt. 13 : 47-49) ; le rassemblement de ses joyaux (Mal. 3 : 17) l'appel lancé à « mon peuple » à sortir de Babylone (Apoc. 18 : 4) ; l'appel au milieu de la nuit lancé aux vierges, cri qui sépare les vierges sages d'avec les vierges folles (Matt. 25 : 6) ; et dans la prophétie que nous examinons, c'est le rassemblement des « élus » séparés d'avec tous les non-élus de la chrétienté, des quatre vents — de toutes les parties de la chrétienté.

            Nous ne devons pas nous attendre à voir paraître des anges-esprits avec des ailes et volant à travers les airs en soufflant dans une grande trompette, enlevant ici et là quelques-uns des saints, pas plus que nous ne devons nous attendre à devenir des poissons au sens propre du mot, pour être placés dans des paniers au sens propre du mot, ni à devenir des grains de blé au sens propre du mot pour être placés dans une grange au sens propre du mot. Nous croyons que les anges ou messagers employés par notre Seigneur dans ce rassemblement de la moisson, seront des messagers tels qu'il en a employés à son service à travers l'Age de l'Évangile : des serviteurs terrestres, engendrés de son saint esprit, des « nouvelles créatures dans le Christ Jésus ».

            Nous comprenons que la « grande trompette » est la « trompette du Jubilé »-antitype, la « septième trompette » aussi symbolique que les six précédentes (Apoc. 11 : 15-18). Aucune de ces trompettes n'a jamais fait entendre un son au sens propre du mot. Depuis octobre 1874, elle résonne symboliquement et continuera à le faire jusqu'à la fin du Millénium. Avec le début de cette « sonnerie », a commencé également la « moisson » avec le « fauchage » (« reaping ») et la séparation, qui doit continuer jusqu'à ce que les « élus », le « blé », soient tous rassemblés hors des « cieux »  actuels (des systèmes ecclésiastiques) pour le Seigneur. Les « anges » (messagers) sont ceux qui portent le message de la Parole de l'Éternel qui produit la séparation et rassemble pour lui ses élus.

            Les fidèles membres du peuple de Dieu qui sont maintenant tirés des ténèbres à la merveilleuse lumière, ont le privilège de voir et d'entendre des choses que d'autres ne voient pas ni n'entendent. Ils ont aussi le privilège d'être des co-ouvriers avec le Seigneur, d'être ses anges (messagers ou serviteurs), aussi bien dans cette œuvre que dans tous les autres aspects de l’œuvre, à travers l'Age. Par sa grâce, ils ont labouré, semé, hersé et arrosé, et à présent la même classe peut aussi faire la moisson avec le Chef Moissonneur.

IMMINENCE DU ROYAUME DE DIEU

            « Mais apprenez du figuier la parabole qu'il vous offre : quand déjà son rameau est tendre et qu'il pousse des feuilles, vous connaissez que l'été (*) [Les Hébreux divisaient leur année en deux saisons, l’été et l’hiver.] est proche. De même aussi vous, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que cela (le Royaume de Dieu — Luc 17 : 21) est proche, à la porte. En vérité, je vous dis : cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées ». « Le ciel et la terre [l'ordre de choses actuel, ecclésiastique et social] passeront, mais mes paroles ne passeront point ». — Matt. 24 : 32-35.

            Des incroyants se sont emparé de ce passage pour prétendre qu'il ne s'est manifestement pas accompli et qu'en conséquence cela prouve que notre Seigneur a été un faux prophète. Ils appliquent entièrement la prophétie aux troubles qui eurent lieu au moment de la chute d'Israël en tant que nation politique en l'an 70 ap. J.C., et font remarquer avec mépris que cette génération et beaucoup d'autres ont passé sans voir l'accomplissement de « toutes ces choses ». A ceci, nous répondons naturellement qu'ils ne comprennent pas la prophétie de notre Seigneur et que cette prophétie ne se rapporte qu'en partie seulement au trouble qui s'abattit sur Israël et atteignit son point culminant en 70 ap. J.-C.

            Cependant, pour repousser cette objection, certains auteurs chrétiens ont été amenés à affirmer que les mots « cette génération » signifiait en réalité que cette race (les Juifs) ne passerait pas jusqu'à ce que toutes ces prédications n'aient été accomplies.

            Nous ne partageons pas cette interprétation pour plusieurs raisons :

            (1) Bien qu'on puisse dire que les termes « génération » et « race » viennent d'une racine commune ou d'un même point de départ, toutefois, ils ne sont pas une seule et même chose, et dans l'usage biblique, les deux termes sont tout à fait distincts.

            Notez que, dans le Nouveau Testament, lorsque le terme génération est employé dans le sens de race ou de postérité, il vient toujours du grec gennema (comme dans Matt. 3 : 7 ; 12 : 34 ; 23 : 33 ; Luc 3 : 7) ou de genos (comme en 1 Pi. 2 : 9) ; mais dans les trois différents comptes rendus de cette prophétie, on prête à notre Seigneur l'usage d'un mot grec totalement différent (genea) qui ne signifie pas race, mais a le même sens que notre mot anglais « generation » (en français : « génération »). D'autres emplois de ce terme grec (genea) prouvent qu'on ne s'en sert pas dans le sens de race, mais en faisant allusion à des gens contemporains. Nous citons pour preuve : Matt. 1 : 17 ; 11 : 16 ; 12 : 41 ; 23 : 36 ; Luc 11 : 50, 51 ; 16 : 8 ; Actes 13 : 36 ; Col. 1 : 26 ; Hèb. 3 : 10.

            (2) Notre Seigneur n'a pas pu entendre par là la race juive, et il n'eût pas été à-propos d'employer un mot grec signifiant race, car la demande des apôtres ne portait pas sur la race juive, pas plus que la réponse de notre Seigneur sous forme de prophétie. Il est à peine question d'Israël dans la prophétie, et s'il avait été dit « cette race » ne passera pas avant que tout soit accompli, cela aurait suscité la question de savoir à quelle race la prophétie s'appliquait, car aucune race particulière n'est spécifiée. Par conséquent, si le mot signifiait race, il serait, aussi convenable de dire qu'il signifiait la race humaine que de dire qu'il s'appliquait à la race juive.

            Mais si nous comprenons qu'ici, comme autre part, genea signifie génération, et si nous reconnaissons que les paroles de notre Seigneur étaient une prophétie qui couvrait l'Age de l'Évangile tout entier, nous n'avons aucune difficulté à en comprendre le sens : « Cette génération [qui sera témoin des signes demandés par les Apôtres et que vient d'énumérer notre Seigneur, savoir : l'obscurcissement du soleil et de la lune et la chute des étoiles] — cette génération ne passera point que toutes ces choses ne soient arrivées ». En d'autres termes, les signes mentionnés s'accompliront dans le temps d'une génération, à la clôture de l'Age.

            Le fait de montrer le figuier en plein bourgeonnement pourrait n'avoir été qu'une remarque accidentelle, mais nous sommes enclin à penser qu'il n'en fut rien. La circonstance particulière dans laquelle notre Seigneur maudit le figuier qui ne portait pas de fruit et qui sécha immédiatement (Matt. 21 : 19, 20) nous porte à croire que le figuier de cette parabole peut être compris comme représentant la nation juive. S'il en est ainsi, son accomplissement se fait actuellement d'une manière remarquable ; en effet, non seulement des milliers d'Israélites retournent en Palestine (écrit en 1897 —Trad.), mais le mouvement sioniste, comme chacun sait, a maintenant pris de telles proportions qu'il justifie des Assemblées de représentants de toutes les parties du monde, année après année, afin de donner une forme pratique à la proposition de réorganisation d'un état juif en Palestine. Ces bourgeons grossiront, mais ils ne porteront pas de fruits mûrs avant octobre 1914, la fin complète des « Temps des nations ».

            On pourrait estimer qu'une « génération » équivaut à une durée de cent ans (en pratique la limite actuelle) ou à cent vingt ans, la durée de la vie de Moïse et la limite indiquée par les Écritures (Gen.  6 : 3). En comptant cent années à partir de 1780, date du premier signe, la limite atteindrait 1880, et selon notre compréhension, chaque détail prédit avait commencé à s'accomplir à cette date : la « moisson » ou temps de rassemblement commençant en octobre 1874 ; l'organisation du Royaume et la prise par notre Seigneur de son grand pouvoir dans sa qualité de Roi en avril 1878, et le temps de trouble ou « jour de la colère » [dont la première phase] commença en octobre 1874 [et la seconde phase en 1914] (*) [Ed. 1937.] ; et le bourgeonnement du figuier. Ceux qui choisissent autrement pourraient, sans contradiction, dire qu'on peut tout aussi bien calculer le siècle ou génération à partir du dernier signe (la chute des étoiles) qu'à partir du premier (l'obscurcissement du soleil et de la lune) ; dans ce dernier cas, un siècle commençant à 1833 serait loin d'être achevé. Nombre de ceux qui ont été les témoins du signe de la chute des étoiles, sont encore vivants. Ceux qui marchent avec nous à la lumière de la vérité présente ne s'attendent pas à voir venir des choses qui sont déjà ici, mais ils attendent l'achèvement des choses en cours. Ou bien encore, puisque le Maître a dit : « Quand vous verrez toutes ces choses », et que « le signe du Fils de l'homme dans le ciel », le bourgeonnement du figuier et le rassemblement des « élus » sont comptés parmi les signes, il ne serait pas illogique de calculer la « génération » de 1878 à 1914, soit 36 ans ½, la durée moyenne de la vie humaine de nos jours.

            « Mais, quant à ce jour-là et à l'heure, personne n'en a connaissance, pas même les anges des cieux, ni le Fils, mais mon Père seulement » (Matt. 24 : 36. Ms du Sinaï ; vers. cathol. Buzy, Osty, Pirot et Clamer, Maredsous — voir note ; vers. protest. : Stapfer, Seg. ; comp. Marc 13 : 32, 33). « Prenez garde, veillez et priez, car vous ne savez pas quand ce temps sera ».

            A beaucoup de personnes, ces paroles paraissent impliquer beaucoup plus de choses qu'elles n'en expriment, en réalité : il leur semble qu'elles « verrouillent » toutes les prophéties de la Bible et les rendent inutiles, comme si notre Seigneur avait dit : « Personne ne connaîtra jamais », alors qu'il déclara purement et simplement « Personne n'en a [maintenant] connaissance », en faisant allusion seulement aux personnes qui l'écoutaient, et à qui les temps et les saisons exacts ne devaient pas être révélés, n'étant pas du temps convenable. Qui peut douter que les « anges des cieux » et « le Fils » savent maintenant, pleinement et clairement, les choses qui ont progressé au point d'être presque accomplies ? Et si maintenant l'expression de ce verset ne les empêche pas de connaître, alors rien dans ce verset n'empêche les saints de Dieu de chercher à comprendre toute la vérité « écrite auparavant pour notre instruction ». En vérité, ce fut en grande partie parce que ce n'était pas la volonté du Père que son peuple, alors, ni jusqu'au temps où les « sceaux » seraient brisés, [Vol. II, chap. 2 et 3.], connût la date, que notre Seigneur esquissa le cours des événements, et lui donna l'assurance que s'il [le peuple de Dieu — Trad.] voulait veiller et prier et, ainsi, continuer à être fidèle au temps convenable, il ne serait pas laissé dans les ténèbres, mais verrait et saurait.

            Par le prophète Daniel, Dieu a indiqué qu'à ce moment-là « les sages comprendront » la vision et la prophétie, et purement et simplement qu' « aucun des méchants ne comprendra » (Dan. 12 : 9, 10). A ceci, l'apôtre Paul ajoute son témoignage : « Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un voleur » (1 Thess. 5 : 4) bien que ce soit ainsi qu'il viendra sur le monde entier. « Veillez donc [afin qu'au temps convenable, VOUS PUISSIEZ SAVOIR], priant en tout temps, afin que vous soyez estimés dignes d'échapper à toutes ces choses qui doivent arriver ».

COMME AUX JOURS DE NOÉ, « ILS NE CONNURENT RIEN »

            « Mais comme ont été les jours de Noé, ainsi sera aussi la présence [grec parousia] du Fils de l'homme. Car, comme dans les jours avant le déluge on mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et ILS NE CONNURENT RIEN... ainsi sera aussi la présence du Fils de l'homme ». — Matt. 24 : 37-39.

            Beaucoup de personnes ne saisissent pas le point essentiel de cette illustration ; elles présupposent, sans y être autorisées par les paroles du Maître, que la similitude signalée ici réside dans la méchanceté qui régnait au temps de Noé et celle qui existe au jour de la présence de Christ. Une telle comparaison aurait pu se justifier et être à propos ; cependant, le Maître ne fit pas une telle comparaison, mais il évita de la faire. La comparaison faite porte sur la similitude d'ignorance. Seuls, Noé et sa famille connaissaient ; les gens ne savaient rien, mais continuaient leur train de vie habituel, se mariant, plantant, bâtissant, mangeant et buvant. D'une manière semblable, durant le temps de la présence de Christ à la fin de l'Age actuel, et alors que le grand temps de trouble est imminent (*), [Écrit en 1897 — Trad.] les membres du peuple de l'Éternel seront les seuls à être informés de sa présence ou à avoir une claire compréhension de ce qui va arriver, ou pourquoi, ou quelle sera l'issue de ces choses. Les autres « ne sauront rien ».

            En Luc (17 : 26-29), nous trouvons la même leçon ; il nous est montré que les contemporains, tant ceux de Noé que ceux de Lot, ont été ignorants des troubles imminents aux jours de Noé, et aux jours de Lot, de même que les gens seront ignorants du trouble imminent aux jours du Fils de l'homme — quand il sera venu et qu'il est présent. Le monde a peur et il est perplexe mais il ne sait rien de la présence du Fils de l'homme, et du règlement de comptes de la moisson maintenant en cours. Même s'ils peuvent imaginer plus ou moins les tribulations prochaines, ils ne peuvent deviner la bénédiction qui les suivra.

            « Il en sera de même au jour où le Fils de l'homme [déjà présent] sera manifesté [d'abord à ses « vierges » vigilantes et plus tard à tous les hommes dans la détresse]. En ce jour-là, que celui qui sera sur le toit et qui aura ses effets dans la maison, ne descende pas pour les emporter ; et pareillement que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière. Souvenez-vous de la femme de Lot ! Quiconque cherchera à sauver sa vie [par des compromissions avec sa conscience et en demeurant dans Babylone], la perdra ; et quiconque la perdra [sacrifiera les intérêts de la vie présente] la conservera » — éternellement. — Luc 17 : 30-33.

            Ainsi l'Évangile de Luc applique-t-il ces paroles (déjà examinées ci-dessus) à la fin de l'Age de l'Évangile — « au jour où le Fils de l'homme sera manifesté ».

            « Souvenez-vous de la femme de Lot ! ». Cette parole est un avertissement catégorique de notre Seigneur. Cette injonction serait bien peu justifiée si on l'appliquait à ceux qui s'enfuirent de la Judée en l'an 70 de notre ère ; au contraire, c'est une mise en garde extrêmement sérieuse si elle s'adresse au peuple de Dieu de nos jours, à la fin de l'Age de l'Évangile. Lorsque nous apprenons que Babylone est condamnée et que nous entendons le message de l'Éternel : « Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies », c'est en vérité comme la voix des messagers qui entraînèrent en hâte, hors de Sodome, Lot et sa famille, disant « Sauve-toi, pour ta vie ! ne regarde pas derrière toi, et ne t'arrête pas dans toute la plaine ; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses  Gen. 19 : 17.

            L'illustration est plus appropriée encore si nous nous souvenons que la chrétienté est « cette grande ville [Babylone] qui est appelée spirituellement Sodome ». — Apoc. 11 : 8.

            Après s'être mise en route pour fuir, comme elle en avait reçu l'ordre, « regarda en arrière », désirant les choses qu'elle avait laissées ; ainsi en est-il pour certains qui fuient maintenant de Babylone vers la montagne (Royaume) de l'Éternel ; ils ont plus de sympathie pour les choses laissées en arrière que pour les choses à venir. Seuls, ceux qui placent leurs affections sur les choses d'en haut et non sur les choses d'en bas, courront la course jusqu'à la fin. C'est d'une pleine consécration du cœur que naît la persévérance des saints ; tous les autres ne réussiront pas à courir de manière à obtenir le grand prix.

L'UN SERA PRIS ET L'AUTRE LAISSÉ

            « Je vous dis qu'en cette nuit-là deux seront sur un même lit, l'un sera pris et l'autre laissé ».  Luc 17 : 34 (omis par Matthieu).

            Le Seigneur nous informe par le prophète que même si le matin millénaire approche, une nuit également vient aussi (Es. 21 : 12). Ce sera une nuit de détresse (ou de tribulations — Trad.) dans la première partie de laquelle les saints seront rassemblés et sortis de Babylone. Le « lit » dont il est question ici, peut, en harmonie avec l'emploi de ce terme en Esaïe (28 : 20), être interprété pour symboliser des credo humains qui sont assez longs pour « de petits enfants » en Christ, mais trop courts pour qu'un « homme » développé s'y étende. Ceci est vrai des diverses « doctrines des hommes » qu'on a substituées — bien que très différentes d'elles — aux doctrines de la Parole de Dieu dont la longueur et la largeur surpassent le savoir humain. Par exemple, la doctrine de l'élection, telle qu'elle est enseignée par nos amis calvinistes, constitue un « lit » tout à fait suffisant pour reposer nombre de ceux qui ne sont que des « petits enfants » en Christ, et dont les sens n'ont jamais été beaucoup exercés ; cependant, lorsqu'à la lumière de la connaissance de nos jours, les « petits enfants » s'éveilleront et grandiront en grâce et en connaissance, il est certain qu'ils trouveront tous le vieux credo-lit trop court pour être confortable. Quand chacun essaiera de s'envelopper dans les promesses de Dieu, rendues étroites par une théologie erronée, il ne pourra se couvrir d'une manière satisfaisante : des doutes s'introduiront dans son esprit qui le feront frissonner de peur qu'après tout il n'est pas certain que lui et ses amis soient parmi les « élus », et bientôt, ces chrétiens développés trouvent un soulagement en sortant de cette position fâcheuse ; c'est à ceux-là que, d'une manière générale, Dieu envoie la lumière de la vérité présente pour les guider et les mettre « au large » pour un vrai repos pourvu en abondance de couvertures pour tous ceux qui cherchent à connaître et à faire la volonté du Père. Cependant, d'autres — l'immense majorité —  restent tout à fait satisfaits et à l'aise dans leurs divers petits berceaux, parce qu'ils sont des « petits enfants » et non des « hommes » dans la connaissance et dans l'expérience chrétiennes. « L'un sera pris et l'autre laissé ».

            « Alors deux hommes seront au champ, l'un sera pris et l'autre laissé ». — Matt. 24 : 40.

            « Le champ, c'est le monde », selon l'explication de notre Seigneur, et dans ce discours, il représente une condition extérieure à la « maison » nominale, à l'extérieur de Babylone. Ainsi, nous apprenons que tous ceux qui « sortent » ne seront pas « rassemblés », mais que les « joyaux » seront recherchés partout où ils peuvent se trouver : « l'Éternel connaît ceux qui sont siens », et dans ce rassemblement de la moisson, il assemble ses joyaux, il rassemble ses « élus » pour les faire cohéritiers dans son Royaume.

            « Deux « femmes » [ce mot ne se trouve dans aucun MS — Trad.] moudront au moulin, l'une sera prise, l'autre laissée ». — Matt. 24 : 41 ; Luc 17 : 35.

            Un moulin est un lieu où l'on prépare de la nourriture : les ministres, les facultés de théologie font de la mouture, de la nourriture spirituelle pour « Babylone » ; ils produisent de la farine de très mauvaise qualité, et non du « pur fourrage » (Es. 30 : 24 — Trad.). On se plaint de plus en plus que la nourriture fournie se compose surtout de balle et de paille qui ne soutient pas la vie et la force spirituelles ; chaque « meunier » est obligé de préparer ce qui lui est donné par sa propre dénomination ; il ne peut maintenir sa position et, en plus, fournir la « nourriture au temps convenable », « le pur fourrage » à la maison de la foi. C'est pourquoi la « vérité présente » rassemble certains des meuniers et laisse les autres — l'un est pris, l'autre est laissé. Ceux qui sont fidèles à Dieu et à son troupeau seront pris ; tous les autres seront laissés. Tandis que le monde et l'église nominale déclarent que notre époque est un temps pour l'union et la « conjuration », Dieu déclare que c'est un temps de séparation ». — Es. 8 : 12.

RASSEMBLÉS DE PARTOUT - L'ATTRACTION

            « Et répondant, ils [les disciples] lui disent : Où, Seigneur ? [Où ceux-ci seront-ils PRIS ?] Et il leur dit : Là où est le corps [le cadavre, la nourriture — voir Note Crampon], là aussi s'assembleront les aigles ». — Matt. 24 : 28 ; Luc 17 : 37.

            La leçon est qu'en ce jour-là, lorsque le Seigneur rassemblera ses « élus » des quatre vents des cieux — de toutes les parties de l'Église — il les attirera comme sont attirés les aigles, par la nourriture, grâce à l'acuité de leur vue et à leur fort appétit ; la leçon est aussi qu'au temps convenable le Seigneur fournira la nourriture substantielle que son vrai peuple reconnaîtra et autour de laquelle il se rassemblera ceux qui sont prêts et dignes seront pris et les autres, laissés.

            La nourriture de la « vérité présente » que fournit maintenant notre Seigneur, et le rassemblement de ses saints par elle et vers elle, concordent exactement avec la description faite par cette prophétie. L'appel actuel n'a pas pour dessein de faire sortir d'un « moulin » pour entrer dans un autre « moulin », ni d'un « lit » dans un autre lit de même dimension. Ce n'est pas le rassemblement fait par un seul homme ou par beaucoup d'hommes, à lui ou à eux, dans une nouvelle dénomination, mais d'un rassemblement les uns avec les autres à Christ lui-même, le vrai et seul Maître et Instructeur. Où et quand y a-t-il eu jamais pareille reconnaissance publique de tous ceux qui se confient dans le précieux sang de Christ et qui lui sont consacrés, comme l'unique famille de la foi — tous des frères — et Christ comme le seul et unique Législateur, sans se soucier des credo et dogmes humains sur d'autres sujets ? Pour autant que nous puissions en juger, il n'y en eut jamais et nulle part, depuis le temps des apôtres.

            En outre, il convient de remarquer que dans d'autres mouvements, il est beaucoup question de capacité humaine, d'art oratoire, etc., mais il n'en est pas ainsi avec le rassemblement actuel auprès du Seigneur. Ici, c'est la vérité, la nourriture spirituelle fournie par le Seigneur qui constitue l'entière attraction : les fleurs de rhétorique humaine et l'art oratoire trouvent ici peu d'occasions pour s'exercer ; ils font défaut, mais on n'en a pas de regret. Ceux qui sont rassemblés et ceux qui rassemblent viennent ensemble parce qu'ils « ont faim et soif de justice » : ils trouvent enfin la part satisfaisante que le Seigneur lui-même a fournie, et chacun en mange pour lui-même.

VEILLEZ, SI VOUS VOULEZ CONNAÎTRE

            « Veillez donc ; car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur vient. Mais sachez ceci [la raison pour laquelle le temps est si bien caché sous des symboles et des paraboles], que si le maître de la maison eût su à quelle veille le voleur devait venir, il eût veillé, et n'eût pas laissé percer sa maison ». — Matt. 24 : 42, 43.

            Le « maître de la maison » ou « chef de famille » (« householder ») de la dispensation actuelle n'est pas notre Seigneur, mais notre Adversaire, le diable — « le dieu de ce monde », le prince de la puissance de l'air, « le prince de ce monde »  qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance, aveuglant les esprits de tous ceux qui ne croient pas — dont les yeux de la compréhension n'ont pas été oints avec le collyre du Seigneur (2 Cor. 4 : 4 ; Eph. 2 : 2 ; Apoc. 3 : 18). Cet adversaire est habile et très rusé, et quelle que soit la connaissance qu'il a des temps, des saisons et des arrangements de Dieu, il est prompt à l'utiliser pour s'opposer au plan divin, ainsi que le déclare notre Seigneur dans la citation précédente.

            Le Père céleste a laissé Satan suivre sa propre voie, sauf quand elle s'oppose au plan divin où, alors, il contrôle ses méchants desseins pour les faire servir au développement du plan divin. C'est pourquoi Satan, bien qu'il connaisse la Bible depuis longtemps, ne l'a comprise que très peu, pour la même raison qui fait que l'homme ne l'a pas comprise, savoir, parce qu'elle est écrite en paraboles, en symboles et en figures de rhétorique. A présent que ces paraboles, symboles et figures de rhétorique sont du temps convenable pour être compris, seuls peuvent les comprendre ceux qui sont guidés par le saint esprit, lequel, selon la promesse de notre Seigneur, « vous conduira dans toute la vérité » ; mais ce saint esprit, le monde ne peut le recevoir. Satan ne possède pas le saint esprit et n'est pas guidé par lui en conséquence, une grande partie de la Parole divine est folie pour lui. Toutefois, il a appris sans aucun doute, comme le monde l'a appris dans une certaine mesure, que « le secret de l'Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25 : 14). Nous pouvons donc supposer que ses représentants, les anges déchus, sont fréquemment présents aux petites assemblées et aux Études bibliques, etc., du peuple vraiment consacré de Dieu, afin d'apprendre quelque chose du plan divin.

            De quelle manière Satan aurait-il dirigé différemment ses affaires s'il avait connu davantage et plus tôt du plan divin ? Nous ne pouvons que le supposer, mais nous savons, d'après le témoignage positif de notre Seigneur, qu'une telle connaissance de la part de Satan aurait rendu nécessaire une fin de l'Age de l'Évangile et une inauguration de l'Age millénaire, différentes de celles que Dieu avait préparées et révélées. Or, au lieu d'être informé et de mettre sa maison en ordre, il fut pris à l'improviste par la parousia du Seigneur en 1874, et par la « moisson » qui était alors commencée, de sorte qu'avec toutes ses ruses et ses tromperies, avec toutes ses simulations de la vraie lumière, etc., sa « maison » (les institutions actuelles) subira un effondrement total. Dans la mesure où il se rend compte de cela, il fait les plus grands efforts pour tromper ; par ses serviteurs abusés, il a même recours à des miracles de guérison physique, bien qu'il soit le prince du mal, de la maladie et de la mort (Héb. 2 : 14). Mais une maison ainsi divisée contre elle-même doit sûrement tomber, et grande sera la chute de Babylone : elle tombera comme une grande meule jetée dans la mer. — Apoc. 18 : 21.

            « C'est pourquoi, vous aussi, soyez prêts ; car, à l'heure que vous ne pensez pas, le Fils de l'homme vient ». — Matt. 24 : 44.

            Ici, « vous aussi », croyants, les fidèles du Seigneur, sont mis en contraste avec Satan et ses serviteurs. Le temps de la présence du Seigneur ne pouvait être connu avant le temps, même par les saints. Le fait même de la présence du Seigneur ne fut reconnu que près d'un an après octobre 1874, lorsque, par la parole des prophètes et des apôtres, on discerna son frappement. Depuis ce temps, il y a d'abondants signes extérieurs, de preuves de la présence du Fils de l'homme, et au fur et à mesure que ses consacrés sont rassemblés des quatre vents des cieux, ils sont introduits dans la salle des festins, invités à s'asseoir pour prendre part à un repas tel que n'en connaît pas le monde, et sont servis, en premier lieu par le Maître lui-même, et incidemment se servent les uns les autres. — Voir Luc 12 : 37.

DISPENSATION DE LA NOURRITURE A LA MAISON DE LA FOI

(Matt. 24 : 45-51 ; Luc 12 : 42-46)

            « Quel est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur ses gens, pour leur donner la nourriture au temps convenable ? Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi ! Je vous le dis, en vérité, il l'établira sur tous ses biens ». — Matt. 24 : 45-51 ; Luc 12 : 42-46.

            Le texte semble suggérer ici qu'au moment particulier indiqué par la prophétie, c'est-à-dire pendant la présence du Seigneur, et au moment du rassemblement des élus, notre Seigneur, le grand Serviteur de son peuple, choisira l'unique canal pour dispenser la nourriture au temps convenable, bien que d'autres canaux ou « compagnons » seront employés pour apporter la nourriture à « ses gens ». Toutefois, le serviteur est simplement un intendant qui peut être renvoyé à tout moment s'il oublie de reconnaître pleinement et dûment dans chaque détail, le Maître — le grand Serviteur de Dieu et de son peuple — « le Messager de Alliance » — Christ.

            La fidélité, de la part dudit intendant (à la fois à l'égard du « Maître », de « ses compagnons » et des « gens de sa maison ») sera récompensée en ce que sa position d'intendant lui sera conservée : tant qu'il servira fidèlement, il pourra rester, il pourra servir jusqu'à la fin, aux gens de la maison de la foi, des choses nouvelles et des choses vieilles (la nourriture au temps convenable), transmettant toutes les choses précieuses des réserves divines. Mais s'il était infidèle, il serait totalement déposé et jeté dans les ténèbres du dehors, pendant que, probablement, un autre prendrait la place, assujetti aux mêmes conditions.

            Selon notre compréhension, cela n'impliquerait pas que « ce serviteur » ou intendant, employé comme canal pour répandre la « nourriture au temps convenable », serait l'auteur originator ») de cette nourriture, ni qu'il serait inspiré ou infaillible. Bien au contraire, nous pouvons être sûrs que quel que soit celui que le Seigneur voudra employer ainsi comme agent distributeur de la vérité, il sera très humble et très modeste, aussi bien que très zélé pour la gloire du Maître, de façon à ce qu'il ne pense pas à prétendre être l'auteur ou le propriétaire de la vérité, mais qu'il la dispense purement et simplement avec zèle, comme étant un don de son Maître, aux « serviteurs » de son Maître et aux « gens de sa maison ».

             Tout autre esprit et toute autre conduite entraîneraient sûrement un changement d'intendant. C'est ce qui est spécifié par notre Seigneur en ces termes :

            « Mais si c'est [s'il devient] un méchant serviteur et [que, perdant la foi, il] dit en son cœur, mon Maître tarde à venir, s'il se met à battre ses compagnons, s'il mange et boit avec les ivrognes [ceux qui s'intoxiquent avec leurs fausses doctrines], le Maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s'y attend pas, et à l'heure qu'il ne connaît pas, il le mettra en pièces [il lui enlèvera le privilège d'être son serviteur] et lui donnera sa part avec les hypocrites. C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents ». — Matt. 24 : 48-51 [voir note II].

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NOTE Il POUR LA PAGE 679

 page 679           Notre Seigneur fut le plus grand de tous les prophètes, et sa prophétie est également la plus frappante. Les prophéties de Moïse, de Jérémie et d'autres prophètes traitent surtout du rejet et du rassemblement d'Israël selon la chair. Les prophéties d'Ésaïe, indépendamment des rapports avec Israël selon la chair, montrent en outre Jésus-Christ comme celui qui devait souffrir pour nos pêchés, comme étant aussi une lumière pour les Gentils, et en dernier lieu, comme celui qui ouvrira à cette « vraie lumière » tous les yeux aveugles des humains. Daniel prédit l'arrivée et le retranchement du Messie, l'onction des « très saints », l'histoire des puissances des Gentils jusqu'à leur fin, et l'établissement du Royaume du Messie sous tous les cieux. Il montre également le pouvoir persécuteur de la petite corne papale, ses mauvais traitements à l'égard des saints durant l'Age, il parle des jours d'attente du Royaume, etc. Pourtant, aucun autre prophète que notre Seigneur ne nous a donné les détails nécessaires de ce temps de la « moisson », reliant ceux-ci aux événements saillants annoncés par les autres prophètes.

            La prophétie de notre Seigneur, comme celle des autres, est voilée par un langage symbolique et parabolique, et cela pour le même dessein, afin « qu'aucun des méchants ne comprenne ». Seuls, les humbles, honnêtes et fidèles du peuple de Dieu comprendront — au temps convenable et de la manière que Dieu jugera convenable.

            « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu ; mais [il en est parlé] aux autres en paraboles [en énigmes], afin que voyant, ils ne voient pas, et qu'entendant, ils ne comprennent pas ». — Luc 8 : 10 (D.).

HYMNE DES TEMPS FUTURS

OH ! Quel magnifique rêve

Vient illuminer mes yeux !

Quel brillant soleil se lève

Dans les purs et larges cieux !

Temps prédits par nos ancêtres,

Temps sacrés c'est vous enfin,

Car la joie emplit les êtres,

Tout est beau, riant, divin.

Plus de fratricides luttes,

Plus de larmes, plus de sang,

Il s'élève un chant de flûtes,

Calme et doux le soir descend.

O merveille ! la tendresse

En un seul fond tous les cœurs,

Et l'amour qui nous oppresse

Va jaillir en cris vainqueurs.

Paix et joie à tous les hommes

Dans les siècles à venir,

Mais celui par qui nous sommes,

C'est lui seul qu'il faut bénir.

Les cieux s'ouvrent, plus de voiles,

Rien n'est sombre pour l'esprit.

Là, plus haut que les étoiles.

Dieu rayonne et nous sourit.

 (C. de Sion. 65)

NOTE Il POUR LA PAGE 679         page 679

            On se rappelle que, dans THE PRESENT TRUTH N° 20 (*) [Réimprimé dans le n° 176, juillet 1933.] (LA VERITE PRESENTE fse — n° 26 — 1er mars 1930), nous suggérions au Conseil d'Administration de la Société, au Comité de Rédaction, au Comité des sœurs et aux Actionnaires, de retirer à J.F. Rutherford toute son autorité et ses fonctions dans la Société. Nous les informions en même temps que si, dans un délai fixé (à moins qu'il n'ait lui-même donné sa démission au Conseil de Direction de la Société) nous ne recevions aucune nouvelle que cette suggestion était devenue un fait accompli, nous prendrions une mesure qui, au temps convenable, rendrait effective son exécution. Ensuite, nous avons, dans une enveloppe, adressé par la poste à chacun des membres du Conseil de Jugement de la Société un exemplaire du numéro contenant la suggestion en question. Le délai fixé passa et nous ne reçûmes de nouvelles d'aucun des membres de ce Conseil. C'est pourquoi nous publiâmes la première des trois publications qui, au temps opportun, avec l'appui d'autres articles qui seront publiés quand il sera nécessaire, créeront, nous en sommes certain, une situation telle, que J.F. Rutherford sera forcé d'abandonner toutes ses positions de pouvoir et d'influence dans la Vérité. Dans la présente note, nous donnons un condensé de la première des trois publications. Nous croyons qu'elle est la preuve irréfutable que J.F.R. est « ce mauvais serviteur » dont parle Matthieu 24 : 48-51.

             Le peuple de Dieu est bien au courant que les prophéties et les types se rapportant à des expériences destinées à éprouver le peuple de Dieu, ne peuvent pas être comprises clairement avant que l'épreuve n'ait été fidèlement subie par les intéressés. Toute tentative d'ouvrir un passage de ce genre à la compréhension avant le temps opportun, aboutit à des erreurs. Ce fait, rappelons-le, notre cher pasteur l'illustra par la carte « Au Temps marqué », représentant un marron dans son enveloppe verte hérissée de piquants. Nous avons de cela plusieurs exemples manifestes, comme nous pouvons le voir d'après les différents exposés que fit notre cher pasteur au sujet de « ce Serviteur », avant et après 1896, de la parabole du Denier avant et après 1909, de la justification à l'essai et de la justification vitalisée avant et après 1909, de l'Avocat et du Médiateur, avant et après 1906, des paraboles des talents et des mines, avant et après 1905, etc. Le passage de l'Écriture que nous voulons examiner : Matthieu 24 : 48-51 sur ce mauvais serviteur (littéralement, sur ce méchant serviteur) est un avertissement et une prophétie se rapportant à de pénibles expériences, et c'est pourquoi, dans ses diverses parties, il n'aurait pas pu être compris avant que l'épreuve rattachée à chacune d'elles n'ait été subie par les fidèles.

            Jusqu'à il y a un peu plus de vingt années [écrit en 1937 — Trad.], il y a eu, parmi le peuple de la Vérité, trois interprétations proposées sur Matthieu 24 : 48-51 : (1) Ceux qui soutiennent que Matthieu 24 : 45-47 se rapporte à une classe, voudraient bien entendu appliquer les versets 48-51 à une classe. Depuis 1896, seuls, les adversaires de la Vérité, ou des frères faibles, appliquent Matt. 24 : 45-47 à une classe. Il n'y a donc que ceux-là qui donnent aux versets 48-51 une application collective.

            (2) Certains de ceux qui appliquent Matth. 24 : 45-47 à notre pasteur, ont appliqué les versets 48-51 à M. Barbour qui, en 1878, renia la Rançon, leur pensée étant qu'il fut le premier « ce serviteur » et que, devenant méchant, il fut rejeté. Mais les faits en cause sont décisifs contre cette idée : (a) il ne fut jamais établi sur « les gens de la maison » car, à partir de 1876, c'est-à-dire à partir du moment où notre pasteur et lui travaillèrent ensemble, le premier eut la charge exécutive de l’œuvre de la Moisson, comme le prouve la citation suivante de Z' 1916 p. 171, col. 2 par. 3, 4 (B.N. juillet 1923, p. 39, col. 2) : « Je décidai donc d'entreprendre sur l'heure une vigoureuse campagne pour le Seigneur et la Vérité. Je résolus de restreindre mes affaires et d'employer mon temps et ma fortune à l’œuvre, la grande œuvre de la Moisson. Je renvoyai donc M. Barbour chez lui, avec de l'argent et des instructions afin de préparer la Bonne Nouvelle, etc., sous la forme d'un ouvrage concis ».

            Nous voyons ainsi que les « gens de la maison » ne furent jamais confiés à la charge de M. Barbour. (b) Bien que, avant de rencontrer frère Russell, M. Barbour  connût certains éléments caractéristiques de temps qu'il avait appris par d'autres, et qu'il expliqua ensuite à notre pasteur, ce dernier lui donna positivement plus de Vérité qu'il avait apprise par une illumination directe du Seigneur : la Vérité sur la Rançon, sur le Rétablissement et sur le But et la Manière du Retour de notre Seigneur. Ainsi voyons-nous que la nourriture ne fut jamais confiée à la charge de M. Barbour ; donc Matth. 24 : 45-48 ne pourrait lui être appliqué comme à un supposé premier « ce serviteur » qui serait devenu méchant. (c) En outre, le récit de ce mauvais serviteur suit celui de « ce Serviteur fidèle et prudent » ; à moins que de puissantes raisons soient données pour prouver que les deux épithètes s'appliquent à la même personne (ce qui est une contradiction dans les termes, car comment pourrait-il être appelé fidèle, ce qui signifie loyal jusqu'au bout, s'il devint méchant ?) et que de non moins puissantes raisons soient données pour prouver que « ce mauvais serviteur » agissait avant ou durant l'activité de « ce serviteur fidèle et prudent », il est juste de conclure que, sous le rapport du temps, son activité suivit la fin du ministère de « ce serviteur fidèle et prudent ». Ces trois raisons prouvent que M. Barbour ne fut pas ce mauvais serviteur.

             (3) Nous sommes tous au courant du fait que notre cher pasteur appliquait Matth. 24 : 48-51, ainsi que Luc 12 : 45, 46, non comme une prophétie, mais comme un avertissement qui lui était adressé par notre Seigneur (D. p. 614 : Vol. IV. p. 679). Nous sommes tous complètement d'accord que Matt. 24 : 45-47 et Luc 12 : 42-46 s'appliquent bien à lui, et que Luc 12 : 45, 46 est, non une prophétie, mais un avertissement adressé à lui par le Seigneur. N'ayant rien de mieux, nous acceptâmes les explications qu'il donna de Matt. 24 : 48, à savoir que si ce serviteur devient méchant, bien que pour notre part, comme ce fut le cas pour d'autres, nous y trouvions de la difficulté, sachant que la grammaire grecque ne permet pas de rendre, comme il le fit, les mots traduits « ce mauvais serviteur » par : « Si ce serviteur devient méchant » (D. 614 : Vol. IV, p...). La traduction marginale de Diaglott qui l'a induit en erreur, « si ce serviteur dit méchamment », est inexacte parce qu'elle change un adjectif qui modifie le nom « serviteur » en un adverbe qui modifie le verbe « dit ». Aucun helléniste ne voudrait admettre la traduction marginale de la Diaglott, comme une traduction exacte ; mais le mot-à-mot qu'elle donne en interligne l'est. Nous ne critiquons pas notre pasteur sur ce point. Aucune meilleure interprétation que la sienne n'aurait pu être avancée avant que ne fût échu le temps opportun où le passage serait compris. Son accomplissement étant lié à une épreuve pénible, il ne pouvait être compréhensible avant que cette dernière n'eût été fidèlement subie par le peuple du Seigneur. C'était donc tout à fait naturel pour notre pasteur, dans ces circonstances, de chercher à appliquer comme un avertissement Matt. 24 : 48-51, à la même personne avertie en Luc 12 : 45, 46. Cependant, depuis sa mort, il s'est produit une série d'événements dans lesquels nous trouvons bien l'accomplissement évident de Matt. 24 : 48-51, en la personne de J.F. Rutherford. A la lumière de ces événements, rattachés à une douloureuse épreuve, il a été démontré que le passage ne doit pas être appliqué comme un avertissement à notre pasteur, mais comme un avertissement et une prophétie relatifs à la ligne de conduite de J.F. Rutherford. C'est pourquoi nous faisons avec ce passage ce que notre pasteur fit avec certaines prophéties qu'il interpréta d'une certaine manière avant leur accomplissement, mais qu'il interpréta différemment après que leur accomplissement l'eût amené à le faire. Nous suivons donc sa méthode et son exemple, et ne le déprécions en aucune manière, pas plus que nous ne déprécierons Jésus en disant qu'Il ne comprit pas le temps du Jour du Jugement avant le temps convenable.

            Pourtant, quelqu'un pourra demander : Pourquoi ne pas se contenter d'accepter la pensée que notre pasteur exprima en premier lieu ? A cela nous répondrons : Il abandonna sa première pensée que le mauvais serviteur était une classe, de même qu'il avait d'abord pensé, que « ce serviteur » était une classe. Posant la question sous une autre forme, nous demandons alors : Pourquoi ne pas s'en tenir à sa seconde pensée ? Et nous répondons : Les Écritures, la raison et les faits s'y opposent, chose qu'il ne pouvait cependant pas voir, le moment n'étant pas venu, l'épreuve rattachée a l'accomplissement du passage n’ayant pas encore eu lieu. Il n'aurait sûrement pas pu être appelé fidèle s'il n'était pas resté loyal jusqu'a la fin ; donc moralement, il n'aurait pas pu devenir un méchant serviteur ; pas davantage il ne pouvait avoir été sage, prudent, s'il avait été pour devenir méchant. C'est pourquoi il est déraisonnable et antiscriptural de lui appliquer le passage comme une prophétie. Il ne peut non plus être appliqué comme un avertissement, comme c'était le cas en Luc 12 : 45, 46, parce que, sur sept points, ce dernier passage diffère de Matt. 24 : 48-51. Ces différences prouvent qu'ils se rapportent à des personnes différentes.

            Nous allons maintenant comparer ces deux passages et en marquer le contraste. Si nous prenons bien garde à leurs différence, nous pourrons voir facilement qu'ils ne s'appliquent pas à la même personne. Une étude attentive de ces textes montrera que Luc 12 : 45, 46 est un avertissement donné à frère Russell de ne pas faire certaines mauvaises choses, et que Matthieu 24 : 48-51 est à la fois un avertissement à J.F. Rutherford et une prophétie annonçant qu'il ferait certaines mauvaises choses, et qu'en conséquence il subirait certains châtiments. La première différence entre les deux passages est celle-ci : tandis que Luc 12 : 45, 46 emploie le titre scriptural de notre pasteur, « ce serviteur », Matt. 24 : 48 ne le fait pas ainsi, mais en contraste avec ses titres « ce serviteur fidèle et prudent » et « ce serviteur », il nomme la personne à laquelle il fait allusion : « ce mauvais serviteur ». Aucun helléniste ne voudrait donner comme traduction littérale de l'expression ean de eipee ho kakos doulos ekeinos : « Mais si ce serviteur disait méchamment » laquelle est la traduction marginale de la Diaglott. Bien entendu, la paraphrase qu'en fit notre cher pasteur en D. p. 614 (*) (voir plus haut) [en français : Vol. IV, p. 679] n'est pas donnée pour une traduction. On pourrait de cette manière, exprimer sous forme de paraphrase, sa compréhension du verset, sans vouloir par là sous-entendre qu'il s'agit d'une traduction exacte. Ayant la pensée juste de Luc 12 : 45, 46 à l'esprit, notre pasteur essaya de paraphraser Matt. 24 : 48 de façon à le faire se rapporter à la même personne et donner à ce passage le même sens que Luc 12 : 45. Ce faisant, il introduisit deux mots dans l'anglais qui n'ont pas leurs correspondants dans le grec : le mot « become » (« devient ») et mot « and » (« et ») ; « si ce méchant serviteur devient méchant et », etc. De plus, il fit du mot kakos (méchant) un attribut, alors que le grec montre clairement qu'il est un adjectif qualificatif ; cette manière de faire de sa part, l'accomplissement de l'épreuve sévère (qui n'eut lieu qu'après sa mort et qui, par conséquent, ne pouvait être compris durant sa vie), montre qu'on ne peut la suivre à présent. Le grec s'opposant à la traduction de la Diaglott et à la paraphrase de notre pasteur, basée sur sa compréhension de Luc 12 : 45 dont il vient d'être question, nous devons en conclure que l'expression « ce mauvais serviteur » est une preuve positive que le verset n'est ni une prophétie concernant notre pasteur ni un avertissement pour lui, car, en aucun sens, il ne fut un méchant serviteur et, de ce fait, Dieu ne pouvait pas l'appeler ainsi. L'expression doit donc s'appliquer à un autre.

            Les versets 48-51 qui décrivent ce méchant serviteur, à la suite de ceux qui décrivent « ce serviteur » se rapportent à quelqu'un qui exercerait l'autorité sur l'Église entière après que notre pasteur aurait, dans la mort, cessé de remplir cet office (Ezéch. 9 : 11). Il s'ensuit que l'activité de ce méchant serviteur se déploie dans l'Epiphanie. J.F. Rutherford doit être ce méchant serviteur, car il est la seule personne qui, depuis la mort de notre pasteur, ait jamais eu la charge de l’œuvre de l'Église entière. Ainsi, l'expression « ce serviteur » en Luc 12 : 45 et l'expression « ce mauvais serviteur » de Matth. 24 : 48 prouvent qu'il ne s'agit pas de notre pasteur en Matt. 24 : 48-51. J.F. Rutherford est le seul qui s'adapte à la description. Il est hors de doute qu'il est appelé mauvais parce qu'il est méchant, comme le prouvent abondamment les événements survenus dans l'Église, depuis le 29 décembre 1916, date où, selon la Bible, il commença à établir des règlements en vue de son élévation, après qu'il fût sûr d'être élu Président.

            La seconde différence notable entre les textes de Luc 12 : 45, 46 et Matt. 24 : 48-51 est le fait que, dans le premier passage, « ce serviteur » était averti de ne pas nier la seconde présence du Seigneur : «  Si ce serviteur dit en son cœur, Mon Maître tarde à venir », tandis que dans le dernier passage « ce mauvais serviteur » est averti de ne pas « dire en son cœur : mon maître tarde ». Les plus anciens et les meilleurs manuscrits, ceux du Vatican et du Sinaï (*) omettent tous deux l'expression « à venir » en Matt. 24 : 48, et cela pour une bonne raison, car ce n'est pas la seconde présence du Seigneur que « ce mauvais serviteur » serait en danger de nier, et il ne l'a pas niée. Mais sa principale mauvaise action, due à son entêtement et à son obstination a été, au lieu d'attendre le Seigneur, de se précipiter en avant de Lui, d'enlever les choses de Ses mains et, sans attendre qu'Il  ait manifesté Sa volonté par Son Esprit, Sa parole et Sa providence, de faire ce qui lui semblait bon à ses propres yeux. Les voies du Seigneur étaient trop lentes pour lui convenir : elles ne lui procuraient pas assez rapidement ce qu'il désirait ; aussi voulut-il hâter les choses selon sa propre volonté. Il devenait ainsi toujours moins disposé à compter sur le Seigneur et, par voie de conséquence, il se précipitait en avant, d'après sa volonté propre ; il disait son cœur : Mon Maître tarde : il ne fait pas les choses assez vite selon moi : Ses principes, Son esprit et Sa providence entravent mes plans ; aussi je veux les écarter et activer les choses à mon idée. « Mon Maître tarde ! ». Voila donc la seconde différence entre Luc 12 : 45, 46 et Matt. 24 : 48-51.

(*) [La traduction du N. T. de Rillet (Paris 1958) première traduction faite directement sur le manuscrit du Vatican (et rompant, par conséquent, avec le texte reçu), « remarquable et par l'admirable connaissance du grec qu'elle dénote et par sa grande valeur exégétique » (Hist. de la Bible en France, par D. Lorsch, p. 147), donne : « Mon MAÎTRE TARDE », Les 38 variantes du texte grec qu’elle cite en marge, ajoutent toutes : à venir. Dans sa « Traduction nouvelle » du N.T. Chanoine E. Osty (éd. 1949) donne aussi : « Mon  maître  tarde », la version catholique Buzy (éd. 1937) également — Trad.]

            Le sens de cette différence deviendra plus clair si nous examinons les principales choses qui ont caractérisé la conduite de J.F. Rutherford, presque aussitôt après qu'il fût devenu membre du Comité Exécutif de la Société, le 7 novembre 1916. Son action en ce qui concerne le Vol. VII en est un exemple. Parce que certains des amis demandaient à grands cris le Volume VII, parce que d'autres amis désiraient l'écrire et que d'autres encore voulaient publier une vie de notre pasteur, livres au sujet desquels J.F. Rutherford dit aux autres membres du Comité Exécutif qu'ils auraient pour résultat de distraire 50 000 $ du Fonds de la Société au profit des poches des prétendus auteurs, il décida de devancer ces derniers en publiant le Volume VII ! Au lieu de chercher à ce sujet la volonté du Seigneur, dans la voie où il devait vraisemblablement la manifester, c'est-à-dire par le moyen d'expériences douloureuses qui mettraient à l'épreuve ses auteurs et les manifesteraient comme dignes de la tâche, en son propre temps et selon Ses propres voies, J.F. Rutherford choisit lui-même les auteurs et fixa le plan de travail, aidé spécialement en cela par une certaine sœur. Son choix et sa poursuite d'une telle manière d’agir lui faisaient dire en son cœur « Mon Maître tarde ! Sa façon de s'y prendre et le temps qu'Il met pour fournir le Volume VII sont trop lents pour me satisfaire. Il faut que j'accélère ce travail. Je vais le Lui prendre des mains et m'en charger moi-même ! ». La manière dont il pressa frères Woodworth et Fisher, leur télégraphiant à l'un et à l'autre de se hâter d'urgence, fut une autre façon de dire : « Mon Maître tarde ! ». La précipitation avec laquelle travaillèrent ces frères est une des raisons pour lesquelles le Volume VII est si plein d'erreurs qu'il était, pour la plupart, faciles à éviter !

            Un autre exemple : lorsque J.F. Rutherford fut bien assuré qu'il serait élu président de la Société, il rédigea des règlements à lui en vue de s'en assurer les pouvoirs exécutifs et administratifs à peu près comme ceux de notre pasteur, avec la différence, toutefois, que ce dernier les détenait de droit, en même temps que la haute direction, parce que les produits de sa plume avaient plus de valeur pour la Société que tout ce que les donations possibles pouvaient procurer de parts de votants à tous les autres. Par sa Parole et par le testament de « ce serviteur », le Seigneur nous mit en garde contre quiconque chercherait à dominer dans l’Église. Si quelqu'un devait avoir la première place et le pouvoir principal, il devait attendre que le Seigneur, par Son Esprit, sa Parole et Sa providence, le manifeste. J.F. Rutherford, dans cette circonstance-là, n'attendit pas le Seigneur, car la volonté de Dieu d'élever et de récompense quelqu'un par l'octroi d'un tel pouvoir ne s'exerce qu'après un long et fidèle service dans l'exercice de pouvoirs moindres, par exemple par ceux d'associé dans un Comité exécutif. Désirer une telle élévation et une telle récompense et faire en sorte de l'obtenir avant le temps du Seigneur et Sa volonté manifeste de les donner, c'est dire en son cœur : « Mon Maître tarde ! Il ne hâte pas assez les choses pour me satisfaire, moi, et mes ambitions. C'est pourquoi je courrai devant Lui et je saisirai ce pouvoir pour moi-même et grâce à Lui, je dominerai sur les autres car « Mon Maître tarde ! ».

            Il agit de la même mauvaise manière à la réunion des actionnaires, le 6 janvier 1917 quand, par le moyen de fr. Ritchie, il fit nommer un Comité de Résolutions ; quand, par l'intermédiaire de frère Van Amburg, il fit remettre ses règlements audit Comité en lui suggérant de les recommander aux actionnaires, et qu'il exigea lui-même du Comité, par une contrainte contre son propre jugement, de les présenter sans aucun amendement. L'Esprit du Seigneur, Sa Parole et Sa providence s'opposaient à cette ligne de conduite. Par son désir d'agir à sa guise dans cette affaire et par sa rétivité devant le délai apporté par le Seigneur à son exécution, il disait vraiment en son cœur : « Mon Maître tarde ! Je prendrai la chose en mains et la ferai aboutir par la force ».

            Qu'il ait dit en son cœur « Mon Maître tarde ! », cela est évident par la manière dont il s'empara de la direction, après que le Conseil d'Administration lui eût donné le pouvoir exécutif et administratif. Notre Seigneur Jésus, par les principes de Sa Parole, de Son Esprit, et de Sa Providence, interdisait de tels agissements. Si jamais Il devait donner ces pouvoirs à J.F. Rutherford, ce serait après que ce dernier, par un long et fidèle service dans l'exercice de pouvoirs exécutifs et administratifs moindres, se serait montré digne de recevoir les pouvoirs supérieurs de la direction. Mais cette attente divinement arrangée, n'opérait pas assez vite pour « ce mauvais serviteur » ; car pour lui qui désirait ardemment beaucoup d'autorité, la méthode du Seigneur différait la question. C'est pourquoi, en s'emparant d'un pouvoir supérieur, et en l'imposant au Conseil et à toute l'Église, il disait : « Mon Maître tarde à me donner le pouvoir que je convoite ! ».

            La même manière de faire marqua sa conduite dans I'affaire britannique. Il n'attendit pas comme le conseillaient la Parole, l'Esprit et la providence du Seigneur, de connaître les détails sur les troubles spécifiques qui amenèrent le renvoi des deux administrateurs britanniques ; pourtant tout en écrivant au Comité exécutif les détails sur leurs manquements passés, en dictant notre dernière communication à ce sujet les 20 et 21 janvier 1927, à S. Shields (Angleterre), nous envoyâmes à J.F. Rutherford par télégramme l'annonce des radiations, le jour de cet événement, le 3 février 1917, en lui demandant d'attendre les détails qui suivraient. Sans nous avoir entendu, il télégraphia le 19 février, en insistant pour leur réintégration. Le 22 février, il nomma un Comité d'enquête, afin d'examiner les actes d'un homme qui, ayant reçu pleins pouvoirs dans les affaires de la Société et dans tous les pays où il était envoyé, était le représentant spécial du Conseil d'Administration ; n'étant pas son représentant à lui, il n'était donc pas sous son autorité ; le 26 février, il essaya de nous rappeler sans consulter le Conseil ; et en s'immisçant dans nos affaires, il créa un ensemble de conditions qui nécessitèrent notre retour en Amérique afin de présenter le cas au Conseil d'Administration. Par ces actes, il prouva qu'il disait : « Mon Maître tarde à me donner la haute main sur les affaires britanniques ; je m'en emparerai, et j'agirai en cette occasion de manière à montrer ma supériorité sur le Conseil et sur son représentant spécial et je mettrai même de côté les conclusions de ma propre Commission d'enquête. Mon Maître tarde ! ».

            En évinçant quatre directeurs indubitablement légaux, contrairement à la loi divine et à la loi humaine, ainsi qu'au Testament et à la Charte, il disait encore : « Mon Maître tarde ! ». S'il croyait réellement que la majorité du Conseil d'Administration cherchait à faire ce dont son ambition impie le poussa a les accuser de faire, il aurait dû, soit convoquer une réunion spéciale des actionnaires, soit attendre jusqu'à l'assemblée annuelle à laquelle il en aurait référé en lui recommandant la radiation des quatre directeurs. En ne procédant pas ainsi, comme l'Esprit, la Parole et la providence du Seigneur indiquaient qu'il fallait faire, s'ils agissaient comme il le prétendait, et en les chassant, il disait de nouveau : « Le règlement de cette affaire par mon Seigneur trop lent pour moi ; je veux activer les choses à mon idée car Mon Maître tarde ! ».

            On retrouve ce même genre de conduite lorsqu'il répandit dans l'Église la nouvelle de la controverse concernant le groupe britannique et le Conseil, par sa lettre du 19 juillet adressée aux secrétaires des groupes et par ses Harvest Siftings [Criblages de la Moisson] comme on la retrouve dans sa campagne politique pour sa réélection en 1918, dans l'exclusion qu'il ordonna par procurations illégales des frères Hoskins et Hirsh, de l'Association de la Tribune du Peuple, dans sa Grande Démonstration, et dans sa tentative, alors qu'il était en prison, de faire mettre en circulation un certain dimanche, par les amis de la Société, les 2 000 000 d'exemplaires brochés du Volume VII, au mépris du gouvernement, et sans que le Comité Exécutif de la Société fut au courant de ses plans. Un agent de la police secrète travaillant dans les ateliers de l'imprimerie découvrit la chose qui aurait occasionné l'emprisonnement de nombreux frères innocents, si fr. Spill ne l'avait apprise juste à temps pour en empêcher l'exécution. En d'autres circonstances trop nombreuses pour être mentionnées, il montra par le même esprit qu'il disait en son cœur : « Mon Maître tarde ! ». Combien différente fut la manière de faire de « ce serviteur fidèle et prudent », qui prit garde à l'avertissement de Luc 12 : 45 de ne pas dire en son cœur : « Mon Maître tarde à venir ! », de celle de « ce mauvais serviteur » qui ne prêta aucune attention à l’avertissement de ne pas dire en son cœur : « Mon Maître tarde », c'est-à-dire d'accomplir ce que je voudrais voir accompli ! Les pensées des deux textes, Luc 12 : 45, 46 et Matt. 24 : 48-51, en différant, comme elles le font, sur les points qui viennent d'être présentés, nous donnent une seconde preuve qu'ils s'appliquent à deux personnes différentes.

            Voici une troisième différence qui existe entre les deux textes, Luc 12 : 45-46 et Matt. 24 : 48-51 : tandis que le premier avertit « ce serviteur », comme économe du Seigneur au-dessus des domestiques, de ne point battre ses subordonnés : « Mais si... qu'il se mette à battre les serviteurs (qui, par conséquent, étaient sous les ordres de « l'économe ») et les servantes (qui, par conséquent, étaient sous les ordres de « l'économe »), le dernier passage avertit « ce méchant serviteur » de ne pas battre ses égaux : « Mais si... qu'il se mette à battre ses compagnons de service [égaux] ». Aucun de nous comme serviteurs ou comme servantes ne fut l'égal de « ce serviteur » en ce qui concerne les fonctions ; car il était placé au-dessus de nous. Mais un grand nombre de serviteurs du Seigneur furent les égaux de J.F. Rutherford dans les fonctions vis-à-vis de l'Église (la charge de Président d'une corporation ou société d'affaires ne constituant pas une charge dans l'Église) et ce sont ceux-ci qu'il battit. Cette troisième différence entre ces deux textes prouve qu'ils ne se rapportent pas à la même personne.

            Tandis que notre cher pasteur prit garde de ne pas battre (en les dénigrant par de graves accusations) ses subordonnés, les serviteurs et les servantes, placés sous sa charge par le Seigneur pour l’œuvre générale, « ce méchant serviteur » n'observa pas l'avertissement que le Seigneur lui donna d'éviter de battre ses égaux, ses compagnons, avec de graves accusations. Il alla même plus loin ; car il agit avec déloyauté à leur égard, plus grossièrement qu'aucun autre cribleur ne le fit jamais à l'égard de l'un quelconque des serviteurs de Dieu. Le 26 février 1917, date à laquelle son câblogramme « absolument sans autorité » fut reçu par les frères Hemery, Shearn et Crawford, fut la date à laquelle il commença à battre ses égaux ; et, en vérité, en notre personne, il battit un de ses égaux, un de ses compagnons de service. Il continua à nous battre publiquement devant l'église britannique, le Conseil et la famille de Béthel à Brooklyn. En mai 1917, il battit à plusieurs reprises les frères Ritchie et Sturgeon et nous-même devant la famille de Béthel. Le 17 juillet, à l'occasion de leur expulsion, il battit les quatre directeurs et nous-même devant la famille de Béthel. Et dans les « Criblages de la Moisson » qu'il écrivit sous l'influence satanique, il battit, devant l'église entière, ces cinq frères qui étaient ses égaux. Il a, depuis, persévéré dans la même conduite ; par exemple dans sa lettre écrite juste avant qu'il ne fût envoyé à Atlanta, et largement répandue, en 1919, sous forme de publication gratuite, il battit, en tordant grossièrement les faits en ce qui nous concerne et, le croyons-nous, en ce qui concerne les autres, sept frères devant le public américain en les accusant de les avoir livrés à la justice. Il a sûrement accompli la partie de la prophétie qui le représente battant ses compagnons de service. Ainsi, la troisième différence qui existe entre ces deux passages prouve qu'ils concernent deux personnes différentes, Luc 12 : 45, 46 se rapportant à notre pasteur, et Matth. 24 : 48-51 à J.F. Rutherford.

            Voici une quatrième différence entre les deux textes considérés : Même si « ce serviteur » n'avait fait que commencer (se mettre) à manger et à boire et à s'enivrer, il aurait été retranché. « Qu'il commence à manger », etc. (Luc 12 : 45, S. ; Gl. et, V.) ; tandis que « ce méchant serviteur » n'est pas menacé d'un tel châtiment immédiat dès qu'il commence à manger et à boire avec les ivrognes. Voyez la Diaglott et les versions révisées anglaises et américaines, etc., sur la différence dans la traduction : « et qu'il mange et boive ». Notre pasteur prit garde à l'avertissement ; J.F. Rutherford ne le fit pas. Il fit plus que commencer, il a continué à pratiquer l'erreur.

            Voici une cinquième différence entre les deux textes : « ce serviteur » fut averti de ne pas « manger, boire et s'enivrer » ; tandis que « ce méchant serviteur » est averti de ne pas manger et boire avec les ivrognes. Où se trouve la différence ? Le premier fut averti de se tenir soigneusement sur ses gardes, afin que, dans ses études, il maintienne la Vérité passée, n'accepte que la Vérité grandissante et ne laisse pas l'erreur pénétrer dans sa foi et dans ses enseignements, ce qui l'aurait amené, tel un ivrogne, à tituber dans la doctrine et la pratique ; tandis que le dernier est averti de ne pas devenir un compagnon de ceux qui sont enivrés par l'erreur. Le premier prit garde à l'avertissement ; le dernier ne le fit pas. Les principaux compagnons du dernier dans son ivresse symbolique sont : premièrement, C.J.  Woodworth, dans le « Mystère accompli », qui déborde littéralement de boissons enivrantes ; deuxièmement, W.E. Van Amburgh, T.H. Robinson, J. Hemery, etc., ses associés dans le Comité de rédaction de la Tower ; troisièmement, les pèlerins de la Société ; et quatrièmement, les adhérents partisans de la Société, en général.

            En six points, nous allons énumérer quelques-unes des erreurs de J.F. Rutheford, prouvant qu'il mangea et qu'il but avec les ivrognes. D'abord, nous citerons quelques-unes de ses erreurs doctrinales ; (1) Pas de justification à l'essai ; (2) la consécration a lieu à la Porte du Parvis ; (3) le mérite de Christ fut déposé après Son ascension et non sur le Calvaire (Z' 1920, p. 183, § 2 ; p. 184, § 1, p. 185, § 2. Luc 23 : 46) ; (4) la mort de Christ sur la croix n'était pas nécessaire pour satisfaire la Justice à l'égard des Juifs (Gal. 3 : 13) ; (5) l'Église ne devient membre du Souverain Sacrificateur qu'après la glorification seulement (Z' 1920, p. 185, § § 1, 2) ; (6) un Médiateur, au sens biblique du terme, réconcilie ceux qui sont en désaccord (Z' 1920, p. 186, § 1) ; tandis que c'est le travail d'un Sacrificateur entre Dieu et les hommes ; alors qu'un Médiateur amène des personnes à réaliser une alliance, un contrat à entretenir des rapports réciproques, sans se préoccuper si, auparavant elles étaient amies ou non ; (7) le Christ devient Médiateur au moment seulement où Il scelle l'Alliance ; tandis que Le Christ devint Médiateur aussitôt qu'il commença à préparer le scellement de l'Alliance, c'est-à-dire, à sacrifier le taureau et le bouc-antitypes ; (8) les premiers-nés d'Égypte représentent le clergé ; tandis que notre pasteur enseigna correctement qu'ils représentent la classe de la seconde mort (Z' 1915, p. 68, § § 6, 7. Reprints, p. 5641, § § 2, 3) ; (9) « mérite signifie valeur acquise » ; tandis qu'il signifie valeur réservée, pour autant qu'il est question du mérite de Christ ; (10) il ne peut pas y avoir de Jeunes Dignes avant que ne soit inaugurée la Nouvelle Alliance, si toutefois il y en a alors, etc., etc. Ces dernières années, il a enseigné l'erreur sur pratiquement tout ce qui se rapporte au haut-appel.

            Nous pourrions grouper une seconde série d'erreurs sous la rubrique : erreurs typiques et symboliques : (1) Élie-antitype devenant Élisée-antitype, avec toutes les dénaturations de faits qui en découlent ; (2) des centaines de fausses interprétations, dans Apocalypse, Ézéchiel, etc. ; (3) la confusion la plus épaisse sur Jérémie comme typifiant les membres de Société ; (4) la confusion sur le type du Joseph avec ses sept années d'abondance et ses sept années de famine ; (5) la confusion sur le témoignage final, l'emprisonnement et la décapitation de Jean-Baptiste ; (6) la confusion sur les instruments de destruction et les personnages qui s'en servent ; (7) la confusion sur la parabole du denier, spécialement sur ses heures, son économe et sur le denier ; (8) la confusion sur le frappement du Jourdain ; (9) la confusion sur Judas-antitype ; (10) la confusion sur la fin des 70 cycles de jubilés, etc., etc.

            On pourrait grouper une troisième série d'erreurs sous la rubrique : erreurs prophétiques et chronologiques : (1) la fin de la guerre en 1917 ; (2) la délivrance de I'Église en 1918 ; (3) la fermeture de la porte du Haut-Appel en 1918 ; (4) plus tard, la porte demeure ouverte ; (5) la délivrance de la Grande Foule en 1921 ; (6) la fin du Temps de détresse en 1924 ; (7) le retour des Anciens Dignes en 1925 ; (8) le commencement et la fin des 390 jours symboliques d'Ézéchiel 4 : 1-8 ; (9) le commencement et la fin des 40 jours symboliques d'Ézéchiel 4 : 1-8 ; (10) la délivrance avant 1925 de l'Église et de la Grande Foule, etc., etc.

            On pourrait grouper une quatrième série de ses erreurs sous la rubrique : erreurs d'exégèse, c'est-à-dire mauvaises interprétations d'une multitude de passages bibliques dont nous soumettons quelques exemples : (1) l'étoile de Béthléhem ; (2) la pointe de l'épée ; (3) le feu d'affinage de Zach. 13 : 9 ; (4) les captifs et les prisonniers d'Esaïe 61 : 1 ; (5) l'Évangile du Royaume et la fin de l'Age de Matth. 24 : 14 ; (6) le temps et le caractère du message d'Ésaïe 52 : 7 ; (7) la confusion des Instruments de destruction d'Ézéchiel 9, qui sont les erreurs et les pratiques de criblage des six classes de cribleurs, avec l'épée d'Élisée (1Rois 19 : 17), laquelle est le message de la Société à Israël spirituel nominal, par lequel ils réfuteront (tueront) les cléricaux et leurs partisans sectaires (les adorateurs et les embrasseurs de Baal) dans l'église nominal. On peut voir qu'une telle confusion est faite entre ces deux choses par le fait que les Instruments de destruction tuent, détruisent (infectent par l'erreur qui provoque la mort) tous ceux qui ne portent pas la marque ; tandis que les épées symboliques d'Hazaël et de Jéhu-antitype tuent (réfutent) beaucoup de ceux que l'épée symbolique d'Élisée-antitype, qui n'est pas l'erreur, ne tuera pas (ne réfutera pas), ces trois épées, et non pas seulement celle d'Élisée, tuant tous les non-élus, mais dans un sens différent de celui de l'expression tuer d'Ézéchiel 9. En vérité, il est bien rare que lui et ses partenaires dans l'ivrognerie essaient d'interpréter un verset prophétique et symbolique incompris jusque-là, sans commettre une erreur grossière, de même que souvent ils tordent des passages qui, précédemment, avaient été convenablement compris. Depuis vingt ans il n'a fait que tomber de plus en plus dans l'ivrognerie symbolique, de sorte qu'à présent [1937 — Trad.] il retient très peu de la Vérité du haut-appel qu'il avait comprise si clairement autrefois.

            Une cinquième série d'erreurs qui abondent dans ses écrits et dans ses enseignements, sont celles qui ont trait aux statuts de la Société, au Testament et à la Charte que laissa notre pasteur pour l’œuvre, aussi bien que des erreurs de droit et de règlements qu'il a introduites parmi les frères.

            Une sixième série d'erreurs qu'il continue d'enseigner consiste en erreurs de faits, c'est-à-dire en faussetés et en faux rapports. Dans Harvest Siftings [Les Criblages de la Moissons], il en publia environ 225 contre nous, et environ 100 contre la majorité du Conseil. Alors que quelques-unes des erreurs de faits contenues dans Harvest Siftings furent écrites par d'autres, plus des deux tiers le furent par lui-même. Il est tellement indigne de confiance en matière de faits, qu'il est réduit à les déformer pour les faire servir à ses desseins. Nous connaissons deux cas dans lesquels il s'est parjuré : (1) le 12 juillet 1917, il déclara sous serment qu'il y avait quatre postes vacants au Conseil, alors qu'il n'y en avait aucun ; (2) le 3 octobre 1917, il déclara à l'Assemblée du Tabernacle de Brooklyn, lors de sa réunion d'affaires annuelle concernant les candidatures qu'il prenait Dieu à témoin « qu'il ne voudrait rien faire contre quiconque, encore moins contre une ecclésia » comme il avait été accusé de chercher à le faire. Cependant avant que cette réunion d'affaires ne fût terminée, fr. Sturgeon lui prouva en public qu'il avait fait les choses suivantes pour éviter sa propre défaite et celles des frères Van Amburgh, Mac-Millan, Martin et Hudgings, etc., à la réélection des anciens de cette ecclésia, et aussi pour éviter la nomination comme anciens des quatre Directeurs expulsés : (1) Il avait déclaré faussement à l'assemblée que notre pasteur avait enseigné que les pèlerins de la Société étaient des anciens d'office dans nos ecclésias ; qu'il n'était donc pas nécessaire de voter pour les pèlerins, en particulier ceux du Béthel de Brooklyn, pour les nommer anciens de l'ecclésia de Brooklyn, puisqu'ils l'étaient déjà, en qualité de pèlerins ; (2) il avait encouragé fr. David Cohen, qu'il connaissait comme niant la participation de l'Église à l'Offrande pour le péché et la charge de notre pasteur comme étant celle de « ce serviteur », à déposer une résolution dans le but d'écarter la candidature des quatre Directeurs expulsés ; (3) il avait poussé un autre de ses partisans à présenter, fait sans précédent, une liste de candidats anciens et diacres sur laquelle ne figuraient pas les noms des pèlerins de Béthel, ceux-ci, devant, suivant le complot, être anciens sans élection préalable. Sur cette liste, ne figuraient pas les noms des quatre Directeurs expulsés, qui n'étant pas, à ce moment, pèlerins de la Société, ne pouvaient « être anciens sans une élection », mais elle comportait le nom du partisan qui présentait la liste des candidats de J.F. Rutherford ! Ce partisan fit lui-même la lecture de son propre nom comme candidat ! La machination était si tangible qu'elle fut déjouée le soir même. J.F. Rutherford se parjura par le rôle actif qu'il joua dans cette conspiration. A une réunion ultérieure, la minorité opposée à la nomination des frères Van Amburgh, Mac Millan, Martin, Hudgings, comme anciens, etc., s'étant élargie au point de faire échouer leur élection avec un pourcentage de 75 %, dès que J.F. Rutherford annonça, à la suite d'un vote d'essai, la proportion des suffrages pour et contre lui et ses coconspirateurs, un autre de ses partisans, apprenant qu'ils ne pourraient pas être élus, proposa l'ajournement de l'élection jusqu'après celle de la Société du 5 janvier 1918 ! Malgré que sa majorité était inférieure à 75 %, l'ajournement de l'élection fut voté ; et de cette manière la « face fut sauvée ». L' « opposition » quitta l'église avant l'élection suivante, et ainsi, il y entra, comme ancien. La preuve fut faite qu'il avait été le principal conspirateur dans les trois phases de l'intrigue esquissées ci-dessus, alors que tout en cherchant à la réaliser, il en avait appelé sans rougir à Dieu comme témoin qu'il « ne ferait rien contre quiconque, encore moins contre une ecclésia ! » La Tower est si souvent remplie de déformations de faits patents, qu'avec peine, nous sommes obligé de confesser que nous la considérons maintenant comme n'étant plus digne de foi. Sûrement, dans les détails des six lignes de pensées présentées plus haut, il est révélé à la fois comme étant ivre lui-même et le compagnon des ivrognes.

RETRANCHÉ DU HAUT-APPEL

            Le v. 50 nous dit qu'il serait retranché (du Petit Troupeau) sans s'y attendre ou sans le savoir. Le v. 49 dit que cela aurait lieu lorsqu'il commencerait à battre ses compagnons de service, ses égaux, chose qui s'accomplit le 26 février 1917, lorsque son câblogramme « absolument sans autorité » arriva à Londres. Les trois (*) [Correction apportée par l’auteur.] livres de la Bible qui nous donnent typiquement une liste détaillée de ses agissements du 3 novembre 1916 au 8 août 1917, indiquent le 26 février comme étant la date où, à cause et au cours de son immixtion grossière dans notre travail en Grande-Bretagne, il commença à être manifesté comme retranché de la faveur spéciale du Seigneur, c'est-à-dire retranché du Petit Troupeau. D. v., ces livres seront exposés à l'Église au temps convenable. Nous les avions présents à l'esprit lorsque, le 23 juin 1917, nous lui dîmes que nous le connaissions tel un livre ; que nous connaissions non seulement ses principales actions passées, mais également beaucoup de ses actions futures, parce que certains livres de la Bible les décrivaient en types. Nous déclinâmes de lui dire quels étaient ces livres lorsqu'il nous y invita.

            On peut trouver une sixième différence entre Luc 12 : 45, 46 et Matth. 24 : 48-51 dans le châtiment réservé à chacun d'eux dans le cas où l'avertissement ne serait pas écouté. « Ce serviteur » fut averti qu'en cas d'infidélité, on lui donnerait sa part avec les incroyants, littéralement « avec les infidèles », c'est-à-dire qu'il serait, comme économe infidèle, relevé de ses fonctions, car la révocation est l'expérience habituelle, la portion des économes infidèles ; tandis que « ce méchant serviteur » fut averti qu'il recevrait la portion des hypocrites. Un hypocrite est une personne trompeuse, malhonnête qui, spécialement dans les sujets religieux, parle comme le ferait un homme de bien alors qu'en pensée et en intention, et fréquemment en paroles et en conduite, elle agit en hypocrite. La conduite de Rutherford est la plus hypocrite que nous ayons jamais lue ou dont nous ayons jamais entendu parler. Et il reçoit et continuera de recevoir la portion des hypocrites, c'est-à-dire, la révélation toujours croissante de son hypocrisie, en même temps que la répugnance et la méfiance des braves gens qui sont frappés par cette révélation, et en viennent à reconnaître son hypocrisie monstrueuse et sans exemple, jusqu'à ce que, finalement, il soit si complètement révélé que leur respect à son égard et leur confiance en lui auront complètement disparu. A ce moment, détesté et abandonné par tous les gens honnêtes et bons, il boira jusqu'à la lie la portion des hypocrites.

            Voici la septième différence entre Luc 12 : 45, 46 et Matth. 24 : 48-51 : Matth. 24 : 51 contient une prophétie qui n'est même pas donnée conditionnellement en Luc 12 : 45, 46 concernant « ce serviteur », à savoir : « Là seront les pleurs et les grincements de dents ». Cette expression n'est pas une partie de l'avertissement, c'est une prophétie de fait ; elle ne pouvait pas, par conséquent, être donnée en Luc 12 : 45, 46 puisque « ce serviteur » comme le savait le Seigneur, prendrait garde aux avertissements donnés ; mais elle est donnée en Matth. 24 : 48-51, parce que Dieu prophétisait de cette façon le fait qui s'accomplirait pendant l'expérience de « ce méchant serviteur ». Ce dernier a certainement souffert, autant des chagrins et des déceptions que des pleurs et des grincements de dents prophétisés, mais il doit s'attendre à en subir de plus cruels. Nous le plaignons beaucoup ; mais nous sommes incapable de lui venir en aide. Fidèlement et avec amour, nous avons cherché à changer sa mauvaise conduite, mais ce fut en vain ; nous avons échoué parce qu'il est « ce méchant serviteur ».

            Les sept différences que nous trouvons dans les deux textes examinés plus haut, prouvent d'une façon concluante que Luc 12 : 45, 46 et Matth. 24 : 48-51 ne se rapportent pas à la même personne, mais plutôt que le premier texte est un avertissement donné à notre cher pasteur, mais non une prophétie le concernant, et que le dernier texte est, à la fois, un avertissement et une prophétie concernant J.F. Rutherford. Que ce dernier soit « ce méchant serviteur » cela apparaît au moins aussi évident que le premier est « ce serviteur fidèle et prudent ». La raison pour laquelle notre pasteur, quoique averti de ne pas prendre une mauvaise voie, est loué si hautement par Dieu est que, dans toute sa conduite, il fut à la fois « fidèle et prudent » ; et la raison pour laquelle J.F. Rutherford est condamné si fortement par le Seigneur est qu'il est « ce méchant serviteur », qui dit en son cœur « Mon Maître tarde ! » ; qui bat ses compagnons de service, et qui mange et boit avec les ivrognes, ses compagnons dans le mal.

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